Texte intégral
Monsieur le Président de la République Dominicaine,
Monsieur le Président de la République dHaïti,
Messieurs les Chefs dÉtats,
Mesdames et Messieurs les Chefs de Gouvernement,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires, les Maires, les Élus,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs les Représentants du monde universitaire, des médias et du monde de lentreprise,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Cest pour moi à la fois un grand plaisir que dintervenir ce matin en ouverture de ce XIIème Foro de Biarritz et un honneur que de parler ici, en terre amie, devant des amis, au nom de la France.
Ma présence parmi vous nest pas fortuite puisque jai mesuré lintérêt de ce Foro en participant lan dernier à Biarritz à un débat fort riche consacré aux «processus dintégration dans lUnion européenne et en Amérique latine». Jintervenais alors en tant quélu et jai mesuré la pertinence qui sattache à faire dialoguer des praticiens du terrain, des universitaires et des hommes politiques venus des deux rives de lAtlantique.
Ce Foro, il suffit de mesurer limportance de lassistance, a trouvé toute sa place dans lagenda des rencontres entre lEurope, lAmérique latine et les Caraïbes. Sa valeur ajoutée réside dans le choix que vous avez fait il y a maintenant douze ans, cher Didier Borotra, doffrir une enceinte de discussion ouverte au pluralisme et à la diversité des expressions de nos deux régions.
Ce Foro, vous avez tenu dès lorigine à le placer sous le signe de la réciprocité en abandonnant une année sur deux votre belle ville de Biarritz au profit dune capitale latino-américaine que nous avons ainsi le privilège de découvrir.
Soyez donc remercié, Monsieur le Sénateur-Maire, pour cette initiative que vous navez cessé de porter avec enthousiasme et pugnacité, avec lappui de vos amis latino-américains, qui ne se comptent plus. La diversité des participants ici réunis, hommes politiques, journalistes, universitaires, illustre bien la spécificité de la relation qui unit deux régions qui ont en partage ce bien rare et précieux : la démocratie. A lheure où des peuples luttent pour leur liberté, il nous revient de faire fructifier ensemble ce bien commun.
LAmérique latine, qui a su trouver ses propres chemins pour restaurer la démocratie qui lui avait été confisquée, peut apporter beaucoup à partir de sa propre expérience.
Je salue les nombreux parlementaires et élus présents aujourdhui.
Jétais lun des vôtres il y a encore quelques semaines et je voudrais vous exprimer ma conviction de limportance des liens quil faut encore développer entre nos parlements, à coté des relations de nos gouvernements. La diplomatie parlementaire recèle en effet un champ de coopération dont toute la richesse na pas encore été explorée. Dans un monde chaque jour plus interdépendant, il est nécessaire déchanger nos pratiques, nos réflexions, nos expériences tirées de la proximité avec ceux qui nous ont élus. Sur le terrain de la cohésion sociale et de la recherche dune croissance responsable, nous avons sans aucun doute beaucoup à apprendre les uns des autres.
Monsieur le Président de la République,
Je voudrais vous remercier très sincèrement daccueillir ce Foro à Saint-Domingue.
Cest la première fois, je crois, quil se réunit dans les Caraïbes, cest-à-dire, pour reprendre lexpression en exergue de cette rencontre, là «où tout a commencé», où nos deux mondes se sont rencontrés avec le débarquement de Christophe Colomb. Beaucoup de délégués français sont venus, vous le savez, en voisins.
Par ses Départements des Amériques, dont je salue chaleureusement les élus et les nombreux représentants, la France est, elle aussi, lune des composantes de ce monde caribéen et elle en est fière. Dans cet esprit, je voudrais insister sur quelques traits qui me paraissent traduire la singularité de cette région Caraïbes et marquer ses évolutions.
En premier lieu, jévoquerais la culture.
Les Caraïbes me paraissent être lexpression vivante de ce concept de diversité culturelle que nous avons fait reconnaitre tous ensemble à lUNESCO.
