Texte intégral
Monsieur l’Ambassadeur,
Mesdames, Messieurs,
Chers Compatriotes,
Permettez-moi d’abord de remercier notre ambassadeur, M. Jacques Lapouge, qui nous accueille ici ce soir.
Permettez-moi aussi de vous dire mon émotion de retrouver ce pays magnifique et fascinant qui incarne aux yeux du monde l’humanité, la fraternité et l’espoir.
Depuis ma précédente visite, en janvier 1994, quelques mois avant les élections qui allaient porter Nelson Mandela au pouvoir et mettre définitivement fin aux années sombres de l’Apartheid, bien des choses ont changé.
La Nation arc-en-ciel s’est profondément transformée. Elle a su mener à bien une transition pacifique vers la démocratie et relever des défis sociaux et économiques majeurs. Pour l’ensemble de la communauté internationale, elle reste à jamais un exemple et une source d’inspiration.
La France, pour sa part, a refondé sa relation avec le continent africain, dans un esprit de partenariat, d’équilibre et de transparence. Et c’est ici, en Afrique du Sud, au Cap, en 2008, devant les membres du Parlement sud-africain, que le président de la République a jeté les bases de cette nouvelle politique.
Aujourd’hui, la relation entre nos deux pays est plus forte que jamais.
Cette amitié est d’abord le fruit de notre histoire partagée. En cette veille du 11 novembre, je voudrais rappeler que la France n’oublie pas l’engagement de l’Afrique du Sud à ses côtés dans la Première guerre mondiale. Elle n’oublie pas le sacrifice des 230.000.hommes de la South African Overseas Expeditionary Force, dont 12.500 ont payé de leur vie le combat pour la liberté, à Devil Wood, lors du naufrage du SS Mendi ou dans l’enfer des tranchées.
Notre amitié se fonde également sur des valeurs communes - les droits de l’Homme, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, la diversité culturelle.
Elle se nourrit enfin d’approches communes sur l’organisation du monde :
Un monde fondé sur des principes de droit, où chaque État doit pouvoir trouver sa place et où les puissances acceptent de discuter ensemble de leurs intérêts communs, dans un esprit de coopération, et non de rivalité - je pense naturellement aux pays émergents, au premier rang desquels l’Afrique du Sud.
Un monde où l’Afrique doit pouvoir mieux faire entendre sa voix. Je pense aux instances internationales, comme le G20, dont l’Afrique du Sud est membre depuis le début, ou le Conseil de sécurité des Nations unies, où l’Afrique du Sud siège pour la seconde fois en tant que membre non permanent et où le continent africain doit être mieux représenté.
Cette relation privilégiée entre la France et l’Afrique du Sud, les présidents Zuma et Sarkozy ont voulu lui donner un nouvel élan en nouant un dialogue stratégique au plus haut niveau. Ce dialogue nous rassemble souvent. Je pense à la Côte d’Ivoire : en conjuguant les efforts de l’Union africaine et du Conseil de sécurité, nous sommes parvenus à faire respecter la décision du peuple de porter au pouvoir le président Ouattara. Et si nous avons parfois des désaccords, comme sur la Libye, l’amitié qui nous unit nous permet d’en parler en confiance, entre partenaires de bonne foi unis sur l’essentiel.
Je souhaite que cette visite nous permette de franchir une nouvelle étape et de rendre nos liens toujours plus denses et toujours plus fructueux. J’ai pu ce matin visiter deux projets de développement financés par l’Agence française de développement, dont l’Afrique du Sud est désormais l’un des partenaires majeurs dans le monde. J’ai également eu le plaisir d’inaugurer les nouveaux locaux de l’Institut Français d’Afrique du Sud, qui témoigne de la force de notre engagement au service du rapprochement de nos deux sociétés et de nos deux cultures. J’aurai demain l’occasion d’évoquer les différents aspects de notre relation bilatérale avec le président Zuma, puis avec mon homologue, Mme Maïté Nkoana-Mashabane, mais aussi des enjeux majeurs tels que les crises africaines, le «printemps arabe», le processus de paix au Proche Orient, les conclusions du G20 et les négociations climatiques.
Cette relation d’amitié et de confiance entre nos deux pays, vous en êtes les premiers acteurs.
Avec plus de 7.000 ressortissants inscrits au registre des Français de l’étranger, vous formez ici une communauté en constante augmentation.
Une communauté unie et solidaire - le dynamisme de vos associations d’accueil, d’entraide et de convivialité, comme ici, à Johannesburg, «Jo’Burg accueil», la Société de Bienfaisance de Johannesburg ou «les Frenchies à Johannesburg», en témoigne.
