Texte intégral
Je reviens très rapidement sur les éléments de laccord du 27 octobre.
Nous avons formulé une réponse à la crise que traversent les pays de la zone euro en ce moment, et cette réponse est crédible.
Plusieurs éléments se détachent particulièrement, que jaimerais évoquer avec vous ce matin :
Un premier point de laccord a porté sur limplication volontaire du secteur privé dans leffacement de la dette grecque à hauteur de 50 %. Par ailleurs, le nouveau plan daide à la Grèce est non plus de 109 mais de 130 milliards deuros.
Le deuxième point résulte du Conseil européen à vingt-sept et pas seulement de lEurogroupe : il concerne la recapitalisation du secteur bancaire. Nous nous sommes entendus sur le renforcement des fonds propres des banques européennes à hauteur de 9 % dici à juin 2012. Cela représente 8,8 milliards deuros pour les banques françaises qui nont pas besoin, pour cela, de guichet public. Elles renforcent leurs fonds propres à partir de leurs résultats ou en faisant appel au marché, plus sûrement à partir de leurs résultats, puisquelles ont annoncé 11 milliards deuros de bénéfices au premier semestre.
Le troisième pilier, cest le fonds européen de stabilité financière, le FESF. Les mécanismes que nous avons envisagés ont pour objectif de démultiplier les moyens dintervention du Fonds, sans contribution additionnelle des États membres de la zone euro, pour une capacité de financement denviron 1 000 milliards deuros.
Deux mécanismes distincts seront présentés aux investisseurs souverains comme privés. Je précise que ces deux mécanismes peuvent être envisagés individuellement ou de manière complémentaire :
- le premier pourrait prendre la forme dune assurance partielle sur la dette de certains États membres ; les investisseurs se verraient ainsi reconnaître une décote qui rendrait lemprunt attractif. Le niveau de la décote - plus attractif sil est élevé mais, dans ce cas, avec un moindre effet de levier - reste à définir, comme les autres modalités techniques de ce mécanisme. La mission en a été confiée à M. Klaus Regling, directeur général du Fonds.
- Le second devrait conduire à la création, à lintérieur du Fonds, dun véhicule spécial accueillant des participations privées et des participations souveraines. Ici encore, il revient à M. Regling de rechercher les partenaires privés et publics intéressés par une participation au Fonds dont la mission essentielle est dintervenir sur le marché secondaire et dacheter de la dette afin de stabiliser le marché.
Enfin, le quatrième point concerne la modification de la gouvernance de la zone euro, qui sera renforcée avec la mise en uvre dau moins deux sommets obligatoires chaque année. Il est envisagé la possibilité dapporter des modifications limitées au traité. Voilà pour lessentiel de laccord.
Concernant les questions des présidents Cahuzac et Lequiller, je rappelle, pour ce qui est de la Grèce, quaprès lannonce dun référendum, son Premier ministre a dû rencontrer, au cours du Sommet du G20, Mme Angela Merkel et M. Nicolas Sarkozy, lesquels lui ont fait savoir que la sixième tranche daide ne pourrait être versée au gouvernement grec dans lattente dun referendum, lequel, sil devait avoir lieu, ne pourrait porter que sur le maintien ou non dans la zone euro. Lannonce dun référendum a alors été retirée. Depuis, nous constatons une évolution de la situation politique que nous estimons positive, avec lannonce de la prochaine formation dun gouvernement dunion nationale dont lélément constitutif est lacceptation de laccord du 27 octobre. La troïka européenne ira sur place pour sassurer que les engagements pris sont respectés. Ce sont évidemment des avancées même si tout nest pas réglé.
Le FESF dispose actuellement denviron 290 milliards deuros. Cest pour cela que lon arrive à la somme de 1 000 milliards deuros avec un effet de levier compris entre 3 et 4 compte tenu de la réalité du marché.
Laccord du 27 octobre na pas dimpact sur la dette publique française, il sagit dune participation, volontaire, du secteur privé.
