Texte intégral
Mesdames et Messieurs.
Je viens de visiter la centrale nucléaire du Bugey et, en particulier, le bâtiment qui abrite son réacteur numéro 5 qui est actuellement à larrêt. Comme le prévoit la loi française, tous les 10 ans chacune de nos installations nucléaires est soumise à une visite de contrôle de lAutorité de Sûreté Nucléaire, avec lexpertise de lInstitut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire.
A l'occasion de cette visite décennale, comme vous avez pu le constater, lexploitant met à l'arrêt linstallation concernée, il engage un programme de travaux qui participent à lamélioration de la sûreté et qui sont validés par lASN. Il met en uvre à cette occasion les derniers retours dexpérience acquis sur l'ensemble du parc nucléaire français. Concrètement cela signifie quen France, toutes les centrales nucléaires tournent sur des équipements constamment améliorés et régulièrement révisés.
Cest un engagement intangible des pouvoirs publics et, particulièrement, de mon Gouvernement que dassurer ainsi, dans un processus continu et exigeant, la qualité et la sûreté de notre parc nucléaire. Nous accompagnons et nous soutenons son évolution. Nous avons dailleurs décidé dans le cadre du programme dinvestissement davenir de doter le programme nucléaire du futur et notamment de 4ème génération dun milliard deuros.
Dans ce domaine, nous pouvons en être fiers, notre pays conserve une avance technologique et une maîtrise internationalement reconnues. Nous bénéficions de lexpertise solide dentreprises dEDF au premier rang, dAREVA, qui peuvent elles-mêmes sappuyer sur la compétence scientifique du Commissariat à lEnergie Atomique. Il y a 50 ans, la France a fait le choix résolu du nucléaire civil. Cest un choix stratégique, cest un choix qui sest révélé judicieux mais cest aussi un choix qui impose un grand sens des responsabilités.
Laccident nucléaire de Fukushima a rappelé de façon dramatique quon ne transige pas avec la sûreté nucléaire, et quil est de notre devoir denvisager tous les scénarios, même les plus improbables. Ce drame nous a aussi rappelé quil était impératif dinformer constamment la société civile, et de lui faire la démonstration concrète des progrès permanents réalisés en matière de sûreté. En 2006, la France a dailleurs inscrit cette exigence de transparence dans la loi. De là est née notre autorité de sûreté indépendante, lASN. Désormais, lindépendance de lASN est laiguillon indispensable à la crédibilité de notre parc nucléaire. Ses critiques, ses observations et ses prescriptions sont toujours rendues publiques. Et cette transparence est un gage de sûreté majeur. Elle oblige en effet nos pratiques à évoluer en permanence et aujourdhui, tous les exploitants en connaissent bien le processus.
Sur la sûreté nucléaire, nous sommes et nous serons intransigeants ! Après laccident de Fukushima, le Gouvernement sest immédiatement mobilisé pour tirer les enseignements de cette catastrophe. Nous avons, sans attendre, décidé de soumettre toutes les installations françaises à des tests de résistance. Et dans un souci de transparence totale, nous associons à ces tests les pays frontaliers de la France qui, eux aussi, sont directement intéressés par la sûreté de notre parc, dans une logique dinspections croisées. Qui plus est, les résultats de ces tests seront soumis à une revue européenne par les pairs, et ils seront partagés avec des représentants de la société civile, notamment à travers le Haut comité à la transparence, à linformation et à la sécurité nucléaire.
Pour la réalisation de ces tests, lASN a élaboré un cahier des charges, dont je voudrais indiquer quil va bien au-delà du projet adopté au niveau européen. Dabord, le champ d'application de ce cahier des charges est plus large : il ajoute aux centrales de production délectricité les autres sites nucléaires dimportance, comme par exemple lusine de retraitement des déchets dAREVA à La Hague ou les installations de recherche du Commissariat à lEnergie Atomique.
Ensuite, lévaluation portera non seulement sur les mesures de prévention, mais aussi sur les mesures de réduction des conséquences dun éventuel accident. Nous avons aussi choisi daccorder une place privilégiée aux facteurs humains, sociaux et organisationnels en évaluant, par exemple, la capacité de lexploitant EDF à associer étroitement ses partenaires aux démarches et aux procédures de sûreté. Je sais que cest une préoccupation des organisations syndicales, et je veux remercier le Haut comité pour la transparence et linformation sur la sécurité nucléaire davoir proposé à lASN dapprofondir sur ce point le cahier des charges. Dès la fin de cette année, lASN rendra ses premières conclusions, nous saurons alors par quels moyens et par quelles procédures améliorer encore nos procédures de sûreté, en prenant en compte les leçons de Fukushima. Cest un exercice dune ampleur exceptionnelle qui viendra compléter les études et travaux habituels de lASN.
