Texte intégral
CAROLINE ROUX David DOUILLET, ministre des Sports est en duplex avec nous dAuckland, ce matin. On est à 2 jours de la finale face aux Blacks. Pour vous interroger, avec moi, Sylvère-Henry CISSE. Bonjour, David DOUILLET
DAVID DOUILLET Bonjour.
CAROLINE ROUX Alors la première question, est toute simple, comment vous, vous sentez à deux jours du match ?
DAVID DOUILLET Moi, très bien. Il fait jour, tout va bien. Non, non, ça va, le temps est un peu frais.
CAROLINE ROUX Vous êtes, plus sérieusement, est-ce que vous avez croisé les joueurs ? Dans quel état desprit sont-ils ? Vu dici, on nous dit que sur place, le climat est très hostile, que la presse néo-zélandaise est assez rude avec les joueurs français. Dans quel état desprit, ils sont ?
DAVID DOUILLET Eh bien, ils sont dans un état desprit, dunité. Dunité et de plaisir à vouloir faire cette finale. Et cest ça le plus important. Ils ont compris toute la responsabilité qui reposait sur leurs épaules, ils ont très, très envie de jouer et très, très envie de montrer tous leurs talents. Voilà ! Donc ils sont vraiment dans les meilleures conditions, pour aborder cette finale.
CAROLINE ROUX Mais vous avez pu les voir ? Parce que nous, dans LEQUIPE on a lu que les joueurs vous avaient fermés la porte au nez dans les vestiaires ?
DAVID DOUILLET Ah ! Non, cest faux ! Cest totalement faux, je suis désolé. Ils se sont trompés. LEQUIPE sest trompée. Ce nest pas vrai. Oui, bien sûr que je les ai vus.
SYLVERE-HENRY CISSE Ca, cest une information David DOUILLET. Alors vous avez donné une délégation à la Fédération et lEquipe de France de Rugby, que pensez-vous de limage véhiculée en ce moment, par les conférences de presse ? Est-ce que vous navez pas votre mot à dire, pour que lEquipe de France donne une meilleure image du sport français, à travers le monde ?
DAVID DOUILLET Moi, je nai pas dingérence à faire, dans une fédération, ni même au sein dune équipe. Simplement, ce qui mintéresse et ce qui moccupe lesprit, en ce moment, je crois que cest pour la même chose pour des millions de Français, cest : Est-ce quon va gagner cette finale ? Voilà ! Jusque-là, il y a eu un parcours, un parcours quils ont effectué avec des difficultés, avec des doutes, avec aussi, beaucoup de remise en question et ça, cest le quotidien des athlètes de haut niveau. Cest le quotidien dune équipe qui fait une coupe du monde et cest tout à fait normal. Alors tous les commentaires que lon peut faire autour de ça, il faut savoir les occulter, cest ce quils font. Ils ont bien raison de le faire, pour se concentrer uniquement sur en réalité une nouvelle compétition qui démarre. Parce que quand on est en phase éliminatoire, cest dabord une compétition, et puis dès quon est qualifié pour la finale, on oublie tout le reste, et cest une nouvelle compétition qui démarre, ils sont exactement dans ce chemin-là, ils ont bien raison de le faire.
CAROLINE ROUX Cest un peu curieux en tant que ministre des Sports, de cautionner lattitude, dune certaine manière, du sélectionneur des Bleus ? Dont on sest dit à un moment, quil sétait « domenechisé » vous en tant que ministre des Sports
DAVID DOUILLET Ah ! Je ne cautionne non, non, non
CAROLINE ROUX Vous dites : il sest bien comporté pendant ses conférences de presse, il a eu raison de leur dire aux journalistes, elle memmerde ta question ?
DAVID DOUILLET Non, non, je ne cautionne pas, ce que peut dire lentraîneur ou personne dautres. Il est responsable de ses phrases, de ses petites phrases, ne mintéresse pas en réalité. Moi, ce qui mintéresse, cest léquipe. Ce qui mintéresse cest quelle soit soudée, cest quelle soit homogène et cest quelle ait envie de jouer. Voilà ! Ce qui mintéresse. Le reste, cest sa responsabilité. Si il pense quen faisant ce genre de petites phrases, il va provoquer une réaction par ses joueurs etc. pourquoi pas ! Ca, cest sa méthode de management. Et cest à lui quil faut poser la question. Pour le reste, le plus important, je vous le répète, et je vous le redis, et cest en cela quil faut que lensemble des Français porte cette équipe de France, puisquils en ont besoin. Vous savez, quand on est dans cet état-là, avant une finale, souvent on est dans un espèce de profil psychologique, où à la fois on devient quelquun daxé sur un objectif précis, on est programmé, bref, on nest pas très froid, mais très professionnel. Et puis en même temps dès quon sort de ce contexte-là, à lextérieur, on est un petit peu, dans sa bulle. Donc dès quon sort de la bulle, on sétonne de beaucoup de choses et quelquefois on prend au premier degré beaucoup de commentaires. Il ne faut pas que ça vienne
CAROLINE ROUX Ça veut dire, David DOUILLET, monsieur le ministre, ça veut dire quils se sentent un peu seul au monde, loin de la ferveur quils suscitent ici en France ?
