Texte intégral
Q - La France va-t-elle participer à une force de stabilisation ?
R - Non, pour la bonne raison que les nouvelles autorités ne souhaitent pas la présence de troupes étrangères sur le sol libyen, ni soutien ni formation. Lexpérience irakienne montre que la meilleure solution consiste à laisser les gens concernés directement régler leurs problèmes.
Q - Mission accomplie pour larmée française ?
R - Largement. Mais elle sera véritablement achevée lorsquil ny aura plus de risque pour les populations civiles à la faveur de la reddition de Kadhafi. Les opérations sarrêteront lorsque lui et ses partisans ne constitueront plus une menace.
Q - On a parlé denlisement au début de lété. Avez-vous douté ?
R - Ce qui ma frappé, cest le dynamisme et la rapidité de loffensive des insurgés du djebel Nefoussa en direction de Tripoli, qui contrastait avec une sorte de routine observée en juillet et début août. Parmi les insurgés, il y a très peu de militaires et de policiers, et leur montée en puissance progressive était normale. En cinq mois, ils ont réussi à faire le boulot.
Q - Na-t-il pas fallu des livraisons darmes aux rebelles par la France et une formation dispensée dautres pays
R - On a livré des armes dautodéfense aux insurgés du djebel Nefoussa début juin, à un moment très critique : les villages, qui sétaient libérés de lemprise kadhafiste, faisaient face à une contre-offensive très musclée de Tripoli. Ils étaient livrés à eux-mêmes et nous faisions face, Français et Britanniques, à un problème de conscience. Il se trouve que nous étions équipés pour faire ces livraisons. Il ny en a pas eu dautres.
Q - Des «conseillers» français étaient-ils présents lors de lassaut final ?
R - Non, ce fut une affaire purement libyenne. En revanche, la protection de notre représentant auprès du CNT et le souci dinformation et de mesure des frappes aériennes nous ont amené à mettre en place les moyens très limités nécessaires.
Q - Les Sud-Africains, qui ont boudé la Conférence de Paris, accusent la coalition davoir outrepassé la résolution 1973.
R - Ce texte, rédigé dans des termes très réfléchis, visait à interdire un nouveau Srebrenica. Il a fait de nous un gardien actif de la sécurité des personnes. Il fallait le lire très attentivement et il a été respecté.
Q - Viser Kadhafi, était-ce dans le mandat ?
R - Kadhafi na jamais été visé en tant que tel. Mais la protection des populations impliquait de frapper toute la chaîne. Le centre de commandement ordonnant dattaquer des civils devenait ipso facto une cible. À tout moment, Kadhafi aurait pu retirer ses forces dans les casernes et proclamer un cessez-le-feu. Il ne la jamais fait, créant un rapport de forces dont la seule issue ne pouvait être que son départ.
Q - Craignez-vous quAl Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) sorte renforcé du chaos en Libye ?
R - Non. La France, en liaison avec ses proches partenaires, est en train didentifier les mesures propres à éviter la dissémination darmement. Nous allons aussi nous appuyer sur les pays de la région. Le Niger et la Mauritanie sont décidés à ne pas se laisser prendre en otages par les terroristes. Et le Mali évolue sur la même ligne.
Q - Qui va payer le surcoût de la guerre en Libye ?
R - Les opérations en Libye, non prévues au départ, seront financées en dépenses exceptionnelles et non pas par le ministère de la Défense. La dépense déquipement militaire nest pas une variable dajustement.
Q - Les leçons de ce conflit vont-elles influer sur la rédaction dun nouveau Livre blanc prévue en 2012 ?
R - Il faut tirer des leçons en évitant de préparer lavenir à la lumière de lengagement le plus récent. Ce conflit a montré que larme aérienne était décisive, mais grâce à la détermination des combattants libyens au sol.
Q - Êtes-vous satisfait des relations avec lOtan, qui assurait le commandement ?
R - Le système de commandement intégré de lOtan fonctionne. Certes, la contribution de la France a été élevée : en moyenne 35 % des frappes. Dès lors, la question de la répartition du fardeau se pose. Nous avons le bon matériel et les bons pilotes. Mais rien ninterdit les autres den faire autant sils en ont la volonté. Cela implique quils maintiennent leur niveau de dépense entre 1,8 % et 2 % du PIB.
Q - Et si nos partenaires ne font pas cet effort ?
R - Les Britanniques partagent notre vision tragique de lhistoire, qui exige que les nations sengagent.
Q - Faut-il renforcer le leadership franco-britannique au sein de lOtan ?