Sur le plan international, la France a également pris des initiatives, pour que soient partagées par le plus grand nombre, les exigences qui incombent aux Etats en matière de sûreté nucléaire. Sous limpulsion de la France, les pays du G8 se sont engagés à promouvoir les plus hautes normes de sûreté, à mettre en place des tests de résistance des installations nucléaires existantes et à réaliser des évaluations périodiques de la sûreté des installations. Le 7 juin dernier, nous avons accueilli en France le séminaire de lAgence pour lEnergie Nucléaire qui associe les ministres de 33 pays. Ce séminaire a permis délaborer des lignes de consensus qui reprennent une grande partie des propositions françaises. Mais nous voulons que les coopérations puissent aller encore plus loin que le stade de consensus auquel nous sommes parvenus. Jai dailleurs eu loccasion de le dire à Kiev au mois davril : la communauté internationale doit mettre sur pied un mécanisme dintervention rapide, sous la forme de mises à disposition dexperts, déquipements spécialisés pour répondre, si le besoin sen fait sentir, à la demande en urgence dun pays victime dun accident nucléaire.
Depuis le mois davril, la France porte ce message sans relâche, à chaque occasion. Cest une initiative qui ne peut fonctionner que si elle obtient la mobilisation de tous. Et je veux vous dire que la France est déterminée à obtenir un accord sur le principe de la part du plus grand nombre de pays possibles. Nous sommes aussi convaincus que la création dun centre de formation à la gestion de crise, pour les exploitants nucléaires et les autorités gouvernementales, constituera un socle efficace pour organiser la meilleure riposte en matière daccident nucléaire. Cette conviction, nous voulons aussi la faire partager. Et parce quil nexiste pas aujourdhui de corpus commun de connaissance et de méthodes sur ces réponses durgence, nous voulons le construire, nous voulons le diffuser et nous voulons promouvoir léchange des bonnes pratiques.
Sil faut impérativement un processus de convergence, ce centre international n'a pas nécessairement vocation à être une structure unique ; on pourrait envisager une organisation à deux niveaux étroitement coordonnés : dun côté les pays disposant d'une expérience réelle, qui mettraient en place une structure nationale de formation ; et dautre part, un niveau de consolidation internationale né de la mise en réseau de quelques structures nationales labellisées et qui serait doté dun secrétariat permanent qui pourrait être assuré par exemple par l'AIEA. Cette organisation à deux niveaux permettrait à la fois de mobiliser les responsables nationaux, en maintenant un lien avec la réalité de terrain, et de renforcer le partage des expériences au niveau international.
Après Fukushima, nous devons reconsidérer les moyens de gestion de crise à tous les nivaux. Cest vrai pour les exploitants nucléaires, qui doivent assurer la sûreté de leurs installations dans des circonstances analogues, en cas de rupture dalimentation électrique, de perte des circuits de refroidissement, pour prendre deux exemples qui nous ramènent à cette catastrophe. Cest vrai aussi pour les pouvoirs publics qui ont le devoir de protéger les populations. Après Tchernobyl, nos trois exploitants EDF, AREVA et le CEA ont développé un Groupement dIntérêt Economique, le "GIE INTRA" qui leur permet de mutualiser les outils à moyen et long terme face à un accident nucléaire. Je les invite aujourdhui à réexaminer le dimensionnement de ce Groupement dIntérêt Economique pour tirer les enseignements de Fukushima.
Toutes les réflexions que nous conduisons en France pourront servir de creuset à une initiative internationale en faveur dun centre de formation de crise, qui permettrait de mutualiser lensemble de nos connaissances, et qui alimenterait le travail sur la mise en place dun mécanisme dintervention rapide. Lefficacité de tels dispositifs reposera sur une cohérence sans faille de laction des exploitants et des pouvoirs publics dans la gestion de la crise. Je souhaite que ces propositions puissent être développées dans le plan daction que lAIEA va détailler dans les prochaines semaines. Sous son pilotage, nous allons devoir construire des référents uniques en matière de gouvernance, de normes et de moyens interopérables.
Mesdames et Messieurs, après Fukushima chaque pays a réagi à sa façon. LAllemagne a pris une décision radicale, celle de fermer toutes les centrales nucléaires en fonctionnement dici 2022. En France aussi, certains demandent un moratoire sur le nucléaire. Des inquiétudes se sont exprimées ; il est légitime dy répondre avec précision, avec sang-froid et sans aucun tabou. Nous avons clairement affirmé au cours des derniers mois que nous continuerions à assumer, avec une clairvoyance renforcée, le choix du nucléaire et la place essentielle que le nucléaire occupe dans notre économie et notre bien-être quotidien.
En même temps, plusieurs facteurs nous encouragent à ouvrir nos modèles énergétiques vers de nouvelles perspectives complémentaires : la hausse inévitable sur le long terme du prix du baril de pétrole, notre engagement contre les effets du changement climatique, et récemment encore le débat sur les gaz de schiste. Cest la raison pour laquelle Nathalie Kosciusko-Morizet et Eric Besson réfléchissent, avec le Centre danalyse stratégique, aux scénarios concernant loffre et la demande énergétique française à lhorizon 2030/2050.
Permettez-moi sur ce sujet de vous livrer mes convictions. Le nucléaire est une source dénergie aux qualités incomparables : cest une énergie fiable, cest une énergie disponible, parce que non soumise aux aléas météorologiques, peu émettrice de CO2 et donc respectueuse de nos engagements dans la lutte contre le changement climatique, et cest une énergie compétitive qui nous assure des prix de lélectricité parmi les plus abordables en Europe. Cest une source dénergie irremplaçable.
