Texte intégral
Q - Monsieur le Ministre, votre nomination au poste de secrétaire dÉtat le 28 septembre, en remplacement de David Douillet, répond au souhait du président de la République et du gouvernement dassurer le suivi de la représentation aujourdhui élargie des Français de létranger à lAssemblée des Français de létranger et donc au Sénat, mais surtout de mettre en uvre une réforme, originale et assez unique qui prévoit lélection et la participation directe des Français de létranger aux travaux du Parlement.
R - Dabord, je voudrais vous dire que par convictions personnelles, et dailleurs mon engagement politique le montre, jai toujours voulu servir mon pays, servir mes compatriotes, servir lintérêt général. De ce fait, lorsque le président de la République et le Premier ministre mont proposé dentrer au gouvernement pour traiter des Français de létranger, cest avec enthousiasme que jai aussitôt accepté. Dabord, parce que cest dans la continuité, de mon implication dans la vie publique, je lai dit, et ensuite parce que cest pour moi loccasion de servir mes compatriotes à une nouvelle échelle. Car comme élu local, jai lhabitude dêtre au contact des réalités. Je le montre à la faveur des déplacements que jeffectue. À loccasion de ces voyages, je rencontre systématiquement nos compatriotes pour échanger avec eux sur leurs préoccupations, les difficultés quils rencontrent, les contraintes et les problèmes qui sont les leurs. Jai toujours un moment de dialogue et découte réservé à leurs élus à lAssemblée des Français à létranger. Ces quelque deux millions, deux millions et demi de compatriotes sont des Français à part entière ; ils doivent être traités comme tels ! Jajoute que je fais partie dune génération qui a grandi à un moment où la mondialisation sest imposée comme une réalité incontournable, à un moment où lexpatriation est devenue un phénomène de plus en plus banal.
Q - Quels autres pays ont des systèmes comparables ?
R - Accompagner cette évolution par la nomination dun membre du gouvernement chargé des Français de létranger est donc tout à fait cohérent. Mais ce nest pas, à proprement parler, une originalité française. Dautres pays ont des systèmes analogues. À titre dexemple, à Manille, jai rencontré mon homologue, M. Esteban B. Conejos, secrétaire dÉtat auprès du ministre des Affaires étrangères chargé des Philippins de létranger. Certes, la communauté philippine à létranger est bien plus importante que la communauté française mais les préoccupations sont les mêmes. Nos expatriés sont des éléments dynamiques de notre société, qui osent saffranchir de certaines conventions ou comportements. Ils sont animés dun véritable esprit dentreprise, si ce nest daventure. Considérez le nombre de nos compatriotes qui, avec leurs familles, vont courir les mers. Tous ne sont pas des aventuriers ou des capitaines dindustries. Dans certaines régions, nombreux ressentent durement la crise que nous traversons. Mais tous ont la ferme volonté daffronter le monde qui bouge.
Q - Vous rentrez des États-Unis. Comment nos compatriotes là-bas, habituellement très intégrés au milieu américain, voient-ils cette démarche de caractère institutionnel ?
R - Lors de mon voyage aux États-Unis dAmérique, trop bref naturellement, je nai pas parcouru la région des grands lacs, le centre ou la côte Ouest. Mais à Washington, à Boston, à New York, à Houston et à la Nouvelle Orléans, jai rencontré des Français qui font preuve dune énergie indomptable, qui créent, qui fabriquent, qui investissent, qui innovent. Jai fait une visite à de jeunes Français qui viennent douvrir une boulangerie dune grande chaîne française en plein Washington ; ils mont épaté. Ce nétait pas un pari gagné davance : ils se sont lancés, ils ont tenté, ils ont fait preuve daudace. Avec une telle force de caractère, je ne doute pas quils réussissent. Les Français à létranger sont un véritable gisement doptimisme pour lavenir. Quils fabriquent des voitures à Wuhan, au centre de la Chine, quils soient élèves de lESSEC à Singapour, représentants dONC humanitaires à Haïti Jen parle avec passion parce que lorsque je vais les voir, ils me font part de leur expérience, de leurs projets. Ils le font avec enthousiasme, avec énergie, avec confiance en lavenir en noubliant jamais de dire quils sont Français et quils aiment éperdument leur pays.