R - Cest ce qui va se passer en pratique. LEurope sest sentie en charge de laffaire libyenne tout en sappuyant techniquement sur lOTAN.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 septembre 2011
R - Non, pour la bonne raison que les nouvelles autorités ne souhaitent pas la présence de troupes étrangères sur le sol libyen, ni soutien ni formation. Lexpérience irakienne montre que la meilleure solution consiste à laisser les gens concernés directement régler leurs problèmes.
Q - Mission accomplie pour larmée française ?
R - Largement. Mais elle sera véritablement achevée lorsquil ny aura plus de risque pour les populations civiles à la faveur de la reddition de Kadhafi. Les opérations sarrêteront lorsque lui et ses partisans ne constitueront plus une menace.
Q - On a parlé denlisement au début de lété. Avez-vous douté ?
R - Ce qui ma frappé, cest le dynamisme et la rapidité de loffensive des insurgés du djebel Nefoussa en direction de Tripoli, qui contrastait avec une sorte de routine observée en juillet et début août. Parmi les insurgés, il y a très peu de militaires et de policiers, et leur montée en puissance progressive était normale. En cinq mois, ils ont réussi à faire le boulot.
Q - Na-t-il pas fallu des livraisons darmes aux rebelles par la France et une formation dispensée dautres pays
R - On a livré des armes dautodéfense aux insurgés du djebel Nefoussa début juin, à un moment très critique : les villages, qui sétaient libérés de lemprise kadhafiste, faisaient face à une contre-offensive très musclée de Tripoli. Ils étaient livrés à eux-mêmes et nous faisions face, Français et Britanniques, à un problème de conscience. Il se trouve que nous étions équipés pour faire ces livraisons. Il ny en a pas eu dautres.
Q - Des «conseillers» français étaient-ils présents lors de lassaut final ?
R - Non, ce fut une affaire purement libyenne. En revanche, la protection de notre représentant auprès du CNT et le souci dinformation et de mesure des frappes aériennes nous ont amené à mettre en place les moyens très limités nécessaires.
Q - Les Sud-Africains, qui ont boudé la Conférence de Paris, accusent la coalition davoir outrepassé la résolution 1973.
R - Ce texte, rédigé dans des termes très réfléchis, visait à interdire un nouveau Srebrenica. Il a fait de nous un gardien actif de la sécurité des personnes. Il fallait le lire très attentivement et il a été respecté.
Q - Viser Kadhafi, était-ce dans le mandat ?
R - Kadhafi na jamais été visé en tant que tel. Mais la protection des populations impliquait de frapper toute la chaîne. Le centre de commandement ordonnant dattaquer des civils devenait ipso facto une cible. À tout moment, Kadhafi aurait pu retirer ses forces dans les casernes et proclamer un cessez-le-feu. Il ne la jamais fait, créant un rapport de forces dont la seule issue ne pouvait être que son départ.
Q - Craignez-vous quAl Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) sorte renforcé du chaos en Libye ?
R - Non. La France, en liaison avec ses proches partenaires, est en train didentifier les mesures propres à éviter la dissémination darmement. Nous allons aussi nous appuyer sur les pays de la région. Le Niger et la Mauritanie sont décidés à ne pas se laisser prendre en otages par les terroristes. Et le Mali évolue sur la même ligne.
Q - Qui va payer le surcoût de la guerre en Libye ?
R - Les opérations en Libye, non prévues au départ, seront financées en dépenses exceptionnelles et non pas par le ministère de la Défense. La dépense déquipement militaire nest pas une variable dajustement.
Q - Les leçons de ce conflit vont-elles influer sur la rédaction dun nouveau Livre blanc prévue en 2012 ?
R - Il faut tirer des leçons en évitant de préparer lavenir à la lumière de lengagement le plus récent. Ce conflit a montré que larme aérienne était décisive, mais grâce à la détermination des combattants libyens au sol.
Q - Êtes-vous satisfait des relations avec lOtan, qui assurait le commandement ?
R - Le système de commandement intégré de lOtan fonctionne. Certes, la contribution de la France a été élevée : en moyenne 35 % des frappes. Dès lors, la question de la répartition du fardeau se pose. Nous avons le bon matériel et les bons pilotes. Mais rien ninterdit les autres den faire autant sils en ont la volonté. Cela implique quils maintiennent leur niveau de dépense entre 1,8 % et 2 % du PIB.
Q - Et si nos partenaires ne font pas cet effort ?
R - Les Britanniques partagent notre vision tragique de lhistoire, qui exige que les nations sengagent.
Q - Faut-il renforcer le leadership franco-britannique au sein de lOtan ?
R - Cest ce qui va se passer en pratique. LEurope sest sentie en charge de laffaire libyenne tout en sappuyant techniquement sur lOTAN.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 septembre 2011