Interview de M. Laurent Wauquiez, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche à Europe 1 le 30 septembre 2011, sur la crise économique et financière et l'UMP.

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Média : Europe 1

Texte intégral


 
 
 
JEAN-PIERRE ELKABBACH Bienvenu Laurent WAUQUIEZ, bonjour.
 
LAURENT WAUQUIEZ Bonjour.
 
JEAN-PIERRE ELKABBACH A l’exception d’Alain JUPPE, vos aînés paraissent décourager, diviser, pour ne pas dire paniquer, est-ce que le temps est venu, pour votre génération, de monter au créneau, de monter au front ? Ou alors, est-ce qu’il est déjà trop tard ?
 
LAURENT WAUQUIEZ C’est l’heure du réveil. Je vois bien…
 
JEAN-PIERRE ELKABBACH De qui ? De vous ?
 
LAURENT WAUQUIEZ C’est l’heure du réveil dans notre famille politique et dans ma génération. Ça suffit ! Je vois bien, là, depuis une semaine, depuis cette élection du Sénat, cet espèce de climat de défaitisme, de sinistrose, où certains commencent à se dire « avis de gros temps, tout le monde aux abris. » Je n’y crois pas. Et je pense surtout que nous, il est temps qu’on s’implique, que notre génération, les trentenaires, les quadras, cette élection jouera beaucoup sur la France que l’on va vivre, qu’on soit dans cette élection. Et j’ai bien l’intention de m’y impliquer totalement derrière le président.
 
JEAN-PIERRE ELKABBACH Est-ce que vous vous considérez justement, comme un homme du président, vous ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Le sujet évidemment, c’est est-ce qu’on est un homme du président ? Pas un homme du président ? Mais le sujet il est beaucoup plus important, que ça. C’est en gros…
 
JEAN-PIERRE ELKABBACH Soit ! Soit ! Soit ! Et certes ! Mais est-ce que vous êtes, vous, vous considérez comme un homme du président ? Parce que vous lisez la presse : ambiance fin de règne, la chute des hommes du président, comme les Horace et les Curiace de CORNEILLE, vous vous êtes attaqué ou ils sont attaqués, l’un après l’autre ? Avec le risque de tomber ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Monsieur ELKABBACH, je le dis clairement, il faut que cette jeune génération maintenant, se retrousse les manches. Je vois effectivement, vous avez raison de dire, différents soutiens qui étaient autour du président, qui aujourd’hui sont contestés, affaiblis, à nous de nous impliquer. On a des convictions, on a des idées, on a des choses à défendre que notre génération y aille. Mais je vais le faire avec ma conviction et mes personnalités.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Mais que dit votre génération, quand vous voyez que des juges convoquent des politiques de hautes responsabilités, en ce moment, Brice HORTEFEUX est en train d’être interrogé. Les juges convoquent même un Procureur et des chefs de la police, est-ce que la justice s’emballe ? Apparemment, elle a de quoi de faire ! Est-ce que les sarkozystes qui sont aujourd’hui, dans le collimateur le sont, pour leurs fautes, leurs gaffes, leurs travers ou parce qu’ils sont sarkozystes ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Pour nous, il n’y a pas de place pour le spleen en politique, en ce moment. Je vois bien, effectivement, toutes ces affaires. Qu’est-ce qui se passe ? Comme par hasard ça sort 8 mois, avant l’élection présidentielle ! On a déjà connu ça en 2006, avec le climat CLEARSTREAM, où de la même manière, on avait à quelques mois, de l’élection présidentielle, toute une série d’affaires qui sortent. Une seule chose : que la justice fasse son travail, qu’elle la fasse vite. Aujourd’hui, par exemple, Brice HORTEFEUX a souhaité être entendu, de lui-même, pourquoi ? Pour qu’on arrête cet espèce d’espace de rumeurs dans lequel aujourd’hui, on est en train d’essayer de noyer l’élection présidentielle. Il y a une élection, il y a un sujet. Qu’est-ce qui m’intéresse, moi, par exemple en termes de conviction à défendre, avec la droite sociale ? Les classes moyennes. Ca c’est LE sujet de cette élection présidentielle….
 
JEAN-PIERRE ELKABBACH C’est quoi la classe moyenne ? Et la classe démunie, qu’est-ce que c’est ?
 
LAURENT WAUQUIEZ La classe moyenne, c’est quoi ? C’est des gens qui vivent de leur travail, qui espèrent devenir propriétaire et qui ont envie de que leurs enfants réussissent ou puissent progresser par rapport à eux. C’est les familles qui sont, c’est 70 % de Français où dans le couple….
 
