Déclaration de M. Edouard Courtial, secrétaire d'Etat aux Français de l'étranger, sur la présence française en Argentine et sur les efforts en faveurs des Français à l'étranger, à Buenos Aires (Argentine) le 1er décembre 2011.

Prononcé le 1er décembre 2011

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Circonstance : Déplacement en Argentine, le 1er décembre 2011

Texte intégral

Monsieur l’Ambassadeur,
Mesdames et Messieurs,
Mes Chers Compatriotes,
Au lendemain de ma nomination, j’annonçai, devant l’Assemblée des Français de l’étranger, que je voulais aller à la rencontre de nos compatriotes expatriés, à votre rencontre.
Il me paraissait essentiel de vous assurer de l’attachement de la Nation, non pas seulement au moyen de messages venus d’au-delà des mers, mais aussi sur place, en engageant un dialogue direct avec vous.
C’est le but de ma venue à Buenos Aires, dans le cadre de cette tournée sud-américaine qui va me permettre de mieux connaître les Français d’Uruguay, du Chili, de Colombie et d’Argentine.
Je suis heureux de vous rencontrer, à peine arrivé en Argentine, dans les salons de cette Ambassade.
Merci, Monsieur l’Ambassadeur, pour votre accueil.
Mon expérience d’élu local et de député m’a appris qu’une connaissance fine des réalités vécues se forge de près, que seul l’échange direct permet de prendre la mesure de la variété des situations et d’en reconnaître les constantes et les spécificités.
En ma qualité de Secrétaire d’État chargé des Français de l’Étranger, le nombre de mes interlocuteurs privilégiés est compris entre deux millions et deux millions et demi de personnes qui sont répartis sur tous les continents, exercent tous types de professions et doivent composer avec tous les environnements imaginables.
En vous rencontrant, je sais que je fais la connaissance d’une communauté intimement liée à l’histoire de ce pays, qui, pour beaucoup, s’est développé grâce à l’immigration européenne, et pour lequel l’apport de la France a été sans conteste d’une extrême importance.
En effet, entre 1850 et la veille de la Première Guerre mondiale, près de 250.000 de nos compatriotes sont venus en Argentine, attirés par les potentialités de ce pays en construction.
Je suis fier de l’influence que notre pays a toujours exercé dans tous les domaines pour tisser cette relation bilatérale privilégiée dont vous êtes aujourd’hui des acteurs essentiels.
La présence de plus de 200 entreprises françaises et l’excellence de notre coopération culturelle, scientifique et universitaire qui a su se renouveler, nous ont permis de poursuivre et d’adapter notre présence, riche et diversifiée, aux réalités d’aujourd’hui.
Aujourd’hui, installés de longue date ou plus récemment, les Français d’Argentine représentent la troisième communauté d’Amérique Latine par son nombre, après celles du Brésil et du Mexique.
À ceux qui ont pu s’interroger sur la création de ce secrétariat d’État, je souhaite rappeler qu’elle s’inscrit dans la continuité des initiatives majeures mises en œuvre depuis le début des années 1980 pour assurer aux Français de l’étranger leur place dans le débat national.
La représentation parlementaire était une priorité.
Vous disposez de conseillers, et j’en profite pour remercier de leur présence aujourd’hui les trois élus de la circonscription : vos deux Conseillers résidents en Argentine, Michèle Goupil et Marc Jamin, ainsi que Marie-Christine Haritcalde, venue de Santiago.
Vous avez douze représentants au Sénat et vous aurez dès l’an prochain onze élus à l’Assemblée Nationale.
En regard de ce dispositif, le secrétariat d’État chargé des Français de l’étranger est un outil entièrement à votre service, au cœur de l’exécutif.
Sous l’autorité du ministre d’État, mon action se veut interministérielle, tant il est vrai que les questions relatives aux Français de l’étranger ne sont pas du seul ressort du ministère des Affaires étrangères et européennes.
