Texte intégral
Q - Jean Leonetti, Vous nous avez dit par le passé : «La Grèce doit rester dans leuro, il nest pas question quelle fasse défaut». Peu de temps après on a entendu Angela Merkel et puis vous-même dire : «Bon, si la Grèce veut sortir de la zone euro, au fond, ce nest pas grave». Savez-vous ce qui va se produire en Europe dans les mois qui viennent ?
R - Cest très difficile de le savoir, mais ce sur quoi jai une idée....
Q - Eh bien, cest clair.
R - ... cest ce qui va se passer en Grèce. La Grèce étant une démocratie ce sont les Grecs et leurs dirigeants qui vont devoir prendre des décisions. Mais sur le plan européen, lEurope a toujours dit quelle ne souhaitait pas que la Grèce quitte la zone euro, quelle ne la laisserait pas livrée à elle-même et que par conséquent elle allait lui apporter une aide mais quen contrepartie de celle-ci elle lui demandait un peu de rigueur budgétaire.
Il convient donc de trouver un équilibre entre droits et devoirs, entre obligation dun budget resserré et un budget de solidarité. Je reste sur la même position et continue à dire que la Grèce ne sortira pas de leuro et ne sortira pas de lEurope.
Q - Navez-vous pas parfois limpression de naviguer à vue sur la crise européenne ?
R - Pas du tout. Quand les Grecs nous disent quils vont organiser un référendum, je ne peux en ma qualité de ministre français des Affaires européennes que dire que nous respecterons leur décision. Cela me parait être respectueux de la démocratie et des États nations qui composent lEurope.
Q - La crise politique semble se terminer en Grèce, un gouvernement dUnion nationale, sans George Papandréou, cela est-il une bonne nouvelle ?
R - Il ne mappartient pas de dire si M. Papandréou doit quitter le jeu politique grec ou pas.
Q - Mais son départ est-il une bonne nouvelle ?
R - Le président...
Q - Puisquil est sorti du jeu.
R - Le Président de la République a appelé les Grecs à la responsabilité, et il a même appelé la majorité et lopposition à former une Union nationale, compte tenu de la situation dans laquelle se trouve la Grèce.
Il y a désormais une Union nationale. Il me semble que si M. Papandréou sefface, comme il en a lintention cest un très beau geste de responsabilités de manière à faire lunion et à permettre à la Grèce de demeurer dans leuro et dans lEurope.
M. Zapatero a eu aussi un véritable courage politique. Dans ces moments là, je trouve que la politique retrouve ses lettres de noblesse.
Q - Il a le sens du sacrifice, vous dites ce matin, il réussit sa sortie ?
R - Oui, je pense que si, si le prix à payer pour que la Grèce retrouve une unité, que le peuple grec qui souffre, se trouve dans une situation où on lui donne une perspective et où la solidarité de lEurope, qui na jamais failli, continue à exister, alors, cest un beau geste.
Q - Est-ce que vous dites ce matin : «Le problème grec est réglé, passons à lItalie» ?
R - Non, le problème grec nest pas réglé, les problèmes de lEurope ne sont pas réglés, on voit bien que lon est dans une situation où on a créé une monnaie unique, qui est leuro, et on navait pas fait la gouvernance économique de la zone euro. Eh bien il faut passer à létape supplémentaire. Cette étape supplémentaire, ça veut dire que le gouvernement économique européen, quappelle le président de la République de ses vux, est enfin mis en place.
Q - Dans combien de temps ? Vous avez une petite idée du calendrier ? Parce que ça cest une «vieille lune», ça sappelle comme ça ! Ça fait des années quon dit : «Il faut un gouvernement économique européen»...
R - Vous savez, les utopies, elles flottent pendant longtemps et puis un jour elles arrivent.
Q - ... «Il faut de la régulation».
R - La taxe...
Q - Est-ce que vous avez une idée du calendrier ? Cest une question sérieuse.
R - Ah, je pense que dans les semaines qui viennent, ce gouvernement pourra être en place. Dès linstant où maintenant on a fait une architecture, on sauve la Grèce, on recapitalise les banques, on augmente le Fonds européen de stabilité financière, la troisième ou quatrième étape, cest la mise en place effective dun gouvernement économique européen.
Q - En tant que ministre chargé des Affaires européennes, comment est-ce que vous avez vécu le pied de nez, on va dire, des pays émergents, qui vous ont dit : «Vous êtes gentil, débrouillez-vous avec votre zone euro, on na pas un yuan, par exemple, pour les Chinois, à mettre dans le sauvetage de la zone euro» ?
R - Je ne lai pas ressenti comme cela.