Lorsque le président POMPIDOU a lancé le programme électronucléaire français, lors du premier choc pétrolier, il la fait pour réagir à la montée des prix de lénergie sans perspective daccalmie. Grâce à ce choix, nous avons réduit notre dépendance énergétique de 75 % à 50 %. Nous avons offert à tous les Français un accès à lélectricité à un prix modéré et, par un mécanisme de solidarité nationale, nous avons étendu ce bénéfice à tous nos territoires qui ne sont pas raccordés aux centrales nucléaires comme la Corse et les territoires dOutre-Mer.
Si laccident de Fukushima nous rappelle que le nucléaire comporte des risques potentiels, il ne doit pas occulter ses avantages considérables. Je récuse fermement les approches manichéennes dans lesquelles beaucoup voudraient nous enfermer, entre la sortie du nucléaire et le tout nucléaire, il y a une voie responsable ! La France a besoin du nucléaire. Mais jai aussi conscience que nous avons besoin de développer les énergies renouvelables.
En 2007, nous avons choisi de diversifier notre bouquet énergétique. Avec le Grenelle de lenvironnement, un virage a été amorcé et il va se poursuivre, conformément aux engagements européens que la France a pris. Dici 2020, notre consommation dénergie devra être issue à hauteur de 23 % de sources renouvelables, et nous sommes en train de nous en donner les moyens. Ce sont des secteurs où le potentiel industriel a besoin dinvestissements importants en matière de recherche et développement. Nous travaillons à construire des filières qui, à terme, devront devenir exportatrices et porteuses de valeur ajoutée pour léconomie française.
Notre effort en matière de recherche et développement dans les énergies renouvelables et des technologies damélioration de lefficacité énergétique, de captage et de stockage du Co², de lhydrogène, porte notre engagement à parité avec celui en faveur du nucléaire. Au sein des programmes consacrés aux investissements davenir, 1,350 milliard deuros sont dédiés aux énergies renouvelables et aux procédés de production décarbonée. Comme nous avons misé dans les années 70 sur le nucléaire, nous misons aujourdhui aussi sur ce futur secteur dexcellence.
Voilà, Mesdames et Messieurs, les réflexions que je voulais partager avec vous. Laprès-Fukushima nous fixe un cadre renouvelé, dans lequel nous allons continuer dassumer toutes nos responsabilités. Notre choix aujourdhui et pour lavenir, cest dinvestir fortement dans la sûreté, cest la priorité des priorités. Et les Français doivent savoir que la vigilance des pouvoirs publics, notre exigence, notre transparence sur ces sujets sont absolues. Ils doivent savoir aussi que les équipes qui assurent la sûreté dans les installations nucléaires sont dune très grande qualité, et quelles ont un très grand sens des responsabilités.
Et cest loccasion pour moi, pour terminer, de dire à tous les personnels, notamment ici dans cette centrale du Bugey, le respect et la confiance que minspire le travail qui est le leur. Voilà Mesdames et Messieurs, je suis à votre disposition pour répondre à quelques-unes de vos questions.
JOURNALISTE
Bonjour Monsieur le Premier ministre, Géraldine Amiel, Dow Jones Wall Street Journal. Deux questions, vous réitérez un appel à la création de standards internationaux, de normes internationales. Et dans ces cas-là, vous dites que ça va prendre du temps, est-ce que notamment lune de vos difficultés ne serait peut-être pas denrôler les Etats-Unis puisque, notamment lors de la réunion du 7 juin, le régulateur américain a bien dit que ce qui sétait passé à Fukushima était un accident japonais, un problème japonais et queux allaient très, très bien. Ma deuxième question cest : une centrale française actuelle nest pas capable de résister à un acte terroriste si je ne mabuse, en tout cas tel quenvisagé pour la conception de réacteurs de 3ème génération, est-ce que vous ne pensez pas que ça, ça pose un vrai problème, notamment parce que maintenant, le nucléaire sest invité dans le cadre de la campagne électorale et que lopinion publique na pas le même temps que le temps des stress tests ? Merci.
FRANÇOIS FILLON
Il ne faut pas tout mélanger, la campagne électorale et la sûreté nucléaire, heureusement ça na rien à voir. Dabord sur notre volonté de parvenir à des standards internationaux au plus haut niveau de sûreté, cest exactement la politique que conduit la France en se basant sur deux choses : dabord sur notre expérience qui est très grande dans ce domaine. Et puis deuxièmement sur une constatation qui est une évidence, un accident nucléaire a des conséquences internationales, il concerne lensemble de la communauté internationale et, donc, il est naturel que cette communauté internationale se dote des plus hauts standards de sûreté. Cest vrai que jusquà maintenant, chaque pays avait ses méthodes et ses standards, ça ne peut pas continuer et tout leffort de la France, leffort conduit par les ministres, leffort qui sera conduit dans le cadre des organisations internationales vise à amener lensemble de la communauté sur ces standards. Alors quil y ait des résistances, quil y ait des discussions cest normal, la route sera longue mais on ne lâchera pas sur ce sujet. Et je pense que chacun doit bien comprendre que cest une des conditions de la crédibilité du nucléaire. Si on veut rassurer lensemble de nos concitoyens sur ces questions de sûreté, il faut que les standards soient les mêmes dans tous les pays qui exploitent des centrales.
