Texte intégral
Monsieur le Président de la République du Mali,
Monsieur le Président de la République du Tchad,
Monsieur le Président de la Commission de lUnion africaine,
Monsieur le Président du Conseil mondial de leau,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Je suis particulièrement heureux de représenter le gouvernement français à cette importante conférence. Je souhaite remercier le peuple et le gouvernement du Mali, et tout particulièrement le président Touré, de nous accueillir dans cette belle ville de Bamako. Je remercie la fondation du président Jacques Chirac davoir pris linitiative de cette réunion de haut niveau sur ce sujet essentiel quest la solidarité pour leau dans les pays du Bassin du Niger.
La France est particulièrement mobilisée en faveur de laccès à leau et à lassainissement. Cest une des priorités de nos actions en matière de coopération. Malgré les contraintes budgétaires actuelles, nos engagements financiers en faveur de leau ont plus que doublé depuis 2005 et, avec près de 700 millions deuros par an, nous sommes aujourdhui lun des tout premiers bailleurs internationaux en ce domaine.
Nous sommes convaincus que laccès à leau pour tous est une condition essentielle pour atteindre lensemble des Objectifs du millénaire pour le développement. Cest pourquoi la France a soutenu aux Nations unies la résolution qui en 2010 a fait du droit à laccès à leau et à lassainissement lun des droits de lHomme. Sans accès à leau, comment faire progresser la production agricole afin de faire reculer la faim et la pauvreté ? Sans accès à leau, comment espérer améliorer la santé des populations ? Sans accès à leau, comment penser que les familles pourront se permettre denvoyer les enfants à lécole, en particulier les jeunes filles ? Face à cette réalité inacceptable de près dun milliard dhabitants de notre planète qui nont pas accès à une eau saine, à ces 2,5 milliards de personnes qui nont pas accès à lassainissement et à ces 8 millions de décès causés chaque année par une eau insalubre, la France souhaite mobiliser à la fois ses moyens et son expertise.
Notre pays a en effet cette particularité davoir pris conscience très tôt dans son histoire que pour être efficace, la gestion de leau devait associer étroitement de nombreux acteurs. Il sagit des utilisateurs, des pouvoirs publics, des entreprises, des collectivités, qui doivent coopérer de manière pragmatique et en tenant compte des réalités locales. Cest ce qui caractérise aujourdhui la «culture de leau» française, et cest sans doute ce qui nous a permis datteindre à une certaine expertise, que lon veut bien nous reconnaître en ce domaine.
Cest la raison pour laquelle la France a saisi tout lintérêt de la création de lAutorité du Bassin du Niger. Notre pays sest tenu très tôt à ses côtés, afin de favoriser la coopération de ses États membres autour de la gestion concertée de la ressource en eau. Les réalisations de lAutorité du Bassin du Niger sont considérables, tant dans le domaine des infrastructures, de lallocation de la ressource ou la prise en compte des aspects sociaux et environnementaux. La France est fière davoir pu y apporter son concours. A cet égard, la Déclaration de Paris en 2004, avec limplication personnelle du président Chirac, a joué un rôle de catalyseur dont leffet continue de se faire sentir. Mais les réalisations accomplies sont avant tout le fait de la volonté des pays du bassin du Niger, et je salue lengagement de leurs autorités sur ce grand projet de coopération régionale. Je noublie pas non plus les avancées qui sont menées à bien par lOrganisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS), que la France soutient également.
Les succès obtenus par ces organisations de coopération régionale démontrent quels bénéfices peuvent être retirés lorsque se met en place une vision partagée entre tous les acteurs concernés. Une vision partagée au plan international, cest aussi ce que nous espérons voir émerger du Forum mondial de leau qui se tiendra à Marseille au mois de mars prochain. Ce rendez-vous majeur doit être un moment privilégié pour échanger des propositions et partager des solutions. Il est capital que lAfrique prenne toute sa place dans la préparation de cet événement. Je salue laction menée par le conseil des ministres africains de leau (AMCOW) dans le pilotage du processus consultatif, qui conduira à lélaboration de la contribution africaine au Forum de Marseille. Cette contribution est très attendue, car cest sur le continent africain que les besoins en matière daccès à leau et à lassainissement sont aujourdhui les plus criants. Mais cest aussi en Afrique que la gestion concertée des grands fleuves transfrontaliers, comme le Niger, le Sénégal le Congo ou la Volta, peut produire rapidement des bénéfices très appréciables pour les populations, que ce soit en matière dagriculture, de production électrique, ou de transport. La soixantaine de fleuves transfrontaliers que compte lAfrique pourra ainsi contribuer puissamment à son développement. Je suis certain que le Forum de Marseille permettra davancer sur ces questions qui sont essentielles pour le développement à long terme de lAfrique.
