Texte intégral
« Je ne crois pas à une pièce ni à une mise en scène qui ne sont pas conçues avec le désir de présenter un peu plus que lhomme de chaque jour, un peu plus que ce que nos oreilles peuvent entendre, un peu plus que ce que nos yeux peuvent voir ».
Cette ambition et cette vision, qui figure dans la correspondance de Jacques Copeau, je la fais mienne, je la partage. Elle traduit le coeur même de ce que sont et de ce que devraient être les arts de la scène.
Cest pourquoi jai souhaité proposer un Plan daction en faveur du spectacle vivant afin de montrer aux artistes, aux compagnies, aux professionnels la place qui est la leur dans laction publique aujourdhui. Le spectacle vivant constitue en effet lun des piliers de laction du ministère de la Culture et de la Communication. Lhistoire même de ce ministère et lhistoire des politiques culturelles dans notre pays se sont construites en grande partie grâce à la pensée et à laction de personnalités issues du théâtre : cest dabord Firmin Gémier, fondateur du théâtre national Populaire dans les années 20, cest Jean Vilar, le père du Festival, lhomme du Théâtre national populaire qui invente Avignon, dont on fêtera le centenaire de la naissance en 2012, mais aussi Jeanne Laurent, après la seconde guerre mondiale, pionnière de ce que lon appelle « la décentralisation théâtrale ».
Cette place éminente du spectacle vivant dans notre pays a dessiné un paysage original et foisonnant. Elle a suscité lémergence dartistes de premier plan, fait de la France un pays de référence, par la qualité de sa production chorégraphique, le prestige de ses metteurs en scène, de ses chefs dorchestres ou solistes, par lémergence de disciplines nouvelles telles que les arts de la rue ou le cirque contemporain, le renouveau de la marionnette, ses orchestres et opéra, ses festivals ou ses scènes de musiques actuelles.
Le spectacle vivant est parvenu à maintenir un haut niveau dexigence artistique. Il continue à attirer des publics nombreux et diversifiés : les excellents chiffres de fréquentation nous le confirment.
Je veux féliciter les professionnels du secteur pour cette évolution positive.
Au cours des trois dernières saisons, nous avons en effet enregistré une progression significative : la fréquentation de lensemble des lieux de spectacle, publics et privés, a progressé de 10%, passant de 28,9 millions de spectateurs à 31,7 millions.
Une action continue et volontariste tant de lEtat que des partenaires sociaux a été menée ces dernières années afin que le spectacle vivant soit reconnu comme un secteur économique et social à part entière. Cela sest traduit par des avancées importantes : la négociation des conventions collectives, la professionnalisation de lentrée dans les métiers, la mise en oeuvre dun Accord cadre de développement de lEmploi et des compétences (ADEC).
Le régime de lintermittence a été préservé, vous le savez, avec la prorogation en mars dernier des annexes 8 et 10 de la convention UNEDIC jusquau 31 décembre 2013.
Néanmoins, chacun le sait ici, le secteur du spectacle vivant connaît depuis quelques années des difficultés structurelles. Il sagit là dune crise de croissance profitable pour lensemble du territoire national mais susceptible de créer des déséquilibres qui tiennent à plusieurs raisons :
- la stabilisation des financements publics qui pourrait menacer les marges artistiques des établissements et réduire les possibilités de développement pour les compagnies et les ensembles indépendants ;
- le manque de lisibilité des différentes interventions publiques du fait de superpositions parfois peu cohérentes ;
- les difficultés rencontrées pour diffuser les spectacles créés ;
- linsuffisante professionnalisation du secteur qui est une source de précarité.
Ces déséquilibres appellent une réponse claire et efficace de lEtat. Je my suis attaché depuis mon arrivée en juillet 2009 rue de Valois. Et le plan daction sinscrit dans cette ambition de refondation.