Sur la question de la sûreté face aux attentats terroristes, les centrales sont naturellement dimensionnées et surveillées pour résister à un certain nombre dattaques terroristes. Le sujet auquel vous faites allusion, cest lidée dun gros porteur qui serait lancé contre une centrale, à limage de ce qui sest passé aux Etats-Unis le 11 septembre. Nous avons dailleurs conçu les nouvelles centrales que nous construisons pour résister à ce type dattaque. En même temps, il y a dautres moyens que le béton pour empêcher ce type dattaque. Et je nai pas besoin den dire plus, sachez simplement que nous sommes extrêmement vigilants sur tout aéronef qui sapproche dune centrale nucléaire. Et il y a toute une série de dispositions en matière de surveillance et dintervention qui est prévue pour assurer cette sécurité. Monsieur ?
JOURNALISTE
Monsieur le Premier ministre bonjour. Fabrice Node-Langlois du Figaro. Vous venez de le dire, la sûreté est la priorité des priorités, elle a un coût, elle a un prix et, sauf erreur de ma part que Monsieur Proglio pourra corriger, il a déclaré (il me semble) il y a quelques semaines que la sûreté notamment pourrait justifier de porter le fameux tarif AREN à 46 euros contre 41 aujourdhui. Est-ce que vous le suivez sur ce point ?
FRANÇOIS FILLON
Dabord, il y a des décisions qui ont été prises sur le tarif AREN qui, je crois, ont été des décisions de bon sens et qui ont été saluées par tout le monde comme telles. Bien sûr, il faudra prendre en compte les dépenses liées à la sûreté mais pas seulement les dépenses liées à la sûreté. Il faudra prendre en compte aussi toutes les dépenses qui sont liées au développement des énergies renouvelables. Vous savez que pour développer ces énergies renouvelables, nous avons choisi de mettre en place des tarifs qui sont très incitatifs, mais ces tarifs incitatifs ont des conséquences sur le prix de lénergie. Donc oui, il y a une augmentation du prix de lénergie liée à lensemble de ces contraintes, mais le rôle du Gouvernement cest de veiller aussi à ce que cette augmentation soit la plus maîtrisée possible, quelle ne vienne pas peser de façon brutale par des accoups sur le pouvoir dachat des Français, quelle ne vienne pas mettre en cause la compétitivité de lindustrie française qui bénéficie dun avantage de compétitivité grâce au nucléaire. Et donc nous avons une discussion permanente avec les exploitants sur ce sujet, pour faire en sorte de lisser lensemble de ces investissements. Madame ?
JOURNALISTE
Oui, Tara Patel de Bloomberg. Est-ce quil y aura dautres centrales nucléaires construites en France après Penly pour compenser larrêt en Allemagne, c'est-à-dire de renforcer le pouvoir dexportation dénergie nucléaire ?
FRANÇOIS FILLON
Ecoutez, pour linstant on a lancé la construction de deux nouvelles centrales, qui sont des centrales dun type nouveau, qui apportent une amélioration considérable en matière de sûreté. Lobjectif de la France, cest dabord dassurer son indépendance énergétique. Naturellement, il y a un maillage de lensemble des réseaux européens qui permet à ces réseaux de se soutenir les uns les autres, et détaler des pointes qui ne sont pas forcément les mêmes dans tous les pays. Enfin lobjectif de la France, ce nest pas de construire des centrales nucléaires à la place de lAllemagne qui nen veut plus. Je ne dis pas quil ny aura pas des échanges entre lAllemagne et la France, mais il faut quil soit clair que la solution au problème énergétique allemand ne se trouve pas dans la construction de centrales nucléaires en France. Une autre question ?
JOURNALISTE
Journaliste pour lAgence Environnement et Développement durable. Comment réagissez-vous au rapport de lASN concernant lEPR de Flamanville paru cette semaine dans Le Canard Enchaîné, qui remet en cause qui pointe notamment le coût et des problèmes de sûreté et de maintenance ?
FRANÇOIS FILLON
Alors dabord, il faut savoir quil ny a pas besoin du Canard Enchaîné pour connaître ce rapport puisquil est sur le site Internet de lASN depuis le début. Donc jinvite tous ceux qui ont besoin de sinformer sur les questions de sûreté nucléaire, ce nest pas la peine de lire Le Canard Enchaîné, il suffit daller sur le site de lASN, vous aurez lensemble des informations avant quelles soient publiées naturellement dans cet excellent journal. LASN fait son travail, elle analyse le chantier qui est un chantier dune tête de série, donc dun premier réacteur. Elle lanalyse au regard de lexpérience que nous avons acquise dans la gestion des installations nucléaires. Et donc elle fait des suggestions. Elle a fait notamment une suggestion pour faire en sorte que le bâtiment de contrôle de cette nouvelle centrale nucléaire soit résistant aux séismes. EDF va devoir mettre en uvre, comme cest une obligation pour lexploitant, toutes les suggestions de lASN. Donc il ny a pas de secret, il y a une totale transparence et un mécanisme qui permet en continu dapporter des améliorations, y compris sur un chantier comme celui de lEPR.Source http://www.gouvernement.fr, le 30 août 2011
Je viens de visiter la centrale nucléaire du Bugey et, en particulier, le bâtiment qui abrite son réacteur numéro 5 qui est actuellement à larrêt. Comme le prévoit la loi française, tous les 10 ans chacune de nos installations nucléaires est soumise à une visite de contrôle de lAutorité de Sûreté Nucléaire, avec lexpertise de lInstitut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire.
