Texte intégral
Mesdames et Messieurs
Cher Gérard Longuet,
Je voudrais dabord remercier François Cornut-Gentille de son accueil, et le remercier des mots quil vient de prononcer. Cest vrai que nous sommes liés par une très très longue amitié, une amitié qui a été scellée par des combats communs, et qui a été scellée surtout au fond par une même inspiration politique. Nous sommes, pardon Gérard, François et moi des gaullistes
Et nous sommes des gaullistes qui avons su, je crois, en tout cas qui avons essayé de renouveler le gaullisme, cest-à-dire, de nous inspirer dune façon dagir, nous inspirer dune éthique de vie pour ladapter à une situation que le général de Gaulle, lui, na pas connue. Et je dis cela parce que notre gaullisme, à François et à moi, ça nest pas une simple posture, ce ne sont pas simplement des mots qui claquent « pour faire comme » le général de Gaulle. Cest une inspiration de principes, dune façon de vivre, dune façon de concevoir lengagement public que nous essayons dadapter à une situation qui est complètement nouvelle. Le général de Gaulle navais pas imaginé, en tout cas il na pas connu la fin de lUnion Soviétique, il na pas connu la mondialisation. Je pense que si on lui avait dit que la Chine serait bientôt la deuxième puissance économique du monde, je ne sais pas sil laurait cru même si cétait un historien, et que donc il savait les potentialités de ce pays.
Il faut nous adapter à la réalité du monde daujourdhui et essayer de mettre en application des principes, une façon dagir, une façon denvisager lengagement public pour être fidèle à cet héritage, et je pense que François et moi nous partageons pleinement cette vision dun gaullisme renouvelé.
Je veux juste signaler au passage que, en 1999, si je nétais pas ministre, cétait parce quon était dans lopposition.
La deuxième chose que je voudrais souligner, cest la réussite de François Cornut-Gentille à la tête du Conseil municipal de Saint-Dizier, cest son engagement pour Saint-Dizier. Il suffit de le voir présenter ses projets comme il vient de le faire à linstant où nous en parler lorsquil est à Paris, pour mesurer quil est pleinement le maire de Saint-Dizier, totalement engagé dans cette mission, passionné par cette mission, avec le souci de faire réussir sa ville. Et il obtient de ce point de vue des résultats qui sont remarquables. Je sais que va être mis en place un projet denseignement supérieur en partenariat avec le Conservatoire national des arts et métiers de Reims, dans le cadre dun partenariat entre la ville et lEtat. Après les efforts considérables que vous avez faits de rénovation des quartiers, avec le soutien dailleurs de lANRU, vous vous lancez maintenant dans un grand projet de remise en valeur du centre-ville, pour lequel naturellement nous allons nous mobiliser pour vous aider.
Et ce qui est particulièrement frappant dans ce projet, cest la vision davenir, cest la vision densemble que je veux souligner. Et puis il y a ce projet de nouveau centre culturel pour lequel, là aussi, nous allons trouver les moyens de soutenir votre engagement.
En tout cas, je voudrais à travers ces projets saluer cette vision de lavenir, cet engagement au service du développement de Saint-Dizier, qui caractérisent François et naturellement tous ceux qui, ici, au Conseil municipal laccompagnent.
À travers nos relations, à travers ce dialogue qui se noue aujourdhui à nouveau, je voudrais dire quil y a deux conceptions des relations entre lEtat et les collectivités locales qui sexpriment. Au fond, il y a deux façons de voir la relation entre les collectivités et le pouvoir central. Il y a la méfiance ancestrale entre les pouvoirs locaux et le pouvoir central ; il y a lEtat qui sait tout mieux que tout le monde et qui se méfie de tout ce qui peut agir en dehors de lui. Et puis il y a aussi les collectivités, qui se méfient de lEtat, qui ne lui font pas confiance, et qui dune certaine manière nassument pas leurs responsabilités, se dégageant, se défaussant sur lEtat chaque fois quelles sont confrontées à des difficultés quelles narrivent pas à résoudre.
Il faut sortir de cette alternative parce que les collectivités et lEtat forment une seule et même communauté. En réalité, il ny a quun seul Etat, il ny a quune seule nation française. Et cest laddition des collectivités locales et de lEtat qui fait cette Nation française. Cest absurde dopposer en permanence Etat et collectivités locales. Et cest la collaboration entre ces niveaux dadministration qui a été à lorigine de la construction de la Nation française, de son unité, de ses réussites.
Je veux dire que, dans cet esprit, pour moi les collectivités locales doivent évidemment prendre leur part du redressement des finances publiques. On ne peut pas imaginer que le redressement des finances publiques ne soit que de la responsabilité de lEtat. Il est de la responsabilité de lEtat, des collectivités locales, et du secteur social et de lassurance maladie. Cest lensemble des dépenses de lEtat qui doivent être contenues à lavenir. Cest une obligation qui simpose à nous. Dailleurs chacun dentre nous est capable de la comprendre.
Depuis 30 ans nous avons accumulé des déficits, depuis 30 ans avons refusé daccepter lidée que, en raison, notamment de la mondialisation, nos ressources étaient moindres, ou en tout cas notre richesse ne progressait pas aussi vite que par le passé, et nous avons continué à dépenser exactement comme avant, nous avons continué à vivre exactement de la même façon, et nous lavons fait à crédit.
Aujourdhui, on est au bout de cet exercice. En soi, ce nest pas un drame, il suffit de réagir, mais enfin il faut réagir maintenant. Et il faut réagir en veillant à ce que chacun assume sa part de leffort. LEtat doit réduire ses dépenses, il a dailleurs commencé à le faire. Les collectivités locales doivent se concentrer sur lessentiel, elles doivent réduire leurs dépenses de fonctionnement, elles ne peuvent pas continuer à embaucher des personnels supplémentaires au rythme où elles lont fait ces dernières années. Et en revanche elles doivent chercher avec lEtat à concentrer leurs efforts sur les investissements et en particuliers sur les investissements qui sont nécessaires à la croissance, qui sont nécessaires au développement de léconomie, et qui nous permettront de retrouver des ressources qui, avec la réduction de nos dépenses publiques nous permettront de réduire notre déficit.
