Communiqué conjoint de MM. Alain Juppé, ministre des affaires étrangères et européennes, et Kevin Rudd, ministre australien des affaires étrangères, en date du 11 septembre 2011 à Canberra, sur les relations et la coopération bilatérales entre la France et l'Australie.

Prononcé le

Auteur(s) moral(aux) : Ministère des Affaires étrangères et européennes

Circonstance : Voyage d'Alain Juppé en Asie et Océanie du 9 au 14 septembre 2011 : visite en Australie les 10 et 11

Texte intégral

Aujourd’hui, 10 septembre 2011, le ministre des Affaires étrangères Kevin Rudd a accueilli en Australie pour la première fois M. Alain Juppé, ministre d’État, ministre des Affaires étrangères et européennes. En reconnaissance des liens historiques à l’origine de nos relations bilatérales actuelles, les deux ministres ont déposé ce matin des couronnes à l’Australian War Memorial pour honorer la mémoire des soldats australiens et français qui ont combattu ensemble au cours de conflits qui ont marqué le siècle dernier. En confirmant l’engagement des deux pays de célébrer prochainement le centenaire de la Grande Guerre, ils ont exprimé conjointement leur profonde sympathie aux familles des soldats de la coalition et des membres des forces afghanes de sécurité qui ont trouvé la mort dans l’exercice de leur mission ainsi qu’aux familles des civils tués du fait du conflit afghan.
L’Australie et la France ont en commun des objectifs majeurs en Afghanistan : faire en sorte que ce pays ne redevienne jamais un sanctuaire pour le terrorisme international et contribuer à renforcer les capacités des autorités afghanes à offrir à leur population la gouvernance, les services de base et les possibilités de développement économique dont elle a besoin. Les ministres ont réaffirmé leur engagement en faveur du transfert durable et irréversible des fonctions de sécurité aux autorités afghanes d’ici à la fin de 2014.
Les ministres ont reconnu l’importance que revêt l’implication constructive du Pakistan dans la recherche d’une solution politique durable en Afghanistan, tant pour sa propre stabilité que pour celle de la région. Ils ont réaffirmé l’engagement de la France et de l’Australie à aider le Pakistan à traiter les graves problèmes économiques, de développement social et de sécurité qui se posent à lui, notamment en engageant d’urgence des réformes économiques.
Rappelant que ce jour marque le dixième anniversaire des attentats terroristes du 11 septembre, MM. Rudd et Juppé ont réaffirmé leur soutien aux victimes de ces actes abominables ainsi qu’aux victimes du terrorisme partout dans le monde. Ils ont reconnu que même si la lutte contre le terrorisme a enregistré quelques succès notables, la persistance de la menace terroriste nous rappelle l’importance de la coopération bilatérale et multilatérale face aux réseaux terroristes internationaux. L’Australie et la France, aux côtés de leurs autres partenaires, continueront d’agir rapidement et résolument pour contrer la menace terroriste, sur leur sol et à l’étranger.
Au cours de larges discussions, à la mesure du partenariat ambitieux et élargi qui existe à présent entre l’Australie et la France, les ministres ont échangé leurs points de vue sur les aspirations démocratiques des pays du Proche-Orient et d’Afrique du Nord. Ils se sont engagés à soutenir les efforts de la communauté internationale pour répondre aux besoins humanitaires urgents de la Libye et pour permettre la reconstruction de ce pays et sa transition vers la démocratie. M. Rudd s’est félicité du rôle moteur de la France dans l’organisation rapide de la conférence de soutien à la Libye nouvelle le 1er septembre. Réaffirmant l’urgence d’aboutir à un règlement de paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens, les ministres ont appelé les parties à la relance d’un processus politique crédible.
L’Australie et la France ont réagi rapidement à la crise humanitaire de la Corne de l’Afrique en y consacrant des moyens importants. Les ministres ont salué les efforts de coordination de la communauté internationale, sous la conduite des institutions spécialisées des Nations unies et des organisations non-gouvernementales dont le Comité international de la Croix Rouge (CICR). Ils ont appelé la communauté internationale à renforcer son intervention, notamment en poursuivant son assistance humanitaire ainsi qu’en apportant un soutien à moyen et long terme à la reconstitution rapide des moyens de subsistance agricoles.
La famine qui sévit actuellement dans la Corne de l’Afrique montre combien il est urgent d’agir pour renforcer la sécurité alimentaire. L’Australie et la France organiseront conjointement le 13 octobre un séminaire consacré au rôle important de l’augmentation de la productivité agricole pour améliorer la sécurité alimentaire mondiale. Cette dernière constituera l’un des sujets essentiels de la toute première réunion des ministres du développement du G20 le 23 septembre à Washington.
