Déclaration de M. David Douillet, ministre des sports, sur l'installation d'une Conférence nationale du sport et le développement des activités sportives, Paris le 5 décembre 2011.

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Circonstance : Débat avec les élus locaux en charge des sports (ANDES) à Paris le 5 décembre 2011

Texte intégral


Avant toute chose, il faut que vous sachiez que le premier représentant des élus locaux que j’ai reçu a été votre Président, Jacques THOUROUDE.
L’ANDES est un de nos partenaires privilégiés. Vous êtes un appui précieux pour relayer nos politiques auprès de tous les acteurs locaux. Vous siégez également avec assiduité dans toutes les instances de concertation.
J’ai beaucoup à apprendre de vous et de votre expérience. Je suis un Ministre à l’écoute du terrain. J’ai été président de club, dirigeant de fédérations. Avant d’être Ministre, j’étais un élu. Je veux garder un contact direct avec nos concitoyens. C’est pour cela que j’ai déjà fait une vingtaine de déplacements depuis ma nomination pour aller à la rencontre des élus, des bénévoles, des dirigeants d’associations. Et, aujourd’hui, j’attends avant tout votre retour d’expérience.
Je ne pense pas que mon rôle de Ministre soit de dicter votre conduite. Au contraire, il faut approfondir encore notre partenariat.
C’est cette volonté de concertation qui a guidé ma décision d’installer une Conférence nationale du sport, recentrée sur les acteurs clés dont l’ANDES fait bien évidemment partie.
Beaucoup d’entre vous étaient présents au congrès des maires, le 23 novembre dernier. Nous avons pu y débattre des moyens nécessaires pour développer le sport et diversifier la pratique.
Je vous y ai présenté mes grandes priorités d’action pour les prochains mois.
Vous m’avez confirmé que les équipements sportifs sont l’une de vos préoccupations majeures. C’est tout naturel, puisque vous êtes propriétaires de 80% des équipements.
Aujourd’hui, je voudrais que l’on revienne en détail sur les deux grands chantiers en cours : le schéma de cohérence territoriale et la cellule de conseil aux collectivités.
L’Etat est là pour vous accompagner financièrement. En 2011, nous avons soutenu plus de 270 projets d’équipements, sans compter les crédits régionalisés du CNDS. Et, malgré la crise et le contexte budgétaire contraint, je me bats pour que l’Etat tienne sa place. Et je peux vous dire qu’il la tient.
Mais le soutien le plus important n’est pas financier.
Comme vous le savez, la Révision Générale des Politiques Publiques nous a amené à clarifier les missions de l’Etat. Nous nous sommes recentrés sur l’accompagnement des acteurs de terrain.
J’ai tenu à ce que des personnels sport subsistent dans chaque direction, que ce soit à l’échelon régional ou départemental. Et j’ai encore redit jeudi dernier à mes services que leur priorité devait être de vous apporter leur expertise.
Ils doivent tout d’abord vous aider à identifier les besoins de vos territoires.
- Pour cela, nous disposons déjà d’outils, comme le recensement et l’atlas des équipements sportifs. Vous les connaissez, ils ont été bien diffusés.
- Nous disposons de méthodes, comme le diagnostic territorial approfondi. L’objectif est que chaque région puisse expérimenter un DTA l’année prochaine. Je sais que de nombreuses communes de l’ANDES se sont portées candidates.
- Nous disposons de ressources. Ce sont les agents des services déconcentrés, recentrés sur leur mission de soutien.
A présent, je souhaite aller plus loin en élaborant un schéma de cohérence territoriale de l’offre d’équipements sportifs.
On va regarder des choses très concrètes :
- Les temps d’accès : par exemple, un enfant ne doit pas avoir à faire plus de 10 minutes de voiture pour trouver une piscine ou un gymnase.
- La diversité des équipements : quand j’étais enfant, dans mon petit village de Normandie, c’était le foot et rien d’autre. Et j’étais obligé d’aller à Rouen pour faire du judo.
- La quantité d’équipements : certains territoires sont clairement sous-équipés. C’est souvent le cas des banlieues ou des zones rurales. Une commune rurale sur trois ne dispose d’aucun équipement sportif.
