Déclaration de Mme Jeannette Bougrab, secrétaire d'Etat à la jeunesse et de la vie associative, sur la règlementation des stages étudiants et l'insertion professionnelle des jeunes, Lyon le 23 août 2011.

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Circonstance : Université européenne de l'engagement à Lyon le 23 août 2011

Texte intégral

Monsieur le Préfet ( M. Alain MARC)
Monsieur l'Inspecteur d'Académie (M. Jean-Louis BAGALAN),
Monsieur le Président de l'Université (M. Alain BONMARTIN),
Mesdames et messieurs les élus,
Monsieur le Directeur Général de l'association de la fondation étudiante pour la ville (M. Christophe PARIS)
Monsieur le Secrétaire National de l'AFEV (M. Thibault RENAUDIN),
Madame la déléguée Rhône-Alpes de l'AFEV (Mme. Cécile CASEY),
Chers tous,
Je suis particulièrement heureuse d'être parmi vous ce matin, dans cet amphithéâtre. Je suis avant tout universitaire ; j'ai été pendant quelques années maitre de conférence à la Sorbonne, votre jeunesse et votre enthousiasme me rappellent d'heureux souvenirs.
Je vous rassure je ne vous dispenserai pas un cours. Je suis ici aujourd'hui pour vous féliciter et me réjouir avec vous de l'ouverture de votre université d'été.
Je suis ici pour vous dire que le Gouvernement a une volonté politique sans faille de faire de la Jeunesse une priorité nationale. Nous avons un devoir de solidarité à l'égard de toutes les jeunesses, de tous les jeunes, qu'ils soient élèves, étudiants, apprentis engagés dans la vie professionnelle, jeunes en recherche d'emploi, voire en situation de précarité. A ce jour, je ne peux pas m'empêcher d'avoir une pensée pour les jeunesses arabes.
Devant le travail considérable qui a déjà été accompli par l'AFEV, je ne peux qu'admirer tous ceux qui participent à cette belle aventure qui, depuis 1991, a permis à 120 000 enfants et jeunes d'être accompagnés dans leur parcours scolaires, grâce à l'intervention de 80 000 bénévoles.
Ces 80 000 bénévoles ont contribué par leur action au rapprochement de deux jeunesses, qui ne se rencontraient pas, ou trop peu : les enfants et jeunes en difficulté scolaire ou sociale, et les étudiants. Vous avez ainsi donné un contenu concret au mot solidarité, au mot de mixité sociale.
L'engagement de ces étudiants, qui est celui de certains d'entre vous, est aujourd'hui reconnu par les universités.
Je remercie tous les partenaires universitaires, en particulier l'université de Lyon I, qui ont compris que l'engagement des jeunes devait être reconnu et valorisé, afin d'accompagner leur soif d'altruisme … valeur qui nous réunit aujourd'hui.
Je tiens à souligner à cet égard le travail remarquable de Valérie Pécresse puis de Laurent Wauquiez, au sein d'un Gouvernement qui s'engage pour sa Jeunesse.
Le Président de la République Nicolas Sarkozy a prononcé en septembre 2009 son discours : « Agir pour la Jeunesse ». Au coeur de l'action qu'il a impulsé au Gouvernement se trouve la notion d'autonomie, ou d'empowerment de la Jeunesse, de prendre sa destinée entre ses mains.
Pour aider les jeunes à accéder à leur autonomie, le Gouvernement s'engage donc à contribuer à l'égalité des chances, à favoriser l'accès à l'emploi, à promouvoir la citoyenneté et l'engagement des jeunes, à les aider à s'assumer financièrement et, enfin, à les protéger de leurs propres excès.
C'est pourquoi j'ai chargé le psychiatre Boris Cyrulnik d'une étude sur le suicide des jeunes, sur ce phénomène de société intolérable. Dans son rapport, qui sera bientôt rendu public, publié dans une grande maison d'édition, il expliquera comment protéger les jeunes, comment chacun peut être acteur de la lutte contre le suicide.
Les jeunes, et surtout les jeunes engagés dans des missions de terrain, comme vous, reprochent parfois aux politiques de prononcer des discours désincarnés ; j'essaierai donc aujourd'hui de donner au mien de la consistance ; je vous demande tout de même de l'indulgence.