Q - Ah ?
R - Jai plutôt senti que, de ce G20, il sortait une idée, très humaniste dailleurs : tout le monde a besoin de tout le monde et la Chine a besoin dune zone euro stable, et donc si la Chine a besoin dune zone euro stable, on devient...
Q - Mais «débrouillez-vous quand même», vous lavez entendu, ça, ou pas ?
R - Pas franchement «débrouillez-vous quand même», puisque les Chinois ont accepté que le yuan rentre dans un processus dintégration dans une parité monétaire, et en même temps, il est bien compris que dès linstant où la zone euro serait stabilisée, les pays émergents viendraient y contribuer. Donc, ne croyons pas quil y a la Chine puissante qui impose sa volonté à la zone euro. La zone euro, cest la zone la plus forte sur le plan économique, et leuro cest la monnaie la plus forte du monde.
Q - Mais pour linstant, ils nont pas versé un yuan. Cétait ça la question.
R - Oui, mais, aujourdhui, comment voulez-vous quils versent un yuan, alors que le Fonds européen de stabilité financière dans sa nouvelle formule nest pas encore définitivement en place?
Q - Daccord.
R - Il faut quand même quil y ait une caisse pour quon puisse mettre dans la caisse.
( )
Q - Lactu aujourdhui, cest aussi le budget et les déficits, bien entendu. Oui, alors, on ne sest pas trompé, on sait que vous nêtes pas ministre du Budget, on ne va pas vous demander de faire les annonces avant le...
R - Même si jétais ministre du Budget, je ne dirais rien. Mais la première des choses, cest de faire comprendre aux Français, et je crois quils lont déjà compris, que cet effort est nécessaire. Endetter un pays cest faire payer les générations futures. Le deuxième élément, cest : comment ? Cest ça la question que vous me posez. Deux principes doivent guider notre action : équilibre et équité.
Si on ne faisait quaugmenter les impôts, on dirait : «écoutez, franchement, vous ne pourriez pas faire un petit effort pour dépenser moins?». Eh bien là il y a un équilibre qui va se mettre en place entre : «Je dépense moins» et, en même temps, «jai des recettes supplémentaires».
Le deuxième point, cest léquité, pour que lon accepte de contribuer, tous, à un effort commun, il faut quil y ait le sentiment que leffort est justement réparti. Et je vous ferai remarquer que dans le précédent plan présenté par François Fillon, il y avait 87 % des mesures qui concernaient le grand capital, les personnes les plus favorisées et le patrimoine.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 novembre 2011
R - Cest très difficile de le savoir, mais ce sur quoi jai une idée....
Q - Eh bien, cest clair.
R - ... cest ce qui va se passer en Grèce. La Grèce étant une démocratie ce sont les Grecs et leurs dirigeants qui vont devoir prendre des décisions. Mais sur le plan européen, lEurope a toujours dit quelle ne souhaitait pas que la Grèce quitte la zone euro, quelle ne la laisserait pas livrée à elle-même et que par conséquent elle allait lui apporter une aide mais quen contrepartie de celle-ci elle lui demandait un peu de rigueur budgétaire.
Il convient donc de trouver un équilibre entre droits et devoirs, entre obligation dun budget resserré et un budget de solidarité. Je reste sur la même position et continue à dire que la Grèce ne sortira pas de leuro et ne sortira pas de lEurope.
Q - Navez-vous pas parfois limpression de naviguer à vue sur la crise européenne ?
R - Pas du tout. Quand les Grecs nous disent quils vont organiser un référendum, je ne peux en ma qualité de ministre français des Affaires européennes que dire que nous respecterons leur décision. Cela me parait être respectueux de la démocratie et des États nations qui composent lEurope.
Q - La crise politique semble se terminer en Grèce, un gouvernement dUnion nationale, sans George Papandréou, cela est-il une bonne nouvelle ?
R - Il ne mappartient pas de dire si M. Papandréou doit quitter le jeu politique grec ou pas.
Q - Mais son départ est-il une bonne nouvelle ?
R - Le président...
Q - Puisquil est sorti du jeu.
R - Le Président de la République a appelé les Grecs à la responsabilité, et il a même appelé la majorité et lopposition à former une Union nationale, compte tenu de la situation dans laquelle se trouve la Grèce.
Il y a désormais une Union nationale. Il me semble que si M. Papandréou sefface, comme il en a lintention cest un très beau geste de responsabilités de manière à faire lunion et à permettre à la Grèce de demeurer dans leuro et dans lEurope.
M. Zapatero a eu aussi un véritable courage politique. Dans ces moments là, je trouve que la politique retrouve ses lettres de noblesse.
