Texte intégral
Laissez-moi tout d'abord vous dire le plaisir et l'intérêt que j'éprouve à me trouver parmi vous ce soir. Cette session de l'Assemblée générale est un vrai temps fort et elle met en évidence, en tout cas pour moi, c'est frappant, l'importance considérable de votre rôle au sein de ces organismes.
Souvenez-vous de l'engagement fondamental de notre pays au sein de l'organisation où nous nous trouvons aujourd'hui. Comme vous le savez, cet engagement, cet intérêt, cette fidélité ne se sont jamais démentis : nous restons un contributeur majeur des Nations unies, nous respectons nos engagements tant politiques que financiers, et en cette période difficile de crise budgétaire de l'organisation, nous soutenons pleinement, avec nos partenaires européens, l'uvre de réforme entamée par le Secrétaire général avec qui j'en ai encore parlé cet après-midi. Mais l'objectif n'est pas tant de dégager des économies sans discernement, l'objectif est de restaurer la crédibilité des Nations unies en rendant celles-ci plus efficaces et mieux adaptées aux réalités d'aujourd'hui, et en les dotant de ressources sûres et prévisibles - ce qui hélas n'est plus le cas.
Je ne méconnais pas, et l'entretien que je viens d'avoir m'a d'ailleurs donné une vision encore plus précise de ces questions, je ne méconnais pas les inquiétudes légitimes que vous pouvez éprouver face à une mutation de cette ampleur, qui concerne aussi les méthodes et les objectifs de gestion du personnel. Croyez bien que les autorités françaises y sont très attentives et qu'elles sont à l'écoute de vos questions comme de vos suggestions
Je vous dirais deux mots de la réforme en cours. D'abord, la nécessité de ne pas tirer de conclusions prématurées. Les propositions du Secrétaire général pour l'amélioration de la gestion des ressources humaines sont sur la table, elles vont être débattues tout au long de cette Assemblée générale par les Etats, qui en outre, examineront le nouveau code de conduite des fonctionnaires et réfléchiront à l'avenir de la Commission de la Fonction publique internationale. A ce propos, j'estime qu'une telle réflexion, pour utile qu'elle soit, ne saurait déboucher sur une mise en cause des principes fondateurs de cette Commission, c'est-à-dire le concept d'un collège d'experts, indépendants et hautement qualifiés, qui garde toute sa valeur à nos yeux. Nous aurons l'occasion, pendant cette session, d'exprimer nos préoccupations et de défendre efficacement les intérêts de nos compatriotes, vos intérêts. Je pense en particulier à la question des rémunérations : nous sommes en faveur d'une hausse globale modérée de celles-ci. Si je mentionne cette question c'est qu'elle illustre bien, à mon sens, la position constante des autorités françaises, selon laquelle les mesures d'austérité budgétaire ne sauraient remettre en cause les garanties nécessaires à l'indépendance et à la déontologie des fonctionnaires internationaux.
D'autre part, nous continuerons de veiller au sort des Français qui pourraient être touchés par les suppressions d'emplois annoncées par le Secrétaire général dans le cadre de ces restructurations. Pour l'heure, nous avons cependant toutes les raisons de penser que cette mesure se traduira par des redéploiements, comme cela a déjà été le cas dans le passé.
Le second point que je voudrais souligner concernant cette réforme, est que celle-ci devrait permettre de renforcer les pouvoirs du Secrétaire général et le rôle du Secrétariat. Nous approuvons cette orientation qui devrait nous inciter à renforcer notre présence à New York, y compris pour les postes de haut niveau. Je saisis cette occasion pour saluer la récente nomination de M Bernard Miyet comme Secrétaire général adjoint à la tête du département des opérations de maintien de la paix, dans un poste, donc, tout à fait important.
Je voudrais maintenant vous rappeler brièvement les derniers développements des initiatives que nous avons lancées sur le plan national, pour améliorer la situation de nos compatriotes dans les organisations internationales. Je serai bref, car je pense que vous les connaissez mieux que quiconque et que beaucoup d'entre vous ont été associés à la recherche de solutions aux problèmes qui pouvaient se poser.