J'ai choisi de vous parler de certaines des actions concrètes du Gouvernement qui vous intéresseront je crois, car elles concourent aux mêmes objectifs que ceux qui sont défendus par l'AFEV.
Je vous sais très attachés à l'égalité des chances.
Conscients que l'accès à la culture pour tous est un élément décisif de cette égalité des chances, nous avons mis en place un certain nombre de dispositifs, comme le « ciné-lycée » qui permet aux lycéens de projeter 200 chefs d'oeuvre du patrimoine dans leurs établissements, la carte Musique pour les 12-25 ans (cela concerne la majorité d'entre vous) ; la gratuité d'accès aux musées pour les moins de 26 ans étendue à l'Europe (vous pouvez, vous devez en bénéficier ; profitez-en !) ou encore l'opération « Mon journal offert » (en 2 mois et demi, cette opération a enregistré 280 000 demandes de la part des moins de 24 ans)
En ce qui concerne l'orientation des jeunes, pré requis indispensable à une insertion professionnelle réussie, la loi du 24 novembre 2009 a créé pour toute personne un droit à être informée, conseillée et accompagnée en matière d'orientation professionnelle.
Cette mesure concerne tout particulièrement la jeunesse et notamment son orientation à la fin de la classe de troisième et après le baccalauréat, qui était particulièrement déficiente et source de discriminations inacceptables.
Il s'agit d'un véritable « délit d'initié » comme le rappelait Jacques Attali dans un rapport. A ce sujet, un délégué interministériel a été nommé. Il s'agit de Jean-Robert Pitte.
Afin d'accompagner au mieux l'insertion professionnelle des étudiants, de tous les étudiants, le Gouvernement encourage depuis 2007 les étudiants à accomplir des stages. Certains d'entre vous effectuent peut-être ou ont effectué un stage à l'AFEV
Nous oeuvrons à leur moralisation. Le stage n'est pas et ne doit pas être un sous-statut, un emploi dévoyé ; il constitue un élément décisif dans le cursus d'un étudiant et doit toujours être considéré comme tel.
Les stages hors cursus ont ainsi été interdits, et les stages d'une durée supérieure à deux mois sont désormais obligatoirement rémunérés.
Nous souhaitons sur ce sujet aller encore plus loin pour assurer une véritable solidarité, une égalité des chances pour les étudiants qui ne disposent pas de réseaux familiaux (comme c'est peut-être le cas de certains d'entre vous).
Nous créons actuellement des « banques de stages » au sein des établissements scolaires et universitaires où les étudiants pourront venir piocher s'ils ne trouvent pas de stage par eux-mêmes. En dernier ressort ainsi, il sera de la responsabilité des établissements de trouver des stages pour leurs étudiants.
Il n'est pas acceptable que des étudiants ou des élèves ne poursuivent pas leurs études faute d'avoir trouvé un stage.
Pour faire redémarrer un ascenseur social qui est aujourd'hui en panne, nous avons ouvert des internats d'excellence. Destinés à des élèves méritants ne disposant pas des conditions de réussite nécessaires au quotidien, ils hébergeront à la rentrée 2012, 12 000 collégiens et lycéens en France. Ce n'est qu'un début, le mouvement est en marche.
Nous souhaitons aussi ouvrir davantage la porte des Grandes Ecoles à des jeunes qui ont de bons résultats scolaires, mais sont issus de milieux défavorisés. Une Charte pour l'égalité des chances dans l'accès aux formations d'excellence a été signée le 2 février 2010.
J'aimerais aussi vous parler des écoles de la deuxième chance, qui ont aujourd'hui développé un important réseau d'entreprises partenaires et qui ont accueilli 11 000 jeunes en 2011, avec pour objectif de leur remettre le pied à l'étrier, de les accompagner dans la reconquête de leur liberté et de leur autonomie.
