Texte intégral
Je souhaite avant tout saluer lassociation CATEL pour sa mobilisation depuis 14 ans en faveur de la télésanté. Cest grâce à vous, acteurs de la télésanté, professionnels de santé, entreprises, institutionnels, associations, laboratoires, que la télésanté a pu se développer et quelle poursuivra son essor demain.
Loccasion mest donnée aujourdhui de vous dire tout lengagement de lEtat dans le développement et la généralisation des usages de la télémédecine et de la télésanté pour répondre aux défis de notre système de santé.
Vieillissement de la population, augmentation du nombre de patients souffrant de maladies chroniques, démographie médicale, contexte économique tendu tous ces facteurs bien identifiés constituent autant de défis que la télémédecine va nous aider à relever.
Son développement croissant doit permettre à notre pays de se donner des objectifs ambitieux en matière de-Santé. Au même titre que léducation nationale ou la justice, le passage de notre système de santé à lère du numérique est un enjeu national. Il constitue une priorité du gouvernement affirmée en Conseil des ministres le 8 juin dernier.
Je veux faire de la télémédecine lun des piliers de la modernisation de lorganisation des soins. Il sagit bien pour moi dun axe majeur de la politique globale de-santé comprenant le DMP (dossier médical personnel), le programme Hôpital Numérique, le développement des téléservices ou encore la protection des données de santé personnelles.
Nous disposons dun cadre juridique permettant le déploiement généralisé de la télémédecine
La télémédecine bénéficie désormais en France, et cest une première en Europe, dune réglementation définissant et encadrant son activité.
Le décret sur la télémédecine du 19 octobre 2010, pris en application de la loi HPST, précise les conditions dexercice de la télémédecine. Il définit les cinq catégories dactes relevant de la télémédecine, leurs conditions de mise en uvre par les professionnels de santé et lorganisation des activités de télémédecine dans les territoires de santé.
Il reste une question, celle de la mise en conformité des systèmes existants par rapport à ce que prévoit ce décret. Les ARS devront, avec les promoteurs, expertiser les projets existants dici avril 2012 et définir les éventuelles modalités de mise en conformité.
Avec le cadre réglementaire, nous devons construire un plan national de télémédecine doté de priorités claires
Vous le savez, de nombreux projets de télémédecine existent aujourdhui et vous allez au cours de votre colloque échanger sur un certain nombre dentre eux.
Mon objectif est de changer déchelle pour sortir de lexpérimentation. Pour atteindre cet objectif, il est indispensable de développer une stratégie globale, cohérente et lisible intégrant les 4 paramètres suivants :
* lamélioration de laccessibilité de tous à des soins de qualité sur lensemble du territoire, notamment dans les zones enclavées ou isolées avec une sous-densité médicale ;
* une meilleure coordination entre les secteurs sanitaire et médico-social indispensable à la fluidité des parcours de soins ;
* une prise en compte des besoins et attentes de la personne, acteur à part entière de sa santé en facilitant le maintien à domicile des personnes en situation de perte dautonomie ou souffrant de maladies chroniques ;
* un recours maîtrisé au système se soins en diminuant la fréquentation des urgences et en limitant le recours aux dispositifs de permanence des soins, les hospitalisations inadéquates et les transports sanitaires.
Jai confiée à la DGOS la gouvernance de lélaboration dun plan national de télémédecine, dispositif à construire brique après brique.
La première brique a consisté à définir les chantiers prioritaires pour le développement de la télémédecine au niveau régional. Les cinq « chantiers » prioritaires que jai définis sont les suivants :
* limagerie au service de la permanence des soins, pour répondre à des contraintes de plus en plus fortes en termes de ressources humaines, dhyperspécialisation et de rapidité diagnostique ;
* la prise en charge des AVC, qui, dans le cadre du plan national AVC, doit permettre de mieux répondre aux besoins des 150000 personnes concernées chaque année ;
* la prise en charge sanitaire des détenus, projet qui permettra de modéliser à léchelle nationale un réseau de télémédecine, tout en apportant une réponse prioritaire au problème de démographie médicale et de qualité des soins dans lunivers carcéral ;
* la prise en charge des maladies chroniques, en facilitant la coordination des soins entre spécialités ;
* et enfin lorganisation des soins dans les structures médico-sociales ou en HAD, en créant des passerelles entre structures médicales et médico-sociales pour faciliter le maintien à domicile, notamment des personnes âgées.