Cette recherche de la croissance, cette recherche de léquilibre entre la réduction des dépenses et le soutien à la croissance, cest exactement ce que le Gouvernement cherche à faire depuis plus de quatre ans maintenant, mais notamment, surtout, depuis la crise économique et financière de 2008.
Nous nous sommes engagés devant nos partenaires européens de la façon la plus solennelle qui soit. Et je veux dire que cet engagement vaut pour tout le monde. Il vaut pour nous aujourdhui. Il vaut pour toute majorité qui gouvernerait notre pays demain, parce que cest lengagement de la France vis-à-vis de lextérieur, vis-à-vis de lUnion européenne. Nous nous sommes engagés à revenir à léquilibre en 2016, pas en 2017, pas en 2018, en 2016. Parce que nous pensons que cest la pente qui permet de réduire le déficit tout en respectant nos priorités en matière de croissance, tout en continuant à soutenir le développement de notre économie.
Alors, nous nous sommes donné les moyens de ce retour à l???équilibre. Cest ce quon appelle « la révision générale des politiques publiques » si souvent décriée, mais enfin qui est quand même la seule façon de réduire la dépense et de réorganiser lEtat, cest de rassembler des directions qui fonctionnaient de façon séparées ; cest de réduire le nombre des directions sur le territoire.
C'est douloureux, c'est parfois difficile à vivre, ça n'est pas toujours extrêmement intelligent, mais, ça aboutit en tout cas à un résultat, c'est que pour la première fois en 2012 les dépenses de l'Etat vont baisser dans notre pays, pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, les dépenses de l'Etat vont baisser.
J'entends autour de moi énormément de donneurs de leçon, qui m'expliquent qu'il faudrait faire beaucoup mieux, et que ça devait pas être si facile, puisque jusqu'à maintenant ça n'a jamais été fait, de réduire les dépenses de l'Etat. Deuxièmement, nous avons depuis quatre ans, décidé de ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux qui part à la retraite. Ca n'est pas une décision facile, c'est une décision qui va à contre-courant de toute la manière que nous avions de gérer l'Etat depuis si longtemps, mais c'est absolument indispensable à la réduction des déficits. On est aujourd'hui pratiquement en Europe le pays qui a les dépenses publiques les plus élevées. Si on avait un niveau de dépense publique dans la moyenne des pays européens, on serait excédentaire, on n'aurait pas de déficit. Il ne s'agit pas de se comparer à des pays lointains, il s'agit juste de regarder ce qui se passe autour de nous en Europe.
On a gelé les dotations aux collectivités locales, je sais que c'est difficile, et que c'est un vrai changement d'état d'esprit par rapport à ce que nous connu pendant longtemps, et, on a engagé une politique très sévère de réduction des niches fiscales. Il faut tenir ces engagements : en 2011, le déficit de l'Etat sera réduit de 28 milliards d'euros. Et on continuera ainsi en 2012, en 2013 jusqu'à atteindre l'équilibre en 2016.
Et puis, parallèlement, on a fait un certain nombre de réformes structurelles, qui représentent à terme des économies considérables et qui permettent d'assurer la viabilité de notre système public, de notre Etat, de notre système social. Je pense en particulier à la réforme des retraites, qui va permettre une économie de 26 milliards d'euros d'ici 2020, et qui, comparée à toutes les réformes des retraites qui ont été faites en Europe, et, comment dirais-je plutôt plus raisonnable, va moins loin que celles qui ont été conduites dans la plupart des pays.
On a fait des réformes difficiles en redessinant la carte judiciaire qui ne l'avait pas été depuis si longtemps, avec je sais, beaucoup de critiques ici et là, mais il fallait bien le faire. On a redessiné notre carte militaire. Qui pouvait penser un instant que la France pouvait garder exactement la même organisation militaire que lorsque nous avions à faire face à la menace du pacte de Varsovie ?! Enfin, il faut adapter les choses, on ne peut pas se réjouir d'entretenir un appareil de défense qui n'a plus aucune correspondance avec la réalité des menaces auxquelles nous devons faire face aujourd'hui. Aujourd'hui on a besoin, et je voudrais remercier Gérard Longuet qui dirige le ministère de la Défense avec beaucoup d'autorité, et beaucoup de clairvoyance, on a besoin d'une armée moins nombreuse, totalement professionnelle, pour être capable d'intervenir très vite dans des conditions de grand professionnalisme, comme on vient de le voir en Libye.
Je viens de passer une matinée sur la base de Saint-Dizier, parce que je suis venu remercier les personnels de l'armée de l'air qui ont été les fers de lance de notre action militaire en Libye. Seuls des professionnels, aussi entrainés que les nôtres, pouvaient conduire pendant sept mois des opérations sans qu'il n'y ait aucun dommage collatéral, aucune bavure comme on dit, et permettre à la France de tenir ses engagements dans le monde, de conduire à un changement de régime dans un pays dans lequel les droits des personnes étaient bafoués, dans lequel la démocratie était bafouée. C'est grâce à cette armée, c'est grâce à son professionnalisme. Et, pour obtenir cet outil militaire il fallait le réformer.
Je pense aussi à la réforme de l'offre de soins.
Ces efforts ne doivent pas être remis en cause, et, je veux dire que, le débat présidentiel qui s'ouvre est évidemment libre, chacun peut s'exprimer comme il l'entend, avoir les projets qu'il souhaite, mais, il y a une chose qui nous dépasse tous, c'est la France. Il y a une chose qui nous dépasse tous c'est la solidarité européenne, c'est la capacité de notre pays à tenir ses engagements. A l'instant, François Cornut-Gentille a évoqué les marchés, a évoqué cette crise de confiance.