Quant à la révision du traité, il est, à ce stade, prématuré den définir le détail.
Pour revenir sur une question posée à la précédente réunion, concernant limpôt sur les sociétés et la convergence franco-allemande, je voudrais rappeler quen Allemagne, le taux fédéral de lIS est de 15 % mais quil convient dy ajouter limpôt perçu par les Länder - qui sapparente à la CVAE - au taux de 14 % : au total, le taux de limpôt acquitté par les sociétés nest pas très éloigné de celui appliqué en France. Le Trésor allemand et le Trésor français travaillent sur les modalités de rapprochement. Nous présenterons un document cadre avec les Allemands en janvier 2012 pour pouvoir être opérationnels début 2013.
La situation de lItalie est difficile. LItalie a sollicité le FMI pour quil participe à la surveillance de la mise en uvre opérationnelle des réformes structurelles quelle a entreprises. Si lItalie a une dette égale à 120 % du PIB, elle est aussi la 8ème puissance économique mondiale, en excédent budgétaire primaire, avec un bon maillage dentreprises de taille intermédiaire. Mais elle connaît une perte de confiance des marchés et la situation des spreads continue à se tendre. Ceci est bien le signe que désormais la situation politique dun pays est un élément essentiel de sa crédibilité.
Q - (concernant de la dette italienne)
R - Je nai pas parlé de décote italienne mais jai évoqué le premier volet du fonctionnement du Fonds concernant le système de garantie, et jai pris lexemple dun mécanisme de garantie à 20 % pour inciter les investisseurs à revenir sur le marché des titres italiens, alors que seuls les Italiens sont actuellement acquéreurs. Pour 100 euros, les 20 premiers, en perte, seraient garantis par le fonds.
Q - (concernant la dette grecque)
R - Le haircut sur la dette grecque concerne les seuls titres détenus par le secteur privé. Il na aucun impact sur la partie publique. On était antérieurement dans un schéma de prêts bilatéraux. Dorénavant, on a un système de garantie entre le Fonds et les États, à la fois plus simple et plus structurant.
Q - (concernant le capital des banques)
R - En ce qui concerne le capital des banques et le calendrier de recapitalisation, je pense honnêtement que si lon avait fait plus bref, on aurait couru le risque dun resserrement du crédit, dun credit crunch, dans des proportions spectaculaires, en France comme ailleurs. La Commission européenne était clairement sur la ligne dun calendrier plus court, avec un taux de 9 % voire à 10 % de fonds propres sous la pression des États-Unis et du FMI, avec un rendez-vous en fin dannée. Mais on ne voit pas comment les banques auraient pu faire un tel effort sans réduire de manière drastique laccès au crédit pour les entreprises et pour les particuliers. Même en supprimant les dividendes, comme lévoque M. Emmanuelli, ce naurait pas suffi. Même si le calendrier retenu par laccord fut lobjet de débats, on sest mis daccord ; on ne touche plus à laccord des 27 à ce sujet.
Q - (concernant le Fonds européen de stabilité financière)
R - Le FESF est-il un maillon faible ? La faiblesse nest pas celle du FESF mais vient en fait du niveau de dette, du niveau nécessaire de consolidation budgétaire, de laddition tout aussi nécessaire des plans qui sont imposés et du doute quont désormais les marchés sur les dettes souveraines. On doit progressivement mettre en uvre le dispositif, dans des conditions très difficiles, car la situation actuelle des marchés ne favorise pas la tâche du fonds européen. Nous faisons tout pour parvenir à des accords et avoir le plus de ressources et deffet de levier possible.
Cest dans cette perspective que le G20 a examiné la question de laugmentation des ressources du FMI. Dans laccord global, tous ont été accord pour adapter les ressources du FMI en fonction de la situation. Le FMI jouera son rôle en cas de ralentissement très spectaculaire de lactivité économique. Les modalités de laugmentation de ces ressources peuvent prendre trois formes : soit un versement direct des actionnaires, soit une augmentation de la ligne sur les prêts bilatéraux, soit une mutualisation des quotes-parts de DTS - dans les différents paniers, européens ou autres -, pour les mettre à disposition dun véhicule spécifique, soit celui qui est interne au FESF, soit un nouvel instrument créé par le FMI lui-même.
