Déclaration de M. Alain Juppé, ministre des affaires étrangères et européennes, sur la coopération culturelle entre la France et l'Afrique du Sud, Johannesburg le 10 novembre 2011.

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  • Alain Juppé - Ministre des affaires étrangères et européennes

Circonstance : Inauguration des nouveaux locaux de l'Institut français d'Afrique du Sud à Johannesburg le 10 novembre 2011

Texte intégral

Messieurs les Ministres,
Monsieur le Maire,
Messieurs les Ambassadeurs,
Cher Johnny Clegg,
Mesdames, Messieurs,

Il y a 16 ans, un an après ma rencontre avec Nelson Mandela, cette rencontre inoubliable, à la veille des élections qui allaient le porter au pouvoir et mettre définitivement fin aux années sombres de l'apartheid, l'Institut Français était fondé pour permettre à la France d'apporter son soutien à la construction de la nouvelle Afrique du Sud.
Il y a 16 ans, fidèle à ses valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité, convaincue de la nécessité d'un dialogue des cultures, la France était fière de répondre à l'appel de cet homme hors du commun pour l'aider à «bâtir une nation arc-en-ciel, en paix avec elle-même et avec le monde». Elle marquait ainsi son amitié pour ce pays, son respect pour la magnifique leçon d'humanité qu'il venait de donner au monde et sa volonté d'être à ses côtés pour l'accompagner sur la voie courageuse qu'il avait choisie : la voie de la réconciliation, de la justice et de l'espoir.
Aujourd'hui, avec les 14 Alliances françaises qui contribuent au rayonnement de la langue et de la culture françaises en terre sud-africaine, l'Institut Français d'Afrique du Sud fait vivre la relation culturelle et scientifique entre nos deux pays. Il fait œoeuvre de passeur.
Il fait œoeuvre de passeur quand, de cafés littéraires en concerts, de spectacles en expositions, de projections en lectures, il invite la culture française et francophone en Afrique du Sud.
Il fait œoeuvre de passeur quand il contribue à la valorisation de la création sud-africaine sur la scène internationale. Je voudrais saluer la présence parmi nous aujourd'hui de M. Johnny Clegg, qui a depuis longtemps conquis le cœur des Français, et de M. Nelson Lubumba Makeba Lee et Mme Zenzi Makeba Lee, les petits-enfants d'une autre gloire mondiale de la chanson, Myriam Makeba, ancienne citoyenne d'honneur française : ils incarnent la force des liens d'amitié qui unissent nos deux pays, entre nos deux cultures, entre nos deux peuples.
Il fait oeœuvre de passeur quand il participe au renforcement des échanges culturels entre nos deux pays par le biais de résidences croisées d'artistes.
Il fait oeœuvre de passeur, enfin, quand il favorise les liens entre chercheurs africains et européens pour faire progresser la recherche sur le thème de la reconstruction des espaces et des identités. C'est un enjeu majeur dans un pays où la cohésion se construit chaque jour et où le vivre ensemble est un défi quotidien.
Cette coopération culturelle dense et fructueuse, nous voulons lui donner un nouvel élan.
J'en veux pour preuve le choix de sa nouvelle implantation, ici, à Braamfontein, dans un quartier en pleine mutation, au coeœur d'un centre-ville qui trouve aujourd'hui un nouvel essor et aux abords de la grande Université de Wits, dont je salue les représentants. La culture française veut être présente là où vibre l'Afrique du Sud qui se transforme et se modernise.
J'en veux aussi pour preuve la décision de l'Institut de se porter acquéreur de ses nouveaux locaux après des décennies de location, ainsi que le projet architectural moderne que nous inaugurons aujourd'hui. Il est le fruit d'une collaboration fructueuse entre la talentueuse équipe bordelaise de Christophe Hutin, représentée ici par Nicolas Hubrecht, et le cabinet sud-africain du Cap Carine Smuts, CS studio. Je tiens à rendre hommage à cette rénovation exemplaire : elle restitue la simplicité des matériaux bruts dans un esprit de responsabilité économique et écologique, mais aussi dans un souci d'ouverture, comme en témoigne cette vue magnifique sur le centre-ville et sur le pont Nelson Mandela, d'ailleurs éclairé par un artiste français, Patrick Rimoux.
J'en veux surtout pour preuve notre volonté d'inscrire notre coopération culturelle et scientifique dans une vision de long terme.
C'est tout le sens de la «saison croisée» souhaitée par le président Jacob Zuma et par le président Nicolas Sarkozy. La saison française en Afrique du Sud se tiendra en 2012 et la saison sud-africaine en France en 2013. Elles donneront lieu à de nombreux événements, culturels, commerciaux, scientifiques, touristiques ou sportifs, en région et dans nos grandes villes.
Ici, en Afrique du Sud, la saison française s'appuiera sur les grandes manifestations à forte visibilité, comme le National Arts Festival de Grahamstown, la Johannesburg Art Fair, le Durban International Film Festival ou la Food Wine and Design Fair. Elle s'appuiera également sur la South African National Gallery du Cap, la Sandard Bank Gallery de Johannesburg, le State Theater de Pretoria et le Jabulani Theater. Côté français, notre nouvel opérateur, l'Institut Français, est pleinement mobilisé, sous la conduite de Xavier Darcos et avec l'aide de Luc Oursel, président d'Areva, qui a accepté de prendre la présidence du comité des mécènes.
Cette saison croisée n'est pas une opération de prestige. Elle est le fruit d'une volonté politique, d'une stratégie pour l'avenir.
Pour l'Afrique du Sud, c'est l'opportunité de démontrer que l'image traditionnelle que nous avons de ce pays appartient au passé ; l'opportunité de prouver que malgré la violence, malgré les difficultés, elle est aujourd'hui un État démocratique moderne et dynamique, qui compte dans les équilibres du monde.
Pour la France, c'est l'occasion de faire découvrir au public sud-africain sa langue et sa culture, dans toute leur modernité, leur créativité et leur diversité ; l'occasion aussi de montrer aux décideurs et aux étudiants que notre pays est pour eux un partenaire attractif, fiable et engagé - grâce à ces nouveaux locaux, et notamment à cette belle salle de conférence, capable d'accueillir des manifestations culturelles variées, vous disposez de tous les atouts pour relever ce défi, ici, à Johannesburg.

Mesdames, Messieurs,
Le 10 mai 1994, lors de son investiture, le président Mandela s'adressait ainsi aux représentants de la communauté internationale venus assister à la naissance de la nouvelle Afrique du Sud : « Nous espérons que vous continuerez à vous tenir à vos côtés quand nous relèverons le défis de bâtir la paix, la prospérité, la démocratie «.
Aujourd'hui plus que jamais, l'Institut Français d'Afrique du Sud traduit la fidélité de la France et son amitié pour le peuple sud-africain. Je sais pouvoir compter sur vous tous pour faire vivre ces liens et écrire dans les années qui viennent des pages ambitieuses et profondes de l'histoire de la relation entre nos deux pays.
Je vous remercie.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 novembre 2011