Texte intégral
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
Je voulais commencer mon propos en disant que chacun savait le grand respect que jai depuis très longtemps pour Jean-Pierre Chevènement et pour la qualité et la pertinence de ses analyses qui sont rarement médiocres. Elle ne létait pas dailleurs aujourdhui sauf cette conclusion qui nest pas tout à fait à la hauteur des qualités de Jean-Pierre Chevènement que je me plais ici à souligner. Si les analyses pertinentes, Monsieur Chevènement, sont aisées à faire, vous conviendrez avec moi quil est plus difficile de mettre 17 pays daccord surtout lorsquils ont des cultures, des histoires qui sur beaucoup de sujets et notamment sur ces questions financières les opposent. Et donc vous me permettrez de vous dire dabord avant dimaginer laccord idéal que nous aurions pu obtenir quels sont les points extrêmement positifs qui ont été obtenus hier grâce à une mobilisation très forte du président de la République française et de la chancelière allemande dont le travail de compromis a été fondamental pour éviter ce qui aurait été une catastrophe, cest-à-dire une absence daccord hier soir.
Le premier point positif cest le fait quon a définitivement abandonné lidée quon pourrait lâcher un pays de la zone euro. Cette idée a été longtemps défendue par un certain nombre dEtats qui considéraient quaprès tout il ny avait quà laisser tomber la Grèce. Nous avons trouvé hier des solutions difficiles mais qui permettent dapporter 100 milliards deuros supplémentaires daide à la Grèce, qui permettent de réduire de 50 % sa dette en faisant appel seulement aux créanciers privés dans des conditions qui devraient permettre à léconomie grecque de se redresser. Cest très important parce que, comme vous lavez souligné vous-même, les attaques spéculatives contre les autres pays sont liées au fait que les milieux financiers avaient le sentiment que lUnion européenne nétait pas capable de résoudre la crise grecque.
Si nous arrivons à endiguer les attaques contre la Grèce, alors une grande partie des attaques qui se sont portées de façon peu cohérente, peu réaliste sur dautres pays de la zone euro cesseront.
La deuxième chose, cest que nous avons un Fonds européen de stabilité financière qui est renforcé. Cest vrai que cela nest pas la banque que nous aurions voulu adosser à la Banque centrale européenne, cest vrai quil a fallu trouver un compromis avec lAllemagne mais je vous rappelle que de son côté lAllemagne ne voulait pas entendre parler il y a quelques semaines dun effet de levier du Fonds européen de stabilité. Nous avons trouvé ce compromis, cest une étape très importante. Et là aussi permettez-moi dattirer votre attention sur le fait quil y a un an il ny avait aucun instrument de défense de la stabilité de la zone euro.
Enfin, nous avons trouvé un accord sur la recapitalisation des banques qui est un accord cohérent, qui permettra une recapitalisation dans lordre et en faisant appel essentiellement au secteur privé, cest-à-dire aux résultats des banques elles-mêmes et non pas au fonds publics.
Enfin, France et Allemagne se sont mis daccord, lensemble des pays de la zone deuro se sont mis daccord sur la mise en uvre dun gouvernement économique. Je sais bien quil est facile de dire que deux rendez-vous par an cela nest pas tout à fait un gouvernement économique mais en même temps cest une dynamique qui est enclenchée par rapport à une époque où le seul fait de réunir les chefs dEtat de la zone euro était impossible.
Alors là où Jean-Pierre Chevènement a parfaitement raison cest que cela nest quune étape et tous ceux qui avaient combattu le traité de Maastricht dont je faisais partie disaient à lépoque "il nest pas raisonnable de mettre en place une union monétaire avant davoir résolu les problèmes de lunion politique. Il nest pas raisonnable de mettre en place une union monétaire sans mettre en place les instruments nécessaires au pilotage de cette union monétaire". Dune certaine façon, aujourdhui la crise que nous connaissons donne raison à ces analyses. Il va donc falloir réviser les traités et cest la décision qui a été prise par lensemble des chefs dEtat et de gouvernement hier soir. Cest une décision lourde de conséquences, tout cela va prendre beaucoup de temps, va nécessiter des débats.
Je vous livre simplement mon avis personnel, nous devrons aller vers une union intergouvernementale très forte des pays de la zone euro et au cur de cette union intergouvernementale il y a un rapprochement franco-allemand qui ne peut plus être seulement symbolique, qui doit faire lobjet dun travail en commun de convergence de nos économies.
Voilà, Mesdames et Messieurs, Monsieur le ministre Chevènement, je pense que nous sommes à un moment clé de notre histoire dans la mesure où nous nassistons pas à des changements du monde mais le monde a changé profondément sans peut-être que certains dentre nous ne sen soient rendus compte, et la question que nous adresse lhistoire maintenant, cest, est-ce que nous allons être capables, et notamment nous les forces politiques françaises, de trouver des points daccord pour permettre une mutation qui est absolument fondamentale à lavenir de la civilisation européenne.