Il ny a jamais eu de débat sur les réserves en or. En revanche, il est de notoriété publique quil y a des réserves de lAllemagne, et de la Bundesbank, sur la mutualisation des DTS européens. Mais la piste na pas été écartée par le gouvernement allemand. Les ministres des Finances du G20 vont travailler la question, avec la perspective dun rendez-vous en février prochain sous présidence mexicaine. On examinera si nécessaire quelle est la meilleure option et ce que les pays peuvent accepter pour un renforcement du FESF.
Q - (concernant la BCE)
R - Pour ce qui concerne la question de la présence italienne au sein de la BCE, je nai aucun élément précis.
Q - (concernant le dialogue avec les États membres extérieurs à la zone euro)
R - Entre les États membres extérieurs à la zone euro et les dix-sept membres de la zone euro, on se parle. Cest déjà important. Il y a, je ne le cache pas, parfois des agacements dentendre en permanence certains États membres extérieurs à la zone euro donner des conseils sans jamais sengager financièrement.
Q - (concernant la taxe sur les transactions financières)
R - Sur la taxe sur les transactions financières, les travaux avancent. La Commission a présenté hier ses propositions en Ecofin. Cest une étape importante. La France et lAllemagne ont apporté une contribution. A lintérieur des vingt-sept, la Suède a considéré, au cours de lEcofin, à la lumière de lexpérience de son pays, que cétait le meilleur moyen de ralentir léconomie. Il y a un élément culturel également. Les Britanniques sont très opposés à ce projet.
Au G20, le président Obama a expliqué quil était favorable à une contribution du secteur financier pour contribuer à la résolution de la crise. La question est de savoir sous quelle forme. Le président Obama a déjà proposé une taxe sur le secteur bancaire, mais cest le Congrès qui la refusée. Il sappuie donc sur une initiative internationale pour adresser un message à lopinion.
Q - (concernant la décote de la dette grecque)
R - Sagissant de la Grèce, la décote ne concerne que les banques privées. Des représentants de la Troïka - Commission européenne, BCE, FMI - doivent se rendre à Athènes pour y rencontrer le gouvernement grec. Celui-ci doit confirmer son engagement à appliquer le plan. Cela signifiera le décaissement de la sixième tranche du précédent programme et un suivi précis de lavancée des réformes selon des modalités coordonnées entre la BCE, la Commission européenne et le FMI. La situation est très difficile. La croissance seffondre. Il y a également le programme de privatisation très ambitieux. La Troïka suivra lévolution de la situation et les décisions seront éventuellement ajustées au niveau des ministres des Finances et du Conseil européen. Cest clairement la règle du jeu entre la Grèce et ses créanciers.
Q - (concernant la coordination franco-allemande en matière dimpôt sur les sociétés)
R - Sur la coordination franco-allemande en matière dimpôt sur les sociétés, il y a comme je lai dit un calendrier et un document-cadre sera présenté en début dannée prochaine. Lobjectif est une application début 2013 et donc un texte dans le cadre de la loi de finances qui sera examinée à lautomne 2012. Est-ce laile avancée dune coopération renforcée entre certains États membres en matière de convergence fiscale, je le crois. Les lignes sont en train de bouger. La Belgique a indiqué quelle accompagnerait linitiative.
Q - (concernant le rôle de la Chine)
R - Sagissant de la Chine, celle-ci sera en début dannée prochaine le troisième actionnaire du FMI. Cest le pays qui a aujourdhui les réserves potentielles les plus importantes, avec plus de 3 200 milliards de dollars. Il a des positions sur le dollar. Il a toujours déclaré vouloir agir en investisseur avisé. Ses dirigeants continuent à affirmer quils croient à la zone euro. Cest précieux.
