Déclaration de M. David Douillet, ministre des sports, sur la place du sport dans l'entreprise, Clermont-Ferrand le 4 novembre 2011

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Circonstance : Convention internationale "Sport et Entreprise" à Clermont-Ferrand le 4 novembre 2011

Texte intégral

Je suis très heureux d'être parmi vous pour cette première convention internationale Sport et Entreprise.
Je voudrais tout d'abord remercier le groupe MICHELIN qui est à l'initiative de cette rencontre, la première du genre, et remercier aussi mon ami Eric GRAB, qui a beaucoup fait pour que je sois ici aujourd'hui.
MICHELIN, c'est une histoire familiale. Un exemple industriel. C'est aussi, on le sait moins, une aventure sportive.
Une aventure lancée par Marcel MICHELIN, dont le nom reste désormais attaché au stade de rugby clermontois. Il faut savoir que le rugby est arrivé en France entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe. Clermont-Ferrand a donc été précurseur en la matière.
Une aventure qui s'est incarnée dans l'Association Sportive Montferrandaise dont nous fêtons cette année les 100 ans.
Une aventure qui a su évoluer avec l'arrivée de nouvelles disciplines au sein de l'ASM, comme l'athlétisme, la boxe ou le judo. Avec aussi des projets d'entreprise innovants pour améliorer la forme et le bien-être des salariés.
MICHELIN a une histoire très particulière avec le sport. C'est l'une des premières entreprises à s'être préoccupée de la pratique sportive de ses salariés. Elle fait figure d'exemple, mais aussi d'exception. Il faut que davantage d'entreprises s'engagent, c'est évident.
Aujourd'hui, on voit bien que les gens organisent de plus en plus leur vie depuis leur lieu de travail. La raison est simple. Il est souvent plus facile de dégager une heure dans la journée pour faire du sport que le soir, après les transports, les courses, le bain des enfants…
Nous devons nous adapter à cette évolution de la société.
Le modèle du sport en entreprise a longtemps été le sport corporatif et les fédérations du sport en entreprise. Ce modèle a porté ses fruits. Je tiens d'ailleurs à remercier Didier BESSEYRE, le président de la Fédération Française du Sport en Entreprise, qui réfléchit avec nous à ces évolutions de la pratique sportive. Cependant, ces fédérations ne peuvent être le seul modèle, parce que les attentes et les modes de vie ont changé. Les actifs recherchent une pratique tournée vers le bien-être avec des horaires souples, une facilité d'accès, une diversité de pratique.
Nous avons donc décidé de lancer une campagne de sensibilisation sur le sport en entreprise. Elle mobilisera l'Etat, le CNOSF, des syndicats patronaux et de salariés et la Fédération Française du Sport en Entreprise. J'en profite d'ailleurs pour remercier Denis MASSEGLIA, président du CNOSF, et Philippe JOFFARD, président du comité sport du MEDEF, pour leur implication sur ces sujets.
Au plus tard début décembre, nous allons diffuser des questionnaires à des entreprises volontaires et à leurs salariés. Cela nous permettra de mieux cerner les motivations et les attentes. Cela permettra aussi de sensibiliser l'ensemble du monde économique à l'intérêt de la pratique sportive.
Le comité sport du MEDEF réfléchit de son côté à un autre sujet important : la mise en place d'un ticket sport.
J'y souscris totalement. J'en avais d'ailleurs moi-même lancé l'idée en 2009. En réalité, vous avez des entreprises qui sont suffisamment grandes pour développer leur propre offre de sport. Et d'autres, plus petites, qui ont besoin d'autres solutions. C'est tout le sens des tickets sport auxquels nous réfléchissons.
Tout n'est pas finalisé. Mais l'important, ce ne sont pas les effets d'annonce. C'est l'action concrète sur le long terme. Aujourd'hui, on lance une collaboration pérenne avec le monde de l'entreprise. On aura gagné quand toutes les entreprises – les grandes mais aussi les PME – auront compris tout ce que le sport peut leur apporter.
Il faut que le monde du sport s'enrichisse de la culture de l'entreprise et que l'entreprise s'enrichisse de la culture sport.
Le Président de la République croit en l'entreprise, en ses valeurs, en sa capacité à construire l'avenir. C'est pour cela qu'il a réformé la taxe professionnelle, ce que personne n'avait osé faire avant lui, dégageant ainsi 6 milliards d'euros, qui, en dehors des dizaines milliers d'emplois sauvegardés, permettent d'accroître la compétitivité des entreprises. C'est pour cela qu'il a lancé un grand emprunt de 35 milliards, dont 20 milliards auront déjà été engagés d'ici la fin de l'année.