Là aussi les choses sont assez simples, on emprunte beaucoup d'argent, on l'emprunte à qui ? À des gens qui veulent bien nous le prêter. Si ces gens tout d'un coup, ont le sentiment qu'on ne va pas leur rembourser, eh bien, ils ne veulent plus nous le prêter, ou alors ils nous le prêtent à des niveaux de taux d'intérêts qui sont très élevés. C'est juste ça le problème qui se pose aujourd'hui. On vous enfume avec des histoires d'agence de notation, avec des histoires de marché, on a l'impression qu'il y a des gros banquiers avec des gros cigares cachés dans tous les coins pour nous vouloir du mal.
Non, c'est un peu plus simple que ça, je ne dis pas que les banquiers n'ont pas de tort, je ne dis pas les agences de notation n'en n'ont pas, mais le vrai sujet c'est que si on n'empruntait pas autant, on ne serait pas soumis à cette pression. C'est nous qui sommes les premiers responsables de la situation dans laquelle nous nous trouvons. Et si l'Euro aujourd'hui est menacé, si il y avait une menace sur l'Europe, c'est parce que la plupart des pays européens sont trop endettés, et, parce qu'il y a un doute sur le fonctionnement de l'Union européenne.
Donc, les engagements qui nous avons pris, les engagements de retour à l'équilibre notamment en 2016, ce sont des engagements qui sont intangibles, qui doivent être respectés par tous. Et je suis triste lorsque j'entends un candidat à l'élection présidentielle, ce matin même, expliquer que, s'il avait la responsabilité du Gouvernement alors ce ne serait plus 2016 le retour à l'équilibre, mais 2017. C'est un élément qui déjà introduit dans l'esprit de nos partenaires un doute sur notre volonté et sur notre capacité.
C'est la même chose lorsque j'entends les circonvolutions de l'opposition sur la retraite à 60 ans. Pendant le débat sur la réforme de la retraite, on a entendu la gauche nous expliquer que s'ils revenaient au pouvoir ils reviendraient sur cette réforme. Donc, retour à la retraite à 60 ans pour tout le monde. Et puis au fur et à mesure que le temps passe, ça devient moins clair et ça a d'abord été le retour à la retraite à 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler à 18 ans et qui ont des métiers pénibles. Ce matin c'était le retour à la retraite à 60 ans pour ceux qui ont travaillé 18 ans et qui ont cotisé 42 ans.
La vérité, c'est que cette modification de la réforme, c'est l'annulation du gain de la réforme de 2010. C'est 8 milliards d'euros supplémentaires en 2018, donc c'est juste impossible.
Vouloir faire croire aux Français que, on va pouvoir sauver la monnaie européenne, respecter nos engagements de déficit, retrouver de la compétitivité, sur le plan économique pour que nos produits soient vendus dans le monde, et en même temps, revenir sur des réformes aussi structurelles que celle-là, c'est tout juste pas responsable, cest tout juste manquer d'égard vis-à-vis des Français et dune certaine façon de ne pas totalement les respecter, parce que, la vérité, c'est que ceux qui s'expriment comme cela, savent que ils ne tiendront pas leurs engagements.
Mais à côté de ces efforts de réduction de dépenses, nous avons aussi engagé des efforts et des réformes pour soutenir la croissance. François a bien voulu en évoquer plusieurs, dont le crédit impôt recherche, qui est un immense succès. Beaucoup critiqué au début, y compris parfois par les parlementaires de la majorité. C'est un immense succès. La France aujourd'hui c'est le pays de tous les pays développés qui est le plus attractif pour les investissements en matière de recherche.
Moi, qui ai été Ministre de la Recherche, il y a très longtemps, je peux vous dire que cest une situation totalement nouvelle. Autrefois, on était toujours à la traîne sur ces sujets là parce que la recherche était difficile à financer dans notre pays, parce que souvent la première chose que faisaient les gouvernements pour essayer de retrouver un peu de marge de manuvre financière, cétait de baisser les dépenses en matière de recherche. Nous, nous avons fait tout le contraire avec le président de la République. On a mis la priorité sur la recherche et on a mis en place le dispositif de crédit impôt recherche. Vous pouvez aller dans toutes les entreprises qui investissent dans la recherche, toutes vous diront que cest un énorme avantage aujourdhui pour notre pays.
La réforme de la taxe professionnelle, cela ne fait pas plaisir à tout le monde, je sais. Il y en a qui trouvent quils en paient trop, ceux qui en paient moins, évidemment, se gardent bien de le dire mais la vérité cest que cétait fait pour aider lindustrie. Les activités qui ne sont pas en concurrence avec le monde entier, si elles paient un peu plus dimpôts, ce nest pas formidable, on peut toujours sen plaindre, mais enfin cela na pas de conséquences ni sur lemploi, ni sur la compétitivité de léconomie.
Par contre, le fait quune voiture française soit beaucoup plus chère à produire en France quen Allemagne, cela cest un énorme problème parce que cest ce qui cause aujourdhui la désindustrialisation de notre pays ; en tout cas, cest une des causes et en supprimant la taxe professionnelle pour les entreprises industrielles, on a fait un pas en avant très important.
Et enfin, la politique quon a conduite sous lautorité de Nicolas Sarkozy avec les investissements davenir est un autre exemple de ce choix du Gouvernement de réduire les dépenses dun côté, mais en même temps de continuer à investir sur lavenir. Puisque dans cette période où nous réduisons les dépenses de lEtat, nous investissons 35 milliards deuros sur tous les secteurs qui sont les secteurs qui feront les emplois de demain.
De la même façon que le général de Gaulle et Georges Pompidou avaient lancé le TGV, les centrales nucléaires, le Concorde, lAirbus, qui ont été à lorigine des principaux succès industriels de notre pays - même le Concorde dune certaine façon parce que cest de la technologie qui a servi à faire décoller lindustrie aéronautique française et européenne - et bien de la même façon, nous sommes aujourdhui en train daider les meilleurs laboratoires, les meilleures entreprises en matière de nanotechnologies, en matière délectronique, en matière dénergie, en matière dinformatique et nous sommes en train de semer les graines qui feront la croissance de notre pays demain.
Je veux le souligner parce que dabord on en parle évidemment très peu parce quon ne parle que des choses qui vont mal, cela cest normal, mais surtout ce sont des investissements dont on ne peut pas voir aujourdhui les résultats mais qui seront à lorigine des emplois de demain et en particulier des emplois qui permettront à nos enfants de ne pas nous reprocher davoir complètement gâché lavenir.
