Texte intégral
La France propose quatre objectifs pour les États qui sont aujourdhui engagés dans le nucléaire mais aussi pour ceux qui voudraient sengager dans le nucléaire :
Tout dabord davoir une autorité de sûreté indépendante. La France ne dit pas ça avec arrogance. Pendant des années, elle na pas eu dautorité indépendante : au moment de Tchernobyl, nous navions pas dautorité de sûreté indépendante et nous avons vécu toutes sortes de problèmes de communication autour de Tchernobyl. Cela na pas été une réussite. Cest après que nous avons construit notre système en créant une autorité. Nous en sommes vraiment satisfaits et nous pensons que cest quelque chose que nous devons partager avec tout le monde.
Les Japonais sont dans le même état desprit. Ils nen avaient pas avant Fukushima et ils ont annoncé leur intention de mettre en place une autorité indépendante. Avoir une autorité vraiment indépendante nous semble être de bonne politique.
Notre deuxième proposition, cest la force dintervention rapide au niveau régional ou international. Nous y réfléchissons pour la France. Aujourdhui en France, on prévoit que tous les moyens de sûreté doivent être prédisposés sur un site. Un site doit être autonome en termes de sûreté mais ce que lon a vu à Fukushima, cest quun site pouvait être entièrement dévasté. Si un site est entièrement dévasté il faut pouvoir emmener des capacités de lextérieur. Ce sera probablement en France une des conclusions des audits de Fukushima. Ce qui est vrai pour un site est vrai pour un pays. On la vu avec le tsunami au Japon, un pays peut se retrouver fortement déstabilisé par un événement. Avoir des capacités projetables dans cette situation nous semble être là aussi de bonne politique.
Le troisième point est la création dun centre de compétence sur la sûreté, de centres régionaux éventuellement et un centre international. Les pays ont des niveaux très différents en matière de recherche de sûreté. En France nous sommes prêts à partager notre recherche sur la sûreté nucléaire. Jorganisais pour les ministres de lÉnergie une visite à Saclay de nos sites en matière de sûreté. Ils étaient très surpris, car après Three Mile Island par exemple on avait inventé un système recombinant dhydrogène quon avait développé sur toutes nos centrales pour que les explosions à lhydrogène ne puissent pas exister. Cest quelque chose que nous voulons partager au niveau international. Le centre de compétence et de formation en matière de sûreté va naturellement avec la force dintervention rapide.
Le quatrième point cest la revue par les pairs. Le président de la République disait tout à lheure à la tribune quil est incroyable quaujourdhui nous ayons des dispositifs plus denses pour la sûreté nucléaire militaire au titre de la non-prolifération, on peut provoquer une inspection sur un site nucléaire militaire mais on ne peut pas provoquer sans laccord du pays une inspection sur un site nucléaire civil. Cest-à-dire que nous sommes en retrait sur le nucléaire civil par rapport au nucléaire militaire. Cela ne correspond pas à une réalité qui est que quand il y a un accident nucléaire, on a vu lémotion quil y a eu dans le monde à partir de Fukushima. La logique est donc davoir au moins un même niveau de coopération sur la sûreté nucléaire civile et sur le nucléaire militaire.
Cela nous fait donc quatre objectifs que la France propose avec constance dans toutes les enceintes et singulièrement ici par la voix du président de la République et avec une certaine force : autorité de sûreté indépendante, les Japonais ont reconnu que cétait une faille de leur système et souhaitent la mettre en place. Comme je lai déjà dit en France dans le passé nous navions pas dautorité indépendante et nous reconnaissons que cétait une erreur. Au moment de Tchernobyl, nous navions pas dautorité indépendante. Et cela a été un problème de communication, de crédibilité. Nous avons mis en place un système différent. Maintenant nous avons une autorité de sûreté indépendante et nous recommandons vraiment une autorité de sûreté indépendante. Aujourdhui lAIEA recommande une autorité de sûreté indépendante mais il sagit dune indépendance pratique, elle noblige pas à une indépendance fonctionnelle : cela reste ambigu. Nous voulons aller plus loin et que ce soit plus clair. Les Japonais souhaitent le faire, nous pensons que cest quelque chose que doivent avoir tous les pays du monde qui ont le nucléaire et tous ceux qui souhaitent se lancer dans le nucléaire. Cest une chose à laquelle il faut réfléchir avant dentrer dans le nucléaire.