JEAN-PIERRE ELKABBACH Ce n’est pas les sacrifiés depuis une dizaine d’années et 5 ans ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Mais bien sûr, que c’est les sacrifiés depuis une vingtaine d’années. Qu’est-ce qui s’est passé ? Les plus riches se sont enrichis avec la mondialisation. Les plus pauvres ont bénéficié d’un renforcement considérable des transferts sociaux, et les classes moyennes au milieu, ont reculé. Le quinquennat qui vient, il y a une question, est-ce qu’on en fait le quinquennat des classes moyennes ou non ? Et il n’y aura pas de sortie de crise.
 
JEAN-PIERRE ELKABBACH Vous voulez dire que les classes moyennes, ont été oubliées pendant le quinquennat qui est en train de se terminer ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Ce que je veux dire, c’est que pendant le quinquennat qui s’est terminé, on a essayé de protéger la France de la crise. Dans le quinquennat qui s’ouvre le seul objectif, et la seule question c’est remettre les classes moyennes au coeur de notre société.
 
JEAN-PIERRE ELKABBACH D’autant plus que la crise va continuer. Alain JUPPE a réussi sur FRANCE 2, hier soir, un rendez-vous de qualité. Il dit pour 2012, il n’y a pas de…
 
LAURENT WAUQUIEZ C’est flatteur comme compliment.
 
JEAN-PIERRE ELKABBACH Il n’y a pas de recours aujourd’hui, il suffisait de regarder l’émission, c’est un homme qui s’est bien défendu face aux questions, qui a parlé de l’Europe, des problèmes de politiques étrangères, de politique intérieure. Et Alain JUPPE promet d’aider sans ambiguïté, Nicolas SARKOZY s’il est candidat. S’il est candidat, qu’est-ce que ça veut dire ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Ca veut dire quoi ? Ca veut dire…
 
JEAN-PIERRE ELKABBACH Il n’y a pas de recours, mais s’il est candidat, je suis là !
 
LAURENT WAUQUIEZ Ca veut dire qu’hier, Alain JUPPE ne s’est pas posé comme recours, il s’est posé comme soutien. Sa démonstration était limpide, il a dit : 1, le meilleur candidat pour moi, c’est Nicolas SARKOZY. 2, je souhaite qu’il soit candidat. 3, je le soutiendrai, s’il est candidat. Alors on ne va pas faire battre les montagnes, honnêtement, c’est difficile de faire moins ambigu, surtout dans une période politique, où chez d’autres…
 
JEAN-PIERRE ELKABBACH Mais est-ce que ça veut dire que Nicolas SARKOZY pourrait ne pas être candidat ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Non, la seule chose que ça veut dire, c’est que c’est sa décision, c’est la décision du président et ce qu’a dit Alain JUPPE, c’est que lui, il le soutiendrait.
 
JEAN-PIERRE ELKABBACH Allez ! Laurent WAUQUIEZ, votre propre territoire. Je lisais SCIENCES ET AVENIR, des chercheurs de l’INSERM de Bordeaux ont découvert que des médicaments anxiolytiques favorisent un Alzheimer prématuré. Quand on pense qu’il y a près de 7 millions de Français qui consomment des anxiolytiques, c’est grave ? Et peut-être, là, il y a eu une piste pour la recherche ?
 
LAURENT WAUQUIEZ D’abord, 1, prudence ! Prudence dans la surconsommation des anxiolytiques. C’est un laboratoire très sérieux. Prudence aussi, scientifique, il n’a pas établi une causalité directe, mais ce laboratoire a clairement dit : je constate que dans les gens qui ont Alzheimer, il y a un pourcentage de personnes qui consomment très fortement des anxiolytiques. Donc prudence ! Mais il y a un deuxième point, confiance aussi, parce que qu’est-ce qui se passe en ce moment ? La recherche française, sur Alzheimer, est une des meilleures au niveau mondial. Là tout à l’heure, à l’instant où je vous quitte, il y a une réunion autour du président de la République, sur où en est notre recherche sur Alzheimer ? Tous les 6 mois, il fait ça, personnellement. Et on a en 4 ans, fait progresser de façon extraordinaire la recherche.
 
JEAN-PIERRE ELKABBACH Il y aura un vaccin un jour ?
 
LAURENT WAUQUIEZ C’est un des espoirs qu’on a, oui. Un des espoirs qu’on a, c’est qu’on a des équipes, notamment la Salpêtrière, notamment à Bordeaux qui travaillent pour identifier les plaques dans le cerveau, les marqueurs génétiques qui permettraient de connaître mieux la maladie d’Alzheimer, et avec derrière, pourquoi pas, un espoir de vaccin ! Ca, c’est la recherche, ça c’est une France qui me plait.
 
