Texte intégral
JEAN-PIERRE ELKABBACH Un de vos amis, le ministre François BAROIN, a accusé les socialistes, hier en plein débat à lAssemblée, dêtre arrivés au pouvoir, en 97, par « effraction. » De la part de François BAROIN est-ce que cest un manque déducation ou un mot malheureux ?
LUC CHATEL Ecoutez, personne nest dupe de la comédie qui a été sur-jouée hier à lAssemblée nationale par les socialistes.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Par qui ?
LUC CHATEL Par les socialistes. On voit très bien quil sagit dune manoeuvre de diversion, pour éviter le débat didées. Si vous voulez, ça fait sourire de voir certains jouer les vierges effarouchées, ceux qui pendant 5 ans ont tancé le président de la République en le traitant parfois de voyou, qui font des doigts dhonneur au Premier ministre, nous expliquer aujourdhui que les comportements du gouvernement sont inadmissibles.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Donc, François BAROIN a eu raison ?
LUC CHATEL Vous savez, on a toujours raison de débattre du fond. François BAROIN a fait référence à des positions de fond du Parti socialiste, qui nont pas évolué, et cest bien le problème aujourdhui. Aujourdhui nous avons une crise sans précédent, et le Parti socialiste est enfermé dans un programme qui nest plus dactualité, et ne répond pas sur le fond du problème français.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Vous ne me répondez pas. Quand on dit « effraction » en 1997, demandez à messieurs CHIRAC, VILLEPIN et JUPPE, qui a décidé de la dissolution de lAssemblée. Ils le savent bien, puisque cétait eux. Et les socialistes, Lionel JOSPIN en tête, avec François HOLLANDE, nont fait que gagner des élections anticipées par quelquun dautre.
LUC CHATEL Donc en loccurrence ce nétait pas vraiment une effraction puisquon avait entrouvert la porte avec la dissolution. Cest ce que vous voulez dire Jean-Pierre ELKABBACH ?
JEAN-PIERRE ELKABBACH Non, cest le suffrage universel.
LUC CHATEL Enfin, ce que jai vu hier cétait moins de leffraction que de la diffraction, c'est-à-dire une capacité à contourner lobstacle, à onduler autour des problèmes, à ne pas regarder la réalité en face. Franchement, Jean-Pierre ELKABBACH, aujourdhui, ce qui est important vis-à-vis des Français, cest dapporter des solutions pour la crise. Est-ce que vous pensez que de
JEAN-PIERRE ELKABBACH Et vous croyez que le mot qui a été employé, et qui tend un climat déjà électrique, qui ne correspond pas à ce quest le pays
LUC CHATEL Non, mais vous connaissez le débat parlementaire, vous savez comment ça se passe aux questions au gouvernement, les Français ne se rendent pas compte que vous avez à 2 mètres des individus qui vous hurlent dessus, et donc vous avez un ministre qui répond, qui essaie de répondre sur le fond, et il a bien fait, il a fait bien fait, projet contre projet. Cest ça qui nous intéresse. Cest ça qui intéressera les Français le moment venu.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Je sais, Luc CHATEL, quil nest pas dans le caractère de François BAROIN de sexcuser, mais il peut trouver peut-être une formule diplomatique alambiquée, il peut dire quil regrette, quil se rétracte. Vous ne pensez pas, vous ?
LUC CHATEL Eh bien écoutez, vous lui demanderez.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Votre avis.
LUC CHATEL Moi je nai pas vu monsieur EMMANUELLI sexcuser après le geste quil avait fait à lAssemblée nationale, je nai pas entendu madame AUBRY sexcuser lorsquelle disait que le président de la République, Nicolas SARKOZY, faisait honte à la France. Voilà.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Il faudrait que vous vous mettiez daccord entre vous, avec un des chefs du mouvement libéral. Gérard LONGUET vient de dire « BAROIN, François, na pas usé du mot le plus pertinent, il devrait sexcuser. »
LUC CHATEL Quand on est libéral, on est indépendant desprit, vous le savez.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Justement, est-ce que vous confirmez que vous allez, avec Gérard LONGUET et Hervé NOVELLI, ce soir, devenir un des dirigeants libéraux de lUMP ?
