Interview de Mme Chantal Jouanno, ministre des sports à I-Télé le 21 septembre 2011, sur la proposition de l'UMP de "serment d'allégeance aux armes" et les élections sénatoriales.

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Média : I-télévision

Texte intégral


 
 
 
CHRISTOPHE BARBIER Bonjour Chantal JOUANNO.
 
CHANTAL JOUANNO Bonjour Christophe BARBIER
 
CHRISTOPHE BARBIER Un serment d’allégeance aux armes, c’est la dernière idée de l’UMP pour les jeunes. Est-ce que vous la soutenez ou est-ce qu’il vaut mieux l’oublier très vite ?
 
CHANTAL JOUANNO Ben, on peut revoir la terminologie, ça c’est possible.
 
CHRISTOPHE BARBIER Ca fait un peu…
 
CHANTAL JOUANNO Maintenant, bon, en réalité, il ne devrait pas y avoir vraiment de débat autour de l’idée du principe même parce qu’il est évident que quand on adhère à un pays, on adhère à son drapeau, on adhère à ses valeurs, et donc on doit le défendre.
 
CHRISTOPHE BARBIER Est-ce qu’on ne ferait pas mieux de réformer la journée d’appel préparatoire à la défense, ou je ne sais pas ?
 
CHANTAL JOUANNO Mais il y avait justement bien d’autres propositions dans cette convention, et toutes des propositions autour de la cohésion nationale. Donc, effectivement, il y avait beaucoup de propositions, que ce soit sur la journée, que ce soit sur l’inscription sur les monuments, que ce soit sur le 11 novembre, donc… et puis d’ailleurs vous l’avez vous-même noté.
 
CHRISTOPHE BARBIER L’armée de métier est là maintenant, donc la levée des masses, défendre son pays en prenant le fusil c’est plus de…
 
CHANTAL JOUANNO C’est surtout une adhésion à des valeurs. C’est surtout dire que quand on veut adhérer à un pays on est capable de défendre son drapeau et ses valeurs.
 
CHRISTOPHE BARBIER Ca ne passe pas plus par le sport, par le soutien aux équipes nationales le sentiment national aujourd’hui ?
 
CHANTAL JOUANNO C’est aussi…ça en fait aussi partie.
 
CHRISTOPHE BARBIER C’est plus pacifique !
 
CHANTAL JOUANNO Ca en fait aussi partie. D’ailleurs, souvenez-nous de la polémique sur Knysna, c’était très exactement ça.
 
CHRISTOPHE BARBIER L’équipe de foot, oui, en Afrique du Sud.
 
CHANTAL JOUANNO Effectivement, nos joueurs défendent nos valeurs, défendent nos couleurs.
 
CHRISTOPHE BARBIER La gauche attaque, elle dit c’est une manière de faire un clin d’oeil au Front national. C’est un peu vrai, c’est la droite populaire qui donne le ton à l’UMP.
 
CHANTAL JOUANNO Oui, mais là on est de toute façon dans un débat très politique. Dès lors que la droite dit quelque chose la gauche dit l’inverse. Donc, bon, la gauche fait son travail habituel, mais elle ne propose pas en attendant. Qu’est-ce qu’elle propose sur le sujet ? Rien.
 
CHRISTOPHE BARBIER La marque qu’imprime la droite populaire sur l’UMP en ce moment, ce durcissement, ça ne vous dérange pas ?
 
CHANTAL JOUANNO Ben, l’UMP c’est un grand mouvement. Toute la difficulté de l’UMP c’est bien évidemment de garder cette unité en permettant à chaque courant de s’exprimer. Mais l’UMP reste un mouvement très large qui va des tendances très écologiques comme les miennes, très sociales, jusqu’à d’autres tendances qui vont jusqu’à la droite populaire. C’est normal que chacune s’exprime. Après, ça fait plus de buzz médiatique les unes ou les autres, mais le rôle de Jean-François COPÉ, ce qu’il fait aujourd’hui, c’est de permettre à chacune de s’exprimer, ce qu’il fait c’est de faire un débat d’idées. On a fait quand même quatorze conventions depuis le début de l’année, c’est énorme. Et le débat d’idées il est là, il n’est pas ailleurs.
 
CHRISTOPHE BARBIER Ca donne aussi beaucoup de divergences, beaucoup de dissonances. Il n’y a pas d’autorité à l’UMP.
 
CHANTAL JOUANNO Oh, il y a de l’autorité. Les divergences, elles sont normales ; les expressions, elles sont normales. Mais il y a un socle de valeurs qui rassemble tout le monde.
 
CHRISTOPHE BARBIER Et néanmoins, ça donne des dissidences. On le voit, dimanche, ce sont les sénatoriales, vous êtes candidate à Paris.
 
CHANTAL JOUANNO Belle pirouette !
 
