Déclaration de M. David Douillet, ministre des sports, sur la pratique du sport et les équipements sportifs, Paris le 23 novembre 2011.

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Circonstance : 94ème congrès des Maires à Paris le 23 novembre 2011

Texte intégral


Tout d’abord j’aimerais vous rassurer sur cette notion d’intérêt général qui, je crois, meut un peu tout le monde, et qui guide l’action de ce ministère, avant tout.
Il y a complémentarité de nos politiques respectives, pour plus d’efficacité, surtout dans une période de crise économique et de contrainte budgétaire.
L’implication indispensable des communes et de leurs groupements est totalement évidente aujourd’hui. Vous, es communes, êtes aujourd’hui les premiers financeurs du sport en France, puisque vous le faites à hauteur de 9,3 milliards d’euros. Les maires assument, je tiens à le souligner, parfaitement leurs responsabilités dans le développement du sport pour tous. C’est un soutien massif à l’offre d’équipements sportifs : 80% des équipements sportifs sont propriété des communes. Évidemment, il y a une augmentation de la demande, et je trouve cela tout à fait logique et normal.
Face à ce rôle des communes, l’État conserve sa raison d’être sur le terrain, c’est bien évident. Nous menons une politique volontariste pour développer le sport de masse, et c’est un des points, si ce n’est le point le plus important de l’action de ce ministère, parce qu’il est bien évident qu’en termes d’éducation, de santé, de cohésion sociale, le sport a toute sa place dans notre société.
Je ne parlerai même pas de haut niveau, parce que c’est lié : plus on élargira notre base de pratiquants, plus on aura de gens qui auront cette culture du sport, et plus on aura, au bout du cycle, une élite tout à fait pertinente.
Je disais donc que le sport est éminemment important, et les associations y sont éminemment importantes : sans les 2,5 millions de bénévoles, que vous connaissez parfaitement parce que vous avez toutes et tous des associations sportives dans vos communes, le sport français n’existerait pas. C’est quelque chose de très clair, et c’est un des sujets sur lequel je veux vraiment faire porter toute l’attention du ministère ; c’est une des préoccupations du président du la République et du gouvernement que de conforter cette activité de bénévolat.
On doit mieux les reconnaitre, on doit plus les aider, plus les soutenir. Pourquoi ? Ils ne sont pas en diminution, contrairement à ce que l’on pourrait croire. En revanche, il y a une différence dans le comportement, ou l’implication, qui est différente par rapport à ce qu’on a connu avant ; parce qu’un certain nombre de responsabilités inhérentes à leur action de bénévolat sont de plus en plus prégnantes, parce que, aussi, le temps est de plus en plus compté. Et puis, il y a aussi une « consommation » du sport par nos enfants qui est différente de ce qu’on a pu connaitre : aujourd’hui, un enfant change très régulièrement de discipline, en tout cas dans les premiers âges.
Cela fait que les parents, qui habituellement restaient présents dans une discipline, l’approfondissaient, et se bonifiaient dans cette discipline dans le cadre de leur activité de bénévole, papillonnent maintenant, à l’image de leur progéniture, d’une discipline à une autre, sans réellement s’impliquer profondément dans ces mêmes disciplines.
Par conséquent nous nous devons de donner un nouvel élan. Et je veux concrétiser cet élan dans un appel à projet sur 1 000 jeunes bénévoles. J’ai débloqué des moyens pour financer leur formation, dans le but de les responsabiliser. Tout cela est fait de manière concomitante avec le mouvement sportif, et je crois que cet élan de 1 000 bénévoles – à peu près 10 par département, ce n’est pas non plus très compliqué à mettre en place – va donner un nouvel essor, une nouvelle crédibilité à l’activité du bénévole.
Je disais que l’État ne se désengage pas, tout du moins financièrement, dans le domaine du sport. Bien au contraire, le budget du ministère sera pour l’année 2012 en équivalence par rapport au budget 2011. C’est vraiment signifier toute l’importance qu’a le monde du sport aux yeux du Président de la République et du gouvernement.
Le monde du sport, c’est un investissement pour l’avenir, pour notre avenir, vis-à-vis de la jeunesse, mais aussi vis-à-vis des adultes, et de nos anciens aussi. Je ne vais pas vous faire l’article de tout ce que peut apporter la pratique d’une activité physique dans une vie, mais quand on investit des moyens dans ce pan de notre société, il est bien évident qu’on se prémunit contre des problématiques liées à la santé, au comportement, qui font que les individus, les enfants se sentent beaucoup mieux dans leur peau et protégés d’une certaine façon.
Donc le budget des sports 2012 atteindra, CNDS compris, un total de 868 millions d’euros et, s’agissant plus particulièrement du CNDS, dont vous sollicitez souvent la compétence, il est maintenu à 284 millions d’euros.