Une communauté active, aussi. A travers les 235 entreprises françaises implantées dans le pays, qu’il s’agisse des filiales de nos grands groupes ou des nombreuses petites entreprises qui se sont créées au cours des dernières années dans l’hôtellerie, la restauration, la viticulture, les énergies renouvelables ou les nouvelles technologies, vous êtes des ambassadeurs privilégiés de l’excellence de nos savoir-faire et de nos technologies. C’est grâce à votre dynamisme que la France contribue à la construction des deux centrales de Medupi et Kusile et du Gautrain, qui est aujourd’hui exploité par une grande entreprise de transport public française. C’est grâce à votre esprit d’entreprise et votre créativité que nous pourrons, je l’espère, prendre toute notre part aux grands projets en cours de lancement, qu’il s’agisse du programme nucléaire civil, de la construction de centrales à gaz ou encore de la rénovation d’infrastructures.
Je voudrais remercier les conseillers du commerce extérieur et les membres de la chambre franco-sud-africaine de commerce et d’industrie pour l’aide qu’ils vous apportent au quotidien. Je voudrais aussi vous dire que nous sommes déterminés à appuyer vos efforts pour développer nos échanges avec ce pays. Avec une importante progression en 2010 et une hausse de 30 % au premier semestre de cette année, le commerce bilatéral reste fortement excédentaire pour la France (+ 687 millions d’euros en 2010). Nous devons faire encore mieux.
Permettez-moi enfin de rendre hommage aux membres de notre réseau culturel et scolaire, ici en pleine expansion. Grâce à leur engagement, plus de mille élèves bénéficient d’un enseignement français en Afrique du Sud. Grâce à leur professionnalisme, les deux établissements d’excellence que sont l’École François Le Vaillant au Cap, et le Lycée Jules Verne, à Johannesburg, avec son campus «École Myriam Makeba» à Pretoria, contribuent pleinement au rayonnement de l’enseignement français dans le monde.
L’État est à vos côtés pour vous accompagner dans l’aventure exaltante, mais exigeante, qu’est l’expatriation.
Nous sommes à vos côtés pour assurer votre sécurité. Je sais qu’en dépit de la qualité de la vie dans ce pays, en dépit de l’ouverture de ses habitants, l’insécurité est pour vous une préoccupation majeure, même si les statistiques sur le long terme traduisent une diminution de la violence la plus extrême. Soyez assurés qu’outre nos deux consulats de plein exercice, à Johannesburg et au Cap, nos trois consuls honoraires, à Durban, à East London et à Port Elisabeth, veillent à maintenir un lien permanent avec vous tous et à garantir la sécurité de la communauté toute entière. C’est la raison pour laquelle il est essentiel que vous soyez inscrits sur les registres consulaires.
Nous sommes également à vos côtés pour soutenir ceux d’entre vous qui connaissent des difficultés financières. Je pense en particulier à notre politique de bourses scolaires et d’allocations sociales, qui demeure une priorité du gouvernement.
Enfin, nous sommes à vos côtés pour vous permettre de mieux faire entendre votre voix. Conformément aux engagements du Président de la République, la représentation des Français de l’étranger sera renforcée en 2012, avec l’élection de onze députés. Ils constitueront pour vous autant de relais supplémentaires pour exprimer vos préoccupations, aux côtés des Sénateurs de l’étranger et des conseillers de l’Assemblée des français de l’étranger, qui effectuent déjà un travail remarquable. Je profite de cette occasion pour saluer la présence parmi nous du sénateur André Ferrand et de Mme Ferrand-Hazard, conseillère des Français de l’étranger.
Chers Compatriotes,
Au second semestre 2012 s’ouvrira la saison de la France en Afrique du Sud. Elle sera suivie en 2013 de la saison de l’Afrique du Sud en France. Cette saison croisée, voulue par nos deux présidents, n’est pas une simple opération de prestige. Elle est le fruit d’une stratégie politique, d’une vision d’avenir. Elle est l’occasion pour nos deux peuples de mieux connaître leur réalité, leur dynamisme et leur modernité respectifs ; l’opportunité pour nos deux pays de prendre conscience qu’ils sont désormais des partenaires fiables, engagés et incontournables l’un de l’autre.
Je sais pouvoir compter sur vous, à titre individuel ou au nom des associations, établissements ou entreprises que vous représentez, pour y prendre toute votre part et écrire ainsi une nouvelle page de l’amitié franco-sud-africaine.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 novembre 2011