Alors cest dans ce contexte que nous avons besoin dune Europe forte, dune Europe puissante, dune Europe qui puisse nous aider à protéger notre savoir-faire, notre culture, notre mode de vie.
Et je voudrais pour terminer dire un mot de laccord européen de vendredi dernier, pour dire que cest un accord très très important. Vous avez entendu, à chaque accord quil était important et naturellement ils létaient tous. Mais celui-là marquait une vraie rupture dans la mesure où sous limpulsion de Nicolas Sarkozy et dAngela Merkel, au fond ce qui a été décidé, cest de dessiner une nouvelle Europe qui est lEurope qui avance, qui est lEurope qui est la plus exigeante, qui est lEurope qui est la plus volontaire, alors quon avait lhabitude jusquà maintenant de saligner sur le moins-disant pour essayer dobtenir un accord à lunanimité. Cette fois-ci, il y a un pays qui na pas voulu suivre, il y en avait plusieurs au début de la journée de vendredi, il y en avait plus quun samedi matin, tant pis, on avance quand même. On avance quand même parce quil faut protéger lEuro, parce quil faut protéger lacquis de la construction européenne.
Et cela me permet de revenir à linspiration gaulliste qui est celle de François et la mienne. Je pense quaujourdhui, je vais peut-être mavancer beaucoup, le général de Gaulle serait très européen. Il serait très européen, pourquoi ? Parce quau fond, le combat pour protéger la Nation française, cétait un combat pour protéger notre identité, pour protéger la place de la France dans le monde, pour protéger la culture française, pour protéger notre mode de vie. Aujourdhui dans un monde de sept milliards dhabitants, bientôt neuf, la seule façon de protéger ce mode de vie, la seule façon de protéger la civilisation européenne qui est si différente des autres civilisations, asiatiques ou des civilisations nord-américaine, cest de défendre lEurope. Et en particulier de faire en sorte que nous ayons une monnaie forte, une monnaie européenne et que nous ayons une intégration européenne qui nous permette de nous défendre, qui nous permette de protéger nos marchés, qui nous permette de faire respecter par exemple des règles de réciprocité.
On entend beaucoup en cette période de campagne électorale des combattants qui vous explique au micro que avec leur sabre de bois, ils vont faire reculer la Chine, lInde et tous ces acteurs de la mondialisation en imposant les produits français et la manière de les faire. Tout cela na aucun sens sil ny a pas une Europe puissante qui peut dire à la Chine, qui peut dire à lInde, qui peut dire aux Etats-Unis voilà les conditions que nous acceptons. Nous sommes vos clients, nous sommes des clients très importants pour vous, alors nous nacceptons pas que vous inondiez notre marché de produits qui sont par exemple produits dans des conditions en matière de protection de lenvironnement qui sont tout à fait inacceptables. Mais pour cela il faut être fort, il ne faut pas seulement soixante millions de Français tout seuls au milieu de cet océan de sept milliards dhabitants.
Cest la raison pour laquelle nous avons besoin de plus dintégration européenne, nous avons besoin de plus dintégration de la Zone Euro, nous avons besoin de plus de cohérence dans cette Zone Euro. Javais choqué en disant, il y a quelque temps, que il faudrait aller vers une Zone Euro dans laquelle on ait le même temps de travail, grosso modo les mêmes règles en matière de retraite, la même fiscalité. Cela ne veut pas dire évidemment que nous devons nous aligner sur tel ou tel pays. Cela veut dire quon doit ensemble réfléchir les pays membres de la Zone Euro pour voir quelles sont les conditions de la compétitivité de léconomie européenne.
Mais vous voyez bien quune monnaie - dailleurs on était quelques uns à lavoir dénoncé il y a 12 ans - une monnaie ne peut pas fonctionner sur un territoire où il y a des gens qui travaillent 35 heures et dautres qui travaillent 42, parce que ce nest pas possible, ce nest juste pas possible, parce que ceux qui travaillent 42, ils ont limpression quils travaillent en partie pour financer les RTT des autres. Donc cela ne peut pas durer. Donc, il faudra bien que nous trouvions ensemble le moyen de faire converger en faisant chacun un effort, chacun un pas vers lautre notre temps de travail, notre système social, notre fiscalité si nous voulons assurer la pérennité de lEuro.
Voilà et dans ces conditions, je redis à nouveau quil nest pas responsable de dire que si il y a une alternance politique, on renégociera les accords européens. Dabord parce que cela nest pas vrai. Il y a 26 pays européens qui se sont mis daccord, 26 pays européens qui sont dirigés les uns par la gauche, les autres par la droite, ce nest dailleurs vraiment pas le sujet. Il faut aujourdhui que nous fassions preuve face aux marchés, face à ces attaques contre la Zone Euro, face à tous les dangers qui pèsent sur nous, il faut quon fasse preuve dunité nationale.
Alors faire preuve dunité nationale cela ne veut pas dire que tout le monde doit penser pareil, naturellement. Chacun a son approche idéologique des choses, chacun doit avoir son projet, son projet politique mais il y a quelques sujets sur lesquels on doit faire bloc. Et moi jattends et jattendais en particulier du candidat à lélection présidentielle socialiste quil dise à propos de laccord européen, même si il nest pas parfaitement daccord avec tous les éléments de cet accord, quil le soutiendra. Quil le soutiendra parce cest la crédibilité de la France qui est en cause, parce quon ne peut pas dire aux marchés « il y a un accord européen en novembre, en décembre mais on ne sait pas si en avril ou en mai, il sera toujours valable ». Cela cest tout à fait irresponsable par rapport aux difficultés que nous rencontrons.
Voilà, nous avons besoin dunité, nous avons besoin de retrouver une fierté nationale dans le cadre de cette construction européenne et je voudrais terminer en disant qu il suffit de passer, comme je viens de le faire ce matin trois heures sur la base de Saint-Dizier, pour ressentir cette fierté nationale.
