Texte intégral
Madame le Premier Ministre, Monsieur le Ministre de la Culture, cher Hamane Niang, Monsieur le Gouverneur du district, Monsieur le Maire du district, Monsieur le Maire de la commune 3, Monsieur le Directeur du Musée national du Mali et Délégué général des Rencontres africaines de la photographie, cher Samuel Sidibé, Monsieur le Président de lInstitut Français, cher Xavier Darcos, Monsieur lAmbassadeur de France, cher Christian Rouyer, Monsieur le chef de la Délégation de lUnion Européenne du Mali, Mesdames et Messieurs les représentants du corps diplomatique, Mesdames et Messieurs, Chers amis,
Quel chemin parcouru depuis 1994, quand les rencontres de Bamako étaient créées à linitiative de lassociation Afrique en Créations, avec le soutien du gouvernement malien ! Portées aujourdhui par le ministère de la culture du Mali, en collaboration avec lInstitut français, les rencontres sont désormais soutenues par de multiples partenaires, publics comme privés ; par leur capacité fédératrice hors du commun, elles se sont affirmées comme une fenêtre essentielle sur lunivers de la photographie, pour le Mali, pour le continent africain, pour la scène mondiale de la création.
À leurs débuts, les rencontres photographiques de Bamako venaient notamment répondre au besoin de faire découvrir les expressions photographiques africaines ; aujourdhui, ces dernières font partie intégrante du paysage global de la photographie contemporaine. Françoise Huguier et Bernard Descamps, fondateurs de cette initiative, étaient les commissaires de la première édition : lesprit déchange et de croisements fructueux quils ont su insuffler a perduré depuis. Tous les deux ans, à Bamako, devenue le lieu symbolique de toute la création photographique dun continent, les photographes se rencontrent et sexposent au monde, dans une manifestation panafricaine de premier plan, qui est un moment majeur de réflexion sur les dimensions artistiques mais aussi économiques, historiques et documentaires de la création africaine.
La création photographique africaine est aujourdhui pleinement reconnue sur la scène mondiale, dans la diversité et la singularité de ses écritures, par lensemble des acteurs du monde de lart ; et les rencontres de Bamako ont contribué à cette reconnaissance. Le temps est révolu où lon qualifiait la photographie africaine d« émergente » : sa légitimité, en termes de richesse et de créativité, est largement établie. Seydou Keita, Felix Diallo, Malick Sidibé ; Samuel Fosso ou Mohamed Camara pour la jeune génération : autant de noms, parmi tant dautres, qui nous permettent de prendre la mesure de cette reconnaissance. De nombreux artistes, sur tous les continents, empruntent au foisonnement inventif dune photographie qui sappuie sur des traditions esthétiques fortes, et qui laisse toute sa place à linnovation. En Afrique parfois encore plus quailleurs, la photographie a constitué un formidable laboratoire de pratiques artistiques en prise directe avec les questions dactualité, avec leur contexte social et politique. Elle représente une contribution majeure et universelle à nos visions du monde, et cette neuvième édition de la Biennale en est une fois de plus le reflet.
Depuis la France, mon ministère ne cesse denrichir ses liens avec la création africaine. Revenons quelques années en arrière : lexposition Magiciens de la terre, imaginée par André Magnin et Jean-Hubert Martin, qui sétait tenue en 1989 simultanément à la Grande halle de la Villette et au Centre Pompidou, aura marqué, en France, un moment très fort pour la visibilité de la création photographique africaine en France. En 2005, au Centre Pompidou, lexposition Africa remix, entièrement consacrée à la création africaine contemporaine, aura donné une image inédite de sa spécificité et de sa diversité.
Aujourdhui, je pense par exemple au Nigérian Okwui Enwezor, qui est en charge de la prochaine triennale de lart à Paris en 2012 ; au Centre national des arts plastiques, qui a initié en 2009 des expositions au Cameroun, à Douala et Yaoundé ; aux uvres inscrites sur les inventaires du fonds national dart contemporain et qui sont exposées dans le cadre dun partenariat avec lInstitut français ; à Photoquai, sur le quai Branly à Paris, depuis le 13 septembre jusquà la fin de la semaine prochaine, qui peut compter sur une contribution très nourrie des photographes africains ; à Paris Photo, évidemment, au Grand Palais dans quelques jours, où la photographie africaine sera à lhonneur cette année, avec une sélection très attendue des Rencontres de Bamako.
Cette année, les commissaires de la Biennale ont voulu porter leur propos sur la quête dun monde durable. Quil sagisse du réchauffement climatique, de lépuisement des ressources, de la pénurie deau, de la déforestation, les préoccupations environnementales sont aujourdhui au cur des enjeux mondiaux, aux croisements du développement et de la responsabilité, de la prévention face à toutes les formes de prédations. Le langage photographique apporte pour loccasion sa capacité unique de condenser sur un même support le témoignage, lanalyse et lengagement.
Les photographes et vidéastes invités à Bamako témoignent, dénoncent, agissent, résistent ; les démarches documentaires ou journalistiques, la force de la métaphore, lusage de la fiction, la variété des expressions plasticiennes, autant darmes au service de la prise de conscience et de laction, que Samuel Sidibé a su réunir avec tout le talent quon lui connaît.
À ses côtés, Michket Krifa et Laura Serani, directrices artistiques des deux précédentes éditions, ont mené à bien un travail de chef dorchestre dautant plus crucial que la diversité des propositions rassemblées nétaient pas sans soulever de nombreux défis. Je tiens à les féliciter très chaleureusement, ainsi que lensemble des équipes qui ont contribué à lorganisation de cette neuvième édition, à la hauteur des ambitions dun rendez-vous international majeur auquel mon ministère est fier dêtre associé, au nom de lexcellence de notre coopération culturelle et de lamitié franco-malienne.
Je vous remercie.
Source http://www.ambafrance-ml.org, le 16 novembre 2011