Voilà le type de déterminants d’analyse qui seront utilisés pour avoir une vision très complète des besoins de chaque territoire.
Nous veillerons à intégrer les équipements sportifs scolaires dans notre étude. Jacques THOUROUDE m’a alerté sur ce point. Nous y travaillons avec le ministère de l’Education nationale. Vous avez un regard très pertinent sur ces questions et vous serez pleinement associés, tout comme le CNOSF, à cette démarche.
Connaître ses besoins, c’est un premier pas. Savoir mener un projet, c’est autre chose.
Dans la très grande majorité des cas, les élus font les bons choix. Mais il arrive encore que, faute d’éclairage suffisant, un projet public se révèle beaucoup plus cher qu’un projet privé.
Je vais donc créer une cellule de conseil aux collectivités locales au sein du Ministère. Elle développera une expertise sur 3 points en particuliers :
- Les règles fédérales : comme l’ANDES et dans votre intérêt, je suis très attaché au maintien de la CERFRES comme instance de concertation entre l’Etat, le mouvement sportif et les collectivités. Les normes sont un sujet très spécifique qui justifie une instance propre et une concertation forte.
- Les coûts d’investissement, mais aussi de fonctionnement. Par le passé, on n’a pas assez appréhendé ces coûts, par exemple pour les piscines. Aujourd’hui, cela pèse très lourd dans certains de vos budgets, je le sais.
- Les usages et les besoins : Aujourd’hui, on ne construit plus systématiquement des stades ou des gymnases avec tribunes comme on le faisait il y a 30 ou 40 ans. Il existe toute une gamme d’équipements possible qui doit répondre à la diversité des besoins et des usages. Je pense par exemple aux pratiques sportives émergentes, comme le Double Dutch, dont j’ai signé l’agrément fin octobre.
Au-delà de ces chantiers, nous devons continuer à dialoguer sur le sujet des équipements.
Je pense par exemple à la question de la rénovation. C’est l’angle que nous avons adopté dans le plan de rattrapage en Seine-St-Denis, voulu par le Président de la République. L’Etat va investir 15 millions d’euros pour permettre d’accroître l’utilisation d’équipements déjà existants.
Le fil rouge de tout cela, c’est l’intérêt général. Je n’ai pas peur de dire à certains élus : on soutiendra le projet de la commune voisine, parce que le besoin est plus important. Je n’ai pas peur de dire : on va redéfinir ce projet, car son coût est surévalué. Vous, comme moi, nous servons la République et l’intérêt général.
Enfin, je ne peux pas conclure sans parler du bénévolat. Aujourd’hui, c’est la journée internationale des bénévoles. Vous savez que je fais de ce sujet une priorité de mon action. Le Président de la République me l’a demandé.
Les bénévoles, vous les croisez tous les jours dans vos communes. Vous voyez leur passion, mais aussi certains jours leur découragement. Ils assument de plus en plus de responsabilités et se demandent qui va prendre la relève.
C’est pour cela que je vais lancer le plan 1000 jeunes bénévoles futurs dirigeants. Nous allons former des jeunes motivés pour assumer des responsabilités dans des associations sportives. J’annoncerai officiellement le lancement de ce plan cet après-midi à Vire, en Basse-Normandie.
Ce matin, j’ai eu une réunion avec des bénévoles au centre des ressources et d’information des bénévoles de Versailles.
Je veux renforcer le rôle des CRIB pour décharger les bénévoles des tâches administratives. J’ai également demandé au CNDS de simplifier les demandes de subventions pour les plus petites associations.
Mesdames et Messieurs les élus,
Nous sommes les h??ritiers d’un modèle sportif performant, pensé et voulu par le général de Gaulle après l’humiliation des Jeux de Rome.
Depuis les années 1960, le monde du sport a beaucoup changé. Le Président de la République est le premier depuis le général de Gaulle à porter de nouveau une vision de long terme pour le sport.
Cette vision, on doit l’enrichir de votre expérience. Vous êtes les partenaires incontournables de l’Etat.
J’attends donc votre retour d’expérience et je vous invite à commencer la discussion dès maintenant.
Source http://www.sports.gouv.fr, le 6 décembre 2011