Je citerais notamment la création du régime d'assurance chômage, où le concours de l'Association des Français fonctionnaires internationaux de New York nous a été très précieux. D'ailleurs nous en avons dit un mot tout à l'heure dans l'entretien que j'évoquais. Pour la première fois, tous nos compatriotes qui le souhaitent peuvent disposer, dans des conditions avantageuses, d'une protection en cas de perte d'emploi, grâce à un dispositif mis au point avec la Caisse nationale de Prévoyance. A ce jour, le seuil d'adhésions pour que le régime soit viable a été largement dépassé puisque 900 fonctionnaires ont déjà adhéré. D'autre part, comme les associations en avaient formulé le voeu, la CNP a étudié la possibilité de proroger le délai pendant lequel les fonctionnaires en poste peuvent adhérer au régime. Nous avons obtenu une réponse conforme à nos souhaits. Le délai est repoussé du 1er septembre au 31 décembre 1997, afin de laisser suffisamment de temps aux associations pour informer tous les Français intéressés et pour laisser le temps à ces derniers d'accomplir les formalités nécessaires. Ce succès nous permet d'envisager d'autres initiatives, telles que l'extension du régime à nos partenaires européens ou la mise au point de protections complémentaires associées à la protection chômage.
Je voudrais également vous dire l'importance particulière que j'attache au renforcement de la présence française dans les organisations internationales, lieux de pouvoir, de décision ou d'arbitrage qui ne bénéficient pas toujours de l'attention qu'ils méritent. Ainsi, nous avons, dans un contexte budgétaire défavorable, réussi à maintenir à son niveau initial le Programme des jeunes experts associés. Une centaine de jeunes diplômés bénéficient dans ce cadre, de contrats d'emploi auprès des Nations unies, financés par le ministère des Affaires étrangères, qui débouchent assez souvent sur des recrutements par l'organisation. Nous formons ainsi une nouvelle génération de fonctionnaires internationaux français, pour prendre demain la relève de ceux qui quittent les postes de responsabilité. De même, nous veillerons au recrutement effectif par les Nations unies, des lauréats du concours qu'elles ont organisé cette année à notre demande.
Je ne conclurais pas ce bref propos sans rappeler la nécessaire défense de la langue française. Nous en sommes tous pénétrés. C'est un devoir. Il nous faut plus que jamais veiller à ce que le français conserve sa place comme langue de travail du Secrétariat. Logiquement, il faut aussi résister à la tentation de considérer les crédits de traduction et d'interprétation comme des gisements d'économies budgétaires. Tout au contraire, cette fonction d'une extrême importance doit être constamment préservée avec une vigilance de tous les instants.
Nous avons une responsabilité envers les Etats et les peuples partageant notre langue et nous devons agir en coopération étroite avec eux. Nous ne sommes pas propriétaires de cette langue, elle est partagée. C'est dans cet esprit que nous avons proposé à l'Agence de la Francophonie d'adopter un plan d'urgence pour l'usage du français dans les organisations internationales. L'objectif est d'y renforcer la présence des experts francophones et de leur donner les moyens d'action et de concertation nécessaires. Il en va enfin du respect du multilinguisme dans les organisations internationales, inséparable de la vocation universelle de celles-ci en général et des Nations unies en particulier.
