Texte intégral
Madame la Ministre,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Cest un honneur pour moi douvrir cette conférence aux côtés de Mme Rodriguez. LEspagne compte parmi les plus fervents défenseurs des financements innovants pour le développement en Europe. Elle joue depuis des années un rôle moteur dans la mobilisation de ces nouvelles ressources que je veux saluer.
Plus que jamais, nous devons continuer ensemble à nous mobiliser. Permettez-moi, au nom de la France qui assure le secrétariat permanent du Groupe, de remercier chaleureusement la présidence espagnole de nous accueillir aujourdhui à Madrid pour cet événement du Groupe pilote.
Cest à nen pas douter un rendez vous majeur, à quelques jours de lAssemblée générale des Nations unies et à quelques semaines du sommet du G20. Cest un rendez-vous majeur car le travail pionnier que mène le Groupe pilote depuis de nombreuses années porte ses fruits, à léchelle mondiale.
Nous devons aujourdhui redoubler deffort pour transformer les mots - ce fameux «changement déchelle des financements innovants» - en réalité. Nous navons jamais été aussi prêts du but. Nous sommes à la veille dun rendez-vous historique que nous ne pouvons pas manquer.
Les financements innovants sont, plus que jamais, incontournables.
Nous savons tous ici que les besoins liés au financement de la solidarité internationale et des biens publics mondiaux ne cessent de croître. Nous savons que laide publique au développement, même avec un volume record de 129 milliards de dollars en 2010, ne pourra suffire. Et ce, dautant moins que la crise financière actuelle contraint fortement, et pour plusieurs années, les ressources budgétaires des pays les plus avancés. Nous savons que nous ne ferons pas face aux nouveaux besoins du XXIème siècle avec les outils et des ressources du XXème siècle.
Si nous voulons être crédibles, à la hauteur des engagements pris à New York et à Copenhague, nous devons mobiliser de nouvelles sources de financement, stables et prévisibles, complémentaires de lAPD et provenant des secteurs ayant le plus bénéficié de la mondialisation.
Ensemble, nous militons de longue date en faveur des financements innovants et pouvons nous féliciter davoir déjà inventé, depuis 2006, plus de 5 milliards de dollars au service du développement. Aujourdhui, nous pouvons faire plus, nous devons faire plus. Les résultats obtenus montrent que cette volonté na rien dutopique. 23 pays ont déjà mis en place des financements innovants, dont 12 pays du G20.
Ce qui compte aujourdhui, cest de trouver des solutions, cest que chaque pays sengage en faveur dau moins un des mécanismes disponibles, à lintérieur dun «menu doptions» et quun groupe pionnier adopte la Taxe sur les transactions financières.
La France souhaite que sa Présidence du G20 soit loccasion de progresser. Le rapport demandé à Bill Gates sur le financement du développement et les financements innovants en particulier sera présenté au Sommet de Cannes.
Alors que se réunira la semaine prochaine à Washington la première réunion du G20 sur le développement, nous pouvons nous réjouir que le plaidoyer ait beaucoup progressé au cours des derniers mois en faveur des financements innovants et de la taxe sur les transactions financières en particulier.
Je crois quil faut reconnaitre ici lempreinte décisive de notre action collective. Grâce à laudace et à la détermination de nos leaders, je pense bien entendu ici à M. Zapatero, à la chancelière Merkel et au président Sarkozy, mais aussi au Brésil, à la Norvège, au Mali, et à la société civile, quil sagisse déconomistes de renom ou dorganisations non gouvernementales, les lignes ont bougé.
15 pays pionniers ont déjà signé la Déclaration en faveur dune telle taxe. La commission européenne travaille activement à une proposition, sur la base notamment des propositions de la France et de lAllemagne.
Le président français sest entretenu vendredi avec le Commissaire européen chargé de la fiscalité, M. Semata pour évoquer les contours dune telle taxe. Une proposition européenne devrait être faite dès octobre. Les discussions au sein de la zone euro seront donc stratégiques dans les prochains mois.
