Interview de Mme Nadine Morano, ministre de l'apprentissage et de la formation professionnelle à Canal Plus le 4 octobre 2011, sur le climat politique et les propositions du PS sur le chômage des jeunes.

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Média : Canal Plus

Texte intégral


 
 
MAÏTENA BIRABEN Nadine MORANO bonjour.
 
NADINE MORANO Bonjour.
 
MAÏTENA BIRABEN Soyez la bienvenue.
 
NADINE MORANO Merci beaucoup.
 
CAROLINE ROUX C’est effectivement la question qui se pose ce matin, qu’est-ce qu’il faut changer à l’UMP pour récupérer Jean-Louis BORLOO et ses amis ?
 
NADINE MORANO Ecoutez vous le savez, ce qui est essentiel comme défi à relever c’est de gagner l’élection présidentielle. Nous avons changé la constitution et aujourd'hui un candidat à l’élection présidentielle peut l’être deux fois, c'est-à-dire deux mandats terminés, c'est-à-dire dix ans maximum et dix ans pour agir. Aujourd'hui nous sommes à quelques mois de ce deuxième mandat, nous avons besoin d’être tous rassemblés, l’unité est indispensable et Jean-Louis BORLOO l’a compris, je m’en réjouis, il a fait preuve de sagesse. Maintenant à l’UMP nous avons des conventions que nous organisons très régulièrement pour participer au débat, pour enrichir le débat, il l’a travaillé, il l’a dit, il a des contributions à faire valoir et nous nous sommes évidemment attentifs à ce que Jean-Louis BORLOO viennent débattre chez nous, vienne partager nos idées, il fait partie de la famille.
 
CAROLINE ROUX Alors je vais reposer ma question, on va refaire le début de l’interview, qu’est-ce qu’il faut changer à l’UMP sur la ligne politique de l’UMP pour récupérer Jean-Louis BORLOO et ses amis ?
 
NADINE MORANO Ce n’est pas une question de changer...
 
CAROLINE ROUX Ecoutez, Jean-François COPE ce matin dans LE FIGARO, il dit : je souhaite que la dimension sociale et humaniste portée par Jean LEONETTI du Parti Radical, au sein de l’UMP soit renforcée. Est-ce que vous êtes d’accord avec ça ?
 
NADINE MORANO Evidemment que je suis d’accord avec ça, mais ce n’est pas tant de changer l’UMP, c’est de se dire chacun doit prendre sa place à l’UMP et à l’intérieur de nos conventions, comme dans nos organes de décisions et Jean-François COPE l’avait dit d’ailleurs au tout début parce que nous ne voulions pas que Jean-Louis BORLOO s’en aille, Jean-Louis BORLOO doit prendre toute sa place, et même ceux qui sont au Parti Radical et dans toutes nos régions parce que je constate dans nos régions, que très peu ont quitté l’UMP, mais vraiment très peu.
 
CAROLINE ROUX C'est à lui de se bouger ? C’est à Jean-Louis BORLOO de faire l’effort, c’est ça ?
 
NADINE MORANO Ecoutez, quand il y a séparation il y a toujours responsabilité des deux côtés. Nous avons été unis pendant plus de dix ans puisque nous avons créé l’UMP ensemble en 2002, nous sommes maintenant en 2011, nous avons été séparés quelques mois, donc on doit faire un pas tous ensemble, l’un vers l’autre pour que notre famille soit unie, pour faire gagner Nicolas SARKOZY. C’est important pour la France.
 
CAROLINE ROUX Mais on entend bien ce matin que vous ne voulez pas nous dire qu’il faut rééquilibrer la ligne politique de l’UMP vers davantage de propos sociaux ...
 
NADINE MORANO Si, mais évidemment, mais que nous parlions d’humanisme, de cohésion sociale, je vous l’ai dit, l’UMP organise des conventions très régulièrement, Jean-Louis BORLOO a toute sa place, qu’il nous propose de thèmes d’organisation de convention, évidemment nous débattrons des sujets que Jean-Louis BORLOO voudra bien venir débattre à l’UMP.
 
CAROLINE ROUX On a bien compris que c’était à lui de faire l’effort.
 
NADINE MORANO A lui et à nous. Je vous ai dit c’est un effort partagé.
 
CAROLINE ROUX Alors, Arnaud MONTEBOURG dit, il y a eu une pression de la part de l’Elysée sur Jean-Louis BORLOO pour qu’il renonce à sa candidature ; Est-ce qu’il y a un deal, est-ce qu’il y a eu des pressions ?
 
NADINE MORANO Non, je pense que Jean-Louis BORLOO, vous savez c'est un responsable politique, il a besoin ni d’être soutenu, ni d’avoir des pressions par personne. Il a sa réflexion personnelle, j’observe qu’il a téléphoné à ses amis seulement dix minutes avant de passer à TF1, il avait mûrement réfléchi pour cette décision, il a regardé la situation économique, il a regardé aussi ce climat délétère et il a dit lui-même que sa candidature apporterait plus de confusion que de propositions. Donc je me réjouis qu’après avoir participé quatre ans au gouvernement, il se dit, c’est avec Nicolas SARKOZY qu’il faudra que nous soyons tous réunis.
 
CAROLINE ROUX Alors ça il ne l’a pas dit, vous l’avez peut-être entendu mais il ne l’a pas dit.
 
NADINE MORANO Mais il l’a laissé sous entendre.
 
