Déclaration de M. Xavier Bertrand, ministre du travail, de l'emploi et de la santé, sur les politiques structurelles de l'emploi, le marché de l'emploi et le renforcement de la protection sociale, Paris le 7 avril 2011.

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Circonstance : Ouverture de la réunion d'experts sur l'emploi dans le cadre du G20 à Paris le 7 avril 2011

Texte intégral

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Il est important que nous puissions avoir cette réunion d'experts de haut niveau sur l'emploi, parce que les questions d’emploi et de marché du travail sont au coeur des priorités de la présidence française du G20 en matière sociale. Ces priorités sont au nombre de quatre, permettez-moi de les rappeler :
1- Améliorer les politiques structurelles de l’emploi, en particulier pour les jeunes et les plus vulnérables : c’est là-dessus que nous allons travailler ensemble aujourd’hui.
2- Renforcer la protection sociale, à travers le développement du socle de protection sociale.
3- Promouvoir le respect des droits sociaux et du travail.
4- Améliorer la cohérence entre les organisations internationales et les politiques économiques, de développement et les politiques sociales.
D’emblée, je crois qu’il faut que nous ayons bien conscience d’une chose : mettre les questions d’emploi et de protection sociale au coeur de la réflexion mondiale, ce n’est pas un voeu pieu, c’est une exigence pour nous, les responsables politiques, parce que c’est devenu une attente prioritaire de nos concitoyens avec la crise économique mondiale.
Aujourd’hui, une dynamique est en marche, comme l’a montré la réunion des ministres du travail et de l’emploi à Washington il y a un an.
Cette dynamique, nous avons décidé de la poursuivre en la mettant au coeur de la présidence française, avec le soutien de l’ensemble des pays du G20. Ce sera l’objet de la réunion des ministres du travail et de l’emploi que je présiderai en septembre prochain.
Pour préparer ces échanges, nous avons besoin des contributions de tous les acteurs, et surtout, nous avons besoin que tous les acteurs concernés se connaissent et se parlent, parce que les discussions d’experts sur les questions économiques et financières font partie du paysage depuis longtemps, en revanche, cette réunion d’experts en format G20 sur les questions d’emploi, c’est une première, c’est même, n’hésitons pas à le dire, une première mondiale.
Je voudrais d’abord saluer les experts des politiques de l’emploi de nos gouvernements, ainsi que le BIT et l’OCDE qui ont fourni une importante contribution aux débats de ce séminaire.
Je salue aussi monsieur l’Ambassadeur chargé de la promotion de la cohésion sociale : cher Gilles de Robien, vous jouez, comme le Président de la République l’a souhaité, un rôle central dans la conduite des travaux préparatoires sur le volet social de la présidence du G20.
Je salue également les partenaires sociaux, représentés par la Confédération syndicale internationale (CSI) et l’Organisation internationale des employeurs.
Nous avons souhaité vous associer étroitement à chacune des étapes de ce G20, parce que la politique de l’emploi n’est pas un sujet réservé aux experts, c’est un sujet au coeur du dialogue social, un sujet politique au sens noble du terme.
Je tiens à dire, d’ailleurs, que les analyses et les propositions des partenaires sociaux ont été très constructives depuis le début de la présidence française.
Nous en avons encore une preuve aujourd’hui avec la proposition de pacte sur l’emploi des jeunes de la CSI, sur laquelle je pense qu’il est important que vous, les experts, vous puissiez vous prononcer.
Je voudrais à présent rappeler nos priorités en matière d’emploi.
Vous le savez, nous voulons insister particulièrement sur l’emploi des jeunes et des plus vulnérables : par exemple, en France, les plus vulnérables, ce sont notamment les chômeurs de longue durée ; dans d’autres pays, ce sont surtout ceux qui travaillent dans le secteur informel.
J’en ai bien conscience, les situations de nos marchés de l’emploi sont très différentes d’un pays à l’autre. Par exemple, en 2010, le taux de croissance en France et chez nos voisins tourne autour de 2 ou 2,5%, alors qu’en Asie, dans les jeunes économies dynamiques, il est au-dessus de 10%. Autre exemple, le taux de chômage des jeunes est inférieur à 9% en Asie de l’Est, mais il s’élève à 24% en Afrique du Nord, et du fait de la crise il dépasse 40% des jeunes actifs dans des pays industrialisés comme l’Espagne.
Il ne s’agit donc pas de nier la diversité de nos situations. En même temps, je pense qu’il est important que nous puissions partager des ambitions communes, même si pour les réaliser, chacun suit le chemin qui lui correspond le mieux.
Concernant notre première priorité, je pense que donner aux jeunes de nos pays un emploi, avec l’assurance de pouvoir s’installer dans la vie, de construire des projets, c’est une préoccupation que nous partageons tous.
Même dans les pays à l’économie dynamique et où la croissance est si forte, les jeunes rencontrent des difficultés pour accéder au marché du travail, pour des raisons que nous pourrons analyser ensemble.
De même, concernant la deuxième priorité, je pense que la lutte contre l’économie informelle est un objectif que nous partageons, parce que cela a un coût, un coût économique mais aussi un coût social. Par exemple, pour des pays comme la France, cela passe par la lutte contre la fraude et notamment le travail illégal qui est une priorité de mon ministère.
J’en viens donc à notre méthode de travail.
J’ai parlé d’ambitions communes. Je souhaite donc que votre expertise nous permette d’établir un état des lieux des défis communs auxquels nous sommes confrontés sur nos marchés du travail compte tenu des deux priorités que je vous ai indiquées. Et à partir de cet état des lieux, j’espère que vos travaux nous permettront de dégager des pistes de solutions communes.
Nous devons également réfléchir aux moyens d’améliorer la cohérence entre les politiques économiques, parce que nous savons bien que pour améliorer l’emploi, il faut aussi travailler sur l’éducation, l’innovation, la compétitivité des entreprises par exemple.
Je souhaite que nos échanges d’aujourd’hui ne se résument pas à de grandes idées, mais nous permettent d’avancer des éléments concrets pour nourrir les décisions qui seront prises lors de ce G20.
Mais j’aimerais que nous puissions voir plus loin que les mois à venir, parce que l’un des objectifs de la présidence française, ce serait de faire en sorte que les questions de travail et d’emploi deviennent une politique durable du G20.
Nous ne pouvons que souhaiter, par exemple, que le plein emploi soit désormais une priorité dans nos politiques macro-économiques, au même niveau que la maîtrise de l’inflation et la soutenabilité des finances publiques.
J’en ai bien conscience, le chemin est encore long, parce que ces priorités sociales sont relativement nouvelles dans l’agenda mondial. Voilà pourquoi notre présidence aura aussi pour objectif de réfléchir à la façon dont nos discussions sur le sujet peuvent se pérenniser.
Aujourd’hui notre agenda est chargé, je pense donc qu’il est souhaitable que chacun aille à l’essentiel. Je vais maintenant passer la parole à Bertrand Martinot.
Je vous remercie.
Source http://www.emploi.gouv.fr, le 20 septembre 2011