Source http://www.gouvernement.fr, le 13 décembre 2011
Cher Gérard Longuet,
Je voudrais dabord remercier François Cornut-Gentille de son accueil, et le remercier des mots quil vient de prononcer. Cest vrai que nous sommes liés par une très très longue amitié, une amitié qui a été scellée par des combats communs, et qui a été scellée surtout au fond par une même inspiration politique. Nous sommes, pardon Gérard, François et moi des gaullistes
Et nous sommes des gaullistes qui avons su, je crois, en tout cas qui avons essayé de renouveler le gaullisme, cest-à-dire, de nous inspirer dune façon dagir, nous inspirer dune éthique de vie pour ladapter à une situation que le général de Gaulle, lui, na pas connue. Et je dis cela parce que notre gaullisme, à François et à moi, ça nest pas une simple posture, ce ne sont pas simplement des mots qui claquent « pour faire comme » le général de Gaulle. Cest une inspiration de principes, dune façon de vivre, dune façon de concevoir lengagement public que nous essayons dadapter à une situation qui est complètement nouvelle. Le général de Gaulle navais pas imaginé, en tout cas il na pas connu la fin de lUnion Soviétique, il na pas connu la mondialisation. Je pense que si on lui avait dit que la Chine serait bientôt la deuxième puissance économique du monde, je ne sais pas sil laurait cru même si cétait un historien, et que donc il savait les potentialités de ce pays.
Il faut nous adapter à la réalité du monde daujourdhui et essayer de mettre en application des principes, une façon dagir, une façon denvisager lengagement public pour être fidèle à cet héritage, et je pense que François et moi nous partageons pleinement cette vision dun gaullisme renouvelé.
Je veux juste signaler au passage que, en 1999, si je nétais pas ministre, cétait parce quon était dans lopposition.
La deuxième chose que je voudrais souligner, cest la réussite de François Cornut-Gentille à la tête du Conseil municipal de Saint-Dizier, cest son engagement pour Saint-Dizier. Il suffit de le voir présenter ses projets comme il vient de le faire à linstant où nous en parler lorsquil est à Paris, pour mesurer quil est pleinement le maire de Saint-Dizier, totalement engagé dans cette mission, passionné par cette mission, avec le souci de faire réussir sa ville. Et il obtient de ce point de vue des résultats qui sont remarquables. Je sais que va être mis en place un projet denseignement supérieur en partenariat avec le Conservatoire national des arts et métiers de Reims, dans le cadre dun partenariat entre la ville et lEtat. Après les efforts considérables que vous avez faits de rénovation des quartiers, avec le soutien dailleurs de lANRU, vous vous lancez maintenant dans un grand projet de remise en valeur du centre-ville, pour lequel naturellement nous allons nous mobiliser pour vous aider.
Et ce qui est particulièrement frappant dans ce projet, cest la vision davenir, cest la vision densemble que je veux souligner. Et puis il y a ce projet de nouveau centre culturel pour lequel, là aussi, nous allons trouver les moyens de soutenir votre engagement.
En tout cas, je voudrais à travers ces projets saluer cette vision de lavenir, cet engagement au service du développement de Saint-Dizier, qui caractérisent François et naturellement tous ceux qui, ici, au Conseil municipal laccompagnent.
À travers nos relations, à travers ce dialogue qui se noue aujourdhui à nouveau, je voudrais dire quil y a deux conceptions des relations entre lEtat et les collectivités locales qui sexpriment. Au fond, il y a deux façons de voir la relation entre les collectivités et le pouvoir central. Il y a la méfiance ancestrale entre les pouvoirs locaux et le pouvoir central ; il y a lEtat qui sait tout mieux que tout le monde et qui se méfie de tout ce qui peut agir en dehors de lui. Et puis il y a aussi les collectivités, qui se méfient de lEtat, qui ne lui font pas confiance, et qui dune certaine manière nassument pas leurs responsabilités, se dégageant, se défaussant sur lEtat chaque fois quelles sont confrontées à des difficultés quelles narrivent pas à résoudre.
Il faut sortir de cette alternative parce que les collectivités et lEtat forment une seule et même communauté. En réalité, il ny a quun seul Etat, il ny a quune seule nation française. Et cest laddition des collectivités locales et de lEtat qui fait cette Nation française. Cest absurde dopposer en permanence Etat et collectivités locales. Et cest la collaboration entre ces niveaux dadministration qui a été à lorigine de la construction de la Nation française, de son unité, de ses réussites.
Je veux dire que, dans cet esprit, pour moi les collectivités locales doivent évidemment prendre leur part du redressement des finances publiques. On ne peut pas imaginer que le redressement des finances publiques ne soit que de la responsabilité de lEtat. Il est de la responsabilité de lEtat, des collectivités locales, et du secteur social et de lassurance maladie. Cest lensemble des dépenses de lEtat qui doivent être contenues à lavenir. Cest une obligation qui simpose à nous. Dailleurs chacun dentre nous est capable de la comprendre.
Depuis 30 ans nous avons accumulé des déficits, depuis 30 ans avons refusé daccepter lidée que, en raison, notamment de la mondialisation, nos ressources étaient moindres, ou en tout cas notre richesse ne progressait pas aussi vite que par le passé, et nous avons continué à dépenser exactement comme avant, nous avons continué à vivre exactement de la même façon, et nous lavons fait à crédit.
Aujourdhui, on est au bout de cet exercice. En soi, ce nest pas un drame, il suffit de réagir, mais enfin il faut réagir maintenant. Et il faut réagir en veillant à ce que chacun assume sa part de leffort. LEtat doit réduire ses dépenses, il a dailleurs commencé à le faire. Les collectivités locales doivent se concentrer sur lessentiel, elles doivent réduire leurs dépenses de fonctionnement, elles ne peuvent pas continuer à embaucher des personnels supplémentaires au rythme où elles lont fait ces dernières années. Et en revanche elles doivent chercher avec lEtat à concentrer leurs efforts sur les investissements et en particuliers sur les investissements qui sont nécessaires à la croissance, qui sont nécessaires au développement de léconomie, et qui nous permettront de retrouver des ressources qui, avec la réduction de nos dépenses publiques nous permettront de réduire notre déficit.