Premier point, donc : autorité indépendante ; deuxième point : force opérationnelle en cas daccident - jinsiste là-dessus je pense que cest quelque chose que nous mettrons en place en France ; et il y a un parallèle à faire entre ce qui se passe au niveau dun site et ce qui se passe au niveau dun pays. Ce quon a vu avec Fukushima cest quun pays peut être profondément déstabilisé par un événement et un site dévasté. En France, les systèmes de sûreté sont implémentés sur le site. Cela fonctionne par redondance de diesel mais il nest pas prévu quun site soit entièrement dévasté et quune force dintervention soit projetée de lextérieur. Cest une question que nous nous posons dans les suites de Fukushima. Et cest une question que nous posons aussi au monde. Un pays peut se retrouver profondément déstabilisé et à lintérieur de cette déstabilisation, comme on la vu à Fukushima, un accident nucléaire. Avoir une force de projection rapide international, avoir une force dintervention, le Président la dit, nest pas une atteinte à la souveraineté dun État qui se trouve profondément déstabilisé, ce nest pas violer sa souveraineté que de venir à son aide sur un sujet pareil. Troisième point sur le centre de compétence qui va avec la force dintervention rapide et qui est aussi une façon daccompagner tous les nouveaux pays qui souhaitent se porter vers le nucléaire, car dans ces propositions nous pensons aux pays actuellement nucléarisés mais aussi aux nouveaux pays.
Et quatrièmement, la revue par les pairs. Aujourdhui, ce qui est prévu cest que ce soit volontaire et fortement incitatif. LAIEA dit «nous voudrions que tous les pays sengagent à une revue volontaire». La France propose que ce soit systématique.
Il y a un décalage entre le nucléaire civil et le nucléaire militaire. La raison cest que linspection du nucléaire militaire sest développée au titre de la non-prolifération. On a considéré que la non-prolifération était un problème de sécurité du monde alors que la sûreté nucléaire civile relevait du ressort de chacun. Je ne conteste pas que la non-prolifération soit un problème de sécurité du monde. En revanche la sûreté nucléaire civile nest pas seulement un problème national ; il y a un problème transfrontière, on la vu avec un accident tel que celui de Tchernobyl dont le nuage a traversé lEurope, il y a aussi un problème démotion mondiale. Cest quand même très particulier le nucléaire, on la vu avec laccident de Fukushima, chacun sinterrogeait sur la question de savoir sil y aurait des retombées de Fukushima ailleurs dans lhémisphère nord. Nous ne pouvons pas en rester à lidée que le nucléaire militaire est un sujet mondial et que le nucléaire civil est un sujet national. Aujourdhui nous voulons avoir le même niveau de coopération sur le nucléaire civil et le nucléaire militaire.
Q - Allez-vous faire cette proposition devant lAIEA ?
Ces quatre propositions nous les faisons aussi devant lAIEA. Ce sont les propositions de la France pour remonter les standards de sûreté nucléaire civile après Fukushima.
Q - Ont-il déjà réagi ? Quont-il dit ? Y a-t-il un délai pour tout cela ?
Pour le moment il y a une marque dintérêt. Par exemple sur lautorité indépendante, les Japonais nous disent «oui nous on veut le faire». Sur la revue par les pairs, beaucoup de pays disent quils vont y aller. Donc il y a vraiment une marque dintérêt dans cette direction mais il ny a pas de décision prise davoir ce standard que nous proposons de sûreté nucléaire civile de niveau sûreté militaire.