Sur la base dune matrice historique héritée dun passé colonial mouvementé, la région Caraïbes a su faire de la diversité culturelle un des éléments fondateurs de son identité. Diversité des langues dune part : on parle ici lespagnol, langlais, le néerlandais, le français et le créole. Diversité de cultures dautre part, qui sexprime dans la variété des expressions artistiques. Ce multiculturalisme a forgé une identité, que soude sans ly réduire, la créolité.
Lappartenance caribéenne est bien une réalité, qui fonde ce «vivre ensemble» qui fait fi des frontières et des différences de niveau de vie ou de systèmes politiques. Cette identité caraïbe multiple et vivante, qui essaime dans le monde entier, est une richesse. Elle crée des solidarités puissantes, comme on la vu après le séisme qui a frappé Haïti.
Je voudrais rappeler ensuite que lespace Caraïbes est arrivé à simposer comme une zone exempte de tensions. Il participe à ce titre à la stabilité régionale et à lessor du commerce international, facteur fondamental de la croissance mondiale. Dans un futur proche, la mer des Caraïbes va gagner encore en importance avec lélargissement du canal de Panama, qui permettra dintensifier le trafic entre lAtlantique du Pacifique.
Troisièmement, la région Caraïbes doit pouvoir tirer mieux parti de sa position géographique aux confluences des Amériques du nord et du sud et de lEurope, présente par ses territoires, pour valoriser son potentiel. Elle dispose de ressources naturelles qui commencent tout juste à être exploitées, dune biodiversité et dune nature exceptionnelles, source de revenus touristiques, et plus largement dune économie de services qui constitue le socle de léconomie de cette région. Dans ce contexte, la France et lEurope soutiennent les efforts en faveur de lintégration et de la coopération régionale. Ce sont les clefs de voûte dun développement endogène fondé sur laccroissement des échanges dans la zone, mais aussi dune meilleure prise en compte de la voix de la région Caraïbes dans les négociations internationales.
La France entend par ailleurs uvrer à une meilleure insertion des départements français des Amériques dans leur environnement régional. Une réunion à La Martinique associera prochainement les ambassadeurs de France de la région avec les acteurs des départements français des Amériques. Elle permettra douvrir de nouvelles pistes.
Dores et déjà, les Départements français dAmérique mettent au service des États de la zone des compétences notamment dans les domaines de la prévention des risques naturels, de la sécurité civile, de lenvironnement et du développement durable.
Les partenariats entre collectivités territoriales se multiplient. Laccord de coopération passé entre le conseil régional de la Guadeloupe et la République Dominicaine en est dailleurs un excellent exemple.
Monsieur le Président de la République,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je voudrais vous dire que la France a parfaitement pris la mesure des changements intervenus en Amérique latine au cours des trois dernières décennies.
Pôle de stabilité dans un monde en turbulences, lAmérique latine et les Caraïbes constituent aujourdhui un des pôles de la croissance mondiale, avec lAsie. Cest une bonne nouvelle pour le continent. Cest aussi une bonne nouvelle pour lEurope, qui peut trouver de nouveaux ressorts pour relancer sa propre économie.
Si aujourdhui de nombreux acteurs sont à luvre en Amérique latine, avec en particulier la spectaculaire percée de la Chine, lEurope reste le premier investisseur, sur des choix qui lengagent sur le long terme, et qui répondent aux exigences de responsabilité et de croissance durable. La France inscrit évidemment son action dans cette approche, et est heureuse de participer, par exemple, à lextension du métro de Saint-Domingue ou à la reforestation dune partie du territoire dominicain. Cette émergence économique va de pair avec la consolidation de la démocratie. Cest là un «marqueur» pour le continent latino-américain. Cela induit lexpression dune demande sociale de plus en plus forte, portée par des classes moyennes de plus en plus nombreuses.
Nous retrouvons, là aussi, des défis propres aux démocraties sociales : une éducation de qualité qui joue le rôle dascenseur social, un socle universel de sécurité sociale, une protection des consommateurs, une exigence de justice sociale. Autant de sujets qui nous rapprochent.