La Chine est partie prenante aux discussions à lOMC. Dans le cycle de Doha, il y a des rendez-vous qui sont pris, dont lun en 2016 pour attribuer à la Chine le statut déconomie de marché. Il ny a donc aucun «échange» sur cette question.
La question est uniquement de savoir si la Chine achète directement des obligations dÉtat sur les marchés ou si elle passe par le fonds, montrant par là quelle accorde une confiance soutenue à la zone euro. Cest une simple question de positionnement des réserves de change. Il ny a donc aucun élément nouveau. Tout se fait à livre ouvert. Il ny a aucune discussion parallèle, aucun échange dissimulé. Il faut plutôt se féliciter quon encourage les Chinois, comme tous les autres investisseurs, à investir dans notre zone.
Je dois dire que toutes les interrogations qui ont fleuri ici ou là ont fait réfléchir nos amis chinois. Les dirigeants du Fonds vont donc retourner en Chine pour y rediscuter ces questions.
Q - (concernant lexposition des banques françaises à la dette italienne)
R - Sagissant de lexposition des banques françaises à la dette italienne, les données ont été publiées, sauf pour ce qui concerne les dernières semaines. Cest le gouverneur de la Banque de France qui pourrait répondre.
Q - (concernant déventuelles contreparties à laide que pourrait apporter au FESF des pays comme la Chine, le Brésil ou la Russie)
R - Ces pays ont des réserves considérables mais ne demandent pas de contreparties dans les différentes discussions que lon a avec eux.
Q - (concernant le retrait des banques daffaires)
R - Nest avéré que le retrait de banques qui conseillaient le gouvernement grec.
Q - (concernant le rôle de la BCE)
R - La BCE, dans le contexte actuel de très forte instabilité de la zone euro, devrait faire ce que fait la FED aux États-Unis ou la Banque dAngleterre au Royaume-Uni. Cest la position française. Mais la BCE est indépendante, cette indépendance étant liée à lapproche historique qui est celle de lAllemagne vis-à-vis de ce type dinstitution. On essaie donc de trouver dautres réponses.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 novembre 2011
Nous avons formulé une réponse à la crise que traversent les pays de la zone euro en ce moment, et cette réponse est crédible.
Plusieurs éléments se détachent particulièrement, que jaimerais évoquer avec vous ce matin :
Un premier point de laccord a porté sur limplication volontaire du secteur privé dans leffacement de la dette grecque à hauteur de 50 %. Par ailleurs, le nouveau plan daide à la Grèce est non plus de 109 mais de 130 milliards deuros.
Le deuxième point résulte du Conseil européen à vingt-sept et pas seulement de lEurogroupe : il concerne la recapitalisation du secteur bancaire. Nous nous sommes entendus sur le renforcement des fonds propres des banques européennes à hauteur de 9 % dici à juin 2012. Cela représente 8,8 milliards deuros pour les banques françaises qui nont pas besoin, pour cela, de guichet public. Elles renforcent leurs fonds propres à partir de leurs résultats ou en faisant appel au marché, plus sûrement à partir de leurs résultats, puisquelles ont annoncé 11 milliards deuros de bénéfices au premier semestre.
Le troisième pilier, cest le fonds européen de stabilité financière, le FESF. Les mécanismes que nous avons envisagés ont pour objectif de démultiplier les moyens dintervention du Fonds, sans contribution additionnelle des États membres de la zone euro, pour une capacité de financement denviron 1 000 milliards deuros.
Deux mécanismes distincts seront présentés aux investisseurs souverains comme privés. Je précise que ces deux mécanismes peuvent être envisagés individuellement ou de manière complémentaire :
- le premier pourrait prendre la forme dune assurance partielle sur la dette de certains États membres ; les investisseurs se verraient ainsi reconnaître une décote qui rendrait lemprunt attractif. Le niveau de la décote - plus attractif sil est élevé mais, dans ce cas, avec un moindre effet de levier - reste à définir, comme les autres modalités techniques de ce mécanisme. La mission en a été confiée à M. Klaus Regling, directeur général du Fonds.