Le monde du sport doit s'inspirer de l'expertise et de la culture de l'entreprise notamment en matière de management et d'encadrement. Je pense que beaucoup des crises que nous avons connues dans le sport, et notamment les sports collectifs, sont liées à un déficit de management.
Le monde de l'entreprise a aussi beaucoup à apprendre du monde sportif.
Le sport peut redonner une dimension humaine à l'entreprise. On sait à quel point la multiplication des process et la logique financière peuvent devenir déshumanisants.
Le sport apprend l'esprit d'équipe, l'échange, le partage, la réussite, l'objectif en commun, mais aussi l'accomplissement individuel. A l'entraînement, quand votre partenaire ne donne pas le meilleur de lui-même, vous êtes pénalisé.
Le sport peut apporter de l'émotion, de l'énergie et de l'innovation. Il casse les barrières hiérarchiques et permet d'oser. Je pense d'ailleurs qu'il est intéressant pour les entreprises que leurs salariés portent des projets sportifs. Regardez le succès d'Hello innovate au sein du groupe MICHELIN.
Enfin, le sport apprend aussi la remise en question et l'autocritique. Il apprend à analyser aussi bien les succès que les échecs. C'est facile d'analyser ses échecs, mais souvent on ne pense pas à analyser les victoires, alors qu'on ne réussit jamais complètement.
J'ai parlé de culture sport, mais je suis persuadé que les sportifs de haut niveau peuvent également être de vrais atouts pour l'entreprise.
Aujourd'hui, nous avons un système de conventions entre le ministère des sports et des entreprises qui permet de donner un travail aux sportifs de haut niveau. Le dispositif fonctionne bien, mais on pourrait aller beaucoup plus loin. Un peu moins de 800 sportifs bénéficient de ces conventions, alors que la France compte plus de 7 000 sportifs de haut niveau.
C'est dommage, car nos sportifs de haut-niveau ont beaucoup à apporter à nos entreprises. Ils n'ont pas peur de travailler. Ils ont le goût de l'excellence. Ils savent se fixer des objectifs et les atteindre. Je veux qu'on trouve le moyen d'intéresser davantage d'entreprises. Y compris des PME.
De l'autre côté, il faut mieux préparer nos sportifs à intégrer une entreprise. Il faut qu'ils apprennent les codes de l'entreprise que souvent ils maîtrisent mal. Et surtout il y a la motivation. Lorsqu'un sportif arrête sa carrière, du jour au lendemain, il laisse de côté une vie de passion. Du jour au lendemain, il doit s'adapter à un nouveau rythme. D'une certaine manière, on a des sprinters qui doivent apprendre à faire un marathon.
Enfin, je voudrais qu'on mobilise davantage d'entreprises autour des candidatures sportives. Les entreprises se retrouvent pleinement dans les valeurs du sport. Mais peu s'engagent. On a eu des partenaires formidables pour la candidature d'Annecy. Mais ils n'ont été sollicités qu'au moment de la candidature alors qu'ils pourraient apporter énormément à la réflexion stratégique. Ce qui est sûr, c'est que nous avons besoin des forces de tout le monde pour attirer chez nous les plus grands événements sportifs. Et nous devons aussi aider nos entreprises à être présentes dans toutes les grandes compétitions à l'international.
Ce que je veux, c'est créer un groupe d'entreprises qui permette de créer des passerelles. Nous avons de formidables entreprises. Michelin en est un exemple. Le sport ne les utilise pas et les entreprises n'utilisent pas non plus le monde du sport. Si je veux créer ce groupe, ce n'est pas pour demander de l'argent aux entreprises, c'est pour que ces deux mondes arrivent à se connaître. Nous allons travailler ensemble et avancer sur tous les sujets que nous avons évoqués.
Je crois que, collectivement, nous pourrons mener de grands et beaux projets. Des projets porteurs de valeurs. Les valeurs du sport, ce sont celles de notre République, ce sont aussi celles de nos entreprises.
Soyez assurés que le Président de la République, qui est un grand amateur de sport et qui croit plus que tout autre responsable à la création de richesse par les entreprises, partage ce grand dessein.
Je vous remercie.Source http://www.sports.gouv.fr, le 10 novembre 2011