Au-delà de la réponse d’urgence, les ministres ont convenu que seule une approche globale (politique, sécuritaire et de développement) permettra à cette région, et plus particulièrement à la Somalie, de sortir de cette situation de crise chronique. Ils ont à cet égard réitéré la vive préoccupation de l’Australie et de la France face aux actes de piraterie maritime qui se développent au large des côtes somaliennes. Les deux pays ont souligné la nécessité urgente d’accélérer les travaux en cours pour renforcer la capacité du système judiciaire somalien et de ceux des autres États de la région à engager effectivement des poursuites contre les pirates présumés. L’Australie et la France reconnaissent que l’Océan indien revêt une importance croissante pour la sécurité et les échanges internationaux. L’Australie, en sa qualité de prochaine vice-présidente de l’Association de coopération régionale des pays du pourtour de l’Océan indien (IOR-ARC), et la France, en sa qualité de partenaire du dialogue, s’emploieront à trouver les moyens de dynamiser cette organisation.
Les ministres se sont félicités de la signature en juillet 2011 de l’accord de partenariat entre l’AusAID et l’Agence française de développement (AFD). Cet accord permettra de développer la coopération entre le CSIRO, du côté australien, et le CIRAD, du côté français, en matière de recherche agronomique en Afrique occidentale, en axant particulièrement l’effort sur la sécurité alimentaire et les changements climatiques. Les ministres ont rappelé l’expertise reconnue de la France et de l’Australie en matière de systèmes d’aridoculture et de gestion des risques climatiques dans les régions soumises à la sécheresse. Ils se sont également félicités des efforts faits pour identifier d’autres possibilités de coopération entre l’Australie et la France, notamment la collaboration éventuelle entre l’AusAID et l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) en matière d’assistance électorale aux pays francophones d’Afrique.
Les ministres ont souligné la qualité de la coopération franco-australienne dans la région du Pacifique sur des sujets cruciaux comme la défense, la surveillance des pêches, la protection des récifs coralliens, l’alerte aux tsunamis, les interventions en cas de catastrophe naturelle et la participation conjointe aux principales institutions régionales. En se déclarant satisfaits des résultats de la réunion du Forum des îles du Pacifique (FIP), qui a célébré cette semaine son quarantième anniversaire, ils ont réaffirmé leur engagement à coopérer avec les pays qui en sont membres, dans l’esprit du Pacte de Cairns, afin d’aider les petits États insulaires en développement de cette région à parvenir à un développement durable. Ils sont également convenus d’étudier les possibilités d’une coopération entre l’AusAID et l’AFD dans le Pacifique Sud qui pourrait porter sur les changements climatiques.
M. Juppé a déclaré que sa participation au dialogue qui a fait suite à la réunion du Forum, le 9 septembre, démontrait l’importance que cette région continuait à occuper dans la politique étrangère française. La France a encouragé ses territoires ultra-marins à renforcer leurs liens avec leur environnement immédiat et leur intégration régionale. Les ministres ont noté que les deux pays soutenaient la demande d’accession de la Nouvelle-Calédonie au statut de membre à part entière du Forum des îles du Pacifique.
Les ministres se sont félicités de la coopération actuelle dans le cadre de l’accord de coopération régionale en matière de réaction aux catastrophes naturelles entre la France, l’Australie et la Nouvelle-Zélande (Accord FRANZ), et ont noté que l’Australie en exercerait la présidence après la France à partir de novembre. Dans le prolongement de l’accord bilatéral de défense entré en vigueur en 2009, les deux pays entendent finaliser un accord de soutien logistique mutuel à l’appui de l’interopérabilité de leurs capacités d’aide humanitaire et de secours en cas de catastrophe dans le Pacifique.
Observant que l’année en cours était celle du cinquantième anniversaire de l’entrée en vigueur du Traité sur l’Antarctique, les ministres ont réaffirmé leur engagement clair et ferme en faveur de ce traité et l’importance qu’ils attachent à la poursuite d’une collaboration étroite au sein du système du Traité sur l’Antarctique. Cette année est également celle du vingtième anniversaire de l’adoption du Protocole au Traité sur l’Antarctique relatif à la protection de l’environnement (protocole de Madrid), dans l’élaboration duquel l’Australie et la France ont joué un rôle majeur. Les ministres ont réaffirmé leur soutien au régime de protection globale de l’environnement entériné par ce protocole qui a constitué une avancée considérable du système du Traité sur l’Antarctique. Ils encouragent les partenaires du Traité sur l’Antarctique qui ne l’ont pas encore fait à devenir parties à ce protocole afin de renforcer la protection de l’environnement de ce continent unique en son genre et d’en préserver le patrimoine. Ils se félicitent de la tenue à Hobart, le 4 octobre 2011, d’un colloque qui célébrera le vingtième anniversaire de l’adoption de ce protocole et auquel devraient participer les anciens premiers ministres MM. Hawke et Rocard.
