Texte intégral
Messieurs les co-présidents,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs,
Je veux dabord remercier chaleureusement le ministre des Affaires étrangères et le gouvernement turc pour les efforts remarquables quils ont déployés pour cette conférence co-organisée avec le gouvernement afghan. Nous sommes aujourdhui rassemblés à un moment décisif, qui demande la participation de tous aux efforts de stabilisation de lAfghanistan.
1 - Dix ans après le déclenchement des opérations militaires contre les auteurs des attentats du 11 septembre, une nouvelle phase se prépare :
- Laction de la coalition, les coups portés au terrorisme international et la montée en puissance des forces afghanes ont permis de lancer le processus de transition : les autorités afghanes vont reprendre lensemble des responsabilités de sécurité dici 2014, date à laquelle les troupes de la coalition auront quitté le pays. Les attentats que les Taliban continuent à perpétrer montrent que la partie nest pas gagnée, mais nous sommes résolus à faire réussir cette stratégie.
- LAfghanistan est également engagé dans un processus politique en vue de parvenir à une réconciliation de lensemble de la société afghane autour des valeurs inscrites dans sa constitution. Lassassinat de lancien président Rabbani montre à quels obstacles se heurte cette volonté de reconstruire lunité nationale.
- Enfin, les partenaires de la coalition et lOTAN ont engagé les travaux sur la forme que prendra leur soutien, passé la période de transition. Cette approche sera différente et portera sur le renforcement des structures de lÉtat afghan, lappui à la lutte contre le terrorisme et le développement de léconomie. Pour la France, cest tout lobjet du traité damitié et de coopération annoncé par le président de la République et le président Karzaï cet été et que nous devrions conclure dici la fin de lannée.
2 - Tout ceci peut aboutir, pourvu que nous maîtrisions un phénomène encore redoutable : lamplification des perturbations afghanes par la situation régionale, et vice-versa. Chacun sait les risques que font peser, pour tous les États, les foyers dinstabilité demeurant en Afghanistan. Nous voyons tous que les groupes terroristes ne connaissent pas de frontières. Nous voyons tous que les réseaux de la drogue déstabilisent toutes les structures le long des routes amenant lhéroïne vers le nord, vers louest et vers le sud. Nous voyons tous que les factions remettant en cause lintégrité territoriale de lAfghanistan menacent aussi lintégrité territoriale des voisins de ce pays. Et ces phénomènes devraient saccélérer, alors que se multiplient les échanges le long de ce vaste espace allant de lOcéan indien jusquau nord de lAsie centrale.
Chacun sait aussi que trop longtemps, lAfghanistan a servi de théâtre aux rivalités régionales et internationales, qui ont exacerbé ses tensions intérieures. Face aux fléaux du terrorisme et de la drogue, lheure nest plus aux rivalités mais à laction collective.
Tel est bien lenjeu de notre conférence, par les décisions quelle va prendre et quelle prépare. La déclaration adoptée aujourdhui formule déjà trois engagements-clés :
- la non-ingérence dans les affaires intérieures de lAfghanistan afin de ne pas faire le jeu de factions intérieures et ne pas entraver les efforts du gouvernement afghan en faveur de la réconciliation nationale, déjà été mis durement à lépreuve par lassassinat du président Rabbani ;
- le respect de lintégrité territoriale de ce pays qui a trop souffert des ingérences et des invasions ;
- et le refus de laisser se développer à nouveau des sanctuaires pour les terroristes, en Afghanistan ou ailleurs.
3 - Outre les engagements dIstanbul, notre conférence lance un processus qui doit permettre davancer dans la mise en place dun véritable système de sécurité collective en Asie Centrale. La France, qui a toujours soutenu les approches régionales sur les questions de sécurité, est prête à apporter toute son aide pour bâtir cette architecture collective en Asie centrale : lénonciation de principes communs, la mise en place de mécanismes de prévention et de règlement des conflits, ladoption de mesures de confiance et de transparence. Je constate que beaucoup dÉtats membres de lOrganisation pour la coopération et la sécurité en Europe sont présents dans cette salle : lexpérience dHelsinki, qui a créé un système de sécurité collective à léchelle dun continent, peut nous guider aujourdhui.
