Texte intégral
Q - Bonsoir Monsieur le Ministre, tout le monde attendait ce moment ; quel est le ou les éléments qui ont permis de débloquer la situation ?
R - Chaque fois quil y a une prise dotages, nous explorons tous les canaux de négociation. Nos services sont immédiatement mobilisés, comme ils lont été dans le passé pour les deux journalistes détenus en Afghanistan et comme ils continuent à lêtre aujourdhui pour nos quatre otages au Sahel ou pour le fonctionnaire français qui est détenu depuis plus de deux ans en Somalie.
Nous essayons de discuter avec tous ceux qui sont ouverts à la discussion. Et là, je dois saluer, comme ceci vient dêtre fait par Pierre Perrot à linstant, le rôle décisif joué par les autorités omanaises, notamment le sultan dOman, puisquils sont passés du Yémen à Mascate.
Ils sont donc en ce moment dans lavion et je confirme quen vous quittant, je me rendrai moi-même à Villacoublay.
Q - Vous lavez entendu, certaines sources yéménites affirment que le Sultanat dOman aurait versé une rançon au nom de la France. Confirmez-vous ?
R - La France a pour principe de ne pas payer de rançon. Je ne ferai pas dautres commentaires sur ce sujet, pour des raisons dÉtat bien sûr.
Q - Et si la France avait versé une rançon, le diriez-vous ce soir aux Français ?
R - Je nai pas dautres choses à ajouter que ce que je vous ai dit sur ce point. Cest exactement la position que jai prise lors de la libération de M. Ghesquière et de M. Taponier.
Q - Il ny a pas eu dintervention militaire ?
R - Il ny a pas eu dintervention militaire. Nous avons eu des preuves de vie qui se sont succédé. Ils sont en bonne santé, cest cela qui compte.
Je voudrais dire aussi que la joie de les voir revenir, que nous partageons avec Triangle, est aujourdhui malheureusement endeuillée par un chagrin puisquun soldat a été tué en Afghanistan, où nous poursuivons progressivement le retrait des troupes françaises.
Q - Cinq personnes sont toujours otages dont quatre au Niger. Peut-on espérer que cette situation se débloque rapidement ?
R - Rapidement, il faut lespérer. Je me suis fixé un principe qui est de ne pas parler tant que je ne suis pas sûr, parce que lon suscite des espérances, en particulier auprès des familles, qui risquent encore dêtre déçues.
Nous travaillons darrache-pied et je voudrais saluer nos services qui, sans tambours ni trompettes et sans apparaître jamais sur les écrans, font le travail nécessaire en explorant tous les canaux de négociation possible.
Q - On la entendu, loption militaire est pour linstant écartée. Pourquoi ce que lon a pu faire en Libye, on ne pourrait pas le faire en Syrie aujourdhui ?
R - Il y a au moins deux raisons. En Libye, dès le départ, des pays arabes ont souhaité lintervention de la communauté internationale et, par ailleurs, le Conseil de sécurité sest mis daccord pour autoriser cette intervention.
Aucune de ces conditions nétaient réunies jusquà présent pour la Syrie. Il y a eu un changement majeur avec la prise de position de la Ligue arabe qui condamne le régime et qui lui demande de partir. Le Conseil de sécurité reste bloqué par la Russie et la Chine, qui sont de plus en plus isolées, il faut bien le dire.
Je voudrais rappeler que la France, depuis des mois, a dit que ce régime ne pourra pas tenir et, aujourdhui, on sen rend compte de plus en plus. Ce comportement est inacceptable, la répression est dune sauvagerie tout à fait inacceptable aussi.
Alors que faire ? Dabord, il faut travailler davantage avec les pays arabes, la Turquie et tous les voisins de la Syrie pour augmenter la pression et vous voyez que cest en train de monter.
Ensuite, il faut travailler avec lopposition syrienne. Jai été moi-même rencontrer certains de ses leaders, M. Ghalioun notamment lorsquil est venu à Paris à lOdéon, pour les aider et les conforter.
Enfin, il faut accentuer les sanctions. Aujourdhui, à Bruxelles, nous avons mis sur la liste des personnalités sanctionnées, dix-huit noms supplémentaires et nous avons aussi demandé à la Banque européenne dinvestissement de cesser ses interventions.
Q - Tout cela va-t-il suffire sachant que cela fait six mois que Bachar El Assad défie la communauté internationale ?
R - Il est de plus en plus isolé. Aujourdhui la plupart de ses soutiens sont en train de le lâcher. Cest long, bien entendu, et je comprends limpatience de lopposition, je comprends le drame qui se déroule dans les villes syriennes mais je pense que nous allons y arriver. Les sanctions donnent des résultats, progressivement certes, mais elles donnent des résultats.
Q - Nest-ce pas trop long alors que tous les jours, il y a des gens qui meurent ?
R - Bien sûr que cest trop long. Mais vous savez, ceux-là même qui nous ont reproché dêtre intervenu en Libye nous demandent aujourdhui pourquoi nous nintervenons pas en Syrie. Je vous ai dit pourquoi, les situations sont tout à fait différentes, mais je pense que nous allons y arriver.
Q - Et la France aura-t-elle le leadership sur ce dossier comme elle la eu en Libye ?
R - Je suis modeste. Le président de la République prend beaucoup dinitiatives, cest vrai, mais nous travaillons avec nos alliés et nos amis. Aujourdhui à Bruxelles, nous étions vingt-sept exactement sur la même ligne pour accentuer cette pression.
