Interview de M. Maurice Leroy, ministre de la ville à LCI le 19 octobre 2011, sur la position du Nouveau Centre sur les dépenses publiques, la crise économique et une candidature au Centre pour l'élection présidentielle de 2012.

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Média : La Chaîne Info

Texte intégral


 
 
 
 
JULIEN ARNAUD Maurice LEROY, bonjour.
 
MAURICE LEROY Bonjour.
 
JULIEN ARNAUD Et merci d’être là. On rappelle que vous êtes issu du Nouveau centre, Nicolas SARKOZY va déjeuner aujourd'hui avec les députés du Nouveau centre, il va leur dire quoi à votre avis ? Est-ce qu’il va les appeler à un peu plus de discipline ?
 
MAURICE LEROY Ecoutez, ils vont, j’imagine, échanger. Je ne suis pas Madame Soleil, je ne sais pas ce que ni dira aux députés du Nouveau centre. Je sais que les députés du Nouveau centre auront des questions à poser, vraisemblablement sur la loi de finances, sur la loi de financement de la Sécurité sociale. Vous savez, ils ont fait un...
 
JULIEN ARNAUD Parce qu’ils ont envie de batailler à l’Assemblée là-dessus ?
 
MAURICE LEROY Non, je vais vous faire une confidence, les députés du Nouveau centre, j’en étais il y a très peu de temps, nous avons toujours été plutôt en phase avec Nicolas SARKOZY, sur la règle d’or, et on voit combien elle est absolument nécessaire et indispensables, les Allemands l’ont depuis belle lurette. Malheureusement, avec le basculement à gauche, du Sénat, c'est une réforme qui ne va pas pouvoir voir le jour, j’imagine, et c'est bien dommage, parce qu’on devrait être capable, comme en Espagne, de dépasser les clivages traditionnels, pour faire en sorte que l’on n’ait plus de déficits de fonctionnement du budget de l’Etat. Vous savez, il y a le bon et le mauvais cholestérol. Le mauvais cholestérol, c'est des déficits de fonctionnement de l’Etat.
 
JULIEN ARNAUD Alors, justement, quels sont les ajustements que peuvent demander, que peut demander le Nouveau centre, sur le budget actuel, notamment sur la taxe sur les hauts revenus. Est-ce que vous souhaitez que le gouvernement aille plus loin ?
 
MAURICE LEROY Les députés du Nouveau centre souhaitent effectivement que le budget soit juste et équitable, mais il l’est, précisément. Il l’est, et donc...
 
JULIEN ARNAUD Donc, c'est bon, on ne touche pas une virgule, il est bien comme ça.
 
MAURICE LEROY Non, le sujet, ce n'est pas de toucher une virgule, je ne suis pas parlementaire, je suis ministre. Ce n'est pas le même sujet. Les députés sont dans leur rôle, qu’ils soient UMP ou qu’ils soient Nouveau centre, les députés sont dans leur rôle de contrôler le pouvoir exécutif et de faire oeuvre de propositions. Yvan LACHAUD et les députés qui l’entourent, feront des propositions.
 
JULIEN ARNAUD Alors, vous êtes donc ministre, membre du gouvernement François FILLON. De nouvelles mesures d’austérité, visiblement, ne vont pas tarder à arriver, comment on fait pour garder le Triple A de la France ?
 
MAURICE LEROY Comment on fait ? On fait comme François FILLON, François BAROIN et Valérie PECRESSE, font, actuellement, c'est-à-dire on fait en sorte d’abord, de tenir compte des réalités. Vous avez vu que le gouvernement a revu à la baisse ses prévisions de croissance...
 
JULIEN ARNAUD Pas encore suffisamment, mais bon.
 
MAURICE LEROY Attendez, vous en savez quelque chose, vous ?
 
JULIEN ARNAUD Eh bien moi, c'est le consensus des économistes, ils disent 1, 1,2 %, on est à 1,5.
 
MAURICE LEROY Eh bien figurez-vous que moi je suis aussi économiste, hein, de formation, avant d’être député ou ministre. Bon. Et je suis très prudent avec les prévisionnistes, c'est un peu comme les sondages, d’ailleurs, ils se plantent en général régulièrement, et les gens sont très forts, une fois que l’on a vu le match, on sait vous donner le résultat du match. Donc, patientons un peu. Vous savez, quand vous gouvernez, c'est le cas de ce que fait François FILLON, moi, j’ai une formule, elle vaut ce qu’elle vaut, pas très académique mais au moins elle me fera comprendre des Français : il faut serrer les boulons, mais il ne faut pas péter les boulons. Serrer les boulons, ça veut dire effectivement s’attaquer aux dépenses publiques de l’Etat.
 
JULIEN ARNAUD Alors, sur quelles dépenses publiques faut-il de nouveau agir maintenant ?
 
MAURICE LEROY Eh bien depuis 1945, c'est la première fois qu’un gouvernement présentera un budget avec une économie de 45 milliards d’euros, 45 milliards d’euros.
 
JULIEN ARNAUD Mais MOODY'S demande à la France d’aller plus loin.
 