Voilà, Mesdames et Messieurs, ce que je souhaitais vous dire en quelques mots, au cours de cette rencontre brève, mais amicale, à propos des orientations des autorités françaises quant aux problèmes qui vous touchent directement. Sachez que ces problèmes sont connus, que nous feront tout ce qui est en notre pouvoir pour les traiter au mieux, pour trouver des solutions. C'est parce que cela vous touche concrètement dans votre vie pratique, mais également parce que c'est un élément de notre politique étrangère globale et que c'est un élément de notre rayonnement, c'est un élément de l'influence de notre pays et que votre intérêt rejoint sur ce point l'intérêt national.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 octobre 2001)
Souvenez-vous de l'engagement fondamental de notre pays au sein de l'organisation où nous nous trouvons aujourd'hui. Comme vous le savez, cet engagement, cet intérêt, cette fidélité ne se sont jamais démentis : nous restons un contributeur majeur des Nations unies, nous respectons nos engagements tant politiques que financiers, et en cette période difficile de crise budgétaire de l'organisation, nous soutenons pleinement, avec nos partenaires européens, l'uvre de réforme entamée par le Secrétaire général avec qui j'en ai encore parlé cet après-midi. Mais l'objectif n'est pas tant de dégager des économies sans discernement, l'objectif est de restaurer la crédibilité des Nations unies en rendant celles-ci plus efficaces et mieux adaptées aux réalités d'aujourd'hui, et en les dotant de ressources sûres et prévisibles - ce qui hélas n'est plus le cas.
Je ne méconnais pas, et l'entretien que je viens d'avoir m'a d'ailleurs donné une vision encore plus précise de ces questions, je ne méconnais pas les inquiétudes légitimes que vous pouvez éprouver face à une mutation de cette ampleur, qui concerne aussi les méthodes et les objectifs de gestion du personnel. Croyez bien que les autorités françaises y sont très attentives et qu'elles sont à l'écoute de vos questions comme de vos suggestions
Je vous dirais deux mots de la réforme en cours. D'abord, la nécessité de ne pas tirer de conclusions prématurées. Les propositions du Secrétaire général pour l'amélioration de la gestion des ressources humaines sont sur la table, elles vont être débattues tout au long de cette Assemblée générale par les Etats, qui en outre, examineront le nouveau code de conduite des fonctionnaires et réfléchiront à l'avenir de la Commission de la Fonction publique internationale. A ce propos, j'estime qu'une telle réflexion, pour utile qu'elle soit, ne saurait déboucher sur une mise en cause des principes fondateurs de cette Commission, c'est-à-dire le concept d'un collège d'experts, indépendants et hautement qualifiés, qui garde toute sa valeur à nos yeux. Nous aurons l'occasion, pendant cette session, d'exprimer nos préoccupations et de défendre efficacement les intérêts de nos compatriotes, vos intérêts. Je pense en particulier à la question des rémunérations : nous sommes en faveur d'une hausse globale modérée de celles-ci. Si je mentionne cette question c'est qu'elle illustre bien, à mon sens, la position constante des autorités françaises, selon laquelle les mesures d'austérité budgétaire ne sauraient remettre en cause les garanties nécessaires à l'indépendance et à la déontologie des fonctionnaires internationaux.
D'autre part, nous continuerons de veiller au sort des Français qui pourraient être touchés par les suppressions d'emplois annoncées par le Secrétaire général dans le cadre de ces restructurations. Pour l'heure, nous avons cependant toutes les raisons de penser que cette mesure se traduira par des redéploiements, comme cela a déjà été le cas dans le passé.
Le second point que je voudrais souligner concernant cette réforme, est que celle-ci devrait permettre de renforcer les pouvoirs du Secrétaire général et le rôle du Secrétariat. Nous approuvons cette orientation qui devrait nous inciter à renforcer notre présence à New York, y compris pour les postes de haut niveau. Je saisis cette occasion pour saluer la récente nomination de M Bernard Miyet comme Secrétaire général adjoint à la tête du département des opérations de maintien de la paix, dans un poste, donc, tout à fait important.
Je voudrais maintenant vous rappeler brièvement les derniers développements des initiatives que nous avons lancées sur le plan national, pour améliorer la situation de nos compatriotes dans les organisations internationales. Je serai bref, car je pense que vous les connaissez mieux que quiconque et que beaucoup d'entre vous ont été associés à la recherche de solutions aux problèmes qui pouvaient se poser.
