Texte intégral
Q - Urgent AFP, 6h42 ce matin, le ministre des Finances grec, Evangélos Vénizelos se dit opposé au référendum sur leuro que souhaite organiser son Premier ministre, le Premier ministre grec George Papandréou ; cette division du gouvernement grec est un élément supplémentaire dans la crise qui vous inquiète Jean Leonetti ?
R - Non, cest sûr que la décision unilatérale grecque a un petit peu surpris tout le monde et quelle pose le problème en termes différents...
Q - Mais la division du gouvernement grec quon constate ce matin ?
R - On na pas à commenter la situation interne au gouvernement grec. Quand la Grèce négocie et quil y a 17 pays européens qui signent un plan de sauvetage de la Grèce, on ne signe pas avec M. Papandréou ou avec son ministre, on signe avec la Grèce. Le chef dÉtat et de gouvernement qui sengage, ne sengage pas à titre personnel, il sengage pour son pays.
Q - Visiblement non.
R - Il ny a quune chose qui peut changer, ce sont les élections. Nous sommes en démocratie, il va y avoir une élection en France, il y aura peut-être un référendum en Grèce. Sil y a un référendum en Grèce cest le peuple grec qui décidera mais ce nest pas le ministre de M. Papandréou qui soppose à M. Papandréou qui définit la position ou qui remet en cause un plan qui a été voté par 17 pays à lunanimité avec quelques difficultés, vous lavez noté, et dans un plan qui a une certaine complexité, vous lavez noté aussi.
Q - Demain soir M. Papandréou va demander la confiance à son parlement, il nest pas certain qui laie, il est possible quil ny ait plus de gouvernement grec demain soir, laccord du 27 octobre était trouvé avec M. Papandréou, sans Papandréou cet accord nexiste plus, son gouvernement est divisé je viens de le dire, est-ce quil faut anticiper, préparer, penser à la sortie de la Grèce de leuro ?
R - Non, comme je lai dit, on na pas signé avec M. Papandréou, on a signé avec le chef du gouvernement grec.
Q - Qui peut sauter demain
R - Sil saute demain et quil y a une nouvelle majorité ou quil y a la même majorité et quil y a des positions différentes, à ce moment-là ils peuvent remettre en cause en tant que chef dÉtat et de gouvernement laccord qui a été donné. Pour autant, il faut anticiper. Ce plan est un pare-feu qui, dune part aménage la gestion de la dette grecque et sauve donc la Grèce et en même temps, empêche la propagation. Plus que jamais, il y a intérêt à accélérer le processus et à faire que ce pare-feu empêche la contamination à lItalie et à dautres pays.
Q - Est-ce que vous voulez dire que, la Grèce est potentiellement sortante de leuro ?
R - Il ne faut pas se faire dillusion, si la Grèce dit quelle ne veut pas du plan, elle naura pas largent prévu. Vous ne pouvez pas avoir la solidarité de 17 pays de la zone euro sans avoir de contraintes, sans avoir de discipline budgétaire.
Sils nacceptent pas la discipline budgétaire et le plan, il ny aura pas de versement daide financière. Je crois que le président de la République la dit assez clairement avec Angela Merkel hier. Le FMI est dans la même disposition. Ça veut dire que sil ny a pas dargent, ce pays va à la faillite. Mais ça sera une décision du peuple grec et nous navons pas à décider à la place du peuple grec. En revanche, ce quil faut bien dire, cest : «vous nêtes pas en train de voter pour ou contre un plan, vous êtes en train de voter pour ou contre le maintien de la Grèce dans la zone euro».
Q - Si la Grèce va à la faillite comme vous dites, cest probable que des banques feront faillite, leuro peut-il survivre au départ de la Grèce ?
R - Oui. Vous savez, le problème de la dette grecque cest quelque chose quon peut surmonter. Léconomie grecque ne représente que 2% du PIB de la zone euro et sa dette ne représente que 4% de la dette de la zone euro.
Par conséquent, on peut les aider, on peut les sauver, mais on ne peut pas sauver non plus les gens malgré eux. Ce nest pas parce que la potion est amère - et tout le monde compatit avec les difficultés rencontrées par peuple grec aujourdhui - quil ne faut pas la prendre parce que le malade est très gravement malade. Donc on peut le sauver, mais cest aux dirigeants et au peuple grec de le décider.
Sils décidaient de sortir de la zone euro ça serait terrible pour eux. Regardez ce qui sest passé en Argentine : un pays qui fait faillite met 20 ans à sen sortir et en plus lArgentine avait la capacité dexporter, ce nest pas forcément le cas de la Grèce. Cela signifierait donc des baisses de salaires majeures pour lensemble du pays et la misère. On ne le souhaite pas.