CAROLINE ROUX Pour vous ça ne fait aucun doute, ça sera aux côtés de Nicolas SARKOZY qu’il sera pour cette présidentielle, parce que Ségolène ROYAL elle aussi lui tend la main à Jean-Louis BORLOO.
 
NADINE MORANO Mais Jean-Louis BORLOO a participé à quatre ans de gouvernement de Nicolas SARKOZY en étant son ministre d’Etat et jamais Jean-Louis BORLOO n’a dit quoi que ce soit de négatif à l’encontre de Nicolas SARKOZY et il l’a toujours dit. Il ne dira jamais quelque chose de négatif à l’encontre du président de la République. Comment aurait-il pu participer quatre ans à un gouvernement de Nicolas SARKOZY et ensuite aller chez Ségolène ROYAL ? Ce n’est pas possible.
 
CAROLINE ROUX Après Dominique de VILLEPIN, après Jean-Louis BORLOO, estce que le prochain sur la liste c'est Hervé MORIN ? Est-ce que vous considérez, lui aussi a été après tout un ministre de Nicolas SARKOZY, ministre de la Défense, est-ce que vous considérez que sa candidature est nulle et non avenue qu’il faut qu’il aille lui aussi vers le rassemblement ?
 
NADINE MORANO Bien sûr, je pense que nous devons engager cette dynamique puissante du premier tour et que tous ceux qui ont gouverné avec nous ont une seule place à occuper, c’est celle d’être dans l’équipe qui nous fera gagner tous ensemble. La France en a besoin.
 
CAROLINE ROUX Donc pas de candidature MORIN ?
 
NADINE MORANO Non je pense que cette candidature serait inutile, elle apporterait de la division. J’appelle aussi Hervé MORIN à travailler avec nous, à prendre toute sa place à l’UMP d’ailleurs dans nos débats et dans nos conventions et la main tendue à chacun pour que nous soyons rassemblés. D’ailleurs vous savez, le Parti socialiste nous a toujours envié la construction de l’UMP, c’est notre force, c’est notre bien à tous et nous devons le préserver.
 
MAÏTENA BIRABEN On va parler d’une autre dynamique puissante, celle du chômage des jeunes.
 
CAROLINE ROUX Oui, vous êtes un peu la ministre en charge du chômage des jeunes...
 
NADINE MORANO De l’emploi des jeunes, de l’emploi des jeunes.
 
CAROLINE ROUX Allez, apprentissage et formation professionnelle, ça concerne essentiellement les jeunes. Le chômage des jeunes c’est autour de 23% aujourd'hui, alors les jeunes sont au coeur du débat politique puisqu’on est en pleine primaire socialiste, deux propositions faites sur la question de l’emploi par Martine AUBRY, les contrats, jeunes contrats d’avenir, 300.000 et de l’autre côté, le contrat de génération voulu par François HOLLANDE. Laquelle de ces deux propositions vous semble la plus crédible ?
 
NADINE MORANO Aucune, aucune et c’est tout l’objet d’ailleurs du débat qui s’engagera parce que nous n’avons pas du tout les mêmes convictions ni les mêmes propositions à faire aux Français. S’agissant de l’emploi des jeunes, nous croyons à l’emploi durable des jeunes dans l’entreprise, c'est tout l’objet de mon travail en ce moment et de la campagne de communication que j’ai lancée à destination des entreprises de moins de 250 salariés, pour leur donner toutes les possibilités de pouvoir recruter des jeunes en apprentissage avec un dispositif zéro charge.
 
CAROLINE ROUX Vous faites aussi des exonérations de charges comme le propose François HOLLANDE, en quoi c'est différent ?
 
NADINE MORANO Non, non attendez, les socialistes proposent 300.000 emplois jeunes financés avec de l’argent public, c'est-à-dire 300.000 emplois jeunes comme il l’avait fait en 1997 pour cinq ans, financés avec de l’argent public et au bout de cinq ans, c’est retour à la case départ. Nous ce n’est pas du tout ça...
 
CAROLINE ROUX Le contrat de génération ?
 
NADINE MORANO Mais le contrat de génération proposé par François HOLLANDE et décrié par toute sa famille politique, a été estimé à environ, allez, certains disent 5 milliards, d’autres 10 milliards. Donc solution impossible à réaliser parce que beaucoup trop coûteuse et qui n’apporterait rien au fond. Non, l’objectif c'est, en fait de mettre en place le même dispositif qu’en Allemagne parce que nous savons que les formations dites duales, théoriques et pratiques, permettent aux jeunes d’entrer beaucoup plus facilement sur le marché de l’emploi et donc nous avons engagé 1,7 milliard d’euros pour développer dans l’ensemble des régions l’apprentissage dans notre pays et donc notre objectif avec le président de la République est d’arriver à 800.000 alternants d’ici à 2015.
 
CAROLINE ROUX Vous avez du mal pour l’instant.
 
NADINE MORANO Mais pourquoi vous dites : vous avez du mal ? Septembre et octobre sont des mois cruciaux pour les inscriptions et donc nous sommes en train de faire beaucoup de mobilisation à la fois chez les jeunes, dans les familles, au niveau des entreprises mais aussi parce que nous avons mobilisé avec Xavier BERTRAND, les sous-préfets et les préfets de régions pour qu’ils engagent cette dynamique dans nos CFA, dans les entreprises pour que les jeunes choisissent cette formation qui est porteur d’emploi.
 Source : Premier ministre, Service d’Information du Gouvernement, le 4 octobre 2011