LAmérique Latine et les Caraïbes saffirment sur la scène internationale et font entendre leur voix non seulement dans les enceintes des Nations Unies mais aussi au sein du G20, auquel le Mexique, le Brésil et lArgentine participent, ou encore à lOCDE, dont le Mexique et le Chili sont membres
Sur le plan régional, la coopération politique se renforce.
LUNASUR consolide son poids tandis que lUnion européenne aura pour interlocuteur, pour la première fois lors du sommet de Santiago du Chili en 2012, la Communauté des États dAmérique Latine et des Caraïbes qui va se constituer début décembre.
Le continent se projette dans le monde en tissant de nouveaux liens avec lAfrique, le monde arabe, et bien sûr lAsie. Nous applaudissons à une Amérique latine plus forte, disposée à assumer de nouvelles responsabilités sur la scène internationale tout comme nous applaudissons à une Amérique latine plus unie, capable de parler dune même voix. Sur les grands enjeux de la planète : sécurité, changement climatique, biodiversité, mais aussi régulation de la mondialisation, lAmérique latine a vocation à être un partenaire engagé. Cest à ce titre, que la France, dans lexercice de sa présidence du G20, a travaillé en étroit partenariat avec les trois membres latino-américains de cette enceinte et a également associé régulièrement les États et les organisations régionales du continent.
Début novembre, le sommet du G20 abordera dailleurs la question de la lutte contre la spéculation sur les denrées alimentaires, un thème sur lequel vous avez, Monsieur le Président de la République, lancé une initiative très intéressante lors de lassemblée générale des Nations unies.
LAmérique latine, et je voudrais terminer par là, a démontré sa capacité à agir collectivement et à prendre ses responsabilités en Haïti, avant, pendant et après le tremblement de terre du 12 janvier 2010. Ce fut le cas non seulement à travers la Mission des Nations unies pour la stabilisation de ce pays, la MINUSTAH, mais encore à travers sa coopération bilatérale et régionale, et en veillant au respect des règles démocratiques lors des dernières élections.
La France est résolument engagée aux cotés dHaïti où le Président de la République a été le premier chef dÉtat français à se rendre depuis lIndépendance. Nous avons là, Européens et latino-américains, un même objectif : soutenir les nouvelles autorités haïtiennes, au premier rang desquelles le président Martelly, dans la reconstruction du pays et dun État.
Dans la droite ligne du thème de nos débats - un nouveau modèle de développement - nous devons nous employer à démontrer quil nexiste pas de déterminisme du sous-développement en Haïti pas plus quailleurs.
Ensemble, nous pouvons uvrer pour permettre aux Haïtiens de prendre leur destin en mains. Je forme en tout cas le vu que Haïti, ce pays qui nous est cher, trouve sa propre voie et reprenne la place qui lui revient dans cet espace Caraïbes.
Monsieur le Président de la République,
Mesdames et Messieurs,
Les convergences entre lEurope et lAmérique latine ne sont pas toujours totales. Cest pourquoi il faut continuer à nous parler, à échanger et à faire dialoguer nos intellectuels, à favoriser les échanges entre étudiants, à faire travailler ensemble nos chercheurs et à tirer parti des multiples réseaux tissés au fil des années entre nos sociétés.
Je ne doute pas quune fois de plus, ce Foro contribuera à une meilleure compréhension des enjeux de linterdépendance de notre monde actuel et de ses conséquences sur les relations entre nos deux continents.
Comme lassure un proverbe créole, «Men ampil, chay pal ou» : «la charge est moins lourde quand plusieurs mains la portent».
LEurope et lAmérique latine affronteront plus efficacement les crises actuelles et à venir en unissant leurs forces dans un monde multipolaire.
Je vous souhaite donc un débat fructueux, dans le cadre si propice qui nous est offert par nos hôtes dominicains.
