Déclaration de Mme Chantal Jouanno, ministre des sports, sur le dispositif de retraite des sportifs de haut niveau, Paris le 22 septembre 2011.

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Circonstance : Réception en l'honneur des judokas médaillées en 2011

Texte intégral

Monsieur les Présidents,
Chers champions, chers amis,
Je suis très heureuse de vous accueillir aujourd'hui.
Permettez-moi tout d'abord de saluer le président de la fédération japonaise de judo, Monsieur Haruki UEMURA, accompagné de deux autres dirigeants de la fédération, qui nous fait le plaisir de se joindre à nous aujourd'hui. Je tenais à vous féliciter des très beaux résultats aux championnats du monde d'août dernier.
Le hasard des choses fait que j'ai en plus de bonnes nouvelles.
1. Tout d'abord laissez-moi féliciter les médaillés des championnats du monde de judo. Ce sont les héros de cette journée.
Je ne lancerai pas un débat sur le classement des nations, vous avez obtenu 6 médailles d'or, quand le Japon n'en a obtenu que 5. C'est une victoire historique. Et les Français ont pu assister chez eux à cette victoire, ce qui lui donne encore plus de prix.
Comme vous le savez, je n'ai pu assister qu'au premier jour de la compétition, puisque j'accompagnais le Président de la République en Nouvelle-Calédonie. Sachez que je vous ai regardé tous les soirs ou plus exactement toutes les nuits de Nouméa. Merci pour les insomnies, notamment la finale homme en équipe. Ce succès n'aurait pas été possible sans une mobilisation exceptionnelle de toute la fédération, et en particulier des bénévoles, je tiens à le souligner. Je sais que vous
êtes à nouveau mobilisés demain pour la rencontre France-Japon qui permettra d'aider les familles de judokas touchées par la catastrophe de mars dernier. C'est une très belle initiative à laquelle j'apporte tout mon soutien et nous serons nombreux.
Jean-Luc, vous êtes toujours à l'origine de très belles manifestations. Cela a sûrement compté dans votre élection au poste de Secrétaire général de la Fédération internationale de judo. Permettez-moi de vous en féliciter à nouveau. Mais revenons aux résultats. Ils sont très encourageants à quelques mois des Jeux Olympiques de Londres.
On regrette un peu d'ailleurs que les compétitions par équipe ne soient pas encore intégrées aux épreuves des Jeux. Ce serait un vrai atout pour nous. Car, tous, les hommes comme les femmes, vous avez été exceptionnels lors des tournois par équipe.
Vous avez aussi été exceptionnels en individuel avec de belles médailles :
- Celle d'Ugo LEGRAND qui a apporté à la France sa premiére médaille (bronze) dans ce championnat.
- La victoire de Lucie DECOSSE. Elle me fait d'autant plus chaud au cœur que je vous savais déçue par vos performances aux Championnats d'Europe.
- La victoire de Gévrise EMANE, qui confirme les résultats excellents obtenus cette saison. Maintenant, il vous reste à décrocher l'or à Londres. C'est un beau défi !
- La victoire de la toute jeune Audrey TCHEUMEO, une victoire que vous êtes allée chercher avec une rage impressionnante.
- Et la victoire de notre star mondiale, Teddy RINER. 5 fois champion du monde. Teddy, vous êtes entré dans l'histoire. Mais je me retiens de vous faire trop de compliments, parce qu'on me dit qu'il ne faut pas que vous vous reposiez sur vos lauriers à moins d'un an des Jeux. Mais remerciez-vous d'avoir été votre « sparing partner ».
Ces médailles, vous les devez à vous.
Vous les devez à vos familles, vos entraîneurs, votre encadrement. Et, parce qu'on oublie trop souvent de le faire, je voudrais saluer aujourd'hui votre responsable du haut niveau, René RAMBIER, votre DTN, Jean-Claude SENAUD, votre manager des équipes de France, Eric BUONOMO, vos entraîneurs, le staff médical et tous les cadres techniques qui vous entourent.
2. Vous ne le réalisez pas toujours, mais vous apportez beaucoup à la France. En août dernier, la Marseillaise a retenti 6 fois de suite à Bercy grâce à vous. Et, à chaque fois, le public français a fait son acte d'allégeance.
A chaque fois que la Marseillaise résonne grâce à vous, c'est une formidable image de la France que nous offrons. Celle d'une France rassemblée derrière ses champions. Si j'ai voulu réunir des champions de différentes disciplines aujourd'hui, comme Muriel HURTIS, Christophe GUENOT ou Amélie CAZE, c'est que tous vous contribuez à faire briller notre pays. Tous, vous êtes des modèles pour de nombreux Français qui découvrent à travers vous les valeurs qui nous rassemblent : le courage, l'éthique, la volonté, l'engagement. Je sais que c'est par le travail, par la douleur, par les sacrifices que vous en êtes arrivés là. Votre vie n'a rien de normale. Tout est compliqué : votre scolarité, votre insertion professionnelle. L'aménagement de vos emplois du temps, dans le cadre du double projet, fonctionne bien, mais a souvent pour conséquence d'allonger vos cursus. Et, quand vous êtes diplômés, peu d'employeurs sont prêts à accepter vos contraintes sportives.
Ces années que vous consacrez à la France vous pénalisent pour votre retraite. Et c'est évident que la retraite, vous n'y pensez pas.
La questions de la retraite des sportifs traine depuis des années. Quand je suis arrivée au ministère des sports, j'ai décidé d'en faire une priorité. J'en ai parlé au Président de la République qui m'a demandé de régler cette question au plus vite. Aujourd'hui, c'est quasiment chose faite. Un article concernant la retraite des sportifs de haut niveau a été intégré au projet de loi de finances de la sécurité sociale qui sera examiné par le Parlement dans les prochains jours. Une fois voté, ce dispositif sera applicable à partir du 1er janvier 2012. Cela concerne beaucoup de sportifs, comme Thibault FAUCONNET, numéro 1 mondial en patinage de vitesse, qui s'entraîne 35 heures par semaine et n'a pas la possible de cotiser.
Le dispositif permettra aux sportifs de 20 ans ou plus, inscrits sur les listes de haut niveau et qui ne bénéficient pas de ressources, de valider des trimestres de retraite, pendant une durée maximale de 16 trimestres. Et c'est l'Etat qui assumera la prise en charge de cette mesure. Je sais que certains dirons que 4 années ce n'est pas suffisant. Je sais surtout que d'autres diront que dans le contexte budgétaire actuel, c'est beaucoup trop. C'est un effort important de la part de l'Etat et un signe fort de notre engagement à vos côtés. Et le principal aujourd'hui est de graver le dispositif dans le marbre. Il sera toujours possible de réévaluer le dispositif par la suite pour l'élargir si besoin. Si la France est une grande Nation sportive, c'est grâce à vous, vous qui défendez nos couleurs dans les plus grandes compétitions internationales. Sachez que l'Etat français prend toute la mesure de ce que vous lui apportez.Source http://www.sports.gouv.fr, le 23 septembre 2011