Je voudrais dans un premier temps poser quelques éléments de bilan de la politique que jai conduite depuis 2009 :
Jai tout dabord sanctuarisé le budget du spectacle vivant.
Je me suis battu pour préserver un budget qui était menacé.
Jai bénéficié en 2009 de 15 millions deuros de mesures nouvelles.
Ensuite, jai obtenu du Président de la République une sanctuarisation des crédits du spectacle vivant pour la période 2011-13. Cette sanctuarisation a permis de préserver les équilibres fondamentaux du secteur. Jai également obtenu le dégel total du budget de la culture en 2010 et 2011.
Dans ce cadre, jai souhaité que mon ministère procède avec lensemble des DRAC à un rééquilibrage des moyens. Rapprochements, projets mutualisés, cela nous permettra de redéployer 6,2 millions deuros entre 2011 et 2013 dans les régions les moins dotées : sur les 21 DRAC métropolitaines concernées, 12 régions obtiendront ainsi des moyens supplémentaires.
En ce qui concerne le budget 2012 3,5 millions de mesures nouvelles permettront dalimenter le plan daction que je vais vous présenter dans un instant.
Jai entrepris depuis 2009 de faire évoluer lorganisation des labels et des réseaux du ministère :
Jai ainsi pris en compte trois enjeux majeurs :
- Amplifier la présence des artistes au coeur des réseaux soutenus par mon Ministère, en prenant mieux en compte léquilibre entre les disciplines (danse, musique, théâtre, arts de la rue, marionnettes et le cirque).
- Mieux produire et mieux diffuser les spectacles créés.
- Renforcer la lisibilité des interventions de lEtat en approfondissant une concertation stratégique avec les collectivités territoriales.
Ces trois enjeux ont fait lobjet dune réflexion collective menée par la Direction générale de la Création artistique et les DRAC avec les élus territoriaux et les professionnels. Elle nous a conduit à lélaboration de textes importants : la circulaire, accompagnée de dix cahiers des missions et des charges, que jai signée et transmise aux préfets en septembre 2010. Des textes qui pour la première fois précisent les cahiers des charges et mission des établissements soutenus par mon ministère.
Ces textes ne sont pas de simples documents abstraits, éloignés des réalités artistiques, ils contiennent en réalité des infléchissements politiques importants dans la conduite de la politique du spectacle vivant et permettent de mieux répondre aux défis qui se posent dans un territoire de la création de plus en plus ouvert, marqué par la circulation des équipes et des oeuvres. Ces textes constituent une réponse forte à lexigence de clarification des interventions du ministère, souvent accusé de « saupoudrer » ses moyens. Cet effort de lisibilité était attendu, il est maintenant entré dans les faits. Il permettra à lavenir une politique du spectacle vivant plus cohérente et plus efficace.
Je souhaiterais souligner rapidement les principaux éléments quils ont introduits :
- Concernant la méthode retenue pour leur élaboration, jai souhaité la concertation la plus large avec les élus et les professionnels,
- Ces textes constituent, pour la première fois dans lhistoire du ministère, un corpus densemble sur les missions des établissements labellisés. Ils précisent notamment les exigences en matière de coproduction et de partenariat, en matière de diffusion et de démocratisation culturelle et rappelle les missions pluridisciplinaires des scènes nationales.
Ces textes confortent les moyens octroyés aux structures labellisées : avec un taux dintervention de 50% des financements publics pour les centres dramatiques nationaux (CDN), avec un niveau dintervention plancher du ministère de 500 000 pour les scènes nationales et une perspective identique pour les centres chorégraphiques nationaux (CCN).
Ils fixent les procédures de recrutement des directeurs. Jusquà présent les recrutements navaient pas fait lobjet de texte de référence mais sappuyaient sur des usages.
Ces textes ont créé 2 nouveaux labels. Jy vois là un signe de confiance et de reconnaissance à légard des arts de la scène et de leur capacité dinnovation et de création :
- Les centres nationaux des arts de la rue (CNAR), qui ont donné lieu à la labellisation de 8 structures en 2010, 1 autre étant en cours de labellisation.