Ainsi, au-delà de l’action remarquable de la Direction des Français à l’Étranger et de l’Administration Consulaire, et celle de l’ensemble du réseau consulaire à l’étranger, j’entends agir dans trois domaines prioritaires pour vous et pour l’ensemble de nos compatriotes expatriés: l’éducation, la sécurité et la protection sociale.
Vous le savez, le réseau de nos établissements scolaires est l’un des fleurons de notre action extérieure.
Ici, à Buenos Aires, deux établissements contribuent au rayonnement de la France en Argentine, le lycée Jean Mermoz et le collège franco-argentin de Martinez.
L’annonce en Conseil des ministres du plan de développement de l’enseignement français à l’étranger, le 15 juin dernier, témoigne de l’attention que le gouvernement porte à ce puissant instrument de rayonnement de la France avec, notamment, le maintien d’une dotation budgétaire de 420 millions d’euros pour la période 2011-2013.
Plus concrètement, comme vous le savez, l’effort de la collectivité nationale en matière d’aide à la scolarité à l’étranger, depuis 2007, est considérable.
Le dispositif de prise en charge de la scolarité voulue par le président de la République et celui des bourses scolaires permettent de soutenir un nombre croissant de familles et d’élèves : 120 millions d’euros pour 31.000 bénéficiaires.
Le rapport de Mesdames Geneviève Colot, Députée de l’Essonne, et Sophie Joissains, sénatrice des Bouches-du-Rhône, remis au président de la République le 3 novembre 2010, a conforté le bienfondé de la prise en charge tout en proposant son plafonnement au niveau des droits d’écolage de l’année scolaire 2007-2008.
J’ai bien conscience que dans un pays à inflation significative comme l’Argentine, ce plafonnement n’est pas sans poser de problèmes pour les familles, notamment les moins aisées.
Il s’agira de voir comment mieux prendre en compte à l’avenir cette spécificité par rapport à des principes de base établis pour l’ensemble du réseau.
La sécurité des Français à l’étranger, qu’ils soient résidents ou de passage, est une préoccupation de l’État.
Dans un pays comme l’Argentine, vaste et varié sur le plan géographique, le risque naturel est diversifié mais bien réel, en matière sismique en particulier puisque la Cordillère des Andes le traverse du nord au sud.
Mais je voudrais, s’agissant de sécurité, revenir bien sûr sur le drame qui a marqué les esprits au mois de juillet dernier, ici en Argentine comme en France, lorsque les corps sans vie de Cassandre Bouvier et Houria Moumni ont été retrouvés dans la Quebrada de San Lorenzo, à proximité de la ville de Salta.
Comme vous le savez, les pouvoirs publics français, en France comme en Argentine, se sont immédiatement mobilisés pour assister les familles, leur permettre de venir très vite sur place et faciliter le rapatriement des dépouilles.
Nous continuons à être en contact étroit avec les autorités argentines et la coopération judicaire pénale engagée a permis un intense travail en commun avec le juge argentin chargé de l’instruction et son homologue français.
Le procès, qui aura lieu probablement dans le courant de l’année prochaine, sera un moment essentiel mais aussi douloureux pour les familles.
Nous faisons confiance à la justice argentine pour faire toute la lumière sur cet horrible crime.
Je voudrais saluer le travail de M. Jean-Emmanuel Laxague, notre consul honoraire à Salta, qui a été remarquable d’initiative et de dévouement.
Je lui transmets les remerciements du gouvernement.
Je voudrais, à travers lui, remercier tous nos consuls honoraires en Argentine.
L’aide sociale constitue partout une problématique prioritaire mais tout particulièrement en Argentine, de nombreux compatriotes étant touchés par les fluctuations importantes et souvent imprévisibles de l’économie argentine au cours des 20 dernières années.
C’est ce qui explique que le budget social géré par notre Consulat général est l’un des plus élevés de notre réseau avec plus de 800.000 euros en 2011 et environ 275 allocataires.
