Interview de M. Thierry Mariani, secrétaire d'Etat chargé des transports et co-fondateur de la Droite populaire, à France Info le 4 octobre 2011, sur la stratégie électorale de l'UMP à la suite du désistement de Jean-Louis Borloo de l'élection présidentielle de 2012.

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Média : France Info

Texte intégral

MATHILDE MUNOZ Vous êtes sur FRANCE INFO et l’invité ce matin, est Thierry MARIANI, ministre des Transports et co-fondateur de la Droite populaire. Bonjour.
 
THIERRY MARIANI Bonjour.
 
MATHILDE MUNOZ Alors, la Droite populaire existe maintenant depuis à peu près un an, il regroupe, elle regroupe, ce collectif regroupe une quarantaine de députés qui représentent l’aile droite de l’UMP. Est-ce que l’aile droite de l’UMP est compatible avec les électeurs de Jean-Louis BORLOO qui se retrouvent maintenant sans candidat ?
 
THIERRY MARIANI Vous savez, l’UMP, par nature, est ouverte à tous, c’est ce qui fait sa force. Je pense que dans l’UMP il y a des centristes, il y a des radicaux, il y a des gaullistes, il y a des libéraux ; le paradoxe c'est que les seuls qui n’étaient pas un peu organisés, c’était l’aile droite d’un parti qui se dit lui-même un parti de la droite et du centre. Pour gagner les présidentielles, pour gagner les législatives, on a besoin de tous et donc je pense qu’à l’UMP certains élus s’organisent en disant très simplement : on représente une droite décomplexée et responsable, attachée à certaines valeurs, c'est une bonne chose pour tout le monde.
 
MATHILDE MUNOZ Et on peut viser à la fois les électeurs de Jean-Louis BORLOO et ceux de Marine LE PEN ?
 
THIERRY MARIANI On ne vise pas les électeurs ni de Marine LE PEN, ni de Jean- Louis BORLOO, on vise tous ceux qui partagent nos valeurs, voilà. Je crois que les électeurs de Marine LE PEN, qui par moment votent pour elle, savent très bien qu’elle propose des slogans, qu’elle soulève des problèmes mais qu’en aucun cas elle ne propose des solutions. Le meilleur exemple, là, récemment, elle dénonce les prières de rues, quand Claude GUEANT trouve une solution, comme par hasard, le Front national qui n’a aucune envie que ce problème soit réglé, c'est son fonds de commerce, eh bien est le premier à dénoncer la solution trouvée par Claude GUEANT. Ce que l’on veut, c'est défendre ces valeurs auxquelles on est attaché et j’allais dire compter dans la bataille des idées pendant les élections présidentielles.
 
MATHILDE MUNOZ Où doit se placer le curseur pendant la présidentielle, selon vous, plutôt à droite ou plutôt au centre ?
 
THIERRY MARIANI Je pense que le futur président de la République doit rassembler tous les électeurs de la majorité sur... Il y a des bonnes idées à reprendre des deux côtés. L’UMP, ce qui a fait sa force jusqu’à présent, c'est justement d’avoir le balancier à égale distance entre les deux. Et justement, pour que le balancier, j’allais dire, se redresse un peu, eh bien on a créé cette sensibilité, qui en réalité n'est absolument pas un parti politique, je le répète, c'est simplement des élus qui se regroupent pour défendre certaines propositions.
 
MATHILDE MUNOZ Parce que vous trouviez justement que le gouvernement oubliait un peu l’aile droite de son parti ?
 
THIERRY MARIANI Par moment, nos électeurs avaient l’impression que, après, par exemple l’ouverture, on avait oublié certaines propositions auxquelles on reste attachées et qui avaient fait le succès de Nicolas SARKOZY en 2007.
 
MATHILDE MUNOZ Mais après les échecs de la droite aux régionales, aux municipales, aux européennes, aux cantonales et maintenant aux sénatoriales, vous ne vous dites pas que la France veut un peu plus de gauche ?
 
THIERRY MARIANI La France, je crois, veut surtout un peu plus de convictions. Quelle gauche ? Depuis des mois on a le débat sur les primaires, moi j’ai beaucoup de mal à retenir ce que propose la gauche pour la France et j’ai compris qu’ils voulaient le pouvoir, j’ai compris qu’ils étaient prêts à tout pour démolir Nicolas SARKOZY. Mais en dehors de ça, qu'est-ce qu’ils proposent ? Ils nous proposent des sortes d’emplois jeunes comme il y a 20 ans, j’entends parler du droit de vote pour les immigrés, j’entends parler de la légalisation du cannabis, très franchement, qu’est-ce que veulent les Français ? Ils veulent d’un président qui s’occupe de la France. Quand Nicolas SARKOZY à l’heure actuelle, sans bruit, mais avec ténacité, s’occupe par exemple de la crise économique, s’occupe, fait tout pour que notre pays, demain, ne soit pas dans la même situation que la Grèce, je pense que c’est ce qu’attendent les Français.
 
MATHILDE MUNOZ Mais le droit de vote aux immigrés, c'est une idée, justement, que soutient Nicolas SARKOZY.
 
THIERRY MARIANI C'est une idée que soutenait Nicolas SARKOZY, sous réserve de réciprocité, mais vous savez, on peut soutenir Nicolas SARKOZY et par moment être en léger désaccord avec lui. Je pense que le droit de vote doit être réservé aux citoyens Français. Vous savez, quand la gauche propose de donner le droit de vote à tous ceux qui sont en France depuis dix ans, ils oublient simplement que l’on peut devenir français, si on le souhaite, après 5 ans. Quelqu’un qui est là depuis 10 ans, ça veut dire tout simplement que c'est quelqu’un qui depuis 5 ans n’a pas voulu devenir Français. Et puis quand on devient Français, ça veut dire qu’on sait comprendre le français, que l’on parle le français. Quand on est là depuis 10 ans, ce n'est pas forcément automatique. Est-ce qu’on peut, franchement, avoir le droit de vote et par exemple ne pas parler automatiquement français ?
 