LUC CHATEL Ecoutez, jappartiens à la famille indépendante, on va dire, depuis 1991. Je suis entré en politique par ces idées, les idées de liberté, dautonomie, de responsabilités
JEAN-PIERRE ELKABBACH Mais au sein de lUMP vous ne pouviez pas vous exprimer ?
LUC CHATEL Si, bien sûr.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Il faut encore créer des fractions, des chefs et des sous-chefs ?
LUC CHATEL Ce nest pas une fraction. Jean-Pierre ELKABBACH, le mouvement indépendant, réformateur, libéral, appelez-le comme vous voulez, cest une vieille tradition politique française, cest un courant didées, qui a porté aux responsabilités, dailleurs, un président de la République, plusieurs Premier ministre, a dirigé plusieurs fois le pays, donc ce nest pas un club, ce nest pas un clan, cest un mouvement politique de fond, ça na rien à voir.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Daccord. Mais au moment où en Europe et en France, face à la crise, on a besoin de lEtat, est-ce que vous ne jouez pas à contretemps ou contre-emploi ?
LUC CHATEL Justement, cest intéressant den parler. Justement, cest intéressant den parler, parce que, au moment où ces idées-là, les idées de liberté, dautonomie, de responsabilités, triomphent dans le monde entier, il faudrait que nous soyons, quelque part, des bouc-émissaires sur la crise actuelle. Le problème de la crise actuelle ce nest pas la libéralisme, cest les excès de libéralisme, c'est-à-dire lultralibéralisme, c'est-à-dire le fait quà un moment on ait voulu trop déréglementer, trop privatiser, trop faire de place aux marchés, sans règles, sans règles.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Et donc maintenant vous allez pouvoir vous exprimer, monsieur le libéral, au sein de lUMP, mais en étant un membre de libérale.
LUC CHATEL Ecoutez, avec Gérard LONGUET, avec Jean-Pierre RAFFARIN, avec Jean-Claude GAUDIN, avec Hervé NOVELLI, nous souhaitons que ces idées, qui existent depuis longtemps, dans notre famille politique, soient portées dans le cadre de la campagne présidentielle, mais cest une démarche unioniste, dans lUMP, au service du candidat, du président Nicolas SARKOZY.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Les syndicats denseignants montent déjà au créneau, Luc CHATEL, après la proposition faite hier lors de la convention de lUMP sur lEducation. Un nouveau statut, les enseignants feront non seulement cours, mais ils auront des missions daccompagnement, etc. Est-ce que vous le retenez déjà ?
LUC CHATEL Ecoutez, le métier denseignant, en 30 ans, a considérablement changé. Pourquoi ? Parce quil y a eu une révolution qui sest passée, cest ce quon appelle la massification du système éducatif. Il y avait 20% de bacheliers en 1981, ils sont 71% dune classe dâge aujourdhui. Vous ne pouvez pas travailler de la même façon dans la classe quand vous avez 20% délèves et 71% délèves.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Donc on change le statut ? On devra changer.
LUC CHATEL Et donc, en 1950, le statut, puisque le décret qui encadre le statut des enseignant date de 1950, le métier principal denseignant cétait dinstruire, aujourdhui on voit bien que la mission a évolué, que lenseignant il est aussi là pour apporter un soutien personnel pour les élèves qui ont des difficultés, il est aussi là pour aider les élèves en matière dorientation
JEAN-PIERRE ELKABBACH Alors ? Alors ?
LUC CHATEL Il est aussi là pour recevoir les parents, travailler en équipe pédagogique, donc je pense que cest important que dans le cadre de la campagne présidentielle on ait un débat sur lavenir de notre école, sur ses missions, et donc, par voie de conséquence, sur le rôle des enseignants et leur statut. Et, vous savez, je vois régulièrement les syndicats de lEducation nationale, en tant que ministre de lEducation, et sur tout cela, sur ce principe, ils sont daccord. Ils voient bien que le métier a changé, ils voient bien que les élèves quils sont dans leur classe ne sont plus les mêmes, ils voient bien que le système ne sest pas adapté.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Mais est-ce quils sont daccord pour travailler plus dheure pour le même salaire ?
LUC CHATEL Nous verrons
JEAN-PIERRE ELKABBACH Et est-ce que vous vous adressez aux volontaires, ou à tous les enseignants ?