- Le second devrait conduire à la création, à lintérieur du Fonds, dun véhicule spécial accueillant des participations privées et des participations souveraines. Ici encore, il revient à M. Regling de rechercher les partenaires privés et publics intéressés par une participation au Fonds dont la mission essentielle est dintervenir sur le marché secondaire et dacheter de la dette afin de stabiliser le marché.
Enfin, le quatrième point concerne la modification de la gouvernance de la zone euro, qui sera renforcée avec la mise en uvre dau moins deux sommets obligatoires chaque année. Il est envisagé la possibilité dapporter des modifications limitées au traité. Voilà pour lessentiel de laccord.
Concernant les questions des présidents Cahuzac et Lequiller, je rappelle, pour ce qui est de la Grèce, quaprès lannonce dun référendum, son Premier ministre a dû rencontrer, au cours du Sommet du G20, Mme Angela Merkel et M. Nicolas Sarkozy, lesquels lui ont fait savoir que la sixième tranche daide ne pourrait être versée au gouvernement grec dans lattente dun referendum, lequel, sil devait avoir lieu, ne pourrait porter que sur le maintien ou non dans la zone euro. Lannonce dun référendum a alors été retirée. Depuis, nous constatons une évolution de la situation politique que nous estimons positive, avec lannonce de la prochaine formation dun gouvernement dunion nationale dont lélément constitutif est lacceptation de laccord du 27 octobre. La troïka européenne ira sur place pour sassurer que les engagements pris sont respectés. Ce sont évidemment des avancées même si tout nest pas réglé.
Le FESF dispose actuellement denviron 290 milliards deuros. Cest pour cela que lon arrive à la somme de 1 000 milliards deuros avec un effet de levier compris entre 3 et 4 compte tenu de la réalité du marché.
Laccord du 27 octobre na pas dimpact sur la dette publique française, il sagit dune participation, volontaire, du secteur privé.
Quant à la révision du traité, il est, à ce stade, prématuré den définir le détail.
Pour revenir sur une question posée à la précédente réunion, concernant limpôt sur les sociétés et la convergence franco-allemande, je voudrais rappeler quen Allemagne, le taux fédéral de lIS est de 15 % mais quil convient dy ajouter limpôt perçu par les Länder - qui sapparente à la CVAE - au taux de 14 % : au total, le taux de limpôt acquitté par les sociétés nest pas très éloigné de celui appliqué en France. Le Trésor allemand et le Trésor français travaillent sur les modalités de rapprochement. Nous présenterons un document cadre avec les Allemands en janvier 2012 pour pouvoir être opérationnels début 2013.
La situation de lItalie est difficile. LItalie a sollicité le FMI pour quil participe à la surveillance de la mise en uvre opérationnelle des réformes structurelles quelle a entreprises. Si lItalie a une dette égale à 120 % du PIB, elle est aussi la 8ème puissance économique mondiale, en excédent budgétaire primaire, avec un bon maillage dentreprises de taille intermédiaire. Mais elle connaît une perte de confiance des marchés et la situation des spreads continue à se tendre. Ceci est bien le signe que désormais la situation politique dun pays est un élément essentiel de sa crédibilité.
Q - (concernant de la dette italienne)
R - Je nai pas parlé de décote italienne mais jai évoqué le premier volet du fonctionnement du Fonds concernant le système de garantie, et jai pris lexemple dun mécanisme de garantie à 20 % pour inciter les investisseurs à revenir sur le marché des titres italiens, alors que seuls les Italiens sont actuellement acquéreurs. Pour 100 euros, les 20 premiers, en perte, seraient garantis par le fonds.
Q - (concernant la dette grecque)
R - Le haircut sur la dette grecque concerne les seuls titres détenus par le secteur privé. Il na aucun impact sur la partie publique. On était antérieurement dans un schéma de prêts bilatéraux. Dorénavant, on a un système de garantie entre le Fonds et les États, à la fois plus simple et plus structurant.