- Les pôles nationaux des arts du cirque (PNAC), qui ont permis de labelliser 10 établissements en 2010, 2 autres seront labellisés avant la fin de lannée.
Il sagit de décisions politiques fortes qui accordent une reconnaissance institutionnelle à deux disciplines innovantes. Ces textes instituent également le réseau des Centres de Développement Chorégraphique (CDC) et leur cahier des charges. Ces établissements remplissent un rôle majeur dans la diffusion de la danse, de la culture chorégraphique et accomplissent un travail daction culturelle remarquable au plus près des territoires.
Nul désengagement, nul manque dambition en matière artistique, mais bien lidée dune refondation densemble de notre dispositif en matière de spectacle vivant pour le rendre plus visible et plus attractif.
Jai par ailleurs entrepris une réflexion de fond avec les élus et les professionnels sur les thèmes suivants :
- laction internationale,
- la collaboration entre théâtre privé et théâtre public,
- lévolution de la politique en faveur des compagnies et ensembles indépendants.
Ces trois thèmes ont fait lobjet de groupes de travail pilotés par le Direction Générale de la Création Artistique (DGCA) de mon ministère.
Cette réflexion collective a permis de déboucher sur des pistes daction concrètes qui ont alimenté le plan daction que je vais vous exposer.
Jai également renforcé le dialogue avec les collectivités territoriales
Les collectivités territoriales sont un partenaire essentiel du ministère dans le domaine du spectacle vivant. Elles financent à près de 70% les activités des institutions relevant de nos crédits déconcentrés. Jai souhaité que les Entretiens de Valois soient déclinés à léchelon territorial, afin daboutir à un diagnostic partagé avec les élus. Je me suis attaché à faire du Conseil des Collectivités territoriales pour le développement de la Culture (CCTDC), que je préside, une véritable instance de dialogue et de concertation. Ses dernières séances ont été particulièrement denses et fructueuses. Jai également relancé les conventions entre mon ministère et les collectivités. Jy reviendrai.
Beaucoup a été dit et écrit sur les nominations. Des « torrents de papier », des invectives parfois, attirant lattention sur quelques cas isolés. Or depuis mon arrivée rue de Valois, jai procédé à 40 nominations dans le secteur du spectacle vivant. Dans toutes les situations, je me suis attaché à prendre en considération lintérêt public la fameuse res publica - dont je suis le garant. Jai également veillé à favoriser le pluralisme esthétique, léquilibre entre les disciplines. Jai aussi fait en sorte de renforcer la mixité entre les générations en faisant accéder à la direction de centres dramatiques et chorégraphiques Richard Brunel au centre dramatique national de Valence, Arnaud Meunier à Saint-Etienne, Mathieu Bauer à Montreuil, Joanny Bert tout récemment à Montluçon, Thomas Lebrun et Joan Leighton au centre chorégraphique national de Tours et à Belfort.
Même si je viens une majorité dhommes, je tiens à préciser que je suis extrêmement attentif à ce que dans le domaine culturel, et dans celui de la création tout particulièrement, on développe et valorise la présence des créatrices dans la direction et la gouvernance des institutions culturelles ainsi que la présence de leurs oeuvres dans les programmations et les répertoires. Je ferai prochainement des propositions sur ces sujets, dans le cadre du plan interministériel pour légalité hommes femmes en préparation.
Jai souhaité faire évoluer certaines structures nationales :
- Jai décidé un rapprochement du Théâtre national de Chaillot et du Centre National de la Danse afin de les rendre complémentaires, notamment dans le domaine de la production et de laction culturelle, afin daméliorer le service rendu aux professionnels et aux publics.