Dès maintenant, la France propose que les États de la région sengagent sur des conventions permettant de mieux contrôler et dempêcher laccès des terroristes aux armes et aux matériels sensibles. Nous proposons également que soit renforcée lentraide judiciaire et que les États parties à ces mécanismes sengagent à poursuivre ou extrader les personnes mises en cause pour des actes de terrorisme.
4 - Cette perspective politique doit saccompagner de projets économiques structurants pour lensemble de la région et je me réjouis que de nombreuses initiatives aient été lancées dans ce domaine. Le projet de la «nouvelle route de la soie» a fixé lobjectif de créer une zone de libre échange dans la région. Le G8, sous Présidence française, sest aussi penché sur la question des infrastructures : avec tous nos partenaires de la région, nous avons travaillé à développer des réseaux ferroviaires interconnectés, à créer une Autorité nationale des Chemins de fer afghans, et à favoriser linterconnexion des réseaux électriques. La formation de personnels de santé est également prometteuse et nous soutenons le projet porté par la fondation Agha Khan.
Ces projets de long terme bénéficieront de la dynamique politique que les États de la région sauront créer. De notre coté, nous allons mobiliser lUnion européenne, qui peut apporter toute son expérience des projets transnationaux.
Mesdames et Messieurs, la Conférence dIstanbul est décisive par les engagements qui y sont pris par les États de la région et les perspectives quelle ouvre vers la réalisation de lobjectif que nous visons tous : un Afghanistan apaisé, libéré des vieux démons de lhistoire. Cest bien toute la région qui en bénéficiera, au-delà du peuple afghan lui-même.
Ici à Istanbul, la France réitère son soutien au gouvernement afghan et au président Karzaï, pour que réussisse notre stratégie commune. Nous formons le vu que la stabilisation de la situation en Afghanistan ouvre la voie à un avenir de sécurité et de prospérité au cur de lAsie. Nous avons confiance dans la volonté des États de la région davancer.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 novembre 2011
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs,
Je veux dabord remercier chaleureusement le ministre des Affaires étrangères et le gouvernement turc pour les efforts remarquables quils ont déployés pour cette conférence co-organisée avec le gouvernement afghan. Nous sommes aujourdhui rassemblés à un moment décisif, qui demande la participation de tous aux efforts de stabilisation de lAfghanistan.
1 - Dix ans après le déclenchement des opérations militaires contre les auteurs des attentats du 11 septembre, une nouvelle phase se prépare :
- Laction de la coalition, les coups portés au terrorisme international et la montée en puissance des forces afghanes ont permis de lancer le processus de transition : les autorités afghanes vont reprendre lensemble des responsabilités de sécurité dici 2014, date à laquelle les troupes de la coalition auront quitté le pays. Les attentats que les Taliban continuent à perpétrer montrent que la partie nest pas gagnée, mais nous sommes résolus à faire réussir cette stratégie.
- LAfghanistan est également engagé dans un processus politique en vue de parvenir à une réconciliation de lensemble de la société afghane autour des valeurs inscrites dans sa constitution. Lassassinat de lancien président Rabbani montre à quels obstacles se heurte cette volonté de reconstruire lunité nationale.
- Enfin, les partenaires de la coalition et lOTAN ont engagé les travaux sur la forme que prendra leur soutien, passé la période de transition. Cette approche sera différente et portera sur le renforcement des structures de lÉtat afghan, lappui à la lutte contre le terrorisme et le développement de léconomie. Pour la France, cest tout lobjet du traité damitié et de coopération annoncé par le président de la République et le président Karzaï cet été et que nous devrions conclure dici la fin de lannée.