A l'occasion de cette visite décennale, comme vous avez pu le constater, lexploitant met à l'arrêt linstallation concernée, il engage un programme de travaux qui participent à lamélioration de la sûreté et qui sont validés par lASN. Il met en uvre à cette occasion les derniers retours dexpérience acquis sur l'ensemble du parc nucléaire français. Concrètement cela signifie quen France, toutes les centrales nucléaires tournent sur des équipements constamment améliorés et régulièrement révisés.
Cest un engagement intangible des pouvoirs publics et, particulièrement, de mon Gouvernement que dassurer ainsi, dans un processus continu et exigeant, la qualité et la sûreté de notre parc nucléaire. Nous accompagnons et nous soutenons son évolution. Nous avons dailleurs décidé dans le cadre du programme dinvestissement davenir de doter le programme nucléaire du futur et notamment de 4ème génération dun milliard deuros.
Dans ce domaine, nous pouvons en être fiers, notre pays conserve une avance technologique et une maîtrise internationalement reconnues. Nous bénéficions de lexpertise solide dentreprises dEDF au premier rang, dAREVA, qui peuvent elles-mêmes sappuyer sur la compétence scientifique du Commissariat à lEnergie Atomique. Il y a 50 ans, la France a fait le choix résolu du nucléaire civil. Cest un choix stratégique, cest un choix qui sest révélé judicieux mais cest aussi un choix qui impose un grand sens des responsabilités.
Laccident nucléaire de Fukushima a rappelé de façon dramatique quon ne transige pas avec la sûreté nucléaire, et quil est de notre devoir denvisager tous les scénarios, même les plus improbables. Ce drame nous a aussi rappelé quil était impératif dinformer constamment la société civile, et de lui faire la démonstration concrète des progrès permanents réalisés en matière de sûreté. En 2006, la France a dailleurs inscrit cette exigence de transparence dans la loi. De là est née notre autorité de sûreté indépendante, lASN. Désormais, lindépendance de lASN est laiguillon indispensable à la crédibilité de notre parc nucléaire. Ses critiques, ses observations et ses prescriptions sont toujours rendues publiques. Et cette transparence est un gage de sûreté majeur. Elle oblige en effet nos pratiques à évoluer en permanence et aujourdhui, tous les exploitants en connaissent bien le processus.
Sur la sûreté nucléaire, nous sommes et nous serons intransigeants ! Après laccident de Fukushima, le Gouvernement sest immédiatement mobilisé pour tirer les enseignements de cette catastrophe. Nous avons, sans attendre, décidé de soumettre toutes les installations françaises à des tests de résistance. Et dans un souci de transparence totale, nous associons à ces tests les pays frontaliers de la France qui, eux aussi, sont directement intéressés par la sûreté de notre parc, dans une logique dinspections croisées. Qui plus est, les résultats de ces tests seront soumis à une revue européenne par les pairs, et ils seront partagés avec des représentants de la société civile, notamment à travers le Haut comité à la transparence, à linformation et à la sécurité nucléaire.
Pour la réalisation de ces tests, lASN a élaboré un cahier des charges, dont je voudrais indiquer quil va bien au-delà du projet adopté au niveau européen. Dabord, le champ d'application de ce cahier des charges est plus large : il ajoute aux centrales de production délectricité les autres sites nucléaires dimportance, comme par exemple lusine de retraitement des déchets dAREVA à La Hague ou les installations de recherche du Commissariat à lEnergie Atomique.
Ensuite, lévaluation portera non seulement sur les mesures de prévention, mais aussi sur les mesures de réduction des conséquences dun éventuel accident. Nous avons aussi choisi daccorder une place privilégiée aux facteurs humains, sociaux et organisationnels en évaluant, par exemple, la capacité de lexploitant EDF à associer étroitement ses partenaires aux démarches et aux procédures de sûreté. Je sais que cest une préoccupation des organisations syndicales, et je veux remercier le Haut comité pour la transparence et linformation sur la sécurité nucléaire davoir proposé à lASN dapprofondir sur ce point le cahier des charges. Dès la fin de cette année, lASN rendra ses premières conclusions, nous saurons alors par quels moyens et par quelles procédures améliorer encore nos procédures de sûreté, en prenant en compte les leçons de Fukushima. Cest un exercice dune ampleur exceptionnelle qui viendra compléter les études et travaux habituels de lASN.