Q - Mais lEurope survivra, enfin, vous savez, si quelquun nous avait dit il y a six mois, quun pays pourrait quitter la zone euro parce que ce nest plus possible pour lui, on ny aurait pas cru, dailleurs on ne sait même pas comment ça se passera parce que cest très compliqué. Il y a six mois, quun pays sorte de la zone euro, cétait impossible et puis aujourdhui, nous sommes le 3 novembre, on dit, un pays peut sortir de la zone euro, vous croyez que leuro peut survivre à ça ?
R - Je pense que leuro et lEurope peuvent survivre à ça pour les raisons que je viens dévoquer sur le pourcentage dimportance économique de la Grèce. En revanche, ça serait un coût moral énorme bien sûr.
Pour moi qui suis ministre des Affaires européennes, que la Grèce sorte de leuro, ce serait un coût moral et un coup au moral. Mais pour autant sur le plan économique, ce serait possible, pourquoi ? Parce quon a mis en place un fonds monétaire européen, quon la doté et renforcé, on a recapitalisé les banques. Tout ça fait que ça serait grave, bien sûr les banques grecques connaîtraient de graves difficultés, tout comme le peuple grec.
Pour autant vous le savez, lexposition des banques françaises à la dette grecque doit être entre 8 et 10 milliards. 10 milliards cest à peu près le chiffre de recapitalisation des banques françaises pendant le premier semestre.
Q - À propos de leuro, on ne sait plus trop par où prendre la situation.
Il y a lItalie, 1 900 milliards de dette, un gouvernement incapable depuis des mois, ça doit être un souci dinquiétude évidemment. Le Parlement français qui étudie dans lindifférence générale un budget avec 1,75 % de croissance dont tout le monde sait quelle ny sera pas, même le 1 % prévu par le gouvernement qui va entraîner une révision budgétaire, il est très probable que lannée prochain il ny soit pas. Est-ce que le gouvernement français lui-même nest pas dépassé par cette situation de dégradation vertigineuse à laquelle on assiste Jean Leonetti ?
R - Absolument pas, je crois au contraire quil y a un moment où dans ces périodes il faut avoir deux choses : beaucoup de sang froid et beaucoup de réactivité. Le sang froid cest de dire, ce pays, la France, a les potentialités dêtre un des premiers compétiteurs du monde et dêtre aussi un des premiers compétiteurs en Europe. Et de maintenir lEurope avec lAllemagne dans une compétition internationale. Le deuxième cest de dire : on ne va pas continuer à créer de la dette. Donc quand vous voyez que vous avez une dérive et quau lieu de 1,7 % de croissance on va voir 1 %, il faut regarder avec lucidité et courage et dire, «on réajuste». Et on réajuste sur deux volets, un : «je dépense moins» et deux : «oui je prélève plus».
Source http://www.diplomatie.gouv.frf, le 9 novembre 2011
R - Non, cest sûr que la décision unilatérale grecque a un petit peu surpris tout le monde et quelle pose le problème en termes différents...
Q - Mais la division du gouvernement grec quon constate ce matin ?
R - On na pas à commenter la situation interne au gouvernement grec. Quand la Grèce négocie et quil y a 17 pays européens qui signent un plan de sauvetage de la Grèce, on ne signe pas avec M. Papandréou ou avec son ministre, on signe avec la Grèce. Le chef dÉtat et de gouvernement qui sengage, ne sengage pas à titre personnel, il sengage pour son pays.
Q - Visiblement non.
R - Il ny a quune chose qui peut changer, ce sont les élections. Nous sommes en démocratie, il va y avoir une élection en France, il y aura peut-être un référendum en Grèce. Sil y a un référendum en Grèce cest le peuple grec qui décidera mais ce nest pas le ministre de M. Papandréou qui soppose à M. Papandréou qui définit la position ou qui remet en cause un plan qui a été voté par 17 pays à lunanimité avec quelques difficultés, vous lavez noté, et dans un plan qui a une certaine complexité, vous lavez noté aussi.
Q - Demain soir M. Papandréou va demander la confiance à son parlement, il nest pas certain qui laie, il est possible quil ny ait plus de gouvernement grec demain soir, laccord du 27 octobre était trouvé avec M. Papandréou, sans Papandréou cet accord nexiste plus, son gouvernement est divisé je viens de le dire, est-ce quil faut anticiper, préparer, penser à la sortie de la Grèce de leuro ?
R - Non, comme je lai dit, on na pas signé avec M. Papandréou, on a signé avec le chef du gouvernement grec.
Q - Qui peut sauter demain
R - Sil saute demain et quil y a une nouvelle majorité ou quil y a la même majorité et quil y a des positions différentes, à ce moment-là ils peuvent remettre en cause en tant que chef dÉtat et de gouvernement laccord qui a été donné. Pour autant, il faut anticiper. Ce plan est un pare-feu qui, dune part aménage la gestion de la dette grecque et sauve donc la Grèce et en même temps, empêche la propagation. Plus que jamais, il y a intérêt à accélérer le processus et à faire que ce pare-feu empêche la contamination à lItalie et à dautres pays.