Enfin, les cellules « jeunes / entreprises / quartiers », en cours de création à l'initiative locale, visent à mobiliser au niveau micro-local toutes les compétences qui existent dans le monde associatif et les entreprises. Ces cellules valoriseront l'impulsion donnée par le Gouvernement aux associations et fondations d'entreprises qui favorisent l'insertion professionnelle des jeunes à travers un foisonnement d'initiatives sur l'ensemble du territoire (FACE, IMS, « nos quartiers ont des talents », Fondation du sport, Sport dans la ville … )
D'ailleurs sous l'autorité du préfet déléguée pour l'égalité des chances, Alain Marc, une cellule sera prochainement installée dans le Rhône.
Voilà une partie des mesures qui sont susceptibles de faire progresser l'égalité des chances dans notre pays.
J'aimerais à présent vous dire quelques mots sur le logement des jeunes, dont l'offre s'est constamment accrue. Depuis 2007, 44 000 chambres ont été créées pour les étudiants.
Le Centre national des oeuvres universitaires et scolaires (CNOUS) se propose de mettre en place une garantie pour les étudiants logés soit en résidence CROUS, soit dans les logements labellisés, pour que la mutualisation du risque rassure les bailleurs et ouvre plus largement le marché locatif aux étudiants.
J'aimerais conclure en évoquant devant vous ce que nous faisons pour promouvoir la citoyenneté et l'engagement de la Jeunesse.
Vous êtes aujourd'hui près de 250 jeunes du Service Civique à participer à cette Université d'été. Je tiens à vous saluer et à vous souhaiter une belle expérience : riche en découvertes, en rencontres et en partage. Notre Gouvernement s'engage chaque jour plus avant dans la reconnaissance et la valorisation de ce que je considère comme une marque de philanthropie, de dynamisme et d'ouverture au monde et à l'autre.
Je suis donc heureuse de pouvoir vous annoncer que le décret qui formalise la reconnaissance du Service Civique dans les cursus universitaires sera signé dans les prochains jours. Nous nous sommes inspirés des partenariats qui existent déjà entre l'AFEV – qui s'est beaucoup battue sur ce point – et de nombreuses unités de formation et de recherche. Les universités s'engagent donc à ce que les compétences acquises par le biais de l'engagement associatif étudiant puissent faire l'objet de l'attribution de crédits ECTS ( European Credits Transfer System ( = système européen de transferts et d'accumulation de crédits).
En 2011, vous êtes 15 000 jeunes en Service Civique. Le Premier Ministre a réaffirmé l'objectif de 70 000 jeunes engagés en Service Civique en 2014, soit 10% d'une classe d'âge.
Afin de favoriser l'exercice de la citoyenneté pour les jeunes, la majorité associative, c'est-à-dire l'âge à partir duquel ils peuvent assumer des responsabilités au sein des associations, a été abaissé récemment à 16 ans.
Voici quelques exemples d'action que nous menons, au service de la Jeunesse, et dont j'ai cru qu'elles pouvaient vous intéresser parce qu'elles répondent aux mêmes objectifs que ceux que vous poursuivez : faire fonctionner la solidarité au sein de notre nation, afin de construire une société qui demain sera plus juste et plus égalitaire.
Vous êtes des jeunes engagés. Vous êtes aussi des citoyens. Des citoyens responsables. Vous pouvez et vous devez (c'est un impératif républicain) participer à notre vie démocratique, c'est-à-dire aux élections.
Quelles que soient vos opinions (et je suis sûre qu'elles sont très diverses au sein de cet amphithéâtre. Cette diversité est tonique pour notre démocratie, car la démocratie exige le débat. La pensée unique est dangereuse car quand tout le monde pense la même chose personne ne pense. ) Quelles que soient vos opinions, donc, engagez-vous en tant que citoyens. Ne subissez pas. Ne soyez pas passifs. Devenez les acteurs de votre avenir par votre vote, et incitez vos camarades à faire de même.
La jeunesse représente une force transversale à tous les partis ; elle doit être présente dans toutes les formations politiques. Tout simplement pour « rajeunir les idées » mais aussi pour rajeunir notre démocratie représentative.
Pour conclure, je ne peux que vous inciter à débattre, échanger, à vous faire votre propre opinion. Si l'abstention est notre échec, la participation est notre fierté. Engagez-vous, votez ! Je vous souhaite une excellente Université européenne de l'Engagement, et vous remercie de votre attention.Source http://www.jeunes.gouv.fr, le 29 août 2011