La deuxième brique de cet édifice concerne le guide délaboration du programme régional de télémédecine. En effet, chaque Projet Régional de Santé devra intégrer ce programme dans les objectifs dorganisation des soins.
Ce guide est aujourdhui finalisé et sera transmis aux ARS dans les semaines qui viennent. Il contient deux parties :
* lune qui propose un modèle sur la manière de construire un programme
* lautre présente les retours dexpérience sur les 5 priorités nationales.
La troisième brique de lédifice « plan national de télémédecine » concerne les conclusions des 4 groupes de travail mis en place :
* organisation et contractualisation,
* impact sur les pratiques professionnelles
* déploiement des technologies de linformation et de la communication et des systèmes dinformation,
* et enfin la tarification.
Je sais et je mesure que vos attentes sont grandes vis-à-vis des résultats de ces travaux. Je souhaite en disposer pour la fin 2011.
Lensemble de ce dispositif permettra de définir le plan national de télémédecine. Mais dores et déjà, vous laurez compris le déploiement de la télémédecine se déroule en inter-action entre le niveau régional et le niveau national.
Ce déploiement est rendu possible grâce à la mobilisation daides financières substantielles.
A titre dillustration, je mentionnerai les 26 millions deuros allouée aux ARS pour lannée 2011 en vue de la réalisation des cinq chantiers prioritaires. Sur ces 26 millions deuros, une dotation de 11,6 millions a été allouée à 13 ARS pour le développement de projets AVC.
De plus, 5,8 millions deuros sur 3 ans seront également mobilisés sous la forme de subventions directes de lASIP Santé dans le cadre de son appel à projets 2011. Cet accompagnement concerne 6 régions et 5 projets de grande qualité, couvrant des modalités de télémédecine variées et des actes de natures différentes.
Je peux citer, à titre dexemple, le projet de permanence radiologique mis en place par lARS de Lorraine, ou encore le projet médical de télémédecine pour les maisons de santé pluridisciplinaires à lARS dAuvergne, ou enfin le suivi des plaies dans le cadre des maladies chroniques en Languedoc-Roussillon et Basse Normandie.
Un enjeu industriel et de croissance
Enfin, je veux insister sur le fait que le développement de la télémédecine représente un enjeu national de croissance bien identifié par le gouvernement.
Dans le cadre du volet « nouveaux usages » de la politique des investissements davenir, menée dans le cadre du « Grand emprunt », deux appels à projets dotés au total de 40 M ont été lancés en 2011, pour favoriser et soutenir lémergence de nouveaux services sappuyant sur les technologies numériques facilitant lautonomie de la personne dans son lieu de vie.
Au total, plus de 77 M sont dores et déjà mobilisés en 2011 par laction publique pour des projets de télémédecine pour un investissement total de près de 180 M.
Dans le contexte économique actuel, le domaine de le-santé en général, et celui de la télémédecine en particulier, permet de conjuguer la croissance économique et le développement dindustries de pointe avec lamélioration de notre système de santé, parmi les plus performants du monde.
Pour atteindre ses objectifs, la télémédecine doit passer du stade de multiples initiatives, souvent remarquables mais isolées, à celui de nouvelles pratiques structurées et efficientes.
Le déploiement sur lensemble du territoire et auprès de tous les acteurs de nouveaux outils comme le Dossier Médical Personnel constitue un accélérateur de ces changements.
Mesdames, Messieurs,
Vous laurez compris, cest un sujet essentiel sur lequel je minvestis personnellement. Je suis engagée à vos côtés pour la réussite de ce projet davenir, projet qui ne pourra se réaliser quen travaillant ensemble, de manière coordonnée et organisée.
Je vous remercie
source http://www.sante.gouv.fr, le 21 octobre 2011