2 - Tout ceci peut aboutir, pourvu que nous maîtrisions un phénomène encore redoutable : lamplification des perturbations afghanes par la situation régionale, et vice-versa. Chacun sait les risques que font peser, pour tous les États, les foyers dinstabilité demeurant en Afghanistan. Nous voyons tous que les groupes terroristes ne connaissent pas de frontières. Nous voyons tous que les réseaux de la drogue déstabilisent toutes les structures le long des routes amenant lhéroïne vers le nord, vers louest et vers le sud. Nous voyons tous que les factions remettant en cause lintégrité territoriale de lAfghanistan menacent aussi lintégrité territoriale des voisins de ce pays. Et ces phénomènes devraient saccélérer, alors que se multiplient les échanges le long de ce vaste espace allant de lOcéan indien jusquau nord de lAsie centrale.
Chacun sait aussi que trop longtemps, lAfghanistan a servi de théâtre aux rivalités régionales et internationales, qui ont exacerbé ses tensions intérieures. Face aux fléaux du terrorisme et de la drogue, lheure nest plus aux rivalités mais à laction collective.
Tel est bien lenjeu de notre conférence, par les décisions quelle va prendre et quelle prépare. La déclaration adoptée aujourdhui formule déjà trois engagements-clés :
- la non-ingérence dans les affaires intérieures de lAfghanistan afin de ne pas faire le jeu de factions intérieures et ne pas entraver les efforts du gouvernement afghan en faveur de la réconciliation nationale, déjà été mis durement à lépreuve par lassassinat du président Rabbani ;
- le respect de lintégrité territoriale de ce pays qui a trop souffert des ingérences et des invasions ;
- et le refus de laisser se développer à nouveau des sanctuaires pour les terroristes, en Afghanistan ou ailleurs.
3 - Outre les engagements dIstanbul, notre conférence lance un processus qui doit permettre davancer dans la mise en place dun véritable système de sécurité collective en Asie Centrale. La France, qui a toujours soutenu les approches régionales sur les questions de sécurité, est prête à apporter toute son aide pour bâtir cette architecture collective en Asie centrale : lénonciation de principes communs, la mise en place de mécanismes de prévention et de règlement des conflits, ladoption de mesures de confiance et de transparence. Je constate que beaucoup dÉtats membres de lOrganisation pour la coopération et la sécurité en Europe sont présents dans cette salle : lexpérience dHelsinki, qui a créé un système de sécurité collective à léchelle dun continent, peut nous guider aujourdhui.
Dès maintenant, la France propose que les États de la région sengagent sur des conventions permettant de mieux contrôler et dempêcher laccès des terroristes aux armes et aux matériels sensibles. Nous proposons également que soit renforcée lentraide judiciaire et que les États parties à ces mécanismes sengagent à poursuivre ou extrader les personnes mises en cause pour des actes de terrorisme.
4 - Cette perspective politique doit saccompagner de projets économiques structurants pour lensemble de la région et je me réjouis que de nombreuses initiatives aient été lancées dans ce domaine. Le projet de la «nouvelle route de la soie» a fixé lobjectif de créer une zone de libre échange dans la région. Le G8, sous Présidence française, sest aussi penché sur la question des infrastructures : avec tous nos partenaires de la région, nous avons travaillé à développer des réseaux ferroviaires interconnectés, à créer une Autorité nationale des Chemins de fer afghans, et à favoriser linterconnexion des réseaux électriques. La formation de personnels de santé est également prometteuse et nous soutenons le projet porté par la fondation Agha Khan.
Ces projets de long terme bénéficieront de la dynamique politique que les États de la région sauront créer. De notre coté, nous allons mobiliser lUnion européenne, qui peut apporter toute son expérience des projets transnationaux.
Mesdames et Messieurs, la Conférence dIstanbul est décisive par les engagements qui y sont pris par les États de la région et les perspectives quelle ouvre vers la réalisation de lobjectif que nous visons tous : un Afghanistan apaisé, libéré des vieux démons de lhistoire. Cest bien toute la région qui en bénéficiera, au-delà du peuple afghan lui-même.
Ici à Istanbul, la France réitère son soutien au gouvernement afghan et au président Karzaï, pour que réussisse notre stratégie commune. Nous formons le vu que la stabilisation de la situation en Afghanistan ouvre la voie à un avenir de sécurité et de prospérité au cur de lAsie. Nous avons confiance dans la volonté des États de la région davancer.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 novembre 2011