MAURICE LEROY Oui mais, vous savez, ce ne sont pas les agences de notation qui gouvernent, ce sont les gouvernants, c'est la politique qui doit gouverner, ce ne sont pas les agence de notation.
 
JULIEN ARNAUD Oui, mais une fois que la note est donnée, il y a des répercussions sur les taux d’intérêt et sur des tas d’éléments économiques.
 
MAURICE LEROY Mais c'est la raison pour laquelle, à la différence du programme socialiste, ce que nous faisons, c'est de tenir compte des réalités, de serrer les boulons sans les péter. Sans les péter, pourquoi ? Parce qu’il faut soutenir la croissance. Ça servirait à quoi de casser le moteur de la croissance ? Vous savez, les dépenses de l’Etat, elles sont aussi utiles parce que c'est de la commande publique qui soutient la croissance dans le pays, et ça c'est évidemment très important de ne pas casser le moteur de la croissance. Donc, moi, ce que j’aime dans cette politique gouvernement, c'est qu’il y a un juste équilibre. Je suis un centriste, vous savez, les centristes ils aiment bien les équilibres et les contre-pouvoirs. Eh bien c'est un budget d’équilibre qui est équitable et juste.
 
JULIEN ARNAUD Est-ce que François HOLLANDE il a pété les boulons quand il a lancé un appel au Centre, dimanche dernier ?
 
MAURICE LEROY Eh bien non, mais il est logique qu’il fasse cela, on verra d’ailleurs comment, sur sa gauche, Jean-Luc MELENCHON, Eva JOLY, mais aussi l’aile gauche du PS, monsieur EMMANUELLI et ses amis, apprécieront ses clins d’oeil au Centre.
 
JULIEN ARNAUD Il n'est pas crédible quand il essaie de se donner lui-même une image de Centre-gauche ?
 
MAURICE LEROY Lui, personnellement, c'est possible, mais enfin, quand vous regardez le programme socialiste, parce qu’il y a un programme, d'ailleurs, c'est formidable, on va enfin pouvoir parler des programmes, des projets. Quand vous regardez le projet, c'est totalement hallucinant. Vous parliez tout à l'heure de MOODY'S, des agences de notation et des mesures qu’il faut prendre, vous me proposiez d’ailleurs d’aller, curieusement, encore plus loin, dans...
 
JULIEN ARNAUD Ah non, je vous posais la question ! C’est François FILLON qui en parle, c'est pour ça, on aimerait bien savoir sur quelles dépenses le gouvernement va agir, c'est tout.
 
MAURICE LEROY Mais il faut s’adapter et c'est ce qu’a fait le gouvernement, s’adapter en fonction des situations et de la crise.
 
JULIEN ARNAUD Est-ce qu’il faut un candidat du Centre en 2012 ?
 
MAURICE LEROY Moi, sincèrement, je pense que, on le voit d’ailleurs dans les enquêtes d’opinion, ça n'est pas véritablement attendu. On a vu des tentatives de Jean-Louis BORLOO et lui-même, en homme d’Etat, a tiré les conséquences.
 
JULIEN ARNAUD Et Hervé MORIN, il doit se retirer aussi ?
 
MAURICE LEROY Vous savez, Hervé MORIN va faire son cheminement, tout seul, je n’ai aucun problème avec ça, il s’est déclaré candidat aujourd'hui, nous verrons bien s’il y a un écho dans l’opinion ou pas. S’il n’y en a pas, je n’ai pas de souci, je pense que Hervé MORIN aura la même intelligence que Jean-Louis BORLOO de tirer les conséquences, le moment venu. Laissons-le cheminer.
 
JULIEN ARNAUD Est-ce que vous qui êtes un homme du Centre, qui n'est pas un pur produit de l’UMP, vous n’êtes pas un petit peu dérangé par le fait que Bernard SQUARCINI reste à la tête du Renseignement intérieur, après sa mise en examen dans l’affaire des fadettes ?
 
MAURICE LEROY Vous savez, parce que je suis un homme du Centre, je suis viscéralement attaché à la présomption d’innocence. Et je vais vous dire, il y a quelque chose d’indécent...
 
JULIEN ARNAUD Et à l’indépendance de la presse, aussi ?
 
MAURICE LEROY Mais bien sûr, à l’indépendance des pouvoirs.
 
JULIEN ARNAUD Oui.
 
MAURICE LEROY Voilà. Je suis très favorable...
 
JULIEN ARNAUD Donc il peut rester en place jusqu’à la fin de toutes les procédures judiciaires.
 
MAURICE LEROY Mais, écoutez, est-ce qu’il est accusé ? Il n'est pas inculpé.
 
JULIEN ARNAUD Il est mis en examen.
 
MAURICE LEROY Il est mis en examen.
 
JULIEN ARNAUD Oui.
 
MAURICE LEROY Eh bien écoutez, il faudrait quand même pas, dans ce pays, que seuls les socialistes qui sont mis en examen, soient exonérés et que l’on accuse tous les autres. Ça, ça n’a pas de sens. La mise en examen, c'est la présomption d’innocence, pour tout le monde, que l’on soit socialiste ou pas.
 Source : Premier ministre, Service d’Information du Gouvernement, le 21 octobre 2011