Déclaration de Mme Nora Berra, secrétaire d'Etat à la santé, sur la politique de santé en matière de nutrition et d'alimentation, Paris le 6 octobre 2011.

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Circonstance : Installation du comité de suivi du programme national nutrition santé PNNS-PO à Paris le 6 octobre 2011

Texte intégral


Tous ceux qui participent à cette journée partagent tous la même conviction : celle que la santé et le bien-être passent par une meilleure alimentation et une activité physique.
C’est plus qu’un engagement au service de la santé et du bien-être de tous et de chacun, c’est l’expression d’une conception humaniste du vivre ensemble.
C’est pourquoi je me félicite que la France ait été inspirée de se doter, parmi les premiers pays européens, d’une politique nutritionnelle forte, avec le Programme national nutrition santé (PNNS) qui a permis, depuis 2001, d’établir des repères, de formuler des objectifs concrets, d’identifier des priorités, et de multiplier les pistes de réflexion.
Car le PNNS, c’est une entreprise sociétale, une dynamique qui prend en compte des dimensions culturelles, éducatives, économiques, alimentaires et environnementales de la nutrition, à travers la mobilisation d’un grand nombre d’acteurs et en direction de divers groupes de population : et c’est, je crois, ce qui fait sa force et son originalité.
Le premier bilan du PNNS est encourageant. Aujourd’hui, on observe une augmentation de 16% du nombre d’adultes qui consomment cinq fruits et légumes par jour. Et deux tiers de nos concitoyens pratiquent la recommandation de 30 minutes d’activité physique quotidienne.
Le plus frappant, c’est que cette acculturation s’est faite sans douleur… Car il est faux de penser qu’une alimentation favorable pour la santé exclut les plaisirs et la convivialité de la table. Certains acteurs économiques du secteur de l’alimentation l’ont bien compris, montrant qu’une amélioration significative et accessible à tous de la qualité nutritionnelle de leurs produits était possible, sans sacrifier le goût et les saveurs.
Au-delà de ces chiffres, ces résultats attestent du changement des mentalités en matière de nutrition dans notre société. L’inscription, en juillet 2010, d’un programme national quinquennal relatif à la nutrition et à la santé, dans le code de la santé publique, témoigne d’ailleurs de l’importance donnée par le parlement à l’action de santé publique dans ce domaine.
Le plan nutrition santé est désormais inscrit dans les pratiques, aboutissant à un véritable label en matière de politique publique de santé. A ce titre, je salue le nouveau logo pour le PNNS, qui intègre « la marque PNNS », et « la marque Mangerbouger », apposée sur les messages à caractères sanitaires depuis 2007.
Cette nouvelle identité graphique permet de rapprocher les 2 marques, de remettre l’humain au cœur du programme, en y associant l’idée de mouvement et de dynamisme, ainsi que le symbole de la bouche et du sourire, incarnant le plaisir de manger.
En définitive, force est de constater que cet engagement nutritionnel porte ses fruits car nous constatons une baisse de 0,4 % des sucres, de 0,2 % des lipides et de 0,8 % du sel par personne et par jour.
Concrètement, je note surtout qu’à mesure que le PNNS s’est déployé, la prévalence du surpoids et de l’obésité chez l’enfant dans notre pays s’est stabilisée, et semblerait même s’infléchir.
Ce bilan est donc encourageant. Cependant, il reste encore beaucoup à faire. Et il est important d’agir sur plusieurs fronts à la fois, notamment pour mieux prendre en charge l’obésité de l’adulte : la France compte 15 % d’obèses chez les adultes en 2010 contre 8,5 % en 1997.
En confiant au Professeur Arnaud Basdevant le pilotage du plan obésité 2010-2013, le président de la République a souhaité donner une nouvelle impulsion à la politique de prévention et de prise en charge de l’obésité, en s’appuyant sur les acquis du PNNS.
L’enjeu est d’optimiser l’organisation du dépistage et du parcours de soins, pour une prise en charge coordonnée des personnes atteintes d’obésité. Ce PNNS 2011-2015, dont la présidence est assuré par Professeur Hercberg, sera ainsi le socle majeur de la prévention développée dans ce Plan Obésité.
Une mise en œuvre et une gouvernance claire du Programme National Nutrition Santé 2011-2015 et du Plan Obésité 2010-2013.
