Allocution de M. Jacques Chirac, Président de la République, sur la professionnalisation des armées, la qualité des militaires et de leurs équipements et les capacités d'intervention à l'étranger, notamment pour l'évacuation des civils français et étrangers à Brazzaville, Fréjus le 30 septembre 1997.

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Circonstance : Exercice interarmées "Fanfar 97" du 26 septembre au 12 octobre 1997 en Méditerranée et dans le Midi-visite de M. Chirac à Fréjus le 30 septembre

Texte intégral

Je voudrais remercier ceux qui nous accompagnent et qui, sous limpulsion de lAmiral, ont organisé cette présentation. Je sais quil sagit dune présentation normale : nous navons pas fait quelque chose de particulier, nous nous sommes insérés dans un exercice qui se déroulait et qui avait pour mérite de montrer la capacité des différentes unités et des différentes armées à travailler, articulées les unes avec les autres et dans le cadre dune mission moderne.
Je nai pas la prétention, naturellement, de vous donner des conseils ou même des appréciations, dans le domaine qui est le vôtre. Je voudrais tout de même dire que jai été très impressionné par ce que jai vu aujourdhui et par ce que lon ma dit de ce qui allait se dérouler demain. Je trouve que de ce que jai vu se dégage une forte impression defficacité et de modernité.
On a le sentiment que nous sommes dans un temps où, certes la guerre est toujours hélas possible, les hommes étant ce quils sont, mais la guerre telle quon la connue, aujourdhui, est une perspective, je dirais, peu probable, en tous les cas dans le moyen terme, mais quen revanche les crises susceptibles dapparaître , de se développer un peu partout dans le monde, samplifient et peuvent être de nature, évidemment, à mettre en cause dune façon ou dune autre nos intérêts et à exiger de notre part une capacité dintervention ou de réaction. Ces crises ont leurs formes modernes, différentes de celles que lon a connues dans le passé, et elles doivent donc être gérées de façon moderne.
En voyant ce que jai vu aujourdhui, jai mieux compris lappréciation portée sur nos capacités dintervention par un certain nombre détrangers. Jai mieux compris pourquoi le Général Douin, de temps en temps, dit que dans bien des domaines larmée française, qui nest pas naturellement la plus importante du monde, est dans un certain nombre de missions, de domaines, probablement la meilleure. Je le dis sans complexe. Elle nest pas la meilleure dans tous les domaines probablement, mais dans un certain nombre de domaines modernes dintervention. Javais été frappé par les échos qui métaient revenus, récemment, après notre intervention dévacuation à Brazzaville. Javais été frappé par la chaleur des remerciements qui mavaient été adressés, , oralement ou par écrit, par un certain nombre de chefs dEtat et de Gouvernement, à commencer par le Président des États-Unis qui mavait dit « vous êtes les seuls à savoir faire ça ». Naturellement javais pris cela tout à fait au pied de la lettre, mais en voyant ce que jai vu aujourdhui, je me suis aperçu que cétait vrai, et quil y avait des raisons à cela : jai été très impressionné par tout ce que jai vu à la fois en mer, dans le ciel et sur terre. Mais, je men souviendrai, le centre dévacuation qui nexistait pas il y a encore peu de temps et qui ne fait pas partie des missions traditionnelles, a réussi à être, sans aucun doute, au premier rang de la qualité pour les missions de ce type dans le monde.
Et cela, cest quelque chose qui donne une belle image de la France à lextérieur, parce que des gens qui sont dans une situation dramatique et qui voient tout dun coup dautres les en sortir, sils râlent toujours peut-être un peu sur le coup en raison des traumatismes quils ont subis, physiques ou psychologiques, sont ensuite très impressionnés quand ils ont été sauvés.
De la même façon, je suis très impressionné de lévolution en quelques années, notamment depuis la guerre du Golfe, des services médicaux et des antennes de soins, qui sont également tout à fait à lhonneur de notre pays.
Jai été heureux de voir de beaux bateaux, Amiral. Vous regrettiez de ne pas en avoir assez. Vous avez raison. Mais ceux que vous avez sont de qualité et jai été aussi très impressionné par la qualité de ceux qui les servent. Jen dirai autant, naturellement, pour remercier les aviateurs de la superbe prestation quils ont faite, et cela va de soi, de larmée de terre qui sest magnifiquement comportée dans cet exercice.
Aujourdhui, nous avons une armée qui est, je pense, très sophistiquée, très professionnelle. Nous avons encore un certain nombre dappelés du contingent, et ces appelés sont des gens qui ont fait des choses formidables dans le passé, qui continuent à en faire, mais la vocation de notre armée, si elle veut être vraiment efficace, cest dêtre une armée professionnelle, et dans quelques années, elle le sera.
Le Ministre me faisait remarquer à midi quune armée professionnelle, cela coûtait probablement plus cher, ce qui est évident, mais un grand pays doit avoir une grande armée et une grande armée, aujourdhui, cest une armée professionnelle. Donc, je me réjouis de lesprit avec lequel les militaires français ont pris cette grande réforme, qui est tout de même perturbante, et je crois que les militaires sont le seul grand corps de lEtat qui aura été capable daccepter un tel traumatisme, une telle réforme de cette ampleur sans protester, loeil tourné vers lavenir et non pas vers le passé comme cest, trop souvent, notre mauvais habitude.
Alors, je voudrais féliciter, Monsieur le Ministre, Messieurs les officiers généraux, en votre nom et au nom du Gouvernement, comme en mon nom, toutes celles et tous ceux, qui ici, ont démontré une fois de plus, à loccasion des exercices qui vont se poursuivre pendant une semaine, leur professionnalisme , de la qualité et limage quils donnent de larmée française et des services quils sont appelés à rendre à notre pays. De tout coeur, je vous dis merci.