- Jai souhaité que Théâtre Ouvert, dont nous fêtons les 40 ans ici même, devienne un Centre national des Dramaturgies contemporaines, pour reconnaître la spécificité de ses missions et le rôle unique que cet établissement joue dans le paysage national en faveur des auteurs.
Jai contribué avec résolution à la relance du chantier de la Philharmonie.
Je me suis fortement engagé pour que le Président de la République et le Maire de Paris prennent conjointement la décision de relancer une opération qui était alors arrêtée. Cest à mon sens un signal fort adressé au monde musical, en France mais aussi en Europe et dans le monde, qui manifeste lambition de lEtat dans le domaine de la musique, et de léducation musicale, pour laquelle la Philharmonie constituera un Centre de ressources au plan national.
Jai engagé une politique innovante et ambitieuse en faveur de loutre-mer.
Le rapport que jai commandé à Michel Collardelle et mes nombreux déplacements dans ces territoires mont conduit à prendre la mesure de leurs richesses artistiques et culturelles, mais aussi du retard en matière dorganisation professionnelle et déchanges avec la métropole. Plusieurs projets de labellisation sont à létude, parmi lesquels une Scène des musiques actuelles (SMAC) et un Centre de Développement Chorégraphique en Guyane, une scène nationale à la Réunion, une SMAC et une scène nationale bipolaire à la Guadeloupe, des conventionnements pour des compagnies dans lensemble des territoires, enfin un nouveau conservatoire à la Martinique.
Vous le voyez, au cours de ces deux années, je me suis attaché à réformer de façon la plus pragmatique et la plus efficace lensemble du système public de soutien au spectacle vivant, en mappuyant sur un budget stabilisé, en approfondissant également la réflexion conjointe avec les collectivités territoriales.
Cest à partir de ce constat et fort de ce bilan que jai souhaité mieux définir les orientations générales de lEtat, mieux affirmer ses valeurs fondamentales pour donner une nouvelle impulsion à lorganisation générale de la politique du spectacle vivant. Cest le sens de ce plan daction organisé autour de dix mesures dont je vais vous présenter les principales priorités.
Il comporte quatre objectifs fondamentaux :
1 - Renforcer la place des artistes et de la création dans les réseaux soutenus par le ministère, par un soutien accru à la création, à lémergence, à linnovation et au secteur indépendant,
2 - Poursuivre la structuration de lemploi,
3- Accroître le soutien à lémergence et au renouvellement artistique,
4 - Développer laction européenne et internationale, tant il est vrai que loffre de spectacles tend à souvrir à de larges horizons, au moins en Europe, tant il est vrai quil sagit là dun formidable outil de croissance et de développement pour les compagnies et les équipes artistiques.
Le dossier de presse qui vous sera remis détaille les principales dispositions des dix mesures et les financements qui sy rapportent.
Pour lexercice 2012, jai obtenu 3,5 M de mesures nouvelles. Lensemble du plan mobilisera 12 M pour la période 2011-13, en plus des 6,2 millions deuros redéployés par les DRAC dont jai parlé qui y contribueront.
Enfin, les deux missions pour des financements extrabudgétaires que jai lancées récemment - lune sur la filière musicale, lautre sur le spectacle vivant - seront de nature à amplifier les principales priorités de ce plan.
1 Le premier objectif consiste à renforcer la place de la création au sein de la politique du spectacle vivant.
Ce plan prévoit des moyens nouveaux pour le secteur indépendant, pour les ensembles musicaux, les compagnies chorégraphiques et théâtrales. 2,5 millions seront mobilisés sur 2011-13 et affectés aux DRAC. Jentends favoriser lappui de bureaux de production aux projets artistiques afin de ne pas créer de coûts de structure inutiles.
Je souhaite également confier rapidement à lOffice National de Diffusion Artistique (ONDA) une étude sur les conditions de production et de diffusion du secteur indépendant. Nous avons besoin dune analyse approfondie afin dajuster la politique du ministère en fonction des évolutions constatées.
