Déclaration de Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre des solidarités et de la cohésion sociale, sur la prise en charge des personnes âgées dépendantes dans les Ehpad, Forge-les-Eaux (Seine-Maritime) le 14 novembre 2011.

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Circonstance : Inauguration d'un Ehpad à Forge-les-Eaux (Seine-Maritime) le 14 novembre 2011

Texte intégral

« Vieillir ensemble, ce n'est pas ajouter des années à la vie, mais de la vie aux années. »
Avec ces mots, le psychosociologue Jacques Salomé n'illustre-t-il pas l'un des nouveaux enjeux de nos sociétés modernes ?
La vie, donc : c'est bien cela qui est inscrit au cœur du projet de cet EHPAD « Fondation Beaufils ».
Tout en préservant une partie du bâtiment d'origine, qui a presque cent ans, les travaux – réalisés avec le soutien financier de l'Etat, du Conseil général, et les prêts de la CRAM – ont permis d'adapter ce lieu aux exigences actuelles, notamment en matière d'accessibilité.
Car, nous le savons bien, un EHPAD, ce n'est pas seulement un lieu où l'on reçoit des soins. Un EHPAD, c'est beaucoup plus que cela ! Un EHPAD, c'est un lieu de vie à part entière, une structure de proximité enracinée au cœur du paysage local, au cœur de nos vies.
Et vous souhaitez que la vie y soit de qualité. Pour les résidents, bien sûr, dont le bien-être est au cœur de vos préoccupations, et pour l'équipe aussi.
Vous faites vivre dans cet établissement un projet plein de dynamisme, d'ouverture vers l'extérieur, d'attention à chacun, en vous appuyant, je le sais, sur des professionnels dont je veux saluer très chaleureusement l'engagement et le professionnalisme.
Je le disais à l'instant, un EHPAD, c'est un lieu dans lequel on doit se sentir bien. Et, de cette définition, vous donnez ici une bien belle illustration (I).
J'en veux pour preuve, d'abord, l'aménagement facteur de convivialité, les espaces individuels étant regroupés autour d'un espace de vie commun, dans 5 unités.
Je note d'ailleurs que de telles évolutions sont en parfaite cohérence avec les recommandations formulées dans le guide pratique que la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) est en train de finaliser, à l'intention des concepteurs et des directeurs d'EHPAD.
Désormais, chaque résident se sent davantage « chez soi », dans un habitat de type « domestique » capable de garantir son droit à l'intimité, quel que soit son état de santé, et préserver sa dignité pour qu'il puisse continuer à donner du sens à sa vie.
Vous avez en effet cherché à construire un EHPAD qui ne ressemble pas à un petit hôpital.
Et le résultat est à la hauteur !
Les espaces de circulation comme la rue « forum », la lumière – si présente ici, les chambres communicantes pour accueillir des couples : à travers cette restructuration, c'est une amélioration sensible du cadre et des conditions de vie offert aux personnes âgées que vous proposez.
Cette passion pour l'accueil, cette volonté de proposer des lieux de vie chaleureux et dans lesquels vos résidents se plaisent, je veux les saluer comme elles le méritent.
Recevez donc ici, avec l'ensemble de vos équipes et des acteurs qui se sont investis pour faire exister ce beau projet, l'expression de ma profonde gratitude.
Comme vous l'avez bien montré ici, la réussite d'un projet tient d'abord à la conjugaison d'une volonté locale et d'une politique publique volontariste (II).
Ainsi, je voudrais rappeler l'engagement des pouvoirs publics en faveur de nos aînés.
Le grand débat national sur la dépendance a montré que notre pays n'avait pas à rougir de la qualité de son système de prise en charge, un système que beaucoup nous envient.
Aujourd'hui, le niveau de la solidarité nationale s'élève à 25 milliards d'euros et, je veux le redire, il ne baissera pas.
Alors, vous le savez, la crise financière et les tensions sur les finances publiques nous empêchent d'engager aujourd'hui des mesures financières trop lourdes. C'est une décision de sagesse.
Pour autant, je veux le réaffirmer avec force : la réforme de la dépendance n'est en aucun cas annulée.
Comme s'y est engagé le Président de la République, nous proposons dans les lois financières actuellement en cours d'examen par le Parlement plusieurs mesures pour répondre aux urgences que nous avons identifiées.
En premier lieu, la croissance de l'ONDAM médico-social permettra d'injecter plus de 450 millions d'euros d'argent frais pour améliorer la qualité de la prise en charge des personnes âgées. Je voudrais en profiter pour souligner combien nous avons réussi à préserver le secteur médico-social, y compris suite à l'annonce des toutes dernières mesures d'économie.
Nous mettrons ainsi un accent tout particulier sur l'accroissement des moyens des établissements pour faire face aux besoins des résidents en soins. Dans cette perspective, nous médicaliserons 83 000 places l'an prochain, pour un montant de 140 millions d'euros. Les agences régionales de santé auront ainsi la possibilité de signer très rapidement de nouvelles conventions.
Par ailleurs, un plan d'aide à l'investissement à hauteur de 50 millions d'euros pour l'année prochaine permettra de soutenir les travaux de rénovation des établissements et de développer les structures de prise en charge intermédiaires.
Enfin, j'ai également obtenu que l'on apporte une réponse aux difficultés auxquelles sont aujourd'hui confrontées les associations ou les entreprises chargée des services d'aide à domicile.
Car ne nous y trompons pas : assurer la pérennité de ces services, c'est garantir le libre choix entre le maintien à domicile et l'hébergement en établissement. J'y suis très attachée.
C'est pourquoi 50 millions d'euros, qui s'imputeront sur le budget général de l'Etat, permettront d'accompagner la restructuration des services d'aide à domicile.
Mais la réforme de la dépendance, ce ne sont pas seulement des mesures financières.
Le grand débat national a en effet montré que de réelles marges d'efficience étaient possibles, à condition d'améliorer l'organisation de notre système de prise en charge.
Selon le Haut conseil pour l'avenir de l'assurance maladie (HCAAM), de nombreuses journées d'hospitalisation, dont on connaît le prix extrêmement élevé, pourraient par exemple être évitées aux personnes âgées. Ce sont ainsi plus de 2 milliards d'euros que nous pourrions dégager pour mieux répondre aux besoins de nos aînés et de leurs familles.
Ce chantier, nous allons le lancer. Je sais que vous êtes sensibles à ce sujet : les conventions signées avec vos partenaires visent précisément à faciliter les parcours de vos résidents vers et depuis l'hôpital.
Le débat a également fait émerger d'autres besoins qui, pour être satisfaits, n'exigent ni une dépense nouvelle, ni un vecteur législatif.
Je pense notamment au souhait de nos concitoyens d'être mieux accompagnés lorsqu'ils choisissent une maison de retraite.
A cet égard, vous le savez, j'ai appelé de mes vœux la mise en place d'indicateurs de qualité dans les EHPAD et la création d'un site Internet dédié.
Je ne doute pas que l'EHPAD de la Fondation Beaufils figurera en bonne place sur ce site !
Ce travail a d'ores et déjà débuté. Il se poursuit et s'achèvera en 2012, comme je m'y étais engagée.
Vous l'aurez compris, jamais l'engagement en faveur de nos aînés n'a été aussi important.
Dans ce contexte, je me réjouis de pouvoir compter sur vous, de trouver en ce lieu exemplaire des femmes et des hommes exemplaires, qui contribuent à donner à notre pays un visage plus humain.Source http://www.solidarite.gouv.fr, le 18 novembre 2011