Q - Comme nous avons déjà 20 députés et sénateurs issus des outre-mer qui représentent également un peu la France dans leur environnement local aux quatre coins du monde, ne pensez-vous pas que cette nouvelle réforme risque dapparaître aux yeux du grand public comme quelque peu superfétatoire en cette période de crise ? Tout cela ne coûte-t-il pas beaucoup dargent à lheure où le budget du ministère des Affaires étrangères se réduit comme peau de chagrin. Le grand public a le sentiment, sans doute à tort, que cette réforme tend à conforter à sa manière, car le résultat dune élection nest jamais sûr, les positions de lactuelle majorité.
R - Je rappelle dabord que la création de sièges pour les élus des Français établis hors de France à lAssemblée nationale ne sest pas traduite par une augmentation du nombre total de députés. Pour caricaturer, je dirais quon ne supprime pas un département, une région ou une commune pour faire des économies. Non, je ne crois pas quon puisse sérieusement mettre en balance la démocratie avec des considérations budgétaires. Si on les rapproche des Français dOutre-mer aux Français de létranger dont le nombre est, au total, comparable, on saperçoit que les Français de létranger sont représentés, en tout et pour tout, par 12 sénateurs, 11 députés et 155 membres de lAssemblée des Français de létranger. Ils nont ni conseillers régionaux, généraux, municipaux
Les Français de létranger ont une réelle spécificité, ils ne sont pas des citoyens de second ordre, ils constituent une composante du Peuple français qui a un droit légitime à une représentation parlementaire.
Je suis un serviteur de la République. Et cest avec un profond et sincère esprit républicain que jaborde, comme il est normal, ces élections. Jappartiens à un gouvernement, soutenu par une majorité et fort de la confiance du président de la République. Il ny a aucune ambiguïté là-dessus. Mais nous sommes un État de droit, nous avons des valeurs, nous avons des principes. Nous sommes fiers de notre devise. Le gouvernement sert lintérêt général et organise les élections, comme toujours dans les meilleures conditions afin que chacun puisse sexprimer librement. Cette réforme a un auteur : M. Nicolas Sarkozy. Elle a été lancée non par calcul partisan mais pour assurer la représentation de femmes et dhommes qui, à leur manière, là où ils vivent, sont des représentants de la France, au contact des réalités de la mondialisation. Cest la règle de notre démocratie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 décembre 2011
R - Dabord, je voudrais vous dire que par convictions personnelles, et dailleurs mon engagement politique le montre, jai toujours voulu servir mon pays, servir mes compatriotes, servir lintérêt général. De ce fait, lorsque le président de la République et le Premier ministre mont proposé dentrer au gouvernement pour traiter des Français de létranger, cest avec enthousiasme que jai aussitôt accepté. Dabord, parce que cest dans la continuité, de mon implication dans la vie publique, je lai dit, et ensuite parce que cest pour moi loccasion de servir mes compatriotes à une nouvelle échelle. Car comme élu local, jai lhabitude dêtre au contact des réalités. Je le montre à la faveur des déplacements que jeffectue. À loccasion de ces voyages, je rencontre systématiquement nos compatriotes pour échanger avec eux sur leurs préoccupations, les difficultés quils rencontrent, les contraintes et les problèmes qui sont les leurs. Jai toujours un moment de dialogue et découte réservé à leurs élus à lAssemblée des Français à létranger. Ces quelque deux millions, deux millions et demi de compatriotes sont des Français à part entière ; ils doivent être traités comme tels ! Jajoute que je fais partie dune génération qui a grandi à un moment où la mondialisation sest imposée comme une réalité incontournable, à un moment où lexpatriation est devenue un phénomène de plus en plus banal.
Q - Quels autres pays ont des systèmes comparables ?