Je vous remercie de votre attention.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 octobre 2011
Monsieur le Président de la République dHaïti,
Messieurs les Chefs dÉtats,
Mesdames et Messieurs les Chefs de Gouvernement,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires, les Maires, les Élus,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs les Représentants du monde universitaire, des médias et du monde de lentreprise,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Cest pour moi à la fois un grand plaisir que dintervenir ce matin en ouverture de ce XIIème Foro de Biarritz et un honneur que de parler ici, en terre amie, devant des amis, au nom de la France.
Ma présence parmi vous nest pas fortuite puisque jai mesuré lintérêt de ce Foro en participant lan dernier à Biarritz à un débat fort riche consacré aux «processus dintégration dans lUnion européenne et en Amérique latine». Jintervenais alors en tant quélu et jai mesuré la pertinence qui sattache à faire dialoguer des praticiens du terrain, des universitaires et des hommes politiques venus des deux rives de lAtlantique.
Ce Foro, il suffit de mesurer limportance de lassistance, a trouvé toute sa place dans lagenda des rencontres entre lEurope, lAmérique latine et les Caraïbes. Sa valeur ajoutée réside dans le choix que vous avez fait il y a maintenant douze ans, cher Didier Borotra, doffrir une enceinte de discussion ouverte au pluralisme et à la diversité des expressions de nos deux régions.
Ce Foro, vous avez tenu dès lorigine à le placer sous le signe de la réciprocité en abandonnant une année sur deux votre belle ville de Biarritz au profit dune capitale latino-américaine que nous avons ainsi le privilège de découvrir.
Soyez donc remercié, Monsieur le Sénateur-Maire, pour cette initiative que vous navez cessé de porter avec enthousiasme et pugnacité, avec lappui de vos amis latino-américains, qui ne se comptent plus. La diversité des participants ici réunis, hommes politiques, journalistes, universitaires, illustre bien la spécificité de la relation qui unit deux régions qui ont en partage ce bien rare et précieux : la démocratie. A lheure où des peuples luttent pour leur liberté, il nous revient de faire fructifier ensemble ce bien commun.
LAmérique latine, qui a su trouver ses propres chemins pour restaurer la démocratie qui lui avait été confisquée, peut apporter beaucoup à partir de sa propre expérience.
Je salue les nombreux parlementaires et élus présents aujourdhui.
Jétais lun des vôtres il y a encore quelques semaines et je voudrais vous exprimer ma conviction de limportance des liens quil faut encore développer entre nos parlements, à coté des relations de nos gouvernements. La diplomatie parlementaire recèle en effet un champ de coopération dont toute la richesse na pas encore été explorée. Dans un monde chaque jour plus interdépendant, il est nécessaire déchanger nos pratiques, nos réflexions, nos expériences tirées de la proximité avec ceux qui nous ont élus. Sur le terrain de la cohésion sociale et de la recherche dune croissance responsable, nous avons sans aucun doute beaucoup à apprendre les uns des autres.
Monsieur le Président de la République,
Je voudrais vous remercier très sincèrement daccueillir ce Foro à Saint-Domingue.
Cest la première fois, je crois, quil se réunit dans les Caraïbes, cest-à-dire, pour reprendre lexpression en exergue de cette rencontre, là «où tout a commencé», où nos deux mondes se sont rencontrés avec le débarquement de Christophe Colomb. Beaucoup de délégués français sont venus, vous le savez, en voisins.
Par ses Départements des Amériques, dont je salue chaleureusement les élus et les nombreux représentants, la France est, elle aussi, lune des composantes de ce monde caribéen et elle en est fière. Dans cet esprit, je voudrais insister sur quelques traits qui me paraissent traduire la singularité de cette région Caraïbes et marquer ses évolutions.
En premier lieu, jévoquerais la culture.
Les Caraïbes me paraissent être lexpression vivante de ce concept de diversité culturelle que nous avons fait reconnaitre tous ensemble à lUNESCO.