Je citerais notamment la création du régime d'assurance chômage, où le concours de l'Association des Français fonctionnaires internationaux de New York nous a été très précieux. D'ailleurs nous en avons dit un mot tout à l'heure dans l'entretien que j'évoquais. Pour la première fois, tous nos compatriotes qui le souhaitent peuvent disposer, dans des conditions avantageuses, d'une protection en cas de perte d'emploi, grâce à un dispositif mis au point avec la Caisse nationale de Prévoyance. A ce jour, le seuil d'adhésions pour que le régime soit viable a été largement dépassé puisque 900 fonctionnaires ont déjà adhéré. D'autre part, comme les associations en avaient formulé le voeu, la CNP a étudié la possibilité de proroger le délai pendant lequel les fonctionnaires en poste peuvent adhérer au régime. Nous avons obtenu une réponse conforme à nos souhaits. Le délai est repoussé du 1er septembre au 31 décembre 1997, afin de laisser suffisamment de temps aux associations pour informer tous les Français intéressés et pour laisser le temps à ces derniers d'accomplir les formalités nécessaires. Ce succès nous permet d'envisager d'autres initiatives, telles que l'extension du régime à nos partenaires européens ou la mise au point de protections complémentaires associées à la protection chômage.
Je voudrais également vous dire l'importance particulière que j'attache au renforcement de la présence française dans les organisations internationales, lieux de pouvoir, de décision ou d'arbitrage qui ne bénéficient pas toujours de l'attention qu'ils méritent. Ainsi, nous avons, dans un contexte budgétaire défavorable, réussi à maintenir à son niveau initial le Programme des jeunes experts associés. Une centaine de jeunes diplômés bénéficient dans ce cadre, de contrats d'emploi auprès des Nations unies, financés par le ministère des Affaires étrangères, qui débouchent assez souvent sur des recrutements par l'organisation. Nous formons ainsi une nouvelle génération de fonctionnaires internationaux français, pour prendre demain la relève de ceux qui quittent les postes de responsabilité. De même, nous veillerons au recrutement effectif par les Nations unies, des lauréats du concours qu'elles ont organisé cette année à notre demande.
Je ne conclurais pas ce bref propos sans rappeler la nécessaire défense de la langue française. Nous en sommes tous pénétrés. C'est un devoir. Il nous faut plus que jamais veiller à ce que le français conserve sa place comme langue de travail du Secrétariat. Logiquement, il faut aussi résister à la tentation de considérer les crédits de traduction et d'interprétation comme des gisements d'économies budgétaires. Tout au contraire, cette fonction d'une extrême importance doit être constamment préservée avec une vigilance de tous les instants.
Nous avons une responsabilité envers les Etats et les peuples partageant notre langue et nous devons agir en coopération étroite avec eux. Nous ne sommes pas propriétaires de cette langue, elle est partagée. C'est dans cet esprit que nous avons proposé à l'Agence de la Francophonie d'adopter un plan d'urgence pour l'usage du français dans les organisations internationales. L'objectif est d'y renforcer la présence des experts francophones et de leur donner les moyens d'action et de concertation nécessaires. Il en va enfin du respect du multilinguisme dans les organisations internationales, inséparable de la vocation universelle de celles-ci en général et des Nations unies en particulier.
Voilà, Mesdames et Messieurs, ce que je souhaitais vous dire en quelques mots, au cours de cette rencontre brève, mais amicale, à propos des orientations des autorités françaises quant aux problèmes qui vous touchent directement. Sachez que ces problèmes sont connus, que nous feront tout ce qui est en notre pouvoir pour les traiter au mieux, pour trouver des solutions. C'est parce que cela vous touche concrètement dans votre vie pratique, mais également parce que c'est un élément de notre politique étrangère globale et que c'est un élément de notre rayonnement, c'est un élément de l'influence de notre pays et que votre intérêt rejoint sur ce point l'intérêt national.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 octobre 2001)