Il est plus que jamais capital que nous continuions à faire entendre notre voix.
Plusieurs types darguments ont été avancés pour refuser le principe dune taxe sur les transactions financières :
Le premier est que ce ne serait pas techniquement faisable. Permettez-moi à ce sujet de rappeler un chiffre : plus de 40 pays, disposent déjà dune taxe, sous une forme ou sous une autre, sur les transactions financières. Et les nombreux rapports dexpertise existants montrent à quel point la centralisation et lautomatisation des transactions ont changé la donne sur la question de la faisabilité technique.
Les détracteurs prétendent aussi que ce type de taxe ne peut être mis en place quau niveau mondial. Nous sommes tous conscients que lidéal serait une taxe universelle. Mais soyons pragmatiques, réalistes. Nous ne pouvons utiliser cet argument comme un prétexte pour ne pas agir. Un groupe de pays pionniers doit aller de lavant, en veillant, avec un taux très bas mais reposant sur une assiette large, à éviter les risques de contournement et dévasion. La taxe sur les transactions financières est faisable et neutre, ce nest pas une punition.
À linverse, dautres arguments, en faveur de cette taxe, sont irréfutables et désormais largement partagés.
Nous sommes convaincus quil sagit de linstrument le plus efficace en termes de volume et dimpacts. Nous pouvons par exemple, avec une micro-contribution de seulement 5 centimes pour chaque transaction de change de 1 000 dollars, lever plus de 30 milliards par an pour financer des politiques publiques, dont la solidarité internationale.
Derrière les chiffres, noublions pas que ce sont des vies qui sont en jeu. 30 milliards cest par exemple le prix à payer pendant deux ans pour que tous les enfants dAfrique aillent à lécole primaire ....
Nous sommes convaincus aussi que la taxe sur les transactions financières est une solution économiquement rationnelle car nous irons au devant dimmenses difficultés si nous ne prenons pas dès aujourdhui les décisions qui simposent.
Elle est enfin légitime, juste sur le plan «éthique» et moral. Le secteur de la finance est étroitement lié sur le plan international à léconomie mondialisée, avec des flux multipliés par 7 depuis le début de la décennie. Et pourtant, certains segments sont peu ou pas taxés du tout. Comme la dit le président Sarkozy, «personne ne trouve à redire quand on achète un bien immobilier à ce quil soit taxé au moment de la transaction. Personne ne trouve à redire lorsquon achète un bien meuble, un bien de consommation quil soit taxé au moment de la transaction. Comment se fait-il que la seule transaction qui ne soit jamais taxée, soit la transaction financière ?». Comment en effet faire accepter à lopinion publique que les secteurs qui ont le plus bénéficié de la mondialisation ne contribuent pas à l «effort de guerre» pour la rendre plus équilibrée, plus solidaire ?
Mesdames et Messieurs,
Le Groupe pilote rassemble, au-delà des frontières traditionnelles, tous les partenaires «pionniers», tous ceux qui sont prêts à innover au service du développement : des États bien entendu, issus de tous les continents, mais aussi des organisations internationales, des organisations non gouvernementales ou des fondations philanthropiques.
Chaque représentant ici poursuit le plaidoyer dans son administration, son institution de rattachement, son pays et contribue chaque jour à faire vivre le débat sur les financements innovants en proposant des pistes daction.
Cest grâce à ce travail sans relâche que nous avons pesé dans les débats internationaux et fait bouger les lignes.
Tous ensemble, nous devons continuer à nous mobiliser pour «arracher» un accord sur la TTF, et faire la preuve «en marchant», autour dun groupe de pionniers. Les pays qui nen feront pas partie auront à rendre compte de ce choix auprès de leurs opinions publiques. Cest la priorité. Tenir ce langage commun est essentiel pour que notre travail de conviction soit efficace. Nous en sortirons tous gagnants.