Sur la base dune matrice historique héritée dun passé colonial mouvementé, la région Caraïbes a su faire de la diversité culturelle un des éléments fondateurs de son identité. Diversité des langues dune part : on parle ici lespagnol, langlais, le néerlandais, le français et le créole. Diversité de cultures dautre part, qui sexprime dans la variété des expressions artistiques. Ce multiculturalisme a forgé une identité, que soude sans ly réduire, la créolité.
Lappartenance caribéenne est bien une réalité, qui fonde ce «vivre ensemble» qui fait fi des frontières et des différences de niveau de vie ou de systèmes politiques. Cette identité caraïbe multiple et vivante, qui essaime dans le monde entier, est une richesse. Elle crée des solidarités puissantes, comme on la vu après le séisme qui a frappé Haïti.
Je voudrais rappeler ensuite que lespace Caraïbes est arrivé à simposer comme une zone exempte de tensions. Il participe à ce titre à la stabilité régionale et à lessor du commerce international, facteur fondamental de la croissance mondiale. Dans un futur proche, la mer des Caraïbes va gagner encore en importance avec lélargissement du canal de Panama, qui permettra dintensifier le trafic entre lAtlantique du Pacifique.
Troisièmement, la région Caraïbes doit pouvoir tirer mieux parti de sa position géographique aux confluences des Amériques du nord et du sud et de lEurope, présente par ses territoires, pour valoriser son potentiel. Elle dispose de ressources naturelles qui commencent tout juste à être exploitées, dune biodiversité et dune nature exceptionnelles, source de revenus touristiques, et plus largement dune économie de services qui constitue le socle de léconomie de cette région. Dans ce contexte, la France et lEurope soutiennent les efforts en faveur de lintégration et de la coopération régionale. Ce sont les clefs de voûte dun développement endogène fondé sur laccroissement des échanges dans la zone, mais aussi dune meilleure prise en compte de la voix de la région Caraïbes dans les négociations internationales.
La France entend par ailleurs uvrer à une meilleure insertion des départements français des Amériques dans leur environnement régional. Une réunion à La Martinique associera prochainement les ambassadeurs de France de la région avec les acteurs des départements français des Amériques. Elle permettra douvrir de nouvelles pistes.
Dores et déjà, les Départements français dAmérique mettent au service des États de la zone des compétences notamment dans les domaines de la prévention des risques naturels, de la sécurité civile, de lenvironnement et du développement durable.
Les partenariats entre collectivités territoriales se multiplient. Laccord de coopération passé entre le conseil régional de la Guadeloupe et la République Dominicaine en est dailleurs un excellent exemple.
Monsieur le Président de la République,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je voudrais vous dire que la France a parfaitement pris la mesure des changements intervenus en Amérique latine au cours des trois dernières décennies.
Pôle de stabilité dans un monde en turbulences, lAmérique latine et les Caraïbes constituent aujourdhui un des pôles de la croissance mondiale, avec lAsie. Cest une bonne nouvelle pour le continent. Cest aussi une bonne nouvelle pour lEurope, qui peut trouver de nouveaux ressorts pour relancer sa propre économie.
Si aujourdhui de nombreux acteurs sont à luvre en Amérique latine, avec en particulier la spectaculaire percée de la Chine, lEurope reste le premier investisseur, sur des choix qui lengagent sur le long terme, et qui répondent aux exigences de responsabilité et de croissance durable. La France inscrit évidemment son action dans cette approche, et est heureuse de participer, par exemple, à lextension du métro de Saint-Domingue ou à la reforestation dune partie du territoire dominicain. Cette émergence économique va de pair avec la consolidation de la démocratie. Cest là un «marqueur» pour le continent latino-américain. Cela induit lexpression dune demande sociale de plus en plus forte, portée par des classes moyennes de plus en plus nombreuses.
Nous retrouvons, là aussi, des défis propres aux démocraties sociales : une éducation de qualité qui joue le rôle dascenseur social, un socle universel de sécurité sociale, une protection des consommateurs, une exigence de justice sociale. Autant de sujets qui nous rapprochent.