Q - Il a le sens du sacrifice, vous dites ce matin, il réussit sa sortie ?
R - Oui, je pense que si, si le prix à payer pour que la Grèce retrouve une unité, que le peuple grec qui souffre, se trouve dans une situation où on lui donne une perspective et où la solidarité de lEurope, qui na jamais failli, continue à exister, alors, cest un beau geste.
Q - Est-ce que vous dites ce matin : «Le problème grec est réglé, passons à lItalie» ?
R - Non, le problème grec nest pas réglé, les problèmes de lEurope ne sont pas réglés, on voit bien que lon est dans une situation où on a créé une monnaie unique, qui est leuro, et on navait pas fait la gouvernance économique de la zone euro. Eh bien il faut passer à létape supplémentaire. Cette étape supplémentaire, ça veut dire que le gouvernement économique européen, quappelle le président de la République de ses vux, est enfin mis en place.
Q - Dans combien de temps ? Vous avez une petite idée du calendrier ? Parce que ça cest une «vieille lune», ça sappelle comme ça ! Ça fait des années quon dit : «Il faut un gouvernement économique européen»...
R - Vous savez, les utopies, elles flottent pendant longtemps et puis un jour elles arrivent.
Q - ... «Il faut de la régulation».
R - La taxe...
Q - Est-ce que vous avez une idée du calendrier ? Cest une question sérieuse.
R - Ah, je pense que dans les semaines qui viennent, ce gouvernement pourra être en place. Dès linstant où maintenant on a fait une architecture, on sauve la Grèce, on recapitalise les banques, on augmente le Fonds européen de stabilité financière, la troisième ou quatrième étape, cest la mise en place effective dun gouvernement économique européen.
Q - En tant que ministre chargé des Affaires européennes, comment est-ce que vous avez vécu le pied de nez, on va dire, des pays émergents, qui vous ont dit : «Vous êtes gentil, débrouillez-vous avec votre zone euro, on na pas un yuan, par exemple, pour les Chinois, à mettre dans le sauvetage de la zone euro» ?
R - Je ne lai pas ressenti comme cela.
Q - Ah ?
R - Jai plutôt senti que, de ce G20, il sortait une idée, très humaniste dailleurs : tout le monde a besoin de tout le monde et la Chine a besoin dune zone euro stable, et donc si la Chine a besoin dune zone euro stable, on devient...
Q - Mais «débrouillez-vous quand même», vous lavez entendu, ça, ou pas ?
R - Pas franchement «débrouillez-vous quand même», puisque les Chinois ont accepté que le yuan rentre dans un processus dintégration dans une parité monétaire, et en même temps, il est bien compris que dès linstant où la zone euro serait stabilisée, les pays émergents viendraient y contribuer. Donc, ne croyons pas quil y a la Chine puissante qui impose sa volonté à la zone euro. La zone euro, cest la zone la plus forte sur le plan économique, et leuro cest la monnaie la plus forte du monde.
Q - Mais pour linstant, ils nont pas versé un yuan. Cétait ça la question.
R - Oui, mais, aujourdhui, comment voulez-vous quils versent un yuan, alors que le Fonds européen de stabilité financière dans sa nouvelle formule nest pas encore définitivement en place?
Q - Daccord.
R - Il faut quand même quil y ait une caisse pour quon puisse mettre dans la caisse.
( )
Q - Lactu aujourdhui, cest aussi le budget et les déficits, bien entendu. Oui, alors, on ne sest pas trompé, on sait que vous nêtes pas ministre du Budget, on ne va pas vous demander de faire les annonces avant le...
R - Même si jétais ministre du Budget, je ne dirais rien. Mais la première des choses, cest de faire comprendre aux Français, et je crois quils lont déjà compris, que cet effort est nécessaire. Endetter un pays cest faire payer les générations futures. Le deuxième élément, cest : comment ? Cest ça la question que vous me posez. Deux principes doivent guider notre action : équilibre et équité.
Si on ne faisait quaugmenter les impôts, on dirait : «écoutez, franchement, vous ne pourriez pas faire un petit effort pour dépenser moins?». Eh bien là il y a un équilibre qui va se mettre en place entre : «Je dépense moins» et, en même temps, «jai des recettes supplémentaires».
Le deuxième point, cest léquité, pour que lon accepte de contribuer, tous, à un effort commun, il faut quil y ait le sentiment que leffort est justement réparti. Et je vous ferai remarquer que dans le précédent plan présenté par François Fillon, il y avait 87 % des mesures qui concernaient le grand capital, les personnes les plus favorisées et le patrimoine.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 novembre 2011