Déclaration de M. David Douillet, secrétaire d'Etat aux Français de l'étranger, sur les Français au Maroc et sur le nouveau droit inscrit dans la Constitution pour les Français de l'étranger d'élire leurs députés, à Rabat (Maroc) le 19 septembre 2011.

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Circonstance : Déplacement au Maroc les 19 et 20 septembre-allocution devant la communauté française, à Rabat le 19 septembre 2011

Texte intégral

Monsieur l’Ambassadeur,
Madame et Messieurs les Élus à l’Assemblée des Français de l’étranger,
Mesdames et Messieurs les Consuls généraux,
Mesdames, Messieurs, Chers et Chères Compatriotes, Chers Amis,
Depuis qu’il m’a été fait l’honneur d’être nommé secrétaire d’État par le président de la République et le Premier ministre, je vais au devant des communautés françaises de par le monde, pour les rencontrer et les écouter.
Vous savez qu’avant d’assurer la charge qui m’est aujourd’hui confiée, j’étais député.
Encore élu local moi-même, je connais les réalités de terrain que je partage avec vos représentants à l’Assemblée des Français de l’étranger. Je les ai rencontrés cet après-midi et j’ai eu avec eux un échange très constructif sur les grands sujets du moment. Nous en reparlerons sans aucun doute lors de la session de l’Assemblée des Français de l’étranger qui se tient dans quelques jours à Paris.
Les chiffres le montrent. Au Maroc, comme partout dans le monde d’ailleurs, les Français sont de plus en plus nombreux à s’établir hors de l’Hexagone. L’activité consulaire s’en ressent évidemment.
Je voudrais saisir cette occasion pour rendre hommage au travail des consuls généraux et de l’ensemble du personnel consulaire. Il y a, dans les services consulaires, une ressource remarquable en dévouement, en compétence et en disponibilité au service de nos compatriotes. Je le constate partout et il est bon de le souligner.
Chères et Chers compatriotes, votre communauté est en pleine expansion. Il n’est d’ailleurs pas surprenant que ses effectifs, qui en font déjà la dixième communauté française au monde, continuent à augmenter. C’est une illustration supplémentaire de la qualité exceptionnelle et de l’intensité sans équivalent des relations entre la France et le Maroc. Le nombre des entreprises françaises implantées ici, la vitalité que nous mettons à lancer des projets économiques et industriels, en sont une preuve éclatante.
Ce contexte positif, ne masque pas, je le sais, certaines réalités : la scolarisation de nos enfants, la sécurité, l’aide aux plus défavorisés de la vie.
Aujourd’hui, au lycée Descartes, j’ai bien noté les questions que suscite notre dispositif d’enseignement au Maroc. Il est tout à fait exemplaire et représentatif de ce que l’Agence pour l’enseignement français fait de mieux. Pourtant des difficultés subsistent en matière de capacité d’accueil et d’aide à la scolarité. Sachez que je considère qu’elles sont, pour moi, des priorités. Je m’emploie d’ores et déjà à trouver des solutions. Comme vous l’imaginez, la rigueur des temps ne rend pas la tâche facile, les résistances sont fortes et les obstacles nombreux, mais, je n’ai pas l’habitude de renoncer, comme j’ai pu le montrer à d’autres moments de ma vie.
Parmi toutes les politiques à mener, je suis très conscient que la plus importante est celle qui touche à l’école. L’école de la République est le creuset français. Au-delà des prétendus déterminismes sociologiques, c’est à l’école que se construit la future réussite de nos enfants. Au-delà des questions de moyens, c’est le sens du respect, du travail et de l’humilité qui construit les hommes. Pour ma part, je crois pouvoir dire que c’est à l’école de la République que je dois d’être ce que je suis.
Je sais aussi combien vous avez été profondément éprouvés par le terrible attentat de Marrakech qui a endeuillé le Maroc et la France. Ayons une pensée en cet instant pour les victimes, leurs familles et leurs proches si cruellement frappés. Je salue l’excellent travail fourni par les services consulaires, Madame la Consule générale, et l’ambassade. Au delà la solidarité qu’elles nous ont témoignée, les autorités marocaines ont fait preuve d’une diligence et d’une célérité tout à fait remarquables dans la mise en œuvre des secours comme dans la conduite de l’enquête. Les auteurs présumés de cette tragédie répondront de leurs actes devant la justice. J’en remercierai, M. Naciri, ministre de la Justice, lors de l’entretien que j’aurai avec lui demain. Je lui dirai aussi que nous suivrons, n’est-ce pas Monsieur l’Ambassadeur, tout ceci de très près. Nous le devons à la mémoire de nos innocents compatriotes.