MATHILDE MUNOZ Nicolas SARKOZY le pense, visiblement.
 
THIERRY MARIANI Nicolas SARKOZY le pensait, sous réserve de réciprocité.
 
MATHILDE MUNOZ Oui.
 
THIERRY MARIANI Et sous réserve de réciprocité, ça change tout.
 
MATHILDE MUNOZ Nicolas SARKOZY, justement, vous le disiez, il est en ce moment très actif sur la scène internationale, il joue beaucoup sur son image de patron du G20. Est-ce qu’il faut, selon vous, qu’il se mêle un peu plus ostensiblement de politique intérieure ? Est-ce que la présidentielle se joue davantage sur la politique intérieure que sur la scène internationale ?
 
THIERRY MARIANI L’avenir des Français, d’abord, se jour sur la scène internationale, et que Nicolas SARKOZY soit en première ligne pour défendre l’Europe, pour défendre l’euro, pour faire en sorte que notre système monétaire ne s’effondre pas, je crois que c'est le meilleur service qu’il peut rendre aux Français. Après, rentrer en campagne présidentielle, vous savez, c'est dans six ou sept mois, on a le temps. Je crois que ce que veulent les Français, c'est un président qui tient la barque dans un bateau qui en ce moment est un peu secoué par la tempête et pas d’un candidat qui lance une campagne présidentielle de manière prématurée, je laisse ça au PS, mais au Parti socialiste il est temps qu’ils commencent, effectivement, peut-être qu’on connaîtra enfin leurs vraies propositions.
 
MATHILDE MUNOZ C'est toujours le meilleur candidat, selon vous, Nicolas SARKOZY ?
 
THIERRY MARIANI C'est sans doute le meilleur candidat, parce que le président de la République de 2012 à 2017, c'est quelqu’un qui saura, à mon avis, diriger la France en ayant une autorité nécessaire, notamment auprès des instances internationales, qui saura écouter les Français et je pense que, à droite, il est le seul à pouvoir avoir ces deux qualités.
 
MATHILDE MUNOZ Et à droite, vous souhaitez qu’il y ait un candidat unique ?
 
THIERRY MARIANI Je pense que...
 
MATHILDE MUNOZ Qu’après BORLOO, il y ait aussi Dominique de VILLEPIN, Hervé MORIN ou Christine BOUTIN qui renoncent ?
 
THIERRY MARIANI Non, je pense qu’il faut être cohérent. Tous ceux qui ont soutenu ce gouvernement pendant 4 ou 5 ans, il est logique qu’ils se retrouvent derrière le même candidat. Jean-Louis BORLOO a été membre du gouvernement ces 4 dernières années, il l’a quitté en novembre, il a décidé de ne pas être candidat, je pense que c’est un choix logique.
 
MATHILDE MUNOZ Et les trois que je citais : Dominique de VILLEPIN, Hervé MORIN et Christine BOUTIN ?
 
THIERRY MARIANI Ecoutez, ils feront leur choix. Mais, je le répète, je vois mal comment on peut se dissocier d’un gouvernement que l’on a longtemps soutenu, pour au moins deux d’entre eux.
 
MATHILDE MUNOZ Quelle est l’identité de l'UMP aujourd'hui ? Justement, entre tous ces courants, entre la droite sociale, entre vous, avec Jean-François COPE qui ce matin dit qu’il souhaite que la dimension sociale et humaniste au sein de l’UMP soit renforcée.
 
THIERRY MARIANI L'UMP c'est un rassemblement de la droite et du centre, et donc forcément, dans le rassemblement de la droite et du centre il y a des gens qui par moment peuvent avoir des idées divergentes, mais qui sont quand même unies sur l’essentiel. Je constate qu’à gauche ce n'est pas du tout le cas. Moi, il faudra m’expliquer quelle est l’unité d’une majorité où on pourrait se retrouver avec MELENCHON ministre de la Défense, Eva JOLY ministre de la Justice et éventuellement un président de la République qui serait un socialiste. Il y a par moment des discussions chez nous, mais en tout cas il n’y a pas de vraies divergences.
 
MATHILDE MUNOZ Si le deuxième tour oppose le Front national à un candidat socialiste. Vous voterez pour qui ?
 
THIERRY MARIANI Je voterai pour Nicolas SARKOZY, parce qu’il sera je pense candidat et je pense qu’il sera président... je pense qu’il sera, pardon, candidat et présent au second tour. Je vois mal comment les Français pourraient voter pour un candidat qui, en réalité ne propose rien, je pense à Marine LE PEN et qui est simplement là pour jouer sur l’indignation et la souffrance.
 
MATHILDE MUNOZ Vous ne craignez pas Marine LE PEN au second tour ?
 
THIERRY MARIANI On peut craindre Marine LE PEN si on n'est pas sûr de nos convictions et je pense que parce que nous, nous sommes sûrs de nos convictions, nous sommes, j’allais dire, rassurés, enfin, nous sommes attentifs au fait que les Français, le jour du choix des présidentielles, choisissent un président qui pourra réellement mettre des mesures en actions en faveur de la France et pas uniquement quelqu’un qui égrainera les mêmes slogans qu’il égraine depuis des années.
 
MATHILDE MUNOZ Merci beaucoup, Thierry MARIANI, invité de FRANCE INFO ce matin.
 Source : Premier ministre, Service d’Information du Gouvernement, le 4 septembre 2011