Q - (concernant le capital des banques)
R - En ce qui concerne le capital des banques et le calendrier de recapitalisation, je pense honnêtement que si lon avait fait plus bref, on aurait couru le risque dun resserrement du crédit, dun credit crunch, dans des proportions spectaculaires, en France comme ailleurs. La Commission européenne était clairement sur la ligne dun calendrier plus court, avec un taux de 9 % voire à 10 % de fonds propres sous la pression des États-Unis et du FMI, avec un rendez-vous en fin dannée. Mais on ne voit pas comment les banques auraient pu faire un tel effort sans réduire de manière drastique laccès au crédit pour les entreprises et pour les particuliers. Même en supprimant les dividendes, comme lévoque M. Emmanuelli, ce naurait pas suffi. Même si le calendrier retenu par laccord fut lobjet de débats, on sest mis daccord ; on ne touche plus à laccord des 27 à ce sujet.
Q - (concernant le Fonds européen de stabilité financière)
R - Le FESF est-il un maillon faible ? La faiblesse nest pas celle du FESF mais vient en fait du niveau de dette, du niveau nécessaire de consolidation budgétaire, de laddition tout aussi nécessaire des plans qui sont imposés et du doute quont désormais les marchés sur les dettes souveraines. On doit progressivement mettre en uvre le dispositif, dans des conditions très difficiles, car la situation actuelle des marchés ne favorise pas la tâche du fonds européen. Nous faisons tout pour parvenir à des accords et avoir le plus de ressources et deffet de levier possible.
Cest dans cette perspective que le G20 a examiné la question de laugmentation des ressources du FMI. Dans laccord global, tous ont été accord pour adapter les ressources du FMI en fonction de la situation. Le FMI jouera son rôle en cas de ralentissement très spectaculaire de lactivité économique. Les modalités de laugmentation de ces ressources peuvent prendre trois formes : soit un versement direct des actionnaires, soit une augmentation de la ligne sur les prêts bilatéraux, soit une mutualisation des quotes-parts de DTS - dans les différents paniers, européens ou autres -, pour les mettre à disposition dun véhicule spécifique, soit celui qui est interne au FESF, soit un nouvel instrument créé par le FMI lui-même.
Il ny a jamais eu de débat sur les réserves en or. En revanche, il est de notoriété publique quil y a des réserves de lAllemagne, et de la Bundesbank, sur la mutualisation des DTS européens. Mais la piste na pas été écartée par le gouvernement allemand. Les ministres des Finances du G20 vont travailler la question, avec la perspective dun rendez-vous en février prochain sous présidence mexicaine. On examinera si nécessaire quelle est la meilleure option et ce que les pays peuvent accepter pour un renforcement du FESF.
Q - (concernant la BCE)
R - Pour ce qui concerne la question de la présence italienne au sein de la BCE, je nai aucun élément précis.
Q - (concernant le dialogue avec les États membres extérieurs à la zone euro)
R - Entre les États membres extérieurs à la zone euro et les dix-sept membres de la zone euro, on se parle. Cest déjà important. Il y a, je ne le cache pas, parfois des agacements dentendre en permanence certains États membres extérieurs à la zone euro donner des conseils sans jamais sengager financièrement.
Q - (concernant la taxe sur les transactions financières)
R - Sur la taxe sur les transactions financières, les travaux avancent. La Commission a présenté hier ses propositions en Ecofin. Cest une étape importante. La France et lAllemagne ont apporté une contribution. A lintérieur des vingt-sept, la Suède a considéré, au cours de lEcofin, à la lumière de lexpérience de son pays, que cétait le meilleur moyen de ralentir léconomie. Il y a un élément culturel également. Les Britanniques sont très opposés à ce projet.
Au G20, le président Obama a expliqué quil était favorable à une contribution du secteur financier pour contribuer à la résolution de la crise. La question est de savoir sous quelle forme. Le président Obama a déjà proposé une taxe sur le secteur bancaire, mais cest le Congrès qui la refusée. Il sappuie donc sur une initiative internationale pour adresser un message à lopinion.