Cette recherche de la croissance, cette recherche de léquilibre entre la réduction des dépenses et le soutien à la croissance, cest exactement ce que le Gouvernement cherche à faire depuis plus de quatre ans maintenant, mais notamment, surtout, depuis la crise économique et financière de 2008.
Nous nous sommes engagés devant nos partenaires européens de la façon la plus solennelle qui soit. Et je veux dire que cet engagement vaut pour tout le monde. Il vaut pour nous aujourdhui. Il vaut pour toute majorité qui gouvernerait notre pays demain, parce que cest lengagement de la France vis-à-vis de lextérieur, vis-à-vis de lUnion européenne. Nous nous sommes engagés à revenir à léquilibre en 2016, pas en 2017, pas en 2018, en 2016. Parce que nous pensons que cest la pente qui permet de réduire le déficit tout en respectant nos priorités en matière de croissance, tout en continuant à soutenir le développement de notre économie.
Alors, nous nous sommes donné les moyens de ce retour à l???équilibre. Cest ce quon appelle « la révision générale des politiques publiques » si souvent décriée, mais enfin qui est quand même la seule façon de réduire la dépense et de réorganiser lEtat, cest de rassembler des directions qui fonctionnaient de façon séparées ; cest de réduire le nombre des directions sur le territoire.
C'est douloureux, c'est parfois difficile à vivre, ça n'est pas toujours extrêmement intelligent, mais, ça aboutit en tout cas à un résultat, c'est que pour la première fois en 2012 les dépenses de l'Etat vont baisser dans notre pays, pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, les dépenses de l'Etat vont baisser.
J'entends autour de moi énormément de donneurs de leçon, qui m'expliquent qu'il faudrait faire beaucoup mieux, et que ça devait pas être si facile, puisque jusqu'à maintenant ça n'a jamais été fait, de réduire les dépenses de l'Etat. Deuxièmement, nous avons depuis quatre ans, décidé de ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux qui part à la retraite. Ca n'est pas une décision facile, c'est une décision qui va à contre-courant de toute la manière que nous avions de gérer l'Etat depuis si longtemps, mais c'est absolument indispensable à la réduction des déficits. On est aujourd'hui pratiquement en Europe le pays qui a les dépenses publiques les plus élevées. Si on avait un niveau de dépense publique dans la moyenne des pays européens, on serait excédentaire, on n'aurait pas de déficit. Il ne s'agit pas de se comparer à des pays lointains, il s'agit juste de regarder ce qui se passe autour de nous en Europe.
On a gelé les dotations aux collectivités locales, je sais que c'est difficile, et que c'est un vrai changement d'état d'esprit par rapport à ce que nous connu pendant longtemps, et, on a engagé une politique très sévère de réduction des niches fiscales. Il faut tenir ces engagements : en 2011, le déficit de l'Etat sera réduit de 28 milliards d'euros. Et on continuera ainsi en 2012, en 2013 jusqu'à atteindre l'équilibre en 2016.
Et puis, parallèlement, on a fait un certain nombre de réformes structurelles, qui représentent à terme des économies considérables et qui permettent d'assurer la viabilité de notre système public, de notre Etat, de notre système social. Je pense en particulier à la réforme des retraites, qui va permettre une économie de 26 milliards d'euros d'ici 2020, et qui, comparée à toutes les réformes des retraites qui ont été faites en Europe, et, comment dirais-je plutôt plus raisonnable, va moins loin que celles qui ont été conduites dans la plupart des pays.
On a fait des réformes difficiles en redessinant la carte judiciaire qui ne l'avait pas été depuis si longtemps, avec je sais, beaucoup de critiques ici et là, mais il fallait bien le faire. On a redessiné notre carte militaire. Qui pouvait penser un instant que la France pouvait garder exactement la même organisation militaire que lorsque nous avions à faire face à la menace du pacte de Varsovie ?! Enfin, il faut adapter les choses, on ne peut pas se réjouir d'entretenir un appareil de défense qui n'a plus aucune correspondance avec la réalité des menaces auxquelles nous devons faire face aujourd'hui. Aujourd'hui on a besoin, et je voudrais remercier Gérard Longuet qui dirige le ministère de la Défense avec beaucoup d'autorité, et beaucoup de clairvoyance, on a besoin d'une armée moins nombreuse, totalement professionnelle, pour être capable d'intervenir très vite dans des conditions de grand professionnalisme, comme on vient de le voir en Libye.
Je viens de passer une matinée sur la base de Saint-Dizier, parce que je suis venu remercier les personnels de l'armée de l'air qui ont été les fers de lance de notre action militaire en Libye. Seuls des professionnels, aussi entrainés que les nôtres, pouvaient conduire pendant sept mois des opérations sans qu'il n'y ait aucun dommage collatéral, aucune bavure comme on dit, et permettre à la France de tenir ses engagements dans le monde, de conduire à un changement de régime dans un pays dans lequel les droits des personnes étaient bafoués, dans lequel la démocratie était bafouée. C'est grâce à cette armée, c'est grâce à son professionnalisme. Et, pour obtenir cet outil militaire il fallait le réformer.
Je pense aussi à la réforme de l'offre de soins.
Ces efforts ne doivent pas être remis en cause, et, je veux dire que, le débat présidentiel qui s'ouvre est évidemment libre, chacun peut s'exprimer comme il l'entend, avoir les projets qu'il souhaite, mais, il y a une chose qui nous dépasse tous, c'est la France. Il y a une chose qui nous dépasse tous c'est la solidarité européenne, c'est la capacité de notre pays à tenir ses engagements. A l'instant, François Cornut-Gentille a évoqué les marchés, a évoqué cette crise de confiance.
Là aussi les choses sont assez simples, on emprunte beaucoup d'argent, on l'emprunte à qui ? À des gens qui veulent bien nous le prêter. Si ces gens tout d'un coup, ont le sentiment qu'on ne va pas leur rembourser, eh bien, ils ne veulent plus nous le prêter, ou alors ils nous le prêtent à des niveaux de taux d'intérêts qui sont très élevés. C'est juste ça le problème qui se pose aujourd'hui. On vous enfume avec des histoires d'agence de notation, avec des histoires de marché, on a l'impression qu'il y a des gros banquiers avec des gros cigares cachés dans tous les coins pour nous vouloir du mal.
