Déclaration de M. Henri de Raincourt, ministre de la coopération, sur le rôle des collectivités de l'Outre-Mer dans l'aide au développement, à Paris le 1er septembre 2011.

Prononcé le 1er septembre 2011

Intervenant(s) : 

Circonstance : XIXème conférence des ambassadeurs, à Paris du 31 août au 2 septembre 2011

Texte intégral

Monsieur le Ministre de l’Intérieur, de l’Outre-mer, des Collectivités territoriales et de l’Immigration, Cher Claude Guéant,
Madame la Ministre de l’Outre-Mer, Chère Marie Luce Penchard,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Messieurs les Préfets,
Messieurs les Secrétaires généraux,
Chers Amis,
Permettez-moi d’abord de remercier Marie-Luce Penchard pour l’occasion qu’elle nous donne ce soir de nous retrouver.
Alain Juppé aurait souhaité être des vôtres, mais il est retenu par le suivi de la situation en Libye. Aussi, m’a-t-il demandé de le représenter, ce que je fais avec grand plaisir.
L’agenda du ministre d’État et la mobilisation du président de la République sont là pour nous rappeler cette évidence que notre sécurité, notre prospérité, nos valeurs et d’un mot, notre avenir, se jouent de plus en plus hors de nos frontières.
C’est pourquoi la France entend préserver l’universalité de sa présence diplomatique dans le monde.
C’est un choix légitime qui nous assure, à moindre coût, une capacité d’action et de conviction aux quatre coins de la planète.
Membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, la France veut contribuer avec ses partenaires, notamment européens, à œuvrer à rendre le monde plus sûr et plus juste.
C’est là, la première raison d’être de notre réseau diplomatique.
Nous en sommes fiers et nous savons qu’il repose avant tout sur le professionnalisme d’hommes et de femmes animés du souci de défendre nos intérêts sur tous les continents.
Cette ambition quotidienne ne nous détourne pas de l’obligation de participer, avec les autres départements ministériels, à l’effort commun d’économie qui nous est demandé en ces temps de contrainte budgétaire.
Je n’y reviens pas. Le Premier ministre a fixé un cap clair. J’observe que les autres grands pays européens sont, eux aussi, confrontés à ces mêmes réalités.
Au delà de sa présence diplomatique, la France consacre un effort considérable à l’aide au développement.
Avec 10 milliards d’euros en 2010, nous sommes le troisième bailleur au monde.
L’aide au développement est, avec la culture et la recherche, l’une des trois politiques publiques dont les moyens sont en quelque sorte «sanctuarisés» dans le cadre du triennum budgétaire en cours.
Il s’agit là d’un choix très significatif qui témoigne de notre engagement solidaire et de la nécessité de favoriser la croissance et la stabilité au Sud.
Dans cette perspective de long terme - que nous nous employons à conforter au G20 - les départements et les régions d’Outre-Mer ont un rôle décisif à jouer.
Ils sont une force pour notre pays à l’aube de ce siècle dont l’écrivain martiniquais Edouard Glissant disait, par une jolie formule, qu’il serait celui du «tout monde».
Ces collectivités territoriales sont un démultiplicateur de notre influence et peuvent contribuer, encore plus qu’actuellement, à la coopération internationale.
Cette évolution s’inscrit en cohérence des orientations fixées par les états généraux de l’Outre-Mer en 2009.
C’est dire que nous sommes appelés à travailler, les uns et les autres, en coordination plus étroite, entre préfets et ambassadeurs bien sûr, mais aussi en mobilisant les énergies et les talents de nos élus, de nos entrepreneurs et des acteurs de la société civile d’Outre-Mer.
La façon dont nos départements de Martinique et de Guadeloupe ont répondu présent à la suite du tremblement de terre d’Haïti en 2010 en apporte une généreuse illustration.
Les moyens de nos préfectures et de nos armées ont évidemment joué tout leur rôle de même que les représentants et les citoyens de ces Départements.
Je retiens ici l’image des jeunes antillais du service d’action civique venant en aide aux populations éprouvées de Port-au-Prince.
Dans l’océan Indien, la Réunion et Mayotte nous confèrent une vocation d’acteur régional à part entière.
Il importe de la consolider. Pour cela, notre présence doit être utile. C’est déjà le cas. Mais allons plus loin et tâchons d’aider à relever les défis communs qui se posent à cet espace géographique et humain.
C’est le sens de notre action résolue au sein de la Commission de l’océan Indien à la réunion de laquelle je vais me rendre prochainement.
Il est essentiel que les crises internes qui affectent nos voisins soient jugulées.
Ainsi, ce qui se passe aux Comores affecte directement Mayotte, confrontée à la pression migratoire.
De même, devons-nous rester engagés aux côtés de Madagascar et éviter que ce grand pays ami ne sombre dans la violence. Je l’ai répété avant-hier au Premier ministre Camille Vital.
La piraterie maritime ne cesse de s’étendre dans l’océan Indien. En réponse, il nous appartient d’accentuer la concertation avec la communauté internationale et les pays riverains. À cet égard, le rapport Lang trace des perspectives judicieuses.
Dans cette lutte, nous devons être efficaces et respectueux du droit.
L’enjeu, c’est de stabiliser cette région où le fléau de la famine vient à nouveau frapper des populations civiles dans la Corne de l’Afrique.
Mais l’enjeu est aussi économique.
L'Afrique australe et Maurice sont, pour nos départements d’Outre-Mer, un débouché naturel qui, il faut le reconnaître, reste encore insuffisamment exploité.
Toutes ces perspectives sont exigeantes.
Abordons-les avec confiance car nous disposons d’atouts.
Parmi ceux-ci, l’apport de l’Outre-Mer à notre République.
Par leur diversité et leur vitalité, ces territoires et ces cultures renforcent le caractère universel du message de notre pays et sa présence sur tous les continents.
C’est un gage durable pour notre rayonnement dans le monde.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 septembre 2011