En matière de sécurité sociale, la signature d’une Convention entre la France et l’Argentine en septembre 2008 a été une avancée décisive pour permettre de coordonner les deux régimes notamment en matière de retraites.
Cet accord était attendu de longue date par votre communauté.
Je forme le vœu qu’il puisse entrer en vigueur le plus rapidement possible.
Je n’oublierai pas de mentionner et de saluer l’action menée par vos associations qui œuvrent au jour le jour pour animer notre communauté, renforcer ses liens, créer de la solidarité, réaffirmer son identité ou honorer le souvenir de ceux qui se sont battus pour défendre les valeurs de notre pays.
Je souhaite plein succès à la nouvelle Fondation d’entraide des Français d’Argentine qui depuis près d’un an s’efforce de mobiliser et fédérer nos compatriotes au bénéfice des plus démunis.
Cette initiative, dont je voudrais souligner l’intérêt, est un modèle à reproduire dans d’autres pays pour fédérer les énergies et renforcer l’action de nos associations.
C’est un bel exemple, bravo !
Mesdames et Messieurs,
Aux priorités que je viens d’énoncer, j’ajoute évidemment les échéances électorales de 2012.
L’année prochaine, les Français de l’étranger participeront pour la 6ème fois à l’élection du président de la République.
Et pour la première fois, onze députés seront élus par les Français établis hors de France.
L’élection de ces onze députés est issue de la réforme constitutionnelle de 2008.
Résultant d’un engagement du président de la République durant la campagne électorale de 2007, elle renforce et complète la représentation des Français de l’étranger au Parlement, aux côtés de leurs douze collègues du Sénat.
Un des enjeux de ces nouvelles élections réside dans la participation et donc sur l’information des électeurs des possibilités de vote prévues par la loi.
Pour faire simple, on vote au même endroit pour les deux élections, soit en France, soit à l’étranger.
Il faut donc éviter que, faute d’avoir été informés ou de ne pas avoir compris le nouveau cadre juridique, des électeurs soient privés de l’exercice matériel de leur droit de vote.
Je salue l’initiative menée par le Consulat général d’organiser une série de réunions d’information et de sensibilisation pour les électeurs de Buenos Aires et des principales provinces où sont installés nos compatriotes.
Pour favoriser la participation, il est essentiel de «rapprocher l’urne de l’électeur».
J’espère que les deux bureaux de vote ouverts pour la première fois en province, à Cordoba et à Mendoza, y contribueront.
Je mesure ce que cela implique d’efforts et d’organisation, et je voudrais à cet égard souligner le bon travail du Consulat général, comme je souhaite saluer l’implication citoyenne de ceux d’entre vous qui se sont déjà portés volontaires pour participer aux opérations électorales au sein de ces bureaux à Buenos Aires comme en province.
Quant au vote électronique, ce n’est pas un gadget : j’y attache au contraire la plus grande importance.
Nous faisons en ce domaine œuvre de précurseurs dans un champ encore expérimental.
De son succès dépendra son extension à d’autres types de scrutins.
C’est pourquoi nous avons une obligation de résultats et nous sommes contraints au zéro défaut.
Afin de mettre toutes les chances de réussite de notre côté, un test grandeur nature sera effectué dans le monde entier au début du mois de janvier, pour lequel nos Consuls et Consuls généraux ont identifié de nombreux volontaires.
L’Argentine n’a pas fait exception, et je remercie les quelques 200 d’entre vous qui participeront à cet exercice.
Le vote électronique s’inscrit dans le cadre de la modernisation des procédures qu’il nous faut poursuivre comme la mise en ligne, il y a quelques jours, du portail internet consacré aux Français de l’étranger monconsulat.fr.
Mes Chers Compatriotes,
J’aurais bien d’autres sujets à aborder, mais je ne puis faire durer davantage cette intervention alors que j’indiquais en introduction que je suis avant tout venu dialoguer avec vous.
Ce dialogue, je suis prêt à l’engager, je suis venu pour cela.
Vive la République et vive la France !
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 décembre 2011