Sur le plan international, la France a également pris des initiatives, pour que soient partagées par le plus grand nombre, les exigences qui incombent aux Etats en matière de sûreté nucléaire. Sous limpulsion de la France, les pays du G8 se sont engagés à promouvoir les plus hautes normes de sûreté, à mettre en place des tests de résistance des installations nucléaires existantes et à réaliser des évaluations périodiques de la sûreté des installations. Le 7 juin dernier, nous avons accueilli en France le séminaire de lAgence pour lEnergie Nucléaire qui associe les ministres de 33 pays. Ce séminaire a permis délaborer des lignes de consensus qui reprennent une grande partie des propositions françaises. Mais nous voulons que les coopérations puissent aller encore plus loin que le stade de consensus auquel nous sommes parvenus. Jai dailleurs eu loccasion de le dire à Kiev au mois davril : la communauté internationale doit mettre sur pied un mécanisme dintervention rapide, sous la forme de mises à disposition dexperts, déquipements spécialisés pour répondre, si le besoin sen fait sentir, à la demande en urgence dun pays victime dun accident nucléaire.
Depuis le mois davril, la France porte ce message sans relâche, à chaque occasion. Cest une initiative qui ne peut fonctionner que si elle obtient la mobilisation de tous. Et je veux vous dire que la France est déterminée à obtenir un accord sur le principe de la part du plus grand nombre de pays possibles. Nous sommes aussi convaincus que la création dun centre de formation à la gestion de crise, pour les exploitants nucléaires et les autorités gouvernementales, constituera un socle efficace pour organiser la meilleure riposte en matière daccident nucléaire. Cette conviction, nous voulons aussi la faire partager. Et parce quil nexiste pas aujourdhui de corpus commun de connaissance et de méthodes sur ces réponses durgence, nous voulons le construire, nous voulons le diffuser et nous voulons promouvoir léchange des bonnes pratiques.
Sil faut impérativement un processus de convergence, ce centre international n'a pas nécessairement vocation à être une structure unique ; on pourrait envisager une organisation à deux niveaux étroitement coordonnés : dun côté les pays disposant d'une expérience réelle, qui mettraient en place une structure nationale de formation ; et dautre part, un niveau de consolidation internationale né de la mise en réseau de quelques structures nationales labellisées et qui serait doté dun secrétariat permanent qui pourrait être assuré par exemple par l'AIEA. Cette organisation à deux niveaux permettrait à la fois de mobiliser les responsables nationaux, en maintenant un lien avec la réalité de terrain, et de renforcer le partage des expériences au niveau international.
Après Fukushima, nous devons reconsidérer les moyens de gestion de crise à tous les nivaux. Cest vrai pour les exploitants nucléaires, qui doivent assurer la sûreté de leurs installations dans des circonstances analogues, en cas de rupture dalimentation électrique, de perte des circuits de refroidissement, pour prendre deux exemples qui nous ramènent à cette catastrophe. Cest vrai aussi pour les pouvoirs publics qui ont le devoir de protéger les populations. Après Tchernobyl, nos trois exploitants EDF, AREVA et le CEA ont développé un Groupement dIntérêt Economique, le "GIE INTRA" qui leur permet de mutualiser les outils à moyen et long terme face à un accident nucléaire. Je les invite aujourdhui à réexaminer le dimensionnement de ce Groupement dIntérêt Economique pour tirer les enseignements de Fukushima.
Toutes les réflexions que nous conduisons en France pourront servir de creuset à une initiative internationale en faveur dun centre de formation de crise, qui permettrait de mutualiser lensemble de nos connaissances, et qui alimenterait le travail sur la mise en place dun mécanisme dintervention rapide. Lefficacité de tels dispositifs reposera sur une cohérence sans faille de laction des exploitants et des pouvoirs publics dans la gestion de la crise. Je souhaite que ces propositions puissent être développées dans le plan daction que lAIEA va détailler dans les prochaines semaines. Sous son pilotage, nous allons devoir construire des référents uniques en matière de gouvernance, de normes et de moyens interopérables.
Mesdames et Messieurs, après Fukushima chaque pays a réagi à sa façon. LAllemagne a pris une décision radicale, celle de fermer toutes les centrales nucléaires en fonctionnement dici 2022. En France aussi, certains demandent un moratoire sur le nucléaire. Des inquiétudes se sont exprimées ; il est légitime dy répondre avec précision, avec sang-froid et sans aucun tabou. Nous avons clairement affirmé au cours des derniers mois que nous continuerions à assumer, avec une clairvoyance renforcée, le choix du nucléaire et la place essentielle que le nucléaire occupe dans notre économie et notre bien-être quotidien.
En même temps, plusieurs facteurs nous encouragent à ouvrir nos modèles énergétiques vers de nouvelles perspectives complémentaires : la hausse inévitable sur le long terme du prix du baril de pétrole, notre engagement contre les effets du changement climatique, et récemment encore le débat sur les gaz de schiste. Cest la raison pour laquelle Nathalie Kosciusko-Morizet et Eric Besson réfléchissent, avec le Centre danalyse stratégique, aux scénarios concernant loffre et la demande énergétique française à lhorizon 2030/2050.
Permettez-moi sur ce sujet de vous livrer mes convictions. Le nucléaire est une source dénergie aux qualités incomparables : cest une énergie fiable, cest une énergie disponible, parce que non soumise aux aléas météorologiques, peu émettrice de CO2 et donc respectueuse de nos engagements dans la lutte contre le changement climatique, et cest une énergie compétitive qui nous assure des prix de lélectricité parmi les plus abordables en Europe. Cest une source dénergie irremplaçable.