Si tout le monde saccorde à reconnaître que leau cest la vie, il convient dajouter que dans de nombreuses régions du monde, leau cest aussi la paix. Face aux perspectives de croissance de la démographie mondiale, notamment dans ce continent africain qui comptera 2 milliards dhabitants en 2050, il est indispensable de se doter dun cadre de coopération et de gouvernance permettant déviter les tensions qui pourraient naître de besoins sans cesse croissants et dune ressource toujours plus rare. La France estime que la convention des Nations Unies de 1997 sur la gestion des eaux transfrontalières constitue le cadre juridique approprié pour traiter ces questions. Nous appelons lensemble des États concernés à la ratifier rapidement, afin de permettre son entrée en vigueur sans délai, dès 2012 si possible.
Mais ces progrès sur le plan du droit doivent aussi se traduire par des réalisations concrètes, et des bénéfices tangibles pour les populations. Leau est un enjeu global mais cest aussi une réalité locale. Cest tout lintérêt des actions qui sont réalisés dans le cadre de la coopération décentralisée, dont je tiens à saluer les promoteurs. Quand des élus locaux aident dautres élus locaux, il y a de bonnes chances que les projets entrepris répondent effectivement aux besoins des populations. Je sais que cette forme de coopération a produit des résultats tout à fait appréciables ici au Mali, comme dans toute lAfrique de lOuest.
En outre, la coopération décentralisée est aussi un laboratoire qui permet dexpérimenter des solutions innovantes en matière de financement. Vous connaissez lengagement de la France sur cette question. Je sais que cette vision est partagée par le Mali, et je saisis cette occasion de remercier à nouveau le Président Touré pour la contribution déterminante du Mali au groupe pilote sur les financements innovants. La réunion ministérielle du G20 consacrée aux questions de développement, que jai présidée avec François Baroin à Washington le 23 septembre, a permis des avancées substantielles sur cette question. Je suis persuadé que dans le domaine de leau, des solutions nouvelles sont possibles afin de trouver les financements nécessaires pour faire face aux besoins actuels et futurs. Au plan national, la France met déjà en uvre depuis 2005 un dispositif innovant avec la loi Oudin-Santini, et je salue la présence du Sénateur Oudin à cette conférence. Cette mesure permet aux collectivités territoriales et aux agences de leau française de mener leurs propres actions de coopération auprès des villes et des villages du Sud, avec des résultats très encourageants. Il existe de nombreuses autres pistes. Je souhaite que le Forum de leau de Marseille soit loccasion de parvenir à des propositions concrètes et opérationnelles sur les solutions innovantes pour financer laccès à leau et à lassainissement.
En lançant lannée dernière la préparation du Forum de Marseille, le Président de la République française a souligné que leau serait lun des enjeux les plus lourds du XXIème siècle. Face à un tel défi, notre responsabilité collective est immense. Mais les raisons doptimisme ne manquent pas. La mobilisation de lensemble des acteurs dont témoigne cette conférence est un signe particulièrement encourageant. Je suis certain que lAfrique saura prendre toute sa place lors du Forum mondial. Je sais que les pays du Bassin du Niger, forts de leur expérience réussie en matière de coopération et de gestion partagée de la ressource, sauront être à lavant-garde de la mobilisation des pays du continent. Vous pouvez compter sur la France pour être à vos côtés, et continuer à appuyer les réalisations de lAutorité du Bassin du Niger.
Il me reste à vous souhaiter à tous dexcellents travaux durant cette réunion, qui ne manquera pas de donner lieu à des échanges fructueux et à de nombreuses propositions dans la perspective du Forum mondial de Marseille, où je retrouverai dans quelques mois avec le plus grand plaisir !