Les ministres ont également accueilli avec satisfaction les résultats de la coopération bilatérale visant à empêcher la pêche illicite dans la zone subantarctique où, depuis 2003, des patrouilles conjointes ont permis d’éliminer les activités illicites de pêche aux abords des îles australiennes de Heard et McDonald ainsi que de l’archipel français des Kerguelen.
Les ministres ont également observé que l’Australie et la France œuvraient de concert dans de nombreuses instances multilatérales pour prévenir la prolifération des armes nucléaires. Ils ont exprimé leur profonde préoccupation face au programme nucléaire iranien et ont invité de nouveau les autorités iraniennes à coopérer pleinement avec l’AIEA. Ils ont marqué leur inquiétude quant à la poursuite du programme nucléaire nord-coréen et appelé la Corée du Nord à honorer ses obligations internationales et ses engagements antérieurs de dénucléarisation. Ils ont également discuté des diverses initiatives en cours visant à assurer un suivi équilibré de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de mai 2010.
L’Australie et la France ont réaffirmé leur ferme engagement en faveur d’une résolution à l’échelle mondiale des problèmes que posent les changements climatiques. Elles ont souligné la nécessité de progresser lors de la 17ème conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, à Durban, sur la voie du nouveau régime climatique qui comprendrait des engagements réels d’atténuation de la part de l’ensemble des grands émetteurs, allant de pair avec des mesures de transparence et avec un meilleur accès aux aides pour les pays en développement.
L’Australie et la France ont réaffirmé leur engagement à travailler ensemble au sein du G20 pour répondre à l’évolution de l’économie mondiale. Les ministres ont estimé d’un commun accord qu’il importait plus que jamais que le G20 concentre son action sur les moyens de produire des résultats concrets qui assurent une croissance économique durable au niveau mondial. Ce devrait être la question essentielle soumise aux chefs d’État et de gouvernement lors du Sommet du G20 à Cannes les 3 et 4 novembre.
L’évolution de l’économie mondiale a des incidences non seulement sur les membres du G20 mais sur tous les pays. L’Australie et la France sont toutes deux attachées aux actions de sensibilisation et de consultation avec les pays non membres du G20. Le G20 a mené une action de ce type lors de la récente réunion à Auckland du Forum des îles du Pacifique à laquelle ont pris part tant l’Australie que la France, en sa qualité de partenaire du dialogue post-forum. La prochaine Assemblée générale des Nations unies offrira de nouvelles occasions pour des actions de sensibilisation.
Dans une déclaration conjointe rendue publique aujourd’hui, MM. Rudd et Juppé ont fait part de l’importance que les deux pays accordent au renforcement de l’infrastructure de sûreté nucléaire dans le monde entier. Reconnaissant le rôle central de l’AIEA, les ministres ont accueilli avec satisfaction le projet de plan d’action de l’AIEA, en exprimant leur volonté de le voir rapidement adopté et effectivement mis en œuvre. Ils se sont félicités de la tenue prochaine de la réunion extraordinaire des Parties contractantes à la Convention sur la sûreté nucléaire en août 2012.
L’Australie et la France ont combattu côte à côte durant la Grande Guerre, de Gallipoli en 1915 aux plaines des Flandres en 1918. Les sacrifices consentis restent présents dans la mémoire des deux peuples. Les ministres ont considéré que le centenaire de la Première guerre mondiale offrira aux deux gouvernements l’occasion de constituer un patrimoine de connaissances, de mémoire et de réflexion. À cet effet, ils sont convenus de mettre à jour le mémorandum d’entente relatif à la coopération dans le domaine de la mémoire partagée des conflits mondiaux du XXème siècle signé par les deux pays en 2003.
Se félicitant de la qualité et de la régularité des échanges aux niveaux officiels, notamment dans le cadre de rencontres entre responsables politiques et militaires et entre responsables militaires des deux pays, les ministres sont convenus d’organiser en 2012 de nouveaux échanges entre hauts fonctionnaires ainsi qu’un dialogue entre groupes de réflexion. Les directions de la prospective de nos ministères des Affaires étrangères participeront aux dialogues officiels à intervalles réguliers et échangeront des informations sur leurs programmes de travail et sur des questions d’intérêt commun. Elles s’emploieront également à encourager et à faciliter la coopération entre les groupes de réflexion et les organismes de recherche.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 septembre 2011