Je suis de tout cur avec la population syrienne qui souffre dans des conditions, vous avez raison de le dire, absolument dramatiques.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 novembre 2011
R - Chaque fois quil y a une prise dotages, nous explorons tous les canaux de négociation. Nos services sont immédiatement mobilisés, comme ils lont été dans le passé pour les deux journalistes détenus en Afghanistan et comme ils continuent à lêtre aujourdhui pour nos quatre otages au Sahel ou pour le fonctionnaire français qui est détenu depuis plus de deux ans en Somalie.
Nous essayons de discuter avec tous ceux qui sont ouverts à la discussion. Et là, je dois saluer, comme ceci vient dêtre fait par Pierre Perrot à linstant, le rôle décisif joué par les autorités omanaises, notamment le sultan dOman, puisquils sont passés du Yémen à Mascate.
Ils sont donc en ce moment dans lavion et je confirme quen vous quittant, je me rendrai moi-même à Villacoublay.
Q - Vous lavez entendu, certaines sources yéménites affirment que le Sultanat dOman aurait versé une rançon au nom de la France. Confirmez-vous ?
R - La France a pour principe de ne pas payer de rançon. Je ne ferai pas dautres commentaires sur ce sujet, pour des raisons dÉtat bien sûr.
Q - Et si la France avait versé une rançon, le diriez-vous ce soir aux Français ?
R - Je nai pas dautres choses à ajouter que ce que je vous ai dit sur ce point. Cest exactement la position que jai prise lors de la libération de M. Ghesquière et de M. Taponier.
Q - Il ny a pas eu dintervention militaire ?
R - Il ny a pas eu dintervention militaire. Nous avons eu des preuves de vie qui se sont succédé. Ils sont en bonne santé, cest cela qui compte.
Je voudrais dire aussi que la joie de les voir revenir, que nous partageons avec Triangle, est aujourdhui malheureusement endeuillée par un chagrin puisquun soldat a été tué en Afghanistan, où nous poursuivons progressivement le retrait des troupes françaises.
Q - Cinq personnes sont toujours otages dont quatre au Niger. Peut-on espérer que cette situation se débloque rapidement ?
R - Rapidement, il faut lespérer. Je me suis fixé un principe qui est de ne pas parler tant que je ne suis pas sûr, parce que lon suscite des espérances, en particulier auprès des familles, qui risquent encore dêtre déçues.
Nous travaillons darrache-pied et je voudrais saluer nos services qui, sans tambours ni trompettes et sans apparaître jamais sur les écrans, font le travail nécessaire en explorant tous les canaux de négociation possible.
Q - On la entendu, loption militaire est pour linstant écartée. Pourquoi ce que lon a pu faire en Libye, on ne pourrait pas le faire en Syrie aujourdhui ?
R - Il y a au moins deux raisons. En Libye, dès le départ, des pays arabes ont souhaité lintervention de la communauté internationale et, par ailleurs, le Conseil de sécurité sest mis daccord pour autoriser cette intervention.
Aucune de ces conditions nétaient réunies jusquà présent pour la Syrie. Il y a eu un changement majeur avec la prise de position de la Ligue arabe qui condamne le régime et qui lui demande de partir. Le Conseil de sécurité reste bloqué par la Russie et la Chine, qui sont de plus en plus isolées, il faut bien le dire.
Je voudrais rappeler que la France, depuis des mois, a dit que ce régime ne pourra pas tenir et, aujourdhui, on sen rend compte de plus en plus. Ce comportement est inacceptable, la répression est dune sauvagerie tout à fait inacceptable aussi.
Alors que faire ? Dabord, il faut travailler davantage avec les pays arabes, la Turquie et tous les voisins de la Syrie pour augmenter la pression et vous voyez que cest en train de monter.
Ensuite, il faut travailler avec lopposition syrienne. Jai été moi-même rencontrer certains de ses leaders, M. Ghalioun notamment lorsquil est venu à Paris à lOdéon, pour les aider et les conforter.
Enfin, il faut accentuer les sanctions. Aujourdhui, à Bruxelles, nous avons mis sur la liste des personnalités sanctionnées, dix-huit noms supplémentaires et nous avons aussi demandé à la Banque européenne dinvestissement de cesser ses interventions.
Q - Tout cela va-t-il suffire sachant que cela fait six mois que Bachar El Assad défie la communauté internationale ?
R - Il est de plus en plus isolé. Aujourdhui la plupart de ses soutiens sont en train de le lâcher. Cest long, bien entendu, et je comprends limpatience de lopposition, je comprends le drame qui se déroule dans les villes syriennes mais je pense que nous allons y arriver. Les sanctions donnent des résultats, progressivement certes, mais elles donnent des résultats.
Q - Nest-ce pas trop long alors que tous les jours, il y a des gens qui meurent ?
R - Bien sûr que cest trop long. Mais vous savez, ceux-là même qui nous ont reproché dêtre intervenu en Libye nous demandent aujourdhui pourquoi nous nintervenons pas en Syrie. Je vous ai dit pourquoi, les situations sont tout à fait différentes, mais je pense que nous allons y arriver.
Q - Et la France aura-t-elle le leadership sur ce dossier comme elle la eu en Libye ?
R - Je suis modeste. Le président de la République prend beaucoup dinitiatives, cest vrai, mais nous travaillons avec nos alliés et nos amis. Aujourdhui à Bruxelles, nous étions vingt-sept exactement sur la même ligne pour accentuer cette pression.
Je suis de tout cur avec la population syrienne qui souffre dans des conditions, vous avez raison de le dire, absolument dramatiques.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 novembre 2011