Un fonds de soutien à lémergence et linnovation sera créé dès 2012 pour soutenir des projets qui ne trouvent pas leurs places dans les dispositifs existants, en raison de leur caractère singulier ou innovant. Cette mesure se traduira par la mise en place de nouveaux crédits à hauteur de 1 millions deuros et fonctionnera sur la base dun appel à projets annuel.
Un soutien accru aux écritures du spectacle vivant, telles que les commandes musicales, dramatiques et chorégraphiques, sera mis en oeuvre. La place des auteurs et des compositeurs au sein des institutions sera amplifiée.
Les arts numériques occupent une place croissante dans lévolution du langage de la création, des écritures et de la diffusion du spectacle. Je souhaite que cette place soit mieux prise en compte. La Chartreuse de Villeneuve-Lès-Avignon, centre national des écritures du spectacle, se verra confier un rôle de tête de réseau pour la création numérique, en lien avec les centres dramatiques nationaux (CDN) qui ont placé cette dimension au coeur de leurs projets artistiques.
2 Le deuxième objectif que je me suis fixé est de poursuivre la structuration de lemploi
LEtat et les partenaire sociaux ont beaucoup oeuvré ensemble ces dernières années pour structurer lemploi dans ce secteur et notamment pour accompagner les parcours professionnels des artistes : après la convention collective du spectacle vivant public, la négociation de la convention collective du théâtre privé devrait aboutir prochainement, lentrée dans les métiers se professionnalise, grâce à laction de la Commission paritaire nationale Emploi-Formation, grâce à la création de diplômes, à la réorganisation en cours des établissements denseignement supérieur et au développement des formations en alternance.
Il importe à mon sens de donner une nouvelle impulsion pour stabiliser et conforter les conditions dans lesquelles les artistes et notamment les comédiens et les danseurs exercent leurs activités. Cest pourquoi je souhaite soutenir la création de troupes permanentes au sein des Centres dramatiques nationaux (CDN) et Centres chorégraphiques nationaux (CCN). Cette mesure, qui sadressera aux directeurs qui le souhaitent, sera dotée d1 million deuros. Elle aura dans un premier temps un caractère expérimental. Les projets présentés devront valoriser les atouts qui seront développés à partir de la constitution dune troupe, que ce soit pour la constitution dun répertoire, pour la diffusion et les reprises ou dans le domaine de laction culturelle. Dans le même temps, les dispositifs daide au compagnonnage seront développés.
3 Le troisième objectif concerne la diffusion des spectacles et la présence du spectacle vivant au coeur des territoires.
Le monde du cirque et des arts de la rue sera mieux accompagné : aux côtés du cirque traditionnel, auquel il convient de prêter une attention particulière, notre pays sillustre par la vitalité du cirque de création. Les arts de la rue sont désormais ancrés dans notre paysage et sont porteurs dun renouvellement des langages et des vocabulaires artistiques. Lun et lautre sont par excellence des arts de litinérance. Il convenait de leur donner une reconnaissance par linstauration de deux nouveaux labels, celui des pôles nationaux des arts du cirque et celui des Centres nationaux des arts de la rue, dont jai parlé précédemment. Leurs missions seront confortées et feront lobjet de moyens nouveaux à hauteur de 800 000 .
Jai apporté un soutien accru aux réseaux de la danse : jai souhaité instituer par circulaire le réseau des Centre de développement chorégraphique, qui présente chaque année environ 250 spectacles de danse et qui contribue de manière essentielle à la diffusion de la culture chorégraphique sur lensemble du territoire. Sa reconnaissance comme réseau aidé par le ministère saccompagnera de 400 000 de mesures nouvelles.
Jai annoncé au Festival de Bourges un plan en faveur des Scènes de Musiques Actuelles (SMAC) : ces établissements ont prouvé depuis leur création dans les années 90 leur rôle essentiel dans la promotion du pluralisme musical, dans leur soutien aux nouveaux talents et dans leur remarquable travail daction culturelle. Les SMAC constituent un des outils dont nous disposons pour faire face à la concentration dans le secteur de la musique et pour faire vivre une authentique diversité culturelle.