CHRISTOPHE BARBIER Vous, vous serez élue parce que vous êtes tête de liste, mais les dissidences vont vous coûter cher, à Paris et ailleurs.
 
CHANTAL JOUANNO La question des dissidences et des divisions, c’est pas des questions qui sont liées à des expressions, en tout cas à Paris, de tendances politiques.
 
CHRISTOPHE BARBIER Alors, c’est quoi, des ambitions personnelles ?
 
CHANTAL JOUANNO Ce sont des ambitions personnelles, ce sont parfois un peu des paris, mais c’est pas une expression politique. Une expression politique comme celle du Nouveau centre est une expression politique. Les listes dissidentes ne sont pas des expressions politiques aujourd’hui.
 
CHRISTOPHE BARBIER Est-ce que Nicolas SARKOZY n’aurait pas dû taper du poing plus fort sur la table contre ces dissidents, notamment à Paris ?
 
CHANTAL JOUANNO Chacun est libre de se présenter à des élections. Ensuite, ce sont les Grands Electeurs qui feront le choix. Et nous, on a qu’un seul message aujourd’hui, c’est l’union, la mobilisation, j’allais dire presque nationale parce que là ce qui se joue aujourd’hui c’est l’éventuel basculement du Sénat à gauche, et si le Sénat bascule à gauche c’est l’immobilité de la France, c’est l’immobilité des réformes.
 
CHRISTOPHE BARBIER C’est une demi-cohabitation, on a connu ça, ça fonctionne.
 
CHANTAL JOUANNO Oui, enfin dans le contexte…
 
CHRISTOPHE BARBIER …l’Assemblée nationale a le dernier mot.
 
CHANTAL JOUANNO Dans le contexte actuel, dans le contexte de crise, c’est l’impossibilité de faire avancer la loi de Finances, de faire adopter la règle d’or, et c’est la garantie pour la France d’une situation à l’italienne. On voit ce que ça donne ! On voit ce que ça donne !
 
CHRISTOPHE BARBIER Vous pensez que la droite peut perdre le Sénat ?
 
CHANTAL JOUANNO Ca entraîne la dégradation… Non, il n’y a aucune raison mathématique que la droite perde le Sénat. La seule raison serait des divisions. Mais, moi, j’ai tout à fait confiance dans nos Grands Electeurs, qui sont des gens qui adhèrent à nos valeurs, et qui joueront la carte de l’union, qui joueront la carte de la mobilisation.
 
CHRISTOPHE BARBIER Chaque voix va compter pour l’élection du président du Sénat le 1er octobre. Trois ministres pourraient être élus sénateurs mais ne pas siéger pour ce vote si vous décidez de rester au gouvernement. Alors, vous, votre choix est-il fait ? Si on vous dit « il faut aller au Sénat parce que le siège de LARCHER est menacé », vous démissionnerez ?
 
CHANTAL JOUANNO Ah ben, s’il faut…absolument, ça, je n’ai aucun état d’âme. Moi, de toute façon, je travaille pour l’intérêt général. Ca peut avoir un côté très désuet, mais j’ai commencé comme haut fonctionnaire, si demain le président me dit « tu vas au ministère, tu restes au Ministère des Sports », c’est un honneur ; si demain, je suis sénateur, je reste comme sénateur, c’est un bonheur. Je le ferai avec énormément de bonheur.
 
CHRISTOPHE BARBIER Est-ce qu’il est possible que la droite tente une manoeuvre : vous démissionnez pendant trois jours, le temps d’aller voter au Sénat, et puis après vous redevenez ministre, vous êtes renommée ?
 
CHANTAL JOUANNO Non, c’est pas correct !
 
CHRISTOPHE BARBIER Vous ne vous prêterez pas à ça ?
 
CHANTAL JOUANNO C’est pas correct.
 
CHRISTOPHE BARBIER Plus tard, est-ce que vous serez candidate à la Mairie de Paris en 2014 si François FILLON ne vient pas ? Vous y pensez ?
 
CHANTAL JOUANNO Alors, là, on est sur les sénatoriales, je crois que le gros enjeu c’est quand même les sénatoriales. C’est difficile de faire de la politique fiction. Moi, tout ce qui m’intéresse sur Paris c’est la partie projet, vraiment, c’est la partie construction d’un projet. Le vrai débat de la droite aujourd’hui c’est pas de savoir, en fait, qui on prend, le vrai débat aujourd’hui c’est quel projet on porte, comment on parle aux Parisiennes et aux Parisiens, comment on résout leurs problèmes de logement, de garde d’enfants, de sport pour les gamins, c’est ça le vrai sujet, d’environnement. Le reste, honnêtement, c’est de la cuisine interne.
 
CHRISTOPHE BARBIER La primaire ça marche au Parti socialiste. Les gens ont l’air passionné. Est-ce que c’est un modèle que la droite doit adopter pour plus tard ?
 