Fukushima a provoqué un mouvement pour remonter les standards mais pas encore pour changer déchelle, comme nous le proposons, presque un changement de concept, passer du volontaire au systématique tout simplement.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 septembre 2011
Tout dabord davoir une autorité de sûreté indépendante. La France ne dit pas ça avec arrogance. Pendant des années, elle na pas eu dautorité indépendante : au moment de Tchernobyl, nous navions pas dautorité de sûreté indépendante et nous avons vécu toutes sortes de problèmes de communication autour de Tchernobyl. Cela na pas été une réussite. Cest après que nous avons construit notre système en créant une autorité. Nous en sommes vraiment satisfaits et nous pensons que cest quelque chose que nous devons partager avec tout le monde.
Les Japonais sont dans le même état desprit. Ils nen avaient pas avant Fukushima et ils ont annoncé leur intention de mettre en place une autorité indépendante. Avoir une autorité vraiment indépendante nous semble être de bonne politique.
Notre deuxième proposition, cest la force dintervention rapide au niveau régional ou international. Nous y réfléchissons pour la France. Aujourdhui en France, on prévoit que tous les moyens de sûreté doivent être prédisposés sur un site. Un site doit être autonome en termes de sûreté mais ce que lon a vu à Fukushima, cest quun site pouvait être entièrement dévasté. Si un site est entièrement dévasté il faut pouvoir emmener des capacités de lextérieur. Ce sera probablement en France une des conclusions des audits de Fukushima. Ce qui est vrai pour un site est vrai pour un pays. On la vu avec le tsunami au Japon, un pays peut se retrouver fortement déstabilisé par un événement. Avoir des capacités projetables dans cette situation nous semble être là aussi de bonne politique.
Le troisième point est la création dun centre de compétence sur la sûreté, de centres régionaux éventuellement et un centre international. Les pays ont des niveaux très différents en matière de recherche de sûreté. En France nous sommes prêts à partager notre recherche sur la sûreté nucléaire. Jorganisais pour les ministres de lÉnergie une visite à Saclay de nos sites en matière de sûreté. Ils étaient très surpris, car après Three Mile Island par exemple on avait inventé un système recombinant dhydrogène quon avait développé sur toutes nos centrales pour que les explosions à lhydrogène ne puissent pas exister. Cest quelque chose que nous voulons partager au niveau international. Le centre de compétence et de formation en matière de sûreté va naturellement avec la force dintervention rapide.
Le quatrième point cest la revue par les pairs. Le président de la République disait tout à lheure à la tribune quil est incroyable quaujourdhui nous ayons des dispositifs plus denses pour la sûreté nucléaire militaire au titre de la non-prolifération, on peut provoquer une inspection sur un site nucléaire militaire mais on ne peut pas provoquer sans laccord du pays une inspection sur un site nucléaire civil. Cest-à-dire que nous sommes en retrait sur le nucléaire civil par rapport au nucléaire militaire. Cela ne correspond pas à une réalité qui est que quand il y a un accident nucléaire, on a vu lémotion quil y a eu dans le monde à partir de Fukushima. La logique est donc davoir au moins un même niveau de coopération sur la sûreté nucléaire civile et sur le nucléaire militaire.
Cela nous fait donc quatre objectifs que la France propose avec constance dans toutes les enceintes et singulièrement ici par la voix du président de la République et avec une certaine force : autorité de sûreté indépendante, les Japonais ont reconnu que cétait une faille de leur système et souhaitent la mettre en place. Comme je lai déjà dit en France dans le passé nous navions pas dautorité indépendante et nous reconnaissons que cétait une erreur. Au moment de Tchernobyl, nous navions pas dautorité indépendante. Et cela a été un problème de communication, de crédibilité. Nous avons mis en place un système différent. Maintenant nous avons une autorité de sûreté indépendante et nous recommandons vraiment une autorité de sûreté indépendante. Aujourdhui lAIEA recommande une autorité de sûreté indépendante mais il sagit dune indépendance pratique, elle noblige pas à une indépendance fonctionnelle : cela reste ambigu. Nous voulons aller plus loin et que ce soit plus clair. Les Japonais souhaitent le faire, nous pensons que cest quelque chose que doivent avoir tous les pays du monde qui ont le nucléaire et tous ceux qui souhaitent se lancer dans le nucléaire. Cest une chose à laquelle il faut réfléchir avant dentrer dans le nucléaire.