Vous, Français du Maroc, comme tous les Français de l’étranger, faites partie intégrante de la Nation française. La distance n’est pas une cause d’affaiblissement de ce lien national si particulier qui nous unit. Vous aurez l’occasion de prouver combien ce lien est fort et solide l’année prochaine, en vous inscrivant en grand nombre sur les listes électorales consulaires et en votant en masse en 2012 pour les élections présidentielles et législatives.
Oui, élections législatives, car, désormais, la Constitution prévoit que les Français de l’étranger puissent élire leurs députés comme peuvent le faire les habitants de la Corrèze ou du Pas-de-Calais. Déjà représentés par 12 sénateurs, vous aurez à c1œur, j’en suis sûr, d’aller nombreux aux urnes pour désigner le député élu de cette circonscription qui va du Maroc à la Côte d’Ivoire. Il ou elle pourra alors défendre à l’Assemblée nationale un certain point de vue : celui des Français établis hors de France.
Oui, Mes Chères et Chers Compatriotes, nous devons tous nous mobiliser. Car toutes les facilités ont été prévues par le législateur pour favoriser la participation :
- pour l’élection du président de la République, le vote sera possible à l’urne, en personne ou par procuration ;
- pour l’élection des 11 députés, le vote sera possible non seulement à l’urne, en personne ou par procuration, mais aussi et pour la 1ère fois en France par voie internet pour ceux qui auront fourni une adresse électronique, et par correspondance sous pli fermé pour ceux qui auront choisi d’avance cette dernière modalité.
Je voudrais insister sur ces modalités inédites destinées également à permettre à nos compatriotes électeurs dans des circonscriptions très vastes de pouvoir effectuer leur devoir civique malgré l’éloignement. À bien des égards, nous testerons à l’étranger des modalités de vote qui pourront être étendues par la suite à d’autres consultations. En ce qui concerne le vote électronique, les consuls généraux ont fait appel au volontariat pour effectuer en décembre prochain un test grandeur nature. Vous avez été nombreux à répondre positivement, avec un esprit civique dont je vous félicite.
Chères et Chers Compatriotes, mes déplacements me permettent de mieux appréhender les réalités avec lesquelles vous êtes aux prises. Elles sont partout différentes parce que vous êtes tous différents. Mais au-delà de ces différences, vous êtes le Peuple français et soyez en fiers. Soyez fidèles à nos couleurs, au message de la France, de paix de Liberté, d’Égalité et de Fraternité. C’est un ciment indestructible, c’est notre ciment.
À l’heure où notre pays se réforme et se bat pour garder sa place dans le concert des nations, je veux ici vous dire, au nom du gouvernement, que chaque français peut et doit agir pour aider la France.
Comprendre que, dans le tumulte né des vents mauvais de la mondialisation, les Français doivent agir unis pour conserver leurs qualités de vie, c’est comprendre que l’heure est à l’effort.
Maîtriser notre dette, qui, je vous rappelle dépasse 1 700 milliards, pour garantir notre indépendance et donc notre identité, voilà ce à quoi la France concentre ses efforts aujourd’hui.
Les enjeux mondiaux sont énormes. Les relations internationales sont subtiles et complexes. L’économie planétaire est instable et rude pour les pays cigales.
Mais, loin de sombrer dans le pessimisme, nous ne sommes jamais las de guetter, comme le dit le général de Gaulle, la lueur de l’espérance. Et je veux vous le dire ici, il est permis de croire en l’avenir si nous faisons vivre concrètement les valeurs de notre République c’est-à-dire la liberté, l’égalité et la fraternité.
Vive la République, vive la France !.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 septembre 2011