DAVID DOUILLET Oui, mais enfin, ce que je suis en train de vous expliquer, cest quil faut quils soient seuls au monde, il faut être dans sa bulle, pour être performants et ne pas être agressé par lextérieur. Mais en même temps, il y a un ressenti, autour qui peut quelquefois être faux, et cest le cas. Le fait de se dire ou de se poser même la question : est-ce que la France est derrière nous ? Bien sûr que la France est derrière eux. Si vous interrogez nimporte quel Français, enfin ici on en croise beaucoup, les gens vous disent spontanément, nous sommes en finale, ça veut tout dire ! Et cest la réalité. Je crois quils ont besoin dêtre soutenus, on a besoin dêtre aimé en réalité, quand on est dans ce type de condition. Et Dieu sait si on les aime et si on les porte. Et jespère que vous aussi dailleurs ?
CAROLINE ROUX Si vous les croisez, dites-leur, tiens ! Quon les aime. Sylvère.
SYLVERE-HENRY CISSE David DOUILLET, parlons des dossiers sur lesquels vous travaillez
DAVID DOUILLET Bon, daccord !
SYLVERE-HENRY CISSE On constate en ce moment, une stagnation du nombre de licenciés et ceci à peu près dans toutes les fédérations. Le seul vecteur de croissance, dans toutes ces fédérations, cest le sport féminin. Quallez-vous faire pour justement favoriser le sport féminin dans toutes les fédérations sportives ?
DAVID DOUILLETJ e ne suis pas tout à fait daccord avec vous, le sport progresse dans beaucoup de fédérations. Les seules disciplines dans lequel il ne progresse pas, voire même il chute énormément, ce sont les disciplines dans laquelle, il y a eu des déconvenues, de grosses déconvenues et lexemple en est le football. Voilà, ils ont perdu 230 000 licences en 2 ans. Ce qui prouve bien que limage en tout cas, la perception quont les Français dune équipe, en tout cas, dune ambiance, en tout cas dun résultat pour le coup, peut impacter le nombre de licences. Et je crois que la Fédération Française de Football, avec Laurent BLANC à la tête de cette Equipe de France, en se qualifiant pour les prochains championnats dEurope en 2012, sont en train de remonter tout ça. Regardez par exemple, le handball en 20 ans, ils ont doublé leur nombre de licenciés, ils sont passé de 200 000 à 400 000, pourquoi ? Parce quils donnent une excellente image, liée aussi à leurs résultats. Je crois quon a souvent tendance à dissocier le haut niveau du sport de masse, cest une grave erreur. En réalité, le sport de masse évidemment a un lien très fort, avec le haut niveau et vice-versa. Non seulement, par le fait de détecter des jeunes athlètes, pour quils deviennent un jour des athlètes de haut niveau, mais aussi à linverse, quand il y a de mauvais résultats.
CAROLINE ROUX Monsieur le ministre, certains députés UMP ont imaginé pour remplir les caisses de lEtat, de taxer les transferts de joueur à hauteur de 3 %. Quest-ce que vous pensez de cette proposition ? Est-ce quelle a votre soutien ?
DAVID DOUILLET Non, elle na pas mon soutien. Je suis contre cette proposition, parce quen réalité, elle déséquilibrerait les clubs français, par rapport aux clubs étrangers. Elle alourdirait le poids économique, le poids lié à leur gestion, sur lachat de joueur, la transaction entre joueurs. Vous savez, le football français mais aussi le rugby, ont un certain nombre de déficit. Lannée dernière 130 millions deuros, cétait le déficit de la L1 et de la L2 dans le foot, à peine 17 millions dans le monde du rugby. Mettre cette proposition en marche, la faire accepter causerait un réel problème de concurrence et de performance par rapport aux clubs étrangers. Donc ce nest pas très bien venu, cette histoire.
CAROLINE ROUX Merci, beaucoup, David DOUILLET davoir été avec nous, ce matin.
SYLVERE-HENRY CISSE Merci.
CAROLINE ROUX Juste une petite, une toute dernière question, ministre des Sports, il vous reste combien là ? Il vous reste 7 mois, cest un peu juste pour faire bouger les lignes ?
DAVID DOUILLET Mais quest-ce que vous en savez ! Ca peut aller au-delà non ! Vous ne trouvez pas !?
CAROLINE ROUX Ah bon ! Donc voilà
DAVID DOUILLET Oui, il faut être optimiste. Je le suis. Moi, jai confiance.
CAROLINE ROUX Vous nous annoncez la victoire de SARKOZY et vous faites des pronostics optimistes pour la présidentielle de 2012.
DAVID DOUILLET En tout cas, moi jy crois.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 21 octobre 2011