Déclaration de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, sur les relations franco-turques et le problème de l'ouverture des négociations d'élargissement de l'Union européenne, Paris le 2 septembre 1997.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Entretien entre M. Védrine et M. Ismail Cem, ministre turc des affaires étrangères, à Paris le 2 septembre 1997

Texte intégral

J'ai le plaisir d'accueillir ici, cet après-midi au Quai d'Orsay, M. Cem, le ministre turc des Affaires étrangères. Nous nous étions déjà rencontrés, pour un premier contact qui avait été rapide et nous avions prévu de nous revoir très vite. Ce qui est fait aujourd'hui. Nous avons procédé, selon la formule consacrée, à un large tour d'horizon et la formule consacrée est exacte, puisque nous avons passé en revue les relations bilatérales, les questions régionales à propos desquelles la Turquie et la France souhaitent échanger leurs analyses : le Proche-Orient, le Moyen-Orient, le Caucase, l'Asie centrale, et nous avons parlé de l'ensemble des questions européennes liées à l'évolution de l'Union européenne, sa situation actuelle et ses perspectives d'avenir au cours des années proches. Nous avons convenu de rester en contact à chaque occasion. M. Cem m'a invité à me rendre en Turquie. Nous en avions déjà rapidement parlé. Je lui ai confirmé mon accord et il nous reste à trouver une date précise qui ne sera pas très éloignée.

Q - (sur la vocation européenne de la Turquie)
R - Nous avons évidemment abordé cette question qui est très importante pour la Turquie. Nous y avons même consacré une part certaine de notre entretien. Je peux dire qu'il n'y a pas de changement de la position française à laquelle vous faites allusion. La Turquie s'est vu reconnaître une vocation européenne il y a déjà très longtemps par l'accord d'association de 1963 et cette vocation a été confirmée à plusieurs reprises par l'Union européenne. J'ai donc pu indiquer à M. Cem que la France considérait que, pour cette raison, la Turquie était très clairement concernée par ce processus d'élargissement, qu'elle en faisait partie. Cela doit se manifester notamment par sa participation à la conférence européenne - qui est une proposition française, de l'ancien gouvernement et qui est reprise à son compte par l'actuel gouvernement - qui devrait se réunir à une date à fixer, puisque le moment n'est pas encore choisi, et à laquelle participeraient l'ensemble des pays membres de l'Union européenne à l'heure actuelle et l'ensemble des pays candidats.

Q - (sur le processus d'élargissement de l'Union européenne)
R - Vous me parlez de propositions de la Commission. A la fin de l'année, le Conseil européen doit se déterminer sur la liste des pays avec lesquels les négociations d'adhésion vont être entamées immédiatement, c'est-à-dire à partir du début 1998, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y aura pas d'autres négociations d'adhésion qui s'entameront ensuite. Mais, nous ne savons même pas aujourd'hui si le Conseil européen va décider d'ouvrir des négociations avec tous les pays proposés par la Commission. Il est très improbable que l'on trouve un accord au sein des Quinze - ce sont des questions qui se discutent à Quinze - pour ouvrir des négociations avec plus de pays que ceux proposés par la Commission. Ce qui est plus que probable c'est que l'on ouvre des négociations avec un moins grand nombre de pays, compte tenu de l'extraordinaire complexité de ces négociations et d'un contexte qui est lui-même compliqué : cela coïncide avec le début des discussions entre membres de l'Union européenne sur ce que l'on appelle l'Agenda 2000 sous l'angle financier, c'est-à-dire comment va-t-on financer l'Union européenne dans les années 2000-2005. De toutes façons, je ne peux pas répondre entièrement à votre question puisque c'est à l'ordre du jour des semaines qui viennent. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles M. Cem est en Europe occidentale ces jours-ci, pour voir un grand nombre de ses homologues et discuter avec eux. Ces questions d'élargissement devraient être déterminées par le Conseil européen de décembre. Mais c'est un processus continu.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 octobre 2001)