LUC CHATEL Nous verrons ensuite où nous mettons le curseur, après avoir engagé un certain nombre de discussions, de concertations, et puis notre candidat décidera de ce quil veut vraiment proposer, aux Français dabord, parce que lécole cest un projet qui concerne tous les Français, et aux enseignants en particulier.
JEAN-PIERRE ELKABBACH LUMP propose de supprimer les cours du samedi matin dans le primaire. Vous êtes daccord ?
LUC CHATEL Alors les cours du samedi matin dans le primaire ont été supprimés, depuis la réforme de Xavier DARCOS, lUMP propose daller plus loin au collège. Alors, je pense que cest une idée intéressante, mais je pense quil faut laborder dans le cadre dune réflexion globale sur les rythmes scolaires. Nos enfants passent trop de temps à lécole, concentré sur un nombre de jours trop petit, trop réduit. Donc ça veut dire beaucoup dheures par jour, et de la fatigue. Donc, nous avons des propositions sur ce sujet, qui là aussi doivent faire lobjet du débat présidentiel, notamment de mieux réorganiser le temps de travail sur lensemble de lannée.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Donc, là, vous et lUMP vous travaillez pour le futur candidat à lElysée ?
LUC CHATEL Bien sûr, cest lobjet dune convention thématique qui se déroule en ce moment.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Cest ça. Et lUMP propose aussi, daprès ce que jai lu, quun chef détablissement pourrait évaluer des enseignants. Est-ce que vous allez créer, vous aussi, des agents de notation ?
LUC CHATEL Alors, vous savez que il ne sagit pas de créer des agences de notation, il sagit dévaluer, comme dans tous les organismes modernes, quils soient publics ou privés. Oui, cest important de mesurer la performance dun système éducatif, nous le faisons dailleurs avec les évaluations qui ont été instaurées en CE1, en CM2, demain en 5ème, et cest important aussi de motiver les enseignants, de les responsabiliser.
JEAN-PIERRE ELKABBACH C'est-à-dire que les parents pourront choisir lécole et les enseignants où placer leurs enfants ?
LUC CHATEL A terme je pense que cest une hypothèse quil faut avoir en tête. Nous nen sommes pas encore là, parce quil faudra avoir instauré des indicateurs absolument transparents, indépendants, des performances du système éducatif, et du fonctionnement de chaque école, donc il y a des étapes intermédiaires importantes. Vous savez, je viens de mettre en place une expérimentation. Dans 300 collèges, en ce moment en France, vous avez le chef détablissement qui choisit ses enseignants, vous avez des enseignants qui sont volontaires par rapport à un projet, et qui sengagent à rester 5 ans en étant mieux rémunérés, pour adapter la pédagogie aux élèves quils accueillent. Donc je pense que cest dans cette direction quil faudra aller, en étendant cette expérimentation.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Il y a un sujet brûlant, on lévoque au passage, prolonger lannée scolaire de deux semaines, cest possible ça un jour ?
LUC CHATEL Ecoutez, il faut réfléchir à une meilleure organisation du temps passé à lécole tout au long de lannée, et il faut que le temps de lécole, qui est aujourdhui le temps de la société, eh bien soit adapté au monde daujourdhui, donc ça passe par des réglages sur le nombre de semaines passées à lécole, sur la durée de la journée, de présence dans lécole. Voilà. Simplement, cest un débat compliqué, compliqué, qui concerne beaucoup dacteurs, pendant 1 an il y a eu un travail, une conférence nationale
JEAN-PIERRE ELKABBACH Mais vous ne dites pas non ?
LUC CHATEL Moi je dis que cest important quon avance sur ce sujet dans le cadre de la campagne présidentielle.
JEAN-PIERRE ELKABBACH Voilà, et ce sera des éléments pour le futur candidat. Le libéral Luc CHATEL va tout de suite où ?
LUC CHATEL A Colombey-les-deux-Eglises
JEAN-PIERRE ELKABBACH Pourquoi ?
LUC CHATEL Il se trouve que le président de la République va rendre hommage, un 9 novembre, au Général de GAULLE, et que Colombey-les-deux-Eglises est dans la communauté de commune de Chaumont que je préside, Jean-Pierre ELKABBACH.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 15 novembre 2011