CHANTAL JOUANNO Pour 2017 ?
 
CHRISTOPHE BARBIER Oui.
 
CHANTAL JOUANNO Pour 2017 ? Parce que là c’est un président sortant, il n’y a pas de débat.
 
CHRISTOPHE BARBIER Mais 2017.
 
CHANTAL JOUANNO Pour 2017, c’est évident qu’on ne coupera pas à une idée de primaire. D’ailleurs, c’est dans les statuts de l’UMP.
 
CHRISTOPHE BARBIER Les sénatoriales vous bloquent à Paris, votre place n’est-elle pas plutôt en Nouvelle Zélande aux côtés de l’Equipe de France de rugby ? Il y a un match contre les Blacks, justement, ce week-end.
 
CHANTAL JOUANNO L’ouverture a été faite par Alain JUPPÉ parce qu’il était sur place au moment de la tournée. Je devais y aller, mais comme Alain y était on n’a pas jugé que c’était très opportun qu’il y ait deux ministres en même temps. Donc, là, il termine la poule A, moi j’irai après. Je n’ai pas d’état…il n’y a pas de problème. C’est vrai qu’il y a un beau match avec la Nouvelle Zélande que j’invite tout le monde à regarder samedi matin.
 
CHRISTOPHE BARBIER Jeannie LONGO est touchée par des soupçons de dopage. Est-ce que vous l’incitez à prendre sa retraite ?
 
CHANTAL JOUANNO Mon dieu ! Jeannie LONGO, en fait il y a deux affaires. Il y a une affaire Jeannie LONGO qui n’a pas répondu précisément à des contrôles sur sa localisation.
 
CHRISTOPHE BARBIER Ca créé des doutes.
 
CHANTAL JOUANNO Et il y a son compagnon qui a une autre affaire, d’autres suspicions, sur des commandes d’EPO. Donc, c’est vraiment deux affaires séparées aujourd’hui. Il y a une fédération qui va à une commission de discipline et qui va décider elle-même. Je n’ai pas tous les éléments, moi, pour dire aujourd’hui qui a raison ou qui a tort.
 
CHRISTOPHE BARBIER Dans votre carrière de sportive, de karatéka, on vous a proposé parfois de vous doper, on vous a conseillé de le faire ?
 
CHANTAL JOUANNO On m’a conseillé de prendre des aides pour avoir plus d’énergie pendant les compétitions, oui, ça s’est arrivé. Mais, bon, j’ai toujours refusé. Ceci dit, le karaté n’est pas un sport qui se prête à ce genre de pratique.
 
CHRISTOPHE BARBIER Et dans votre carrière politique, ministérielle, comme François BAYROU, est-ce qu’on vous a proposé de l’argent parfois pour avoir une bonne décision au Ministère de l’Ecologie, par exemple ?
 
CHANTAL JOUANNO Ah non ! Ah non ! Et je dois dire que je pense que les gens me connaissent assez, un peu rigide sur le plan des principes politiques et de la moralité. Je crois qu’ils n’auraient pas pris le risque.
 
CHRISTOPHE BARBIER Est-ce que Nicolas SARKOZY et la France doivent à l’ONU voter pour la création d’un Etat palestinien ?
 
CHANTAL JOUANNO Le débat est tellement sensible, tellement sensible, et les négociations sont en cours que je ne prendrai pas le risque de me prononcer sur ce sujet.
 
CHRISTOPHE BARBIER Pourquoi, vous pouvez avoir un sentiment personnel ? Est-ce que ça ne débloquerait pas les choses ?
 
CHANTAL JOUANNO Je peux avoir un sentiment personnel, mais je suis au gouvernement, et il y a une négociation très lourde, enfin on joue la paix dans cette région qui est en guerre depuis tellement d’années. Donc, vraiment, je ne me prononcerai pas parce que tout est en train de se jouer maintenant. C’est trop grave. Tout ce que je peux dire pourra être retenu dans un sens ou dans un autre.
 
CHRISTOPHE BARBIER Il y a dix ans, c’était l’explosion d’AZF à Toulouse. Vous êtes passée par le Ministère de l’Ecologie et ces problèmes de sécurité. Est-ce qu’on a fait des progrès vraiment ? Est-ce que c’est impossible aujourd’hui ?
 
CHANTAL JOUANNO On a fait des progrès parce qu’on a adopté une loi qui est assez lourde, qui est très conséquente. Maintenant, il y a encore des progrès à faire sur la prise en charge des travaux par exemple pour les particuliers. C’est un point sur lequel on avait travaillé, on avait trouvé un accord, et j’espère que ça va avancer.
 
CHRISTOPHE BARBIER Chantal JOUANNO, merci et bonne journée.
 
CHANTAL JOUANNO Merci.
 Source : Premier ministre, Service d’Information du Gouvernement, le 22 septembre 2011