R - Accompagner cette évolution par la nomination dun membre du gouvernement chargé des Français de létranger est donc tout à fait cohérent. Mais ce nest pas, à proprement parler, une originalité française. Dautres pays ont des systèmes analogues. À titre dexemple, à Manille, jai rencontré mon homologue, M. Esteban B. Conejos, secrétaire dÉtat auprès du ministre des Affaires étrangères chargé des Philippins de létranger. Certes, la communauté philippine à létranger est bien plus importante que la communauté française mais les préoccupations sont les mêmes. Nos expatriés sont des éléments dynamiques de notre société, qui osent saffranchir de certaines conventions ou comportements. Ils sont animés dun véritable esprit dentreprise, si ce nest daventure. Considérez le nombre de nos compatriotes qui, avec leurs familles, vont courir les mers. Tous ne sont pas des aventuriers ou des capitaines dindustries. Dans certaines régions, nombreux ressentent durement la crise que nous traversons. Mais tous ont la ferme volonté daffronter le monde qui bouge.
Q - Vous rentrez des États-Unis. Comment nos compatriotes là-bas, habituellement très intégrés au milieu américain, voient-ils cette démarche de caractère institutionnel ?
R - Lors de mon voyage aux États-Unis dAmérique, trop bref naturellement, je nai pas parcouru la région des grands lacs, le centre ou la côte Ouest. Mais à Washington, à Boston, à New York, à Houston et à la Nouvelle Orléans, jai rencontré des Français qui font preuve dune énergie indomptable, qui créent, qui fabriquent, qui investissent, qui innovent. Jai fait une visite à de jeunes Français qui viennent douvrir une boulangerie dune grande chaîne française en plein Washington ; ils mont épaté. Ce nétait pas un pari gagné davance : ils se sont lancés, ils ont tenté, ils ont fait preuve daudace. Avec une telle force de caractère, je ne doute pas quils réussissent. Les Français à létranger sont un véritable gisement doptimisme pour lavenir. Quils fabriquent des voitures à Wuhan, au centre de la Chine, quils soient élèves de lESSEC à Singapour, représentants dONC humanitaires à Haïti Jen parle avec passion parce que lorsque je vais les voir, ils me font part de leur expérience, de leurs projets. Ils le font avec enthousiasme, avec énergie, avec confiance en lavenir en noubliant jamais de dire quils sont Français et quils aiment éperdument leur pays.
Q - Comme nous avons déjà 20 députés et sénateurs issus des outre-mer qui représentent également un peu la France dans leur environnement local aux quatre coins du monde, ne pensez-vous pas que cette nouvelle réforme risque dapparaître aux yeux du grand public comme quelque peu superfétatoire en cette période de crise ? Tout cela ne coûte-t-il pas beaucoup dargent à lheure où le budget du ministère des Affaires étrangères se réduit comme peau de chagrin. Le grand public a le sentiment, sans doute à tort, que cette réforme tend à conforter à sa manière, car le résultat dune élection nest jamais sûr, les positions de lactuelle majorité.
R - Je rappelle dabord que la création de sièges pour les élus des Français établis hors de France à lAssemblée nationale ne sest pas traduite par une augmentation du nombre total de députés. Pour caricaturer, je dirais quon ne supprime pas un département, une région ou une commune pour faire des économies. Non, je ne crois pas quon puisse sérieusement mettre en balance la démocratie avec des considérations budgétaires. Si on les rapproche des Français dOutre-mer aux Français de létranger dont le nombre est, au total, comparable, on saperçoit que les Français de létranger sont représentés, en tout et pour tout, par 12 sénateurs, 11 députés et 155 membres de lAssemblée des Français de létranger. Ils nont ni conseillers régionaux, généraux, municipaux
Les Français de létranger ont une réelle spécificité, ils ne sont pas des citoyens de second ordre, ils constituent une composante du Peuple français qui a un droit légitime à une représentation parlementaire.
Je suis un serviteur de la République. Et cest avec un profond et sincère esprit républicain que jaborde, comme il est normal, ces élections. Jappartiens à un gouvernement, soutenu par une majorité et fort de la confiance du président de la République. Il ny a aucune ambiguïté là-dessus. Mais nous sommes un État de droit, nous avons des valeurs, nous avons des principes. Nous sommes fiers de notre devise. Le gouvernement sert lintérêt général et organise les élections, comme toujours dans les meilleures conditions afin que chacun puisse sexprimer librement. Cette réforme a un auteur : M. Nicolas Sarkozy. Elle a été lancée non par calcul partisan mais pour assurer la représentation de femmes et dhommes qui, à leur manière, là où ils vivent, sont des représentants de la France, au contact des réalités de la mondialisation. Cest la règle de notre démocratie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 décembre 2011