Gageons que ces efforts, parfois contre vents et marées, seront prochainement récompensés et que le Groupe pilote, sous la haute autorité de lEspagne, confirmera son rôle déclaireur dici quelques semaines, au service du développement.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 septembre 2011
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Cest un honneur pour moi douvrir cette conférence aux côtés de Mme Rodriguez. LEspagne compte parmi les plus fervents défenseurs des financements innovants pour le développement en Europe. Elle joue depuis des années un rôle moteur dans la mobilisation de ces nouvelles ressources que je veux saluer.
Plus que jamais, nous devons continuer ensemble à nous mobiliser. Permettez-moi, au nom de la France qui assure le secrétariat permanent du Groupe, de remercier chaleureusement la présidence espagnole de nous accueillir aujourdhui à Madrid pour cet événement du Groupe pilote.
Cest à nen pas douter un rendez vous majeur, à quelques jours de lAssemblée générale des Nations unies et à quelques semaines du sommet du G20. Cest un rendez-vous majeur car le travail pionnier que mène le Groupe pilote depuis de nombreuses années porte ses fruits, à léchelle mondiale.
Nous devons aujourdhui redoubler deffort pour transformer les mots - ce fameux «changement déchelle des financements innovants» - en réalité. Nous navons jamais été aussi prêts du but. Nous sommes à la veille dun rendez-vous historique que nous ne pouvons pas manquer.
Les financements innovants sont, plus que jamais, incontournables.
Nous savons tous ici que les besoins liés au financement de la solidarité internationale et des biens publics mondiaux ne cessent de croître. Nous savons que laide publique au développement, même avec un volume record de 129 milliards de dollars en 2010, ne pourra suffire. Et ce, dautant moins que la crise financière actuelle contraint fortement, et pour plusieurs années, les ressources budgétaires des pays les plus avancés. Nous savons que nous ne ferons pas face aux nouveaux besoins du XXIème siècle avec les outils et des ressources du XXème siècle.
Si nous voulons être crédibles, à la hauteur des engagements pris à New York et à Copenhague, nous devons mobiliser de nouvelles sources de financement, stables et prévisibles, complémentaires de lAPD et provenant des secteurs ayant le plus bénéficié de la mondialisation.
Ensemble, nous militons de longue date en faveur des financements innovants et pouvons nous féliciter davoir déjà inventé, depuis 2006, plus de 5 milliards de dollars au service du développement. Aujourdhui, nous pouvons faire plus, nous devons faire plus. Les résultats obtenus montrent que cette volonté na rien dutopique. 23 pays ont déjà mis en place des financements innovants, dont 12 pays du G20.
Ce qui compte aujourdhui, cest de trouver des solutions, cest que chaque pays sengage en faveur dau moins un des mécanismes disponibles, à lintérieur dun «menu doptions» et quun groupe pionnier adopte la Taxe sur les transactions financières.
La France souhaite que sa Présidence du G20 soit loccasion de progresser. Le rapport demandé à Bill Gates sur le financement du développement et les financements innovants en particulier sera présenté au Sommet de Cannes.
Alors que se réunira la semaine prochaine à Washington la première réunion du G20 sur le développement, nous pouvons nous réjouir que le plaidoyer ait beaucoup progressé au cours des derniers mois en faveur des financements innovants et de la taxe sur les transactions financières en particulier.
Je crois quil faut reconnaitre ici lempreinte décisive de notre action collective. Grâce à laudace et à la détermination de nos leaders, je pense bien entendu ici à M. Zapatero, à la chancelière Merkel et au président Sarkozy, mais aussi au Brésil, à la Norvège, au Mali, et à la société civile, quil sagisse déconomistes de renom ou dorganisations non gouvernementales, les lignes ont bougé.
15 pays pionniers ont déjà signé la Déclaration en faveur dune telle taxe. La commission européenne travaille activement à une proposition, sur la base notamment des propositions de la France et de lAllemagne.
Le président français sest entretenu vendredi avec le Commissaire européen chargé de la fiscalité, M. Semata pour évoquer les contours dune telle taxe. Une proposition européenne devrait être faite dès octobre. Les discussions au sein de la zone euro seront donc stratégiques dans les prochains mois.
Il est plus que jamais capital que nous continuions à faire entendre notre voix.
