Déclaration de M. Frédéric Mitterrand, ministre de la culture et de la communication, sur la coopération culturelle avec la Tunisie et les artistes et artisans tunisiens, Paris le 11 juillet 2011.

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Circonstance : Inauguration de l'exposition "les métiers d'art tunisiens à l'honneur" à Paris le 11 juillet 2011

Texte intégral


La Tunisie a apporté au monde un formidable message de changement dont les conséquences s’étendent bien au-delà de ses frontières.
Pour la France, j’ai jugé qu’il était essentiel, en ce moment historique, de mettre la culture tunisienne à l’honneur, sous toutes ses formes, dans toute la richesse de ses modes d’expression ; de donner également un nouvel essor à sa coopération culturelle avec la Tunisie. Par amitié bien sûr, et par souci de cette culture que nous avons en partage ; pour préparer l’avenir, aussi. Car j’ai pu le constater, lors de mes derniers déplacements en Tunisie, que l’occasion était très favorable à une reconnaissance en profondeur du rôle que la culture peut jouer dans la société tunisienne. La France sera pleinement aux côtés des pouvoirs publics et des professionnels de la culture qui veulent désormais défendre cette perspective, et aux côtés des artistes tunisiens.
J’ai lancé en avril dernier un « plan d’action » visant à définir ce que la France peut apporter à cette dynamique. Mettre la culture tunisienne à l’honneur, c’est d’abord favoriser l’insertion de ses artistes et de ses créateurs dans les grands événements qui jalonnent le calendrier culturel français. Pour cela, j’ai mobilisé mes services et les directions régionales des affaires culturelles.
Je pense par exemple au Festival de Cannes, où nous avons contribué à la présence d’une remarquable délégation tunisien de réalisateurs et de professionnels du cinéma. La cinémathèque française a également programmé une rétrospective des films de Nouri Bouzid, qui vient de se terminer ;
Je pense au Festival d’Avignon, avec des spectacles tunisiens dans le In -Amnésia, de Fadhel Jaïbi et Jalila Baccar - comme dans le Off, avec l’accueil également de professionnels tunisiens du spectacle vivant ;
Dans le domaine des arts plastiques, le musée du Montparnasse organise une exposition d’artistes émergents qui sera également présentée à Cutlog, le Off de la FIAC à Paris ;
Dans le domaine du livre, je pense à l’action menée par Centre national du livre en faveur des librairies francophones sinistrées pendant les événements, à son initiative de dons de livres francophones aux bibliothèques publiques tunisiennes – qui viennent s’ajouter aux dotations du Service du livre et de la lecture de mon ministère, subventionnant des associations comme Biblionef, Adiflor et Bibliothèques Sans Frontières pour des dons d’ouvrages ;
Je pense à l’exposition photographique Dégage, présentée à l’Institut du Monde Arabe, et dont une partie est reprise aux Rencontres internationales d’Arles, le plus important rendez-vous photographique en France, puis à « Visa pour l’image » à Perpignan ;
La musique tunisienne sera évidemment présente au grand Ramdam, cet été, au parc de La Villette, ainsi qu’au grand concert « Tunisie en fête » qui sera proposé au Zénith en octobre.
Dans ce panorama offert aux français, aux Tunisiens de France, aux visiteurs de tous les pays qui passent devant les galeries de Valois, les métiers d’art, qui nous réunissent ce soir, se devaient d’occuper une place à part. Ils sont la partie à la fois matérielle et immatérielle d’une histoire plusieurs fois millénaire, dans laquelle les expressions culturelles se sont construite entre invasions et résistances. Sur toutes les matières, le bois, l’acier, le tissu, la poterie, la céramique, les savoir-faire tunisiens recèlent une richesse et une inventivité qui s’inscrit dans cette histoire longue et dans une diversité d’expressions que le tourisme de masse rend parfois peu visibles. Le principe de cette exposition est de marier, dans le choix des objets présentés, l’ancien et le contemporain, le traditionnel et le geste disruptif, et les différentes régions de la Tunisie – des vases calligraphiés, des kelim et des tuniques, le travail du bois, l’art de la bijouterie, du fer forgé et de la mosaïque.
Mes remerciements les plus chaleureux vont à Mohamed Messaoudi, qui a fait un remarquable travail de sélection des pièces exposées, qui en assuré la scénographie, qui a également amené des pièces de sa propre collection… Cher Mohamed, cette très belle exposition porte indéniablement votre marque.
Je tiens également à remercier tout particulièrement l’Institut Français, en particulier Silvia Balea, ainsi que la mobilisation des services culturels de l’Ambassade de France à Tunis, qui ont tous contribué à rendre cette exposition possible.
Rendre hommage aux artistes tunisiens, c’est aussi s’engager à inscrire dans la durée notre action de coopération culturelle. Je profite de cette occasion pour vous assurer de la pleine mobilisation de mon ministère et de ses établissements pour contribuer à la structuration de la politique culturelle tunisienne. Par des missions d’expertise, par des rencontres de professionnels, le CNL et le CNC, dans les domaines du livre et du cinéma, vont apporter leur concours à la création d’institutions soeurs en Tunisie. Dans le domaine de notre coopération muséale, le Louvre s’est engagée dans une coopération active avec le musée du Bardo ; les musées de Carthage et de Sousse, et le projet du futur musée d’art contemporain tunisien bénéficient également de la mobilisation des services des musées de France, sous la direction de Marie-Christine Labourdette. Dans tous ces domaines de notre coopération culturelle, une importance particulière est accordée aux actions de formation – car ce sont elles qui peuvent inscrire dans l’humain et dans la longue durée le fruit de nos initiatives communes.
La Tunisie est devenue porteuse d’un très grand espoir pour les relations entre l’Europe et le monde arabe. Dans cette recomposition du monde et de nos perceptions réciproques, la culture a un rôle essentiel à jouer. La proximité historique et culturelle de la Tunisie et de la France et l’amitié qui nous lient nous donne une très belle occasion d’y contribuer activement.
Je vous remercie.
Source http://www.culture.gouv.fr, le 29 juillet 2011