Non, c'est un peu plus simple que ça, je ne dis pas que les banquiers n'ont pas de tort, je ne dis pas les agences de notation n'en n'ont pas, mais le vrai sujet c'est que si on n'empruntait pas autant, on ne serait pas soumis à cette pression. C'est nous qui sommes les premiers responsables de la situation dans laquelle nous nous trouvons. Et si l'Euro aujourd'hui est menacé, si il y avait une menace sur l'Europe, c'est parce que la plupart des pays européens sont trop endettés, et, parce qu'il y a un doute sur le fonctionnement de l'Union européenne.
Donc, les engagements qui nous avons pris, les engagements de retour à l'équilibre notamment en 2016, ce sont des engagements qui sont intangibles, qui doivent être respectés par tous. Et je suis triste lorsque j'entends un candidat à l'élection présidentielle, ce matin même, expliquer que, s'il avait la responsabilité du Gouvernement alors ce ne serait plus 2016 le retour à l'équilibre, mais 2017. C'est un élément qui déjà introduit dans l'esprit de nos partenaires un doute sur notre volonté et sur notre capacité.
C'est la même chose lorsque j'entends les circonvolutions de l'opposition sur la retraite à 60 ans. Pendant le débat sur la réforme de la retraite, on a entendu la gauche nous expliquer que s'ils revenaient au pouvoir ils reviendraient sur cette réforme. Donc, retour à la retraite à 60 ans pour tout le monde. Et puis au fur et à mesure que le temps passe, ça devient moins clair et ça a d'abord été le retour à la retraite à 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler à 18 ans et qui ont des métiers pénibles. Ce matin c'était le retour à la retraite à 60 ans pour ceux qui ont travaillé 18 ans et qui ont cotisé 42 ans.
La vérité, c'est que cette modification de la réforme, c'est l'annulation du gain de la réforme de 2010. C'est 8 milliards d'euros supplémentaires en 2018, donc c'est juste impossible.
Vouloir faire croire aux Français que, on va pouvoir sauver la monnaie européenne, respecter nos engagements de déficit, retrouver de la compétitivité, sur le plan économique pour que nos produits soient vendus dans le monde, et en même temps, revenir sur des réformes aussi structurelles que celle-là, c'est tout juste pas responsable, cest tout juste manquer d'égard vis-à-vis des Français et dune certaine façon de ne pas totalement les respecter, parce que, la vérité, c'est que ceux qui s'expriment comme cela, savent que ils ne tiendront pas leurs engagements.
Mais à côté de ces efforts de réduction de dépenses, nous avons aussi engagé des efforts et des réformes pour soutenir la croissance. François a bien voulu en évoquer plusieurs, dont le crédit impôt recherche, qui est un immense succès. Beaucoup critiqué au début, y compris parfois par les parlementaires de la majorité. C'est un immense succès. La France aujourd'hui c'est le pays de tous les pays développés qui est le plus attractif pour les investissements en matière de recherche.
Moi, qui ai été Ministre de la Recherche, il y a très longtemps, je peux vous dire que cest une situation totalement nouvelle. Autrefois, on était toujours à la traîne sur ces sujets là parce que la recherche était difficile à financer dans notre pays, parce que souvent la première chose que faisaient les gouvernements pour essayer de retrouver un peu de marge de manuvre financière, cétait de baisser les dépenses en matière de recherche. Nous, nous avons fait tout le contraire avec le président de la République. On a mis la priorité sur la recherche et on a mis en place le dispositif de crédit impôt recherche. Vous pouvez aller dans toutes les entreprises qui investissent dans la recherche, toutes vous diront que cest un énorme avantage aujourdhui pour notre pays.
La réforme de la taxe professionnelle, cela ne fait pas plaisir à tout le monde, je sais. Il y en a qui trouvent quils en paient trop, ceux qui en paient moins, évidemment, se gardent bien de le dire mais la vérité cest que cétait fait pour aider lindustrie. Les activités qui ne sont pas en concurrence avec le monde entier, si elles paient un peu plus dimpôts, ce nest pas formidable, on peut toujours sen plaindre, mais enfin cela na pas de conséquences ni sur lemploi, ni sur la compétitivité de léconomie.
Par contre, le fait quune voiture française soit beaucoup plus chère à produire en France quen Allemagne, cela cest un énorme problème parce que cest ce qui cause aujourdhui la désindustrialisation de notre pays ; en tout cas, cest une des causes et en supprimant la taxe professionnelle pour les entreprises industrielles, on a fait un pas en avant très important.
Et enfin, la politique quon a conduite sous lautorité de Nicolas Sarkozy avec les investissements davenir est un autre exemple de ce choix du Gouvernement de réduire les dépenses dun côté, mais en même temps de continuer à investir sur lavenir. Puisque dans cette période où nous réduisons les dépenses de lEtat, nous investissons 35 milliards deuros sur tous les secteurs qui sont les secteurs qui feront les emplois de demain.
De la même façon que le général de Gaulle et Georges Pompidou avaient lancé le TGV, les centrales nucléaires, le Concorde, lAirbus, qui ont été à lorigine des principaux succès industriels de notre pays - même le Concorde dune certaine façon parce que cest de la technologie qui a servi à faire décoller lindustrie aéronautique française et européenne - et bien de la même façon, nous sommes aujourdhui en train daider les meilleurs laboratoires, les meilleures entreprises en matière de nanotechnologies, en matière délectronique, en matière dénergie, en matière dinformatique et nous sommes en train de semer les graines qui feront la croissance de notre pays demain.
Je veux le souligner parce que dabord on en parle évidemment très peu parce quon ne parle que des choses qui vont mal, cela cest normal, mais surtout ce sont des investissements dont on ne peut pas voir aujourdhui les résultats mais qui seront à lorigine des emplois de demain et en particulier des emplois qui permettront à nos enfants de ne pas nous reprocher davoir complètement gâché lavenir.