Plusieurs types darguments ont été avancés pour refuser le principe dune taxe sur les transactions financières :
Le premier est que ce ne serait pas techniquement faisable. Permettez-moi à ce sujet de rappeler un chiffre : plus de 40 pays, disposent déjà dune taxe, sous une forme ou sous une autre, sur les transactions financières. Et les nombreux rapports dexpertise existants montrent à quel point la centralisation et lautomatisation des transactions ont changé la donne sur la question de la faisabilité technique.
Les détracteurs prétendent aussi que ce type de taxe ne peut être mis en place quau niveau mondial. Nous sommes tous conscients que lidéal serait une taxe universelle. Mais soyons pragmatiques, réalistes. Nous ne pouvons utiliser cet argument comme un prétexte pour ne pas agir. Un groupe de pays pionniers doit aller de lavant, en veillant, avec un taux très bas mais reposant sur une assiette large, à éviter les risques de contournement et dévasion. La taxe sur les transactions financières est faisable et neutre, ce nest pas une punition.
À linverse, dautres arguments, en faveur de cette taxe, sont irréfutables et désormais largement partagés.
Nous sommes convaincus quil sagit de linstrument le plus efficace en termes de volume et dimpacts. Nous pouvons par exemple, avec une micro-contribution de seulement 5 centimes pour chaque transaction de change de 1 000 dollars, lever plus de 30 milliards par an pour financer des politiques publiques, dont la solidarité internationale.
Derrière les chiffres, noublions pas que ce sont des vies qui sont en jeu. 30 milliards cest par exemple le prix à payer pendant deux ans pour que tous les enfants dAfrique aillent à lécole primaire ....
Nous sommes convaincus aussi que la taxe sur les transactions financières est une solution économiquement rationnelle car nous irons au devant dimmenses difficultés si nous ne prenons pas dès aujourdhui les décisions qui simposent.
Elle est enfin légitime, juste sur le plan «éthique» et moral. Le secteur de la finance est étroitement lié sur le plan international à léconomie mondialisée, avec des flux multipliés par 7 depuis le début de la décennie. Et pourtant, certains segments sont peu ou pas taxés du tout. Comme la dit le président Sarkozy, «personne ne trouve à redire quand on achète un bien immobilier à ce quil soit taxé au moment de la transaction. Personne ne trouve à redire lorsquon achète un bien meuble, un bien de consommation quil soit taxé au moment de la transaction. Comment se fait-il que la seule transaction qui ne soit jamais taxée, soit la transaction financière ?». Comment en effet faire accepter à lopinion publique que les secteurs qui ont le plus bénéficié de la mondialisation ne contribuent pas à l «effort de guerre» pour la rendre plus équilibrée, plus solidaire ?
Mesdames et Messieurs,
Le Groupe pilote rassemble, au-delà des frontières traditionnelles, tous les partenaires «pionniers», tous ceux qui sont prêts à innover au service du développement : des États bien entendu, issus de tous les continents, mais aussi des organisations internationales, des organisations non gouvernementales ou des fondations philanthropiques.
Chaque représentant ici poursuit le plaidoyer dans son administration, son institution de rattachement, son pays et contribue chaque jour à faire vivre le débat sur les financements innovants en proposant des pistes daction.
Cest grâce à ce travail sans relâche que nous avons pesé dans les débats internationaux et fait bouger les lignes.
Tous ensemble, nous devons continuer à nous mobiliser pour «arracher» un accord sur la TTF, et faire la preuve «en marchant», autour dun groupe de pionniers. Les pays qui nen feront pas partie auront à rendre compte de ce choix auprès de leurs opinions publiques. Cest la priorité. Tenir ce langage commun est essentiel pour que notre travail de conviction soit efficace. Nous en sortirons tous gagnants.
Gageons que ces efforts, parfois contre vents et marées, seront prochainement récompensés et que le Groupe pilote, sous la haute autorité de lEspagne, confirmera son rôle déclaireur dici quelques semaines, au service du développement.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 septembre 2011