JEAN-PIERRE ELKABBACH Mais est-ce que vous allez en parler avec Xavier BERTRAND qui est le ministre de la Santé ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Oui, bien sûr. Enfin tout ça, c’est un travail qu’on fait en équipe, avec Xavier BERTRAND et même avec Roselyne BACHELOT.
 
JEAN-PIERRE ELKABBACH Ah ! Oui, parce qu’il paraît qu’entre vous deux…
 
LAURENT WAUQUIEZ Mais si, justement, vous voyez !
 
JEAN-PIERRE ELKABBACH C’est l’idylle mais à l’envers. La rentrée universitaire 2011…
 
LAURENT WAUQUIEZ C’est une belle chanson de Vanessa PARADIS, « Divine idylle. »
 
JEAN-PIERRE ELKABBACH A commencé, et elle s’étale dans le temps, elle concerne 2 400 000 étudiants près de 2 % de plus que l’an dernier, plus de la moitié sont dans les universités. Est-ce que vous avez les moyens, de les aider à réussir, les étudiants, leur cursus universitaire ? Avec le budget 2012 ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Ma priorité, là où j’ai mis l’argent cette année, c’est sur l’amélioration des conditions d’études. Le 10ème mois de bourse, essayer de faire en sorte de travailler pour l’amélioration du logement étudiant, par exemple pouvoir payer leur caution, et le numérique et Internet.
 
JEAN-PIERRE ELKABBACH Un mot, et leur santé bientôt ?
 
LAURENT WAUQUIEZ La santé, ça fait partie pour moi du prochain chantier à ouvrir, on a essayé d’abord les bourses, le logement, Internet, avec cette proposition très innovante d’offrir des tablettes PC avec abonnement Internet. Et le prochain chantier pour moi, c’est de travailler sur la santé des étudiants.
 
JEAN-PIERRE ELKABBACH Alors les instruments numériques, les tablettes numériques, l’iPad ou le SAMSUNG, les étudiants en ont besoin. C’est vrai que le tiers de la planète aujourd’hui, est connecté à Internet, mais pourquoi 1 euro ? Internet à 1 euro par jour, pour les étudiants ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Qu’est-ce que je ne voulais pas ? Je ne veux pas de sélection par l’argent. Aujourd’hui Internet, c’est un atout extraordinaire pour réussir ses études, mais on laissait de côté les classes moyennes et les classes moyennes modestes. On aide les boursiers, les plus riches ont les moyens de se payer ce type d’outil, sur les classes moyennes modestes, c’est un vrai obstacle. On a donc mis en place, une offre avec ORANGE, qui ne coûte rien à l’argent public, j’essaie aussi d’être un peu créatif, et donc…
 
JEAN-PIERRE ELKABBACH Donc vive le mécénat ! Au passage ! Vive le mécénat !
 
LAURENT WAUQUIEZ Oui, quand on a des entreprises comme ça, qui s’investissent pour les étudiants tant mieux ! Et je le dis aussi aux autres, bougez-vous ! SFR, BOUYGUES, FREE, vous faites des pubs pour les étudiants, c’est bien. Faites aussi du mécénat pour les étudiants, c’est mieux.
 
JEAN-PIERRE ELKABBACH Et vous comptez avoir combien d’étudiants concernés par l’Internet et…
 
LAURENT WAUQUIEZ Je considérerai qu’on a un premier succès, si dès Noël on arrivait à franchir le cap, à peu près de 10 000 iPad qui auront été acquis par des étudiants, avec ce système. L’iPad et l’abonnement au prix de l’abonnement.
 
JEAN-PIERRE ELKABBACH Il faut rappeler que ce n’est pas un gadget, Laurent WAUQUIEZ, que c’est un atout pour eux ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Vous allez dans la Fac et vous regardez ce qu’apporte Internet. Les livres en ligne, les catalogues de bibliothèque en ligne, les bases de données, les cours, aujourd’hui Internet, c’est un vrai plus, sur ses études.
 
JEAN-PIERRE ELKABBACH Et aujourd’hui la concurrence mondiale est terrible. 80 % des surdiplômés sont asiatiques et ils sortent à des coûts 3 ou 4 fois moins chers qu’en Europe. L’avenir est dans le pré peut-être mais il est sûrement dans les labos. Bruce TOUSSAINT a envie de vous donner 1 euro, parce qu’il veut son iPad ?
 
BRUCE TOUSSAINT Oui. Ca va !
 
LAURENT WAUQUIEZ Bruce TOUSSAINT n’est plus un étudiant attardé.
 
JEAN-PIERRE ELKABBACH Mais il a son iPad déjà.
 
BRUCE TOUSSAINT C’est fini, pour moi tout ça.
 
Source : Premier ministre, Service d’Information du Gouvernement, le 30 septembre 2011