Lorsque le président POMPIDOU a lancé le programme électronucléaire français, lors du premier choc pétrolier, il la fait pour réagir à la montée des prix de lénergie sans perspective daccalmie. Grâce à ce choix, nous avons réduit notre dépendance énergétique de 75 % à 50 %. Nous avons offert à tous les Français un accès à lélectricité à un prix modéré et, par un mécanisme de solidarité nationale, nous avons étendu ce bénéfice à tous nos territoires qui ne sont pas raccordés aux centrales nucléaires comme la Corse et les territoires dOutre-Mer.
Si laccident de Fukushima nous rappelle que le nucléaire comporte des risques potentiels, il ne doit pas occulter ses avantages considérables. Je récuse fermement les approches manichéennes dans lesquelles beaucoup voudraient nous enfermer, entre la sortie du nucléaire et le tout nucléaire, il y a une voie responsable ! La France a besoin du nucléaire. Mais jai aussi conscience que nous avons besoin de développer les énergies renouvelables.
En 2007, nous avons choisi de diversifier notre bouquet énergétique. Avec le Grenelle de lenvironnement, un virage a été amorcé et il va se poursuivre, conformément aux engagements européens que la France a pris. Dici 2020, notre consommation dénergie devra être issue à hauteur de 23 % de sources renouvelables, et nous sommes en train de nous en donner les moyens. Ce sont des secteurs où le potentiel industriel a besoin dinvestissements importants en matière de recherche et développement. Nous travaillons à construire des filières qui, à terme, devront devenir exportatrices et porteuses de valeur ajoutée pour léconomie française.
Notre effort en matière de recherche et développement dans les énergies renouvelables et des technologies damélioration de lefficacité énergétique, de captage et de stockage du Co², de lhydrogène, porte notre engagement à parité avec celui en faveur du nucléaire. Au sein des programmes consacrés aux investissements davenir, 1,350 milliard deuros sont dédiés aux énergies renouvelables et aux procédés de production décarbonée. Comme nous avons misé dans les années 70 sur le nucléaire, nous misons aujourdhui aussi sur ce futur secteur dexcellence.
Voilà, Mesdames et Messieurs, les réflexions que je voulais partager avec vous. Laprès-Fukushima nous fixe un cadre renouvelé, dans lequel nous allons continuer dassumer toutes nos responsabilités. Notre choix aujourdhui et pour lavenir, cest dinvestir fortement dans la sûreté, cest la priorité des priorités. Et les Français doivent savoir que la vigilance des pouvoirs publics, notre exigence, notre transparence sur ces sujets sont absolues. Ils doivent savoir aussi que les équipes qui assurent la sûreté dans les installations nucléaires sont dune très grande qualité, et quelles ont un très grand sens des responsabilités.
Et cest loccasion pour moi, pour terminer, de dire à tous les personnels, notamment ici dans cette centrale du Bugey, le respect et la confiance que minspire le travail qui est le leur. Voilà Mesdames et Messieurs, je suis à votre disposition pour répondre à quelques-unes de vos questions.
JOURNALISTE
Bonjour Monsieur le Premier ministre, Géraldine Amiel, Dow Jones Wall Street Journal. Deux questions, vous réitérez un appel à la création de standards internationaux, de normes internationales. Et dans ces cas-là, vous dites que ça va prendre du temps, est-ce que notamment lune de vos difficultés ne serait peut-être pas denrôler les Etats-Unis puisque, notamment lors de la réunion du 7 juin, le régulateur américain a bien dit que ce qui sétait passé à Fukushima était un accident japonais, un problème japonais et queux allaient très, très bien. Ma deuxième question cest : une centrale française actuelle nest pas capable de résister à un acte terroriste si je ne mabuse, en tout cas tel quenvisagé pour la conception de réacteurs de 3ème génération, est-ce que vous ne pensez pas que ça, ça pose un vrai problème, notamment parce que maintenant, le nucléaire sest invité dans le cadre de la campagne électorale et que lopinion publique na pas le même temps que le temps des stress tests ? Merci.
FRANÇOIS FILLON
Il ne faut pas tout mélanger, la campagne électorale et la sûreté nucléaire, heureusement ça na rien à voir. Dabord sur notre volonté de parvenir à des standards internationaux au plus haut niveau de sûreté, cest exactement la politique que conduit la France en se basant sur deux choses : dabord sur notre expérience qui est très grande dans ce domaine. Et puis deuxièmement sur une constatation qui est une évidence, un accident nucléaire a des conséquences internationales, il concerne lensemble de la communauté internationale et, donc, il est naturel que cette communauté internationale se dote des plus hauts standards de sûreté. Cest vrai que jusquà maintenant, chaque pays avait ses méthodes et ses standards, ça ne peut pas continuer et tout leffort de la France, leffort conduit par les ministres, leffort qui sera conduit dans le cadre des organisations internationales vise à amener lensemble de la communauté sur ces standards. Alors quil y ait des résistances, quil y ait des discussions cest normal, la route sera longue mais on ne lâchera pas sur ce sujet. Et je pense que chacun doit bien comprendre que cest une des conditions de la crédibilité du nucléaire. Si on veut rassurer lensemble de nos concitoyens sur ces questions de sûreté, il faut que les standards soient les mêmes dans tous les pays qui exploitent des centrales.