Cet accompagnement stratégique de l’État auprès des collectivités territoriales est un véritable partenariat, c’est vraiment l’état d’esprit dans lequel nous voulons travailler. Nous mettons l’État au service des collectivités territoriales, c’est extrêmement important dans notre vision. Il y a une nécessité d’aiguiller les collectivités territoriales dans leurs choix d’équipements sportifs. Ce n’est pas qu’elles n’ont pas connaissance de leurs besoins, c’est qu’assez souvent, on peut être influencé – sans parti pris – sur telle ou telle discipline.
C’est pour cela que je veux mettre en place, pour affiner les décisions des collectivités territoriales, quelle qu’elles soient, un schéma de cohérence territoriale des infrastructures sportives, qui va s’appuyer sur toute la compétence du mouvement sportif, sur les états des lieux qui ont pu être faits au sein du ministère, au sein des régions, au sein des départements, pour que nous ayons une vision des infrastructures qui ont déjà été construites et qui peuvent être dans certains cas soit sur-utilisées, donc insuffisamment dimensionnées, soit sous-utilisées. Nous connaissons toutes et tous, je crois, des endroits où il y a des infrastructures qui ne tournent pas à plein, ce que j’appelle très vulgairement des gymnases froids. Manque d’organisation, manque de cohérence, manque peut-être des passerelles qui pourraient exister entre le monde de l’éducation et les associations… bref, il y a des choses à optimiser dans ce domaine.
Ce schéma de cohérence territoriale viendra compléter l’atlas national et les diagnostics territoriaux approfondis qui, je vous l’ai dit, sont en train de se mettre en place dans l’ensemble des régions. Et à cela je vais ajouter une cellule de conseil, au sein du ministère. En effet, on peut avoir déterminé une pertinence pour une infrastructure, mais quel type d’infrastructure, pourquoi, comment la construire, quelles dimensions… Vous trouverez un conseil au sein de ce ministère pour vous aider à porter ce projet, à vérifier si les financements peuvent être pertinents, vous aider à optimiser ces financements. Force est de constater – ce n’est pas une critique, ne le prenez pas de cette manière-là – que sur bien des sujets, les élus, les collectivités, par magie, par miracle, voient souvent leur addition augmenter de 20 à 30 % sur des infrastructures.
Compte tenu de la rareté de l’argent public, compte tenu de la difficulté du moment, il nous faut nous prémunir contre cela. Il y a bien des cabinets d’expertise qui peuvent faire ce travail, mais malheureusement, ils peuvent avoir un certain nombre de connexions avec les professionnels du secteur qui font que l’objectivité, quelquefois, n’est pas au rendez-vous. Il y aura de l’objectivité au sein de ce ministère pour vous aider à négocier les choses très finement. C’est important, cet argent gagné vous permettra de faire bien d’autres choses, je vous laisse imaginer tout ce que vous pourrez faire grâce à cette qualité de conseil. Je veux une expertise très fine.
L’expertise peut être aussi un rempart contre quelque chose qui vous taraude, et vous avez bien raison, qui est la production de normes. C’est aussi un vrai sujet.
Au ministère, nous avons fait le choix de réformer la CERFRES, que vous connaissez bien, en renforçant la place des collectivités locales en son sein, pour qu’il y ait une vraie évaluation, une analyse des coûts-bénéfices des projets sur l’évolution des normes. C’est très important, nous nous devons d’avoir un vrai travail en amont, avec les fédérations internationales et nationales, pour vous éviter, ou anticiper les décisions qui pourraient être prises et remettre en cause ce que vous avez fait.
Encore une fois, l’argent est trop rare aujourd’hui, nous nous devons d’être d’excellents gestionnaires, et là aussi un effort va être fait. Vous aurez encore plus de place au sein de cette CERFRES, et y avoir beaucoup plus votre mot à dire, avec une présence et une représentativité accrues au sein de cette institution. Mon opinion est que l’intérêt des collectivités territoriales réside dans le maintien de la CERFRES. C’est une instance de concertation, et la remplacer par la CCEN ne me parait pas une bonne solution. Cette construction tripartite dans la CERFRES, je trouve qu’elle est tout à fait salutaire et pertinente pour le monde du sport.
Je reste très attaché à l’idée d’une gouvernance partagée dans le domaine sportif, donc je dirai que nous sommes dans le même bateau. Si nous avons cette même philosophie du sport pour tous, je dirais vous vous êtes des acteurs essentiels, majeurs, de son développement et que votre expertise, votre regard vont susciter tout l’intérêt de ce ministère, de ce gouvernement, parce qu’il y va de notre avenir.
Merci beaucoup.
Source http://www.amf.asso.fr, le 25 novembre 2011