En s’appuyant sur la mission PNNS/ PO, animée par le Dr Giordanella, dont je salue l’investissement et le dynamisme , la Direction Générale de la Santé veille à la mise en œuvre de ces 2 plans, avec la caution scientifique de leurs présidents, le Professeur Arnaud BASDEVANT et le Professeur Serge HERCBERG. En termes de gouvernance, l’enjeu est de bien prendre en compte la dimension interministérielle, et de travailler de concert avec toutes les parties prenantes.
La déclinaison opérationnelle des plans repose sur un comité de pilotage, un comité de suivi et des groupes de travail.
Un comité de pilotage PNNS-PO renforcé.
Pour ce qui concerne le comité de pilotage, je me réjouis d’abord de voir qu’il constitue une instance véritablement décisionnaire du pilotage des deux plans. Réuni trimestriellement, il est en charge de la mise en œuvre opérationnelle de l’ensemble des actions, à partir d’un programme de travail et de priorités.
Un comité de suivi PNNS-PO moderne/actualisé
Pour ce qui concerne le comité de suivi PNNS-PO, issu d’une recommandation de l’Inspection générale des affaires sociales et du Conseil général de l’alimentation de l’agriculture et des espaces ruraux, je souligne qu’il constitue une instance élargie de concertation destinée à renforcer la mise en œuvre des plans.
Ce comité, que j’ai l’honneur d’installer aujourd’hui, est appelé à se réunir 2 fois par an sous la tutelle de la Direction Générale de la Santé, assisté des présidents des plans.
Son atout, c’est d’être composé de tous les ministères concernés par le PNNS et le PO : la santé bien sûr, mais aussi l’Agriculture, l’Education Nationale, la Cohésion sociale, les Sports, l’Ecologie, l’Economie et les Finances, la Culture et la communication, l’Enseignement Supérieur, l’Intérieur (+Outre mer), la Justice et la Ville.
C’est de compter en son sein également, les agences et organismes publics suivants : l’Inpes – l’InVs – l’INCA – l’ANSES – l’ANSM (Afssaps).
Je ne veux pas oublier non plus les Caisses de protection sociale, les opérateurs économiques, la société civile (associations de patients, représentants d’usagers et des collectivités), et une équipe de 12 personnalités scientifiques spécialement désignées par le Directeur général de la Santé.
Avec le comité de pilotage, ce comité de suivi vient ainsi renforcer la dimension si importante de l’interministérialité. Ce n’est pas un vain mot quand on sait que onze des seize ministères actuels sont représentés au sein des ces comités. Sur le papier, il s’agit de répondre à une recommandation de l’IGAS. Dans les faits, et je sais que je peux compter sur vous, l’objectif est de créer du lien et des interfaces vraiment fonctionnelles entre le PNNS et le PO d’une part, et les autres plans gouvernementaux : je veux parler du Programme national pour l’alimentation (PNA), bien sûr, mais aussi du Plan national santé environnement (PNSE), du Plan national alimentation insertion (PAI), du Plan Education santé.
Pour parfaire ce dispositif, des groupes de travail et des réunions inter-plans seront mis en place en tant que de besoin. Et pour accroître encore la représentativité de son comité de pilotage, il est prévu d’y associer également les Agences Régionales de Santé et les collectivités territoriales.
Je n’ai fait que dresser les contours d’une entité qu’il vous incombe de faire vivre. Sans vous, sans votre engagement, ces plans resteront de papier. C’est pour cela que je compte vraiment sur votre capacité à travailler ensemble, dans la poursuite d’objectifs communs, sans renoncer pour autant à vos spécificités.
Oui, je le dis solennellement, ce comité a besoin de vous tous. La politique qu’il met en œuvre a besoin de vous tous.
Vous l’avez compris, cette politique, je la veux moderne et efficace, en phase avec son temps, fondée sur la science et l’expérience, l’action coordonnée et l’énergie de tous.
Mesdames et Messieurs,
L’obésité est une maladie, qui peut être traitée par la médecine, mais aussi et surtout par le changement des comportements individuels et l’amélioration des environnements culturels, économiques, et sociaux.
Réunis ensemble aujourd’hui pour installer ce comité de suivi du PNNS et du PO, nous constatons combien, par la diversité des compétences que vous représentez, vous êtes à même de relever ce défi.
Sachez que je suis à vos côtés pour le réussir. Merci pour votre engagement. Je vous souhaite de bons travaux.
Source http://www.sante.gouv.fr, le 7 octobre 2011