Alors cest dans ce contexte que nous avons besoin dune Europe forte, dune Europe puissante, dune Europe qui puisse nous aider à protéger notre savoir-faire, notre culture, notre mode de vie.
Et je voudrais pour terminer dire un mot de laccord européen de vendredi dernier, pour dire que cest un accord très très important. Vous avez entendu, à chaque accord quil était important et naturellement ils létaient tous. Mais celui-là marquait une vraie rupture dans la mesure où sous limpulsion de Nicolas Sarkozy et dAngela Merkel, au fond ce qui a été décidé, cest de dessiner une nouvelle Europe qui est lEurope qui avance, qui est lEurope qui est la plus exigeante, qui est lEurope qui est la plus volontaire, alors quon avait lhabitude jusquà maintenant de saligner sur le moins-disant pour essayer dobtenir un accord à lunanimité. Cette fois-ci, il y a un pays qui na pas voulu suivre, il y en avait plusieurs au début de la journée de vendredi, il y en avait plus quun samedi matin, tant pis, on avance quand même. On avance quand même parce quil faut protéger lEuro, parce quil faut protéger lacquis de la construction européenne.
Et cela me permet de revenir à linspiration gaulliste qui est celle de François et la mienne. Je pense quaujourdhui, je vais peut-être mavancer beaucoup, le général de Gaulle serait très européen. Il serait très européen, pourquoi ? Parce quau fond, le combat pour protéger la Nation française, cétait un combat pour protéger notre identité, pour protéger la place de la France dans le monde, pour protéger la culture française, pour protéger notre mode de vie. Aujourdhui dans un monde de sept milliards dhabitants, bientôt neuf, la seule façon de protéger ce mode de vie, la seule façon de protéger la civilisation européenne qui est si différente des autres civilisations, asiatiques ou des civilisations nord-américaine, cest de défendre lEurope. Et en particulier de faire en sorte que nous ayons une monnaie forte, une monnaie européenne et que nous ayons une intégration européenne qui nous permette de nous défendre, qui nous permette de protéger nos marchés, qui nous permette de faire respecter par exemple des règles de réciprocité.
On entend beaucoup en cette période de campagne électorale des combattants qui vous explique au micro que avec leur sabre de bois, ils vont faire reculer la Chine, lInde et tous ces acteurs de la mondialisation en imposant les produits français et la manière de les faire. Tout cela na aucun sens sil ny a pas une Europe puissante qui peut dire à la Chine, qui peut dire à lInde, qui peut dire aux Etats-Unis voilà les conditions que nous acceptons. Nous sommes vos clients, nous sommes des clients très importants pour vous, alors nous nacceptons pas que vous inondiez notre marché de produits qui sont par exemple produits dans des conditions en matière de protection de lenvironnement qui sont tout à fait inacceptables. Mais pour cela il faut être fort, il ne faut pas seulement soixante millions de Français tout seuls au milieu de cet océan de sept milliards dhabitants.
Cest la raison pour laquelle nous avons besoin de plus dintégration européenne, nous avons besoin de plus dintégration de la Zone Euro, nous avons besoin de plus de cohérence dans cette Zone Euro. Javais choqué en disant, il y a quelque temps, que il faudrait aller vers une Zone Euro dans laquelle on ait le même temps de travail, grosso modo les mêmes règles en matière de retraite, la même fiscalité. Cela ne veut pas dire évidemment que nous devons nous aligner sur tel ou tel pays. Cela veut dire quon doit ensemble réfléchir les pays membres de la Zone Euro pour voir quelles sont les conditions de la compétitivité de léconomie européenne.
Mais vous voyez bien quune monnaie - dailleurs on était quelques uns à lavoir dénoncé il y a 12 ans - une monnaie ne peut pas fonctionner sur un territoire où il y a des gens qui travaillent 35 heures et dautres qui travaillent 42, parce que ce nest pas possible, ce nest juste pas possible, parce que ceux qui travaillent 42, ils ont limpression quils travaillent en partie pour financer les RTT des autres. Donc cela ne peut pas durer. Donc, il faudra bien que nous trouvions ensemble le moyen de faire converger en faisant chacun un effort, chacun un pas vers lautre notre temps de travail, notre système social, notre fiscalité si nous voulons assurer la pérennité de lEuro.
Voilà et dans ces conditions, je redis à nouveau quil nest pas responsable de dire que si il y a une alternance politique, on renégociera les accords européens. Dabord parce que cela nest pas vrai. Il y a 26 pays européens qui se sont mis daccord, 26 pays européens qui sont dirigés les uns par la gauche, les autres par la droite, ce nest dailleurs vraiment pas le sujet. Il faut aujourdhui que nous fassions preuve face aux marchés, face à ces attaques contre la Zone Euro, face à tous les dangers qui pèsent sur nous, il faut quon fasse preuve dunité nationale.
Alors faire preuve dunité nationale cela ne veut pas dire que tout le monde doit penser pareil, naturellement. Chacun a son approche idéologique des choses, chacun doit avoir son projet, son projet politique mais il y a quelques sujets sur lesquels on doit faire bloc. Et moi jattends et jattendais en particulier du candidat à lélection présidentielle socialiste quil dise à propos de laccord européen, même si il nest pas parfaitement daccord avec tous les éléments de cet accord, quil le soutiendra. Quil le soutiendra parce cest la crédibilité de la France qui est en cause, parce quon ne peut pas dire aux marchés « il y a un accord européen en novembre, en décembre mais on ne sait pas si en avril ou en mai, il sera toujours valable ». Cela cest tout à fait irresponsable par rapport aux difficultés que nous rencontrons.
Voilà, nous avons besoin dunité, nous avons besoin de retrouver une fierté nationale dans le cadre de cette construction européenne et je voudrais terminer en disant qu il suffit de passer, comme je viens de le faire ce matin trois heures sur la base de Saint-Dizier, pour ressentir cette fierté nationale.
Source http://www.gouvernement.fr, le 13 décembre 2011