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 octobre 2011
Monsieur le Président de la République du Tchad,
Monsieur le Président de la Commission de lUnion africaine,
Monsieur le Président du Conseil mondial de leau,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Je suis particulièrement heureux de représenter le gouvernement français à cette importante conférence. Je souhaite remercier le peuple et le gouvernement du Mali, et tout particulièrement le président Touré, de nous accueillir dans cette belle ville de Bamako. Je remercie la fondation du président Jacques Chirac davoir pris linitiative de cette réunion de haut niveau sur ce sujet essentiel quest la solidarité pour leau dans les pays du Bassin du Niger.
La France est particulièrement mobilisée en faveur de laccès à leau et à lassainissement. Cest une des priorités de nos actions en matière de coopération. Malgré les contraintes budgétaires actuelles, nos engagements financiers en faveur de leau ont plus que doublé depuis 2005 et, avec près de 700 millions deuros par an, nous sommes aujourdhui lun des tout premiers bailleurs internationaux en ce domaine.
Nous sommes convaincus que laccès à leau pour tous est une condition essentielle pour atteindre lensemble des Objectifs du millénaire pour le développement. Cest pourquoi la France a soutenu aux Nations unies la résolution qui en 2010 a fait du droit à laccès à leau et à lassainissement lun des droits de lHomme. Sans accès à leau, comment faire progresser la production agricole afin de faire reculer la faim et la pauvreté ? Sans accès à leau, comment espérer améliorer la santé des populations ? Sans accès à leau, comment penser que les familles pourront se permettre denvoyer les enfants à lécole, en particulier les jeunes filles ? Face à cette réalité inacceptable de près dun milliard dhabitants de notre planète qui nont pas accès à une eau saine, à ces 2,5 milliards de personnes qui nont pas accès à lassainissement et à ces 8 millions de décès causés chaque année par une eau insalubre, la France souhaite mobiliser à la fois ses moyens et son expertise.
Notre pays a en effet cette particularité davoir pris conscience très tôt dans son histoire que pour être efficace, la gestion de leau devait associer étroitement de nombreux acteurs. Il sagit des utilisateurs, des pouvoirs publics, des entreprises, des collectivités, qui doivent coopérer de manière pragmatique et en tenant compte des réalités locales. Cest ce qui caractérise aujourdhui la «culture de leau» française, et cest sans doute ce qui nous a permis datteindre à une certaine expertise, que lon veut bien nous reconnaître en ce domaine.
Cest la raison pour laquelle la France a saisi tout lintérêt de la création de lAutorité du Bassin du Niger. Notre pays sest tenu très tôt à ses côtés, afin de favoriser la coopération de ses États membres autour de la gestion concertée de la ressource en eau. Les réalisations de lAutorité du Bassin du Niger sont considérables, tant dans le domaine des infrastructures, de lallocation de la ressource ou la prise en compte des aspects sociaux et environnementaux. La France est fière davoir pu y apporter son concours. A cet égard, la Déclaration de Paris en 2004, avec limplication personnelle du président Chirac, a joué un rôle de catalyseur dont leffet continue de se faire sentir. Mais les réalisations accomplies sont avant tout le fait de la volonté des pays du bassin du Niger, et je salue lengagement de leurs autorités sur ce grand projet de coopération régionale. Je noublie pas non plus les avancées qui sont menées à bien par lOrganisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS), que la France soutient également.
Les succès obtenus par ces organisations de coopération régionale démontrent quels bénéfices peuvent être retirés lorsque se met en place une vision partagée entre tous les acteurs concernés. Une vision partagée au plan international, cest aussi ce que nous espérons voir émerger du Forum mondial de leau qui se tiendra à Marseille au mois de mars prochain. Ce rendez-vous majeur doit être un moment privilégié pour échanger des propositions et partager des solutions. Il est capital que lAfrique prenne toute sa place dans la préparation de cet événement. Je salue laction menée par le conseil des ministres africains de leau (AMCOW) dans le pilotage du processus consultatif, qui conduira à lélaboration de la contribution africaine au Forum de Marseille. Cette contribution est très attendue, car cest sur le continent africain que les besoins en matière daccès à leau et à lassainissement sont aujourdhui les plus criants. Mais cest aussi en Afrique que la gestion concertée des grands fleuves transfrontaliers, comme le Niger, le Sénégal le Congo ou la Volta, peut produire rapidement des bénéfices très appréciables pour les populations, que ce soit en matière dagriculture, de production électrique, ou de transport. La soixantaine de fleuves transfrontaliers que compte lAfrique pourra ainsi contribuer puissamment à son développement. Je suis certain que le Forum de Marseille permettra davancer sur ces questions qui sont essentielles pour le développement à long terme de lAfrique.