Source http://www.gouvernement.fr, le 7 novembre 2011
Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
Je voulais commencer mon propos en disant que chacun savait le grand respect que jai depuis très longtemps pour Jean-Pierre Chevènement et pour la qualité et la pertinence de ses analyses qui sont rarement médiocres. Elle ne létait pas dailleurs aujourdhui sauf cette conclusion qui nest pas tout à fait à la hauteur des qualités de Jean-Pierre Chevènement que je me plais ici à souligner. Si les analyses pertinentes, Monsieur Chevènement, sont aisées à faire, vous conviendrez avec moi quil est plus difficile de mettre 17 pays daccord surtout lorsquils ont des cultures, des histoires qui sur beaucoup de sujets et notamment sur ces questions financières les opposent. Et donc vous me permettrez de vous dire dabord avant dimaginer laccord idéal que nous aurions pu obtenir quels sont les points extrêmement positifs qui ont été obtenus hier grâce à une mobilisation très forte du président de la République française et de la chancelière allemande dont le travail de compromis a été fondamental pour éviter ce qui aurait été une catastrophe, cest-à-dire une absence daccord hier soir.
Le premier point positif cest le fait quon a définitivement abandonné lidée quon pourrait lâcher un pays de la zone euro. Cette idée a été longtemps défendue par un certain nombre dEtats qui considéraient quaprès tout il ny avait quà laisser tomber la Grèce. Nous avons trouvé hier des solutions difficiles mais qui permettent dapporter 100 milliards deuros supplémentaires daide à la Grèce, qui permettent de réduire de 50 % sa dette en faisant appel seulement aux créanciers privés dans des conditions qui devraient permettre à léconomie grecque de se redresser. Cest très important parce que, comme vous lavez souligné vous-même, les attaques spéculatives contre les autres pays sont liées au fait que les milieux financiers avaient le sentiment que lUnion européenne nétait pas capable de résoudre la crise grecque.
Si nous arrivons à endiguer les attaques contre la Grèce, alors une grande partie des attaques qui se sont portées de façon peu cohérente, peu réaliste sur dautres pays de la zone euro cesseront.
La deuxième chose, cest que nous avons un Fonds européen de stabilité financière qui est renforcé. Cest vrai que cela nest pas la banque que nous aurions voulu adosser à la Banque centrale européenne, cest vrai quil a fallu trouver un compromis avec lAllemagne mais je vous rappelle que de son côté lAllemagne ne voulait pas entendre parler il y a quelques semaines dun effet de levier du Fonds européen de stabilité. Nous avons trouvé ce compromis, cest une étape très importante. Et là aussi permettez-moi dattirer votre attention sur le fait quil y a un an il ny avait aucun instrument de défense de la stabilité de la zone euro.
Enfin, nous avons trouvé un accord sur la recapitalisation des banques qui est un accord cohérent, qui permettra une recapitalisation dans lordre et en faisant appel essentiellement au secteur privé, cest-à-dire aux résultats des banques elles-mêmes et non pas au fonds publics.
Enfin, France et Allemagne se sont mis daccord, lensemble des pays de la zone deuro se sont mis daccord sur la mise en uvre dun gouvernement économique. Je sais bien quil est facile de dire que deux rendez-vous par an cela nest pas tout à fait un gouvernement économique mais en même temps cest une dynamique qui est enclenchée par rapport à une époque où le seul fait de réunir les chefs dEtat de la zone euro était impossible.
Alors là où Jean-Pierre Chevènement a parfaitement raison cest que cela nest quune étape et tous ceux qui avaient combattu le traité de Maastricht dont je faisais partie disaient à lépoque "il nest pas raisonnable de mettre en place une union monétaire avant davoir résolu les problèmes de lunion politique. Il nest pas raisonnable de mettre en place une union monétaire sans mettre en place les instruments nécessaires au pilotage de cette union monétaire". Dune certaine façon, aujourdhui la crise que nous connaissons donne raison à ces analyses. Il va donc falloir réviser les traités et cest la décision qui a été prise par lensemble des chefs dEtat et de gouvernement hier soir. Cest une décision lourde de conséquences, tout cela va prendre beaucoup de temps, va nécessiter des débats.
Je vous livre simplement mon avis personnel, nous devrons aller vers une union intergouvernementale très forte des pays de la zone euro et au cur de cette union intergouvernementale il y a un rapprochement franco-allemand qui ne peut plus être seulement symbolique, qui doit faire lobjet dun travail en commun de convergence de nos économies.
Voilà, Mesdames et Messieurs, Monsieur le ministre Chevènement, je pense que nous sommes à un moment clé de notre histoire dans la mesure où nous nassistons pas à des changements du monde mais le monde a changé profondément sans peut-être que certains dentre nous ne sen soient rendus compte, et la question que nous adresse lhistoire maintenant, cest, est-ce que nous allons être capables, et notamment nous les forces politiques françaises, de trouver des points daccord pour permettre une mutation qui est absolument fondamentale à lavenir de la civilisation européenne.
Source http://www.gouvernement.fr, le 7 novembre 2011