Ce plan SMAC, qui sétalera sur cinq ans, bénéficiera de 2,4 M dici à 2013. Il permettra datteindre le nombre de 100 SMAC à lhorizon 2015 et de faire accéder au financement-plancher de 75 000 ceux de ces établissements qui nen bénéficient pas encore. Jai souhaité conforter le réseau des 70 scènes nationales. Leur rôle en faveur de la diffusion et de la sensibilisation des populations est, chacun le sait, essentiel.
Ainsi, jai décidé dès 2010 de relever le plancher de financement de mon ministère qui sélèvera désormais à 500 000 . 17 scènes nationales seront mise à niveau dans les 3 ans qui viennent. Jai pour ce faire mobilisé une mesure nouvelle de 2,6 M pour 2011-13.
Jai décidé de créer 4 nouvelles scènes nationales, en favorisant des structures multipolaires, travaillant au plus près des publics :
- trois scènes nationales multipolaires : Toulon (en rapprochant Châteauvallon et le Théâtre Liberté), la scène nationale de lOise (rapprochant Compiègne et Beauvais puis, à terme, Creil) et les Scènes du Jura.
- Larchipel de Perpignan et son beau projet méditerranéen.
Les scènes nationales sont aujourdhui invitées à élargir leur action avec les acteurs de laction culturelle présents sur leur territoire. En étroite concertation avec les collectivités territoriale, jai procédé à des nominations de directeurs, afin de renforcer la mixité disciplinaire au sein du réseau. Nous avons donc de plus en plus de scènes nationales dirigés par des personnalités issues du monde de la musique ou de la danse et ce dans la perspective de rééquilibrage des disciplines que jai soulignée.
Je souhaite que soient développés des programmes régionaux pilotés par les DRAC. Ils nont pas vocation à créer un label supplémentaire, mais permettront aux communes périurbaines et rurales de sintégrer dans un réseau régional. Tel est le sens de la réflexion que nous menons sur les scènes conventionnées, les théâtres de villes et de la réforme en cours des critères dintervention qui guident le travail des comités dexperts. Je porte dailleurs un regard attentif sur lexpérience des « scènes de territoires » conduite en Bretagne. Cest peut être un exemple à méditer, un modèle à expertiser dans la mesure où il assure une présence artistique pérenne, où il permet de développer un réseau de diffusion efficace, où il favorise lémergence de partenariats pour les projets déducation artistique.
Enfin, jai demandé aux établissements publics nationaux damplifier leur action territoriale et de développer des partenariats avec les collectivités territoriales, que ce soit le Centre National de la Danse, le Centre national des Variétés, ou la Cité de la Musique. Ces nouveaux partenariats permettront de mieux prendre en compte les besoins en région et de développer de nouveaux projets aussi bien en matière de patrimoine du spectacle vivant que daction culturelle.
4 Le quatrième objectif concerne la présence européenne et internationale.
Les spectacles français sont bien présents à létranger mais ils doivent être mieux diffusés, comme nous la montré une récente étude de lOffice National de Diffusion Artistique (ONDA). Il est nécessaire damplifier cette tendance encourageante. Je vais ainsi accroître le nombre de bureaux spécialisés à létranger, sur le modèle des bureaux de Berlin et de Londres, qui ont montré leur efficacité.
Il sagit de créer des réseaux de diffusion et de coproduction internationaux à même daccompagner les structures dans les projets quelles présentent à la Commission européenne. Ce dispositif complètera utilement laction du nouvel Institut Français.
Six nouveaux bureaux seront ainsi créés dans les trois ans qui viennent, en lien avec mon collègue Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères et européennes. Mon ministère apportera 550 000 complémentaires pour renforcer ce dispositif.