Q - (concernant la décote de la dette grecque)
R - Sagissant de la Grèce, la décote ne concerne que les banques privées. Des représentants de la Troïka - Commission européenne, BCE, FMI - doivent se rendre à Athènes pour y rencontrer le gouvernement grec. Celui-ci doit confirmer son engagement à appliquer le plan. Cela signifiera le décaissement de la sixième tranche du précédent programme et un suivi précis de lavancée des réformes selon des modalités coordonnées entre la BCE, la Commission européenne et le FMI. La situation est très difficile. La croissance seffondre. Il y a également le programme de privatisation très ambitieux. La Troïka suivra lévolution de la situation et les décisions seront éventuellement ajustées au niveau des ministres des Finances et du Conseil européen. Cest clairement la règle du jeu entre la Grèce et ses créanciers.
Q - (concernant la coordination franco-allemande en matière dimpôt sur les sociétés)
R - Sur la coordination franco-allemande en matière dimpôt sur les sociétés, il y a comme je lai dit un calendrier et un document-cadre sera présenté en début dannée prochaine. Lobjectif est une application début 2013 et donc un texte dans le cadre de la loi de finances qui sera examinée à lautomne 2012. Est-ce laile avancée dune coopération renforcée entre certains États membres en matière de convergence fiscale, je le crois. Les lignes sont en train de bouger. La Belgique a indiqué quelle accompagnerait linitiative.
Q - (concernant le rôle de la Chine)
R - Sagissant de la Chine, celle-ci sera en début dannée prochaine le troisième actionnaire du FMI. Cest le pays qui a aujourdhui les réserves potentielles les plus importantes, avec plus de 3 200 milliards de dollars. Il a des positions sur le dollar. Il a toujours déclaré vouloir agir en investisseur avisé. Ses dirigeants continuent à affirmer quils croient à la zone euro. Cest précieux.
La Chine est partie prenante aux discussions à lOMC. Dans le cycle de Doha, il y a des rendez-vous qui sont pris, dont lun en 2016 pour attribuer à la Chine le statut déconomie de marché. Il ny a donc aucun «échange» sur cette question.
La question est uniquement de savoir si la Chine achète directement des obligations dÉtat sur les marchés ou si elle passe par le fonds, montrant par là quelle accorde une confiance soutenue à la zone euro. Cest une simple question de positionnement des réserves de change. Il ny a donc aucun élément nouveau. Tout se fait à livre ouvert. Il ny a aucune discussion parallèle, aucun échange dissimulé. Il faut plutôt se féliciter quon encourage les Chinois, comme tous les autres investisseurs, à investir dans notre zone.
Je dois dire que toutes les interrogations qui ont fleuri ici ou là ont fait réfléchir nos amis chinois. Les dirigeants du Fonds vont donc retourner en Chine pour y rediscuter ces questions.
Q - (concernant lexposition des banques françaises à la dette italienne)
R - Sagissant de lexposition des banques françaises à la dette italienne, les données ont été publiées, sauf pour ce qui concerne les dernières semaines. Cest le gouverneur de la Banque de France qui pourrait répondre.
Q - (concernant déventuelles contreparties à laide que pourrait apporter au FESF des pays comme la Chine, le Brésil ou la Russie)
R - Ces pays ont des réserves considérables mais ne demandent pas de contreparties dans les différentes discussions que lon a avec eux.
Q - (concernant le retrait des banques daffaires)
R - Nest avéré que le retrait de banques qui conseillaient le gouvernement grec.
Q - (concernant le rôle de la BCE)
R - La BCE, dans le contexte actuel de très forte instabilité de la zone euro, devrait faire ce que fait la FED aux États-Unis ou la Banque dAngleterre au Royaume-Uni. Cest la position française. Mais la BCE est indépendante, cette indépendance étant liée à lapproche historique qui est celle de lAllemagne vis-à-vis de ce type dinstitution. On essaie donc de trouver dautres réponses.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 novembre 2011