LAmérique Latine et les Caraïbes saffirment sur la scène internationale et font entendre leur voix non seulement dans les enceintes des Nations Unies mais aussi au sein du G20, auquel le Mexique, le Brésil et lArgentine participent, ou encore à lOCDE, dont le Mexique et le Chili sont membres
Sur le plan régional, la coopération politique se renforce.
LUNASUR consolide son poids tandis que lUnion européenne aura pour interlocuteur, pour la première fois lors du sommet de Santiago du Chili en 2012, la Communauté des États dAmérique Latine et des Caraïbes qui va se constituer début décembre.
Le continent se projette dans le monde en tissant de nouveaux liens avec lAfrique, le monde arabe, et bien sûr lAsie. Nous applaudissons à une Amérique latine plus forte, disposée à assumer de nouvelles responsabilités sur la scène internationale tout comme nous applaudissons à une Amérique latine plus unie, capable de parler dune même voix. Sur les grands enjeux de la planète : sécurité, changement climatique, biodiversité, mais aussi régulation de la mondialisation, lAmérique latine a vocation à être un partenaire engagé. Cest à ce titre, que la France, dans lexercice de sa présidence du G20, a travaillé en étroit partenariat avec les trois membres latino-américains de cette enceinte et a également associé régulièrement les États et les organisations régionales du continent.
Début novembre, le sommet du G20 abordera dailleurs la question de la lutte contre la spéculation sur les denrées alimentaires, un thème sur lequel vous avez, Monsieur le Président de la République, lancé une initiative très intéressante lors de lassemblée générale des Nations unies.
LAmérique latine, et je voudrais terminer par là, a démontré sa capacité à agir collectivement et à prendre ses responsabilités en Haïti, avant, pendant et après le tremblement de terre du 12 janvier 2010. Ce fut le cas non seulement à travers la Mission des Nations unies pour la stabilisation de ce pays, la MINUSTAH, mais encore à travers sa coopération bilatérale et régionale, et en veillant au respect des règles démocratiques lors des dernières élections.
La France est résolument engagée aux cotés dHaïti où le Président de la République a été le premier chef dÉtat français à se rendre depuis lIndépendance. Nous avons là, Européens et latino-américains, un même objectif : soutenir les nouvelles autorités haïtiennes, au premier rang desquelles le président Martelly, dans la reconstruction du pays et dun État.
Dans la droite ligne du thème de nos débats - un nouveau modèle de développement - nous devons nous employer à démontrer quil nexiste pas de déterminisme du sous-développement en Haïti pas plus quailleurs.
Ensemble, nous pouvons uvrer pour permettre aux Haïtiens de prendre leur destin en mains. Je forme en tout cas le vu que Haïti, ce pays qui nous est cher, trouve sa propre voie et reprenne la place qui lui revient dans cet espace Caraïbes.
Monsieur le Président de la République,
Mesdames et Messieurs,
Les convergences entre lEurope et lAmérique latine ne sont pas toujours totales. Cest pourquoi il faut continuer à nous parler, à échanger et à faire dialoguer nos intellectuels, à favoriser les échanges entre étudiants, à faire travailler ensemble nos chercheurs et à tirer parti des multiples réseaux tissés au fil des années entre nos sociétés.
Je ne doute pas quune fois de plus, ce Foro contribuera à une meilleure compréhension des enjeux de linterdépendance de notre monde actuel et de ses conséquences sur les relations entre nos deux continents.
Comme lassure un proverbe créole, «Men ampil, chay pal ou» : «la charge est moins lourde quand plusieurs mains la portent».
LEurope et lAmérique latine affronteront plus efficacement les crises actuelles et à venir en unissant leurs forces dans un monde multipolaire.
Je vous souhaite donc un débat fructueux, dans le cadre si propice qui nous est offert par nos hôtes dominicains.
Je vous remercie de votre attention.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 octobre 2011