Sur la question de la sûreté face aux attentats terroristes, les centrales sont naturellement dimensionnées et surveillées pour résister à un certain nombre dattaques terroristes. Le sujet auquel vous faites allusion, cest lidée dun gros porteur qui serait lancé contre une centrale, à limage de ce qui sest passé aux Etats-Unis le 11 septembre. Nous avons dailleurs conçu les nouvelles centrales que nous construisons pour résister à ce type dattaque. En même temps, il y a dautres moyens que le béton pour empêcher ce type dattaque. Et je nai pas besoin den dire plus, sachez simplement que nous sommes extrêmement vigilants sur tout aéronef qui sapproche dune centrale nucléaire. Et il y a toute une série de dispositions en matière de surveillance et dintervention qui est prévue pour assurer cette sécurité. Monsieur ?
JOURNALISTE
Monsieur le Premier ministre bonjour. Fabrice Node-Langlois du Figaro. Vous venez de le dire, la sûreté est la priorité des priorités, elle a un coût, elle a un prix et, sauf erreur de ma part que Monsieur Proglio pourra corriger, il a déclaré (il me semble) il y a quelques semaines que la sûreté notamment pourrait justifier de porter le fameux tarif AREN à 46 euros contre 41 aujourdhui. Est-ce que vous le suivez sur ce point ?
FRANÇOIS FILLON
Dabord, il y a des décisions qui ont été prises sur le tarif AREN qui, je crois, ont été des décisions de bon sens et qui ont été saluées par tout le monde comme telles. Bien sûr, il faudra prendre en compte les dépenses liées à la sûreté mais pas seulement les dépenses liées à la sûreté. Il faudra prendre en compte aussi toutes les dépenses qui sont liées au développement des énergies renouvelables. Vous savez que pour développer ces énergies renouvelables, nous avons choisi de mettre en place des tarifs qui sont très incitatifs, mais ces tarifs incitatifs ont des conséquences sur le prix de lénergie. Donc oui, il y a une augmentation du prix de lénergie liée à lensemble de ces contraintes, mais le rôle du Gouvernement cest de veiller aussi à ce que cette augmentation soit la plus maîtrisée possible, quelle ne vienne pas peser de façon brutale par des accoups sur le pouvoir dachat des Français, quelle ne vienne pas mettre en cause la compétitivité de lindustrie française qui bénéficie dun avantage de compétitivité grâce au nucléaire. Et donc nous avons une discussion permanente avec les exploitants sur ce sujet, pour faire en sorte de lisser lensemble de ces investissements. Madame ?
JOURNALISTE
Oui, Tara Patel de Bloomberg. Est-ce quil y aura dautres centrales nucléaires construites en France après Penly pour compenser larrêt en Allemagne, c'est-à-dire de renforcer le pouvoir dexportation dénergie nucléaire ?
FRANÇOIS FILLON
Ecoutez, pour linstant on a lancé la construction de deux nouvelles centrales, qui sont des centrales dun type nouveau, qui apportent une amélioration considérable en matière de sûreté. Lobjectif de la France, cest dabord dassurer son indépendance énergétique. Naturellement, il y a un maillage de lensemble des réseaux européens qui permet à ces réseaux de se soutenir les uns les autres, et détaler des pointes qui ne sont pas forcément les mêmes dans tous les pays. Enfin lobjectif de la France, ce nest pas de construire des centrales nucléaires à la place de lAllemagne qui nen veut plus. Je ne dis pas quil ny aura pas des échanges entre lAllemagne et la France, mais il faut quil soit clair que la solution au problème énergétique allemand ne se trouve pas dans la construction de centrales nucléaires en France. Une autre question ?
JOURNALISTE
Journaliste pour lAgence Environnement et Développement durable. Comment réagissez-vous au rapport de lASN concernant lEPR de Flamanville paru cette semaine dans Le Canard Enchaîné, qui remet en cause qui pointe notamment le coût et des problèmes de sûreté et de maintenance ?
FRANÇOIS FILLON
Alors dabord, il faut savoir quil ny a pas besoin du Canard Enchaîné pour connaître ce rapport puisquil est sur le site Internet de lASN depuis le début. Donc jinvite tous ceux qui ont besoin de sinformer sur les questions de sûreté nucléaire, ce nest pas la peine de lire Le Canard Enchaîné, il suffit daller sur le site de lASN, vous aurez lensemble des informations avant quelles soient publiées naturellement dans cet excellent journal. LASN fait son travail, elle analyse le chantier qui est un chantier dune tête de série, donc dun premier réacteur. Elle lanalyse au regard de lexpérience que nous avons acquise dans la gestion des installations nucléaires. Et donc elle fait des suggestions. Elle a fait notamment une suggestion pour faire en sorte que le bâtiment de contrôle de cette nouvelle centrale nucléaire soit résistant aux séismes. EDF va devoir mettre en uvre, comme cest une obligation pour lexploitant, toutes les suggestions de lASN. Donc il ny a pas de secret, il y a une totale transparence et un mécanisme qui permet en continu dapporter des améliorations, y compris sur un chantier comme celui de lEPR.Source http://www.gouvernement.fr, le 30 août 2011