Si tout le monde saccorde à reconnaître que leau cest la vie, il convient dajouter que dans de nombreuses régions du monde, leau cest aussi la paix. Face aux perspectives de croissance de la démographie mondiale, notamment dans ce continent africain qui comptera 2 milliards dhabitants en 2050, il est indispensable de se doter dun cadre de coopération et de gouvernance permettant déviter les tensions qui pourraient naître de besoins sans cesse croissants et dune ressource toujours plus rare. La France estime que la convention des Nations Unies de 1997 sur la gestion des eaux transfrontalières constitue le cadre juridique approprié pour traiter ces questions. Nous appelons lensemble des États concernés à la ratifier rapidement, afin de permettre son entrée en vigueur sans délai, dès 2012 si possible.
Mais ces progrès sur le plan du droit doivent aussi se traduire par des réalisations concrètes, et des bénéfices tangibles pour les populations. Leau est un enjeu global mais cest aussi une réalité locale. Cest tout lintérêt des actions qui sont réalisés dans le cadre de la coopération décentralisée, dont je tiens à saluer les promoteurs. Quand des élus locaux aident dautres élus locaux, il y a de bonnes chances que les projets entrepris répondent effectivement aux besoins des populations. Je sais que cette forme de coopération a produit des résultats tout à fait appréciables ici au Mali, comme dans toute lAfrique de lOuest.
En outre, la coopération décentralisée est aussi un laboratoire qui permet dexpérimenter des solutions innovantes en matière de financement. Vous connaissez lengagement de la France sur cette question. Je sais que cette vision est partagée par le Mali, et je saisis cette occasion de remercier à nouveau le Président Touré pour la contribution déterminante du Mali au groupe pilote sur les financements innovants. La réunion ministérielle du G20 consacrée aux questions de développement, que jai présidée avec François Baroin à Washington le 23 septembre, a permis des avancées substantielles sur cette question. Je suis persuadé que dans le domaine de leau, des solutions nouvelles sont possibles afin de trouver les financements nécessaires pour faire face aux besoins actuels et futurs. Au plan national, la France met déjà en uvre depuis 2005 un dispositif innovant avec la loi Oudin-Santini, et je salue la présence du Sénateur Oudin à cette conférence. Cette mesure permet aux collectivités territoriales et aux agences de leau française de mener leurs propres actions de coopération auprès des villes et des villages du Sud, avec des résultats très encourageants. Il existe de nombreuses autres pistes. Je souhaite que le Forum de leau de Marseille soit loccasion de parvenir à des propositions concrètes et opérationnelles sur les solutions innovantes pour financer laccès à leau et à lassainissement.
En lançant lannée dernière la préparation du Forum de Marseille, le Président de la République française a souligné que leau serait lun des enjeux les plus lourds du XXIème siècle. Face à un tel défi, notre responsabilité collective est immense. Mais les raisons doptimisme ne manquent pas. La mobilisation de lensemble des acteurs dont témoigne cette conférence est un signe particulièrement encourageant. Je suis certain que lAfrique saura prendre toute sa place lors du Forum mondial. Je sais que les pays du Bassin du Niger, forts de leur expérience réussie en matière de coopération et de gestion partagée de la ressource, sauront être à lavant-garde de la mobilisation des pays du continent. Vous pouvez compter sur la France pour être à vos côtés, et continuer à appuyer les réalisations de lAutorité du Bassin du Niger.
Il me reste à vous souhaiter à tous dexcellents travaux durant cette réunion, qui ne manquera pas de donner lieu à des échanges fructueux et à de nombreuses propositions dans la perspective du Forum mondial de Marseille, où je retrouverai dans quelques mois avec le plus grand plaisir !
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 octobre 2011