Premier point, donc : autorité indépendante ; deuxième point : force opérationnelle en cas daccident - jinsiste là-dessus je pense que cest quelque chose que nous mettrons en place en France ; et il y a un parallèle à faire entre ce qui se passe au niveau dun site et ce qui se passe au niveau dun pays. Ce quon a vu avec Fukushima cest quun pays peut être profondément déstabilisé par un événement et un site dévasté. En France, les systèmes de sûreté sont implémentés sur le site. Cela fonctionne par redondance de diesel mais il nest pas prévu quun site soit entièrement dévasté et quune force dintervention soit projetée de lextérieur. Cest une question que nous nous posons dans les suites de Fukushima. Et cest une question que nous posons aussi au monde. Un pays peut se retrouver profondément déstabilisé et à lintérieur de cette déstabilisation, comme on la vu à Fukushima, un accident nucléaire. Avoir une force de projection rapide international, avoir une force dintervention, le Président la dit, nest pas une atteinte à la souveraineté dun État qui se trouve profondément déstabilisé, ce nest pas violer sa souveraineté que de venir à son aide sur un sujet pareil. Troisième point sur le centre de compétence qui va avec la force dintervention rapide et qui est aussi une façon daccompagner tous les nouveaux pays qui souhaitent se porter vers le nucléaire, car dans ces propositions nous pensons aux pays actuellement nucléarisés mais aussi aux nouveaux pays.
Et quatrièmement, la revue par les pairs. Aujourdhui, ce qui est prévu cest que ce soit volontaire et fortement incitatif. LAIEA dit «nous voudrions que tous les pays sengagent à une revue volontaire». La France propose que ce soit systématique.
Il y a un décalage entre le nucléaire civil et le nucléaire militaire. La raison cest que linspection du nucléaire militaire sest développée au titre de la non-prolifération. On a considéré que la non-prolifération était un problème de sécurité du monde alors que la sûreté nucléaire civile relevait du ressort de chacun. Je ne conteste pas que la non-prolifération soit un problème de sécurité du monde. En revanche la sûreté nucléaire civile nest pas seulement un problème national ; il y a un problème transfrontière, on la vu avec un accident tel que celui de Tchernobyl dont le nuage a traversé lEurope, il y a aussi un problème démotion mondiale. Cest quand même très particulier le nucléaire, on la vu avec laccident de Fukushima, chacun sinterrogeait sur la question de savoir sil y aurait des retombées de Fukushima ailleurs dans lhémisphère nord. Nous ne pouvons pas en rester à lidée que le nucléaire militaire est un sujet mondial et que le nucléaire civil est un sujet national. Aujourdhui nous voulons avoir le même niveau de coopération sur le nucléaire civil et le nucléaire militaire.
Q - Allez-vous faire cette proposition devant lAIEA ?
Ces quatre propositions nous les faisons aussi devant lAIEA. Ce sont les propositions de la France pour remonter les standards de sûreté nucléaire civile après Fukushima.
Q - Ont-il déjà réagi ? Quont-il dit ? Y a-t-il un délai pour tout cela ?
Pour le moment il y a une marque dintérêt. Par exemple sur lautorité indépendante, les Japonais nous disent «oui nous on veut le faire». Sur la revue par les pairs, beaucoup de pays disent quils vont y aller. Donc il y a vraiment une marque dintérêt dans cette direction mais il ny a pas de décision prise davoir ce standard que nous proposons de sûreté nucléaire civile de niveau sûreté militaire.
Fukushima a provoqué un mouvement pour remonter les standards mais pas encore pour changer déchelle, comme nous le proposons, presque un changement de concept, passer du volontaire au systématique tout simplement.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 septembre 2011