Jai par ailleurs décidé dencourager la création de pôles européens de production et de diffusion sur le territoire français.
Il ne sagit pas dun nouveau label. Ces pôles fourniront un cadre souple tout au long de la durée dexploitation dun projet, pour les institutions culturelles désirant se regrouper afin de mutualiser leurs moyens de production et de gestion. Ce type de structure permettra dencourager les coproductions en Europe : elles sont déjà importantes et devraient à terme jouer un rôle de plus en plus important dans léconomie du spectacle vivant. Un dialogue fructueux sest amorcé avec les collectivités territoriales ; une étude a été lancée avec elles. Une enveloppe de 400 000 euros est réservée pour la préfiguration des premiers projets retenus.
Ce dispositif sera complété par un fond daide à la reprise en vue de soutenir la diffusion à létranger. Cest là lune des pistes qui sera explorée par la mission sur le financement du spectacle vivant.
La mise en oeuvre de ce plan interviendra, je lai déjà souligné, dans le cadre dune concertation approfondie avec les collectivités territoriales, déjà engagée. Les collectivités sont un acteur essentiel de la vie culturelle de notre pays et un moteur pour le développement culturel des territoires.
A léchelle dun territoire, nous devons déterminer ensemble les enjeux et les moyens. A léchelle dun territoire, nous devons agir ensemble de manière plus concertée et plus coordonnée sur lensemble des domaines du spectacle vivant création, enseignements artistiques, diffusion. Ces projets communs seront désormais lobjet de conventions triennales. La première a été signée en mai dernier avec les collectivités de la région Languedoc-Roussillon et plusieurs sont actuellement en préparation.
État et Collectivités territoriales, nous sommes tous aujourdhui confrontés à un contexte budgétaire contraint. Pour autant, cette pause dans la croissance des moyens ne sest nullement traduit par une réduction des ambitions.
Je vous ai présenté mon projet et mon ambition pour le spectacle vivant.
Sa formidable vitalité sexprime tant par lengagement des artistes que par le développement des publics : je veux laccompagner, je veux lappuyer, je veux la renforcer. Elle est une chance pour la vie artistique et économique de notre pays, elle est une chance pour la vie démocratique, elle est une chance enfin pour affronter le monde, parfois indéchiffrable et complexe, du XXIe siècle. Pour comprendre ce monde avec les yeux de lartiste, avec la puissance rayonnante et la liberté indomptable de celui qui se promène sur « la crête du monde », bien loin du bruissement quotidien, bien loin des simulacres et des images standardisées qui nous assaillent chaque jour. Ce regard est plus que jamais précieux, ce regard est plus que jamais indispensable. Jacques Copeau (1879-1949), homme de théâtre, homme dédié à son art jusquau moindre de ses souffles, homme qui invitait à inventer de « nouvelles frontières » et à refonder en profondeur le grand vaisseau du théâtre, ne disait pas autre chose : « A la campagne ! A la campagne ! Oui à la campagne, face à un vrai public, ouvert, généreux ! Nos idées vont séclaircir au grand soleil ».
Cest dans cet esprit douverture, dinnovation et de proposition que jentends agir dans les mois qui viennent : au service des artistes et des structures qui les accompagnent, au service de tous les publics et de ce bonheur qui nous envahit, quelle que soit notre condition, quel que soit notre imaginaire, lorsque la lumière séteint et que la scène souvre devant nos yeux, riche de surprises et pleine despérances. Car cest tout lhumain qui se révèle dans lexpérience de la scène, dans ce miroir, qui est aussi un lieu de vie, dans ce rassemblement ponctuel de femmes et dhommes qui est parfois une confrontation, parfois une communion, mais toujours un échange. Voilà ce que je souhaitais vous dire. Je vous remercie de votre attention et me tiens à votre disposition pour répondre à vos questions.
Source http://www.culture.gouv.fr, le 29 juillet 2011