Texte intégral
Q - Dix ans après, le différend entre le Pakistan et lAfghanistan ne semble pas sarranger, comment voyez-vous les choses ?
R - Jaurais plutôt tendance à dire : un pas devant lautre et toujours recommencer. Même si les choses peuvent parfois être difficiles, il faut saisir les occasions de rencontres, déchanges qui permettent de lever les difficultés qui peuvent surgir ici ou là. Je pense que la Conférence dIstanbul est un succès parce quelle a permis de réunir autour de la table les pays de la région, un certain nombre dautres pays et de grandes organisations internationales. Tous se sont retrouvés autour de grands principes : le respect territorial, la non-ingérence... Ce nest pas rien.
Q - Ce ne sont, ceci dit, que des rappels de principes de bon voisinage, mais est-ce quil y a une avancée particulière ? Avez-vous senti quil y avait eu un pas en avant, quelque chose de concret et de sérieux, ou pas vraiment ?
R - Si les affaires internationales dans des secteurs particulièrement sensibles pouvaient se résoudre par miracle, comme par enchantement, on le constaterait ici ou là sur la planète depuis longtemps. On nefface pas des difficultés comme cela, au détour dune conférence ou dune rencontre, même avec de la bonne volonté. Il faut du temps ; il faut apprendre à se connaître ; il faut partager une même vision du besoin davoir la stabilité et une organisation institutionnelle qui soit la meilleure possible. Je ne crois pas vraiment, encore une fois, à la politique du grand soir, mais plutôt à la politique du petit jour.
Q - Pensez-vous que lon peut réussir dans cette région et autour de lAfghanistan et de son conflit avec le Pakistan - même sil est larvé - avec la mise en place dune institution du modèle OSCE ?
R - La France en la matière a fait des propositions extrêmement claires et précises ; elles sont sur la table. Nous sommes totalement disponibles pour en discuter avec les acteurs de la région. Certains peuvent y être favorables, dautres un peu moins. Ce qui compte en la matière comme en toute chose, cest dêtre imaginatif et persévérant. Je crois quau fond, ce sont là deux des qualités essentielles de la diplomatie : il ne faut jamais renoncer ; il faut toujours espérer quun jour ou lautre ce qui nétait pas possible hier deviendra possible demain ou après-demain.
Au moment où la transition sopère entre les pays de la coalition vers un appui civil dautant plus conséquent que le nombre de militaires va aller en diminuant, il faut absolument que les dix dernières années qui ont marqué dune manière tout à fait spécifique la vie en Afghanistan soit une occasion saisie et réussie de reconfigurer, avec la bonne volonté des uns et des autres, les relations dans cette région du monde.
Q - Avez-vous senti auprès des principaux États concernés - lAfghanistan avant tout - la volonté, la possibilité de discuter avec les talibans ?
R - Je crois avoir compris il y a déjà un certain temps que les autorités afghanes aujourdhui sont décidées, dans un processus de réconciliation nationale, à discuter avec tout le monde. A partir du moment où lon sengage dans ce type de processus, cela veut dire que lon nexclut personne. Mais il faut que ses propres interlocuteurs eux-mêmes fassent un geste, cest-à-dire renoncent au terrorisme.
Q - Donc là, il ny a pas eu davancée particulière ?
R - Tout cela est un processus global, il ny a pas eu de recul non plus. Quelles que soient les difficultés, la volonté des autorités afghanes est de sengager résolument dans un processus de réconciliation nationale, parce que cest sans doute là comme ailleurs un des seuls moyens de sen sortir. Il faut que cela repose aussi, tout simplement sur une notion que lon voit figurer dans un certain nombre de documents : la confiance réciproque. Les rencontres concourent à établir et à conforter, petit à petit, ce sentiment de confiance sans lequel on ne peut rien faire.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 novembre 2011
R - Jaurais plutôt tendance à dire : un pas devant lautre et toujours recommencer. Même si les choses peuvent parfois être difficiles, il faut saisir les occasions de rencontres, déchanges qui permettent de lever les difficultés qui peuvent surgir ici ou là. Je pense que la Conférence dIstanbul est un succès parce quelle a permis de réunir autour de la table les pays de la région, un certain nombre dautres pays et de grandes organisations internationales. Tous se sont retrouvés autour de grands principes : le respect territorial, la non-ingérence... Ce nest pas rien.
Q - Ce ne sont, ceci dit, que des rappels de principes de bon voisinage, mais est-ce quil y a une avancée particulière ? Avez-vous senti quil y avait eu un pas en avant, quelque chose de concret et de sérieux, ou pas vraiment ?
R - Si les affaires internationales dans des secteurs particulièrement sensibles pouvaient se résoudre par miracle, comme par enchantement, on le constaterait ici ou là sur la planète depuis longtemps. On nefface pas des difficultés comme cela, au détour dune conférence ou dune rencontre, même avec de la bonne volonté. Il faut du temps ; il faut apprendre à se connaître ; il faut partager une même vision du besoin davoir la stabilité et une organisation institutionnelle qui soit la meilleure possible. Je ne crois pas vraiment, encore une fois, à la politique du grand soir, mais plutôt à la politique du petit jour.
Q - Pensez-vous que lon peut réussir dans cette région et autour de lAfghanistan et de son conflit avec le Pakistan - même sil est larvé - avec la mise en place dune institution du modèle OSCE ?
R - La France en la matière a fait des propositions extrêmement claires et précises ; elles sont sur la table. Nous sommes totalement disponibles pour en discuter avec les acteurs de la région. Certains peuvent y être favorables, dautres un peu moins. Ce qui compte en la matière comme en toute chose, cest dêtre imaginatif et persévérant. Je crois quau fond, ce sont là deux des qualités essentielles de la diplomatie : il ne faut jamais renoncer ; il faut toujours espérer quun jour ou lautre ce qui nétait pas possible hier deviendra possible demain ou après-demain.
Au moment où la transition sopère entre les pays de la coalition vers un appui civil dautant plus conséquent que le nombre de militaires va aller en diminuant, il faut absolument que les dix dernières années qui ont marqué dune manière tout à fait spécifique la vie en Afghanistan soit une occasion saisie et réussie de reconfigurer, avec la bonne volonté des uns et des autres, les relations dans cette région du monde.
Q - Avez-vous senti auprès des principaux États concernés - lAfghanistan avant tout - la volonté, la possibilité de discuter avec les talibans ?
R - Je crois avoir compris il y a déjà un certain temps que les autorités afghanes aujourdhui sont décidées, dans un processus de réconciliation nationale, à discuter avec tout le monde. A partir du moment où lon sengage dans ce type de processus, cela veut dire que lon nexclut personne. Mais il faut que ses propres interlocuteurs eux-mêmes fassent un geste, cest-à-dire renoncent au terrorisme.
Q - Donc là, il ny a pas eu davancée particulière ?
R - Tout cela est un processus global, il ny a pas eu de recul non plus. Quelles que soient les difficultés, la volonté des autorités afghanes est de sengager résolument dans un processus de réconciliation nationale, parce que cest sans doute là comme ailleurs un des seuls moyens de sen sortir. Il faut que cela repose aussi, tout simplement sur une notion que lon voit figurer dans un certain nombre de documents : la confiance réciproque. Les rencontres concourent à établir et à conforter, petit à petit, ce sentiment de confiance sans lequel on ne peut rien faire.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 novembre 2011