Interview de M. Pierre Lellouche, secrétaire d'Etat au commerce extérieur, à "Europe 1" le 16 septembre 2011, sur les chiffres du commerce extérieur pour 2011.

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Média : Europe 1

Texte intégral

BRUCE TOUSSAINT Bonjour Pierre LELLOUCHE.

PIERRE LELLOUCHE Bonjour Monsieur TOUSSAINT.

BRUCE TOUSSAINT Vous êtes secrétaire d’Etat chargé du Commerce extérieur, on va en parler du commerce et du déficit dans un instant, mais d’abord le débat d’hier soir, je crois que vous l’avez regardé avec des militants UMP de Besançon. Alors quel candidat a pris le dessus, selon vous ?

PIERRE LELLOUCHE Ecoutez, je n’ai pas vu tout le débat parce que j’étais en réunion publique moi-même, j’en ai vu un certain nombre d’extraits, ce n’est pas à moi de déterminer qui a gagné ce débat. Ce qui est intéressant hier soir, c’est que même si on ne connaît pas l’identité du candidat Socialiste et même si Nicolas SARKOZY n’a pas déclaré sa candidature pour sa propre succession, j’ai vraiment eu l’impression que c’était quelque part le début de la campagne présidentielle, on voit bien que cette campagne se jouera sur deux choses – qu’Olivier DUHAMEL vient de dire : d’abord, la France dans le monde, l’international, les crises géopolitiques et économiques et, d’autre part, la crédibilité des candidats, la crédibilité, et, hier, on a eu deux images contrastées d’une France qui comprend le monde et qui, pour la première fois depuis des décennies, est applaudie par un peuple Arabe, avec une vraie histoire politique…

BRUCE TOUSSAINT Ca, c’est Nicolas SARKOZY en Libye.

PIERRE LELLOUCHE Eh oui ! C’est la victoire de la ténacité, de la vision, du courage ; de l’autre, j’ai eu l’impression d’un ensemble de politiciens Socialistes qui ont réussi un coup de communication incontestablement mais je n’ai pas vu l’ombre d’un début de crédibilité sur la France dans le monde…

BRUCE TOUSSAINT Aucun n’est crédible, selon vous ?

PIERRE LELLOUCHE Et, au contraire, à un logiciel… Non ! Mais pardon, le logiciel fondamental de la Gauche française n’est pas changé, c'est-à-dire qu’au lieu de faire un concours d’économie et un concours de redressement national, on a toujours le même concours de dépenses publiques, les uns voulant des emplois de fonctionnaires dans l’Education nationale, les autres des emplois jeunes et on se demande avec quoi et avec quel argent ils vont financer tous ces milliards, sauf payer les fameux riches dont beaucoup sont déjà partis. Donc, le problème du fond…

BRUCE TOUSSAINT Ca peut être une piste ?

PIERRE LELLOUCHE Oui ! Oui, on essaie vous savez, on essaie. Non ! Plus sérieusement, le vrai sujet c’est de savoir si on peut, au moins sur la constatation de la gravité de la crise et sur les moyens d’en sortir, trouver un minimum de consensus bipartisan et, hier, j’ai vu toujours le même Parti Socialiste extraordinairement flou sur tout ça - et c’est ça qui me navre le plus - alors que nous avons besoin de solidité. Donc, la crédibilité hier soir était clairement dans le camp de Nicolas SARKOZY.

BRUCE TOUSSAINT Alors le gouvernement table sur un déficit commercial record de soixante quinze milliards d’euros en 2011, vous-même vous avez reconnu qu’il y avait un défaut de compétitivité, pourquoi est-ce que nos entreprises ne sont plus compétitives ?

PIERRE LELLOUCHE Ce chiffre est vraiment grave ! J’ai dit, quand j’ai été nommé il y a un, que moins cinquante milliards d’un côté du Rhin, plus cent cinquante de l’autre, c’était grave pour l’Europe et grave pour la France. Depuis un an, ce qui s’est passé c’est que l’énergie, les prix de l’énergie ont augmenté encore un peu plus, ce qui explique 50% du surcoût ou du sur-déficit et la surévaluation de l’Euro a également contribué peut-être à hauteur de trois ou quatre milliards d’euros supplémentaires. Le fond du débat en France c’est notre capacité à produire en France et à regagner des parts de marché, et c’est là que nous sommes dans un vrai problème de ré-industrialisation de notre pays, seulement quatre vingt onze mille sociétés françaises exportent et 90% des exports sont faits par les plus grosses, par les mille premières, c’est quatre fois moins qu’en Allemagne. Donc, nous avons…

BRUCE TOUSSAINT Alors qu’est-ce qu’on fait, Pierre LELLOUCHE, alors qu’es-ce que fait ? On baisse les charges, on…

PIERRE LELLOUCHE Eh bien, écoutez, il faut…

BRUCE TOUSSAINT On fait la TVA sociale ?

PIERRE LELLOUCHE Il faut continuer et amplifier le mouvement de rupture qu’a entamé le président de la République sur un certain nombre de choses, qui vont de la suppression de la taxe professionnelle à la politique de réduction du temps de… d’augmentation du temps de travail avec la réforme des retraites, c’est la compétitivité des entreprises qui est en cause et, donc, les réformes qui ont été faites en Allemagne dans les années 90 avec SCHROEDER paient aujourd’hui en Allemagne, il faut savoir que ces réformes structurelles vont prendre du temps en France, mais la solution n’est pas des miracles court terme, ce qu’il faut c’est faire en sorte que nos entreprises soient moins taxées, que les salariés soient mieux payés, que nous soyons beaucoup plus rigoureux…

BRUCE TOUSSAINT Merci !

PIERRE LELLOUCHE Au niveau de l’Europe sur la compétitivité et sur la réciprocité dans l’action aux marchés publics, autant de sujets…

BRUCE TOUSSAINT Merci Pierre LELLOUCHE !

PIERRE LELLOUCHE Sur lesquels nous travaillons.

BRUCE TOUSSAINT Merci beaucoup ! Merci d’avoir été en ligne avec nous ce matin sur EUROPE 1.

Source : Premier ministre, Service d’Information du Gouvernement, le 16 septembre 2011