Q - Est-ce que vous voulez dire que, la Grèce est potentiellement sortante de leuro ?
R - Il ne faut pas se faire dillusion, si la Grèce dit quelle ne veut pas du plan, elle naura pas largent prévu. Vous ne pouvez pas avoir la solidarité de 17 pays de la zone euro sans avoir de contraintes, sans avoir de discipline budgétaire.
Sils nacceptent pas la discipline budgétaire et le plan, il ny aura pas de versement daide financière. Je crois que le président de la République la dit assez clairement avec Angela Merkel hier. Le FMI est dans la même disposition. Ça veut dire que sil ny a pas dargent, ce pays va à la faillite. Mais ça sera une décision du peuple grec et nous navons pas à décider à la place du peuple grec. En revanche, ce quil faut bien dire, cest : «vous nêtes pas en train de voter pour ou contre un plan, vous êtes en train de voter pour ou contre le maintien de la Grèce dans la zone euro».
Q - Si la Grèce va à la faillite comme vous dites, cest probable que des banques feront faillite, leuro peut-il survivre au départ de la Grèce ?
R - Oui. Vous savez, le problème de la dette grecque cest quelque chose quon peut surmonter. Léconomie grecque ne représente que 2% du PIB de la zone euro et sa dette ne représente que 4% de la dette de la zone euro.
Par conséquent, on peut les aider, on peut les sauver, mais on ne peut pas sauver non plus les gens malgré eux. Ce nest pas parce que la potion est amère - et tout le monde compatit avec les difficultés rencontrées par peuple grec aujourdhui - quil ne faut pas la prendre parce que le malade est très gravement malade. Donc on peut le sauver, mais cest aux dirigeants et au peuple grec de le décider.
Sils décidaient de sortir de la zone euro ça serait terrible pour eux. Regardez ce qui sest passé en Argentine : un pays qui fait faillite met 20 ans à sen sortir et en plus lArgentine avait la capacité dexporter, ce nest pas forcément le cas de la Grèce. Cela signifierait donc des baisses de salaires majeures pour lensemble du pays et la misère. On ne le souhaite pas.
Q - Mais lEurope survivra, enfin, vous savez, si quelquun nous avait dit il y a six mois, quun pays pourrait quitter la zone euro parce que ce nest plus possible pour lui, on ny aurait pas cru, dailleurs on ne sait même pas comment ça se passera parce que cest très compliqué. Il y a six mois, quun pays sorte de la zone euro, cétait impossible et puis aujourdhui, nous sommes le 3 novembre, on dit, un pays peut sortir de la zone euro, vous croyez que leuro peut survivre à ça ?
R - Je pense que leuro et lEurope peuvent survivre à ça pour les raisons que je viens dévoquer sur le pourcentage dimportance économique de la Grèce. En revanche, ça serait un coût moral énorme bien sûr.
Pour moi qui suis ministre des Affaires européennes, que la Grèce sorte de leuro, ce serait un coût moral et un coup au moral. Mais pour autant sur le plan économique, ce serait possible, pourquoi ? Parce quon a mis en place un fonds monétaire européen, quon la doté et renforcé, on a recapitalisé les banques. Tout ça fait que ça serait grave, bien sûr les banques grecques connaîtraient de graves difficultés, tout comme le peuple grec.
Pour autant vous le savez, lexposition des banques françaises à la dette grecque doit être entre 8 et 10 milliards. 10 milliards cest à peu près le chiffre de recapitalisation des banques françaises pendant le premier semestre.
Q - À propos de leuro, on ne sait plus trop par où prendre la situation.
Il y a lItalie, 1 900 milliards de dette, un gouvernement incapable depuis des mois, ça doit être un souci dinquiétude évidemment. Le Parlement français qui étudie dans lindifférence générale un budget avec 1,75 % de croissance dont tout le monde sait quelle ny sera pas, même le 1 % prévu par le gouvernement qui va entraîner une révision budgétaire, il est très probable que lannée prochain il ny soit pas. Est-ce que le gouvernement français lui-même nest pas dépassé par cette situation de dégradation vertigineuse à laquelle on assiste Jean Leonetti ?
R - Absolument pas, je crois au contraire quil y a un moment où dans ces périodes il faut avoir deux choses : beaucoup de sang froid et beaucoup de réactivité. Le sang froid cest de dire, ce pays, la France, a les potentialités dêtre un des premiers compétiteurs du monde et dêtre aussi un des premiers compétiteurs en Europe. Et de maintenir lEurope avec lAllemagne dans une compétition internationale. Le deuxième cest de dire : on ne va pas continuer à créer de la dette. Donc quand vous voyez que vous avez une dérive et quau lieu de 1,7 % de croissance on va voir 1 %, il faut regarder avec lucidité et courage et dire, «on réajuste». Et on réajuste sur deux volets, un : «je dépense moins» et deux : «oui je prélève plus».
Source http://www.diplomatie.gouv.frf, le 9 novembre 2011