Texte intégral
Madame la présidente de lIRSN,
Mesdames et Messieurs,
Avant de répondre aux questions de la presse, je voudrais vous dire quelques mots sur les raisons de ma venue dans ces locaux de lInstitut de radioprotection et de sûreté nucléaire, avec Nathalie Kosciusko-Morizet et avec Eric Besson.
Au mois de mars dernier, lensemble des personnels de cet Institut se sont mobilisés avec beaucoup de dévouement et beaucoup defficacité à loccasion de la catastrophe de Fukushima pour fournir heure par heure des éléments sur la situation au Japon à partir des données disponibles.
Des experts ont été dépêchés sur place et je veux dire la gratitude qui est la mienne, au nom du Gouvernement, pour lengagement de tous les personnels de lIRSN qui a été exemplaire.
Nous avons compris très vite que cette catastrophe serait longue et, pour reprendre des termes de lAutorité de sûreté nucléaire, que le retour dexpérience sétalerait sur léchelle dune dizaine dannées.
Pour autant, la France a décidé de réagir vite, parce que nous avons le devoir dassurer la sécurité maximale de nos installations nucléaires.
Cest un objectif qui nest pas négociable et cest une obligation que nous avons vis-à-vis des Français.
Nos concitoyens doivent savoir que nous nous sommes dotés du dispositif de surveillance et dinformation sans doute le plus sûr au monde avec la loi de 2006.
Nous nous appuyons sur une autorité indépendante, lASN, et sur lexpertise que lui apporte lIRSN.
Mais nous avons besoin aussi de vigies comme le Haut comité pour la transparence et linformation sur la sûreté nucléaire.
Les organismes de relais que sont les Commissions locales dinformations constituent également un élément majeur du fonctionnement de notre démocratie.
Et cest pour les aider à jouer ce rôle de témoin que le Gouvernement vient de doter ces commissions de subventions accrues puisquelles augmenteront en effet de 70 % en 2012 dans un contexte que chacun sait contraint.
A lheure où la question nucléaire est débattue de façon souvent caricaturale, à lheure où 40 années de recherche et defforts industriels sont fragilisées par des négociations électorales sur lesquelles je ne métends pas, je veux saluer lengagement des personnels de notre filière nucléaire, je veux rappeler que leur compétence est reconnue dans le monde entier.
Si le nucléaire nétait plus envisagé comme une énergie davenir, nous réduirions notre indépendance énergétique, nous réduirions les savoirs et lexpertise qui est la nôtre, nous affaiblirions aussi nos capacités à faire partager par dautres pays nucléaires notre niveau dexigence.
Il a fallu plusieurs décennies pour que lexploitation française soit portée par des opérateurs internationalement reconnus : le CEA, EDF, Areva.
Et dans un contexte comme celui que nous connaissons après laccident de Fukushima, le plan stratégique qui a été annoncé la semaine dernière par Areva témoigne du modèle stratégique intégré que le Gouvernement souhaite préserver et souhaite développer.
Ce plan nécessitera une amélioration des coûts opérationnels et il nécessitera aussi des cessions dactifs hors du cur de métier dAreva.
Ce secteur ne pourrait être un tel emblème du savoir-faire français si nous navions pas fait le choix dune politique de sûreté maximale.
La conception par lIRSN dun simulateur du réacteur EPR montre combien linvestissement public en faveur de cette sûreté est exigeant, évolutif et permanent.
Le développement simultané de ce dispositif et du chantier mené par EDF à Flamanville pour bâtir le réacteur de troisième génération témoigne de notre volonté danticipation, tant sur le plan technologique que sur celui de la sûreté.
Il y a quelques jours, une association a mené une action coordonnée à lencontre de plusieurs de nos installations nucléaires.
Plusieurs personnes ont pénétré sur des sites nucléaires.
Même si ces tentatives dintrusion ont été détectées rapidement et même si elles ont pour la plupart été empêchées, lintégrité des installations nucléaires na à aucun moment été mise en péril. Mais nous devons tirer toutes les conséquences de ces actions, au-delà de celles que la justice retiendra pour ces individus qui se sont montrés irresponsables.
Nous avons décidé de lancer une inspection interministérielle de la sécurité de tous les sites, et en particulier un audit de ses dispositifs anti-intrusion.
Dans la foulée de cet audit, nous devrons certainement envisager de durcir les mesures de protection passive : les systèmes dalarme, les clôtures, la vidéoprotection.
Nous serons sans doute amenés à revoir la directive nationale de sécurité pour lensemble des secteurs dactivité dimportance vitale dont le nucléaire et à améliorer la coordination entre les différents intervenants : les opérateurs, la gendarmerie, les forces dintervention, lASN.
Notre vigilance doit être constamment en alerte.
Et pour cela, nous devons nous inscrire dans une logique dévaluation constante et nous devons savoir remettre en cause nos méthodes et nos procédures.
Vous le savez, juste après Fukushima, jai confié à lASN un audit de sûreté des centrales nucléaires.
LASN doit rendre ses conclusions le mois prochain, et elle prendra les décisions quelle jugera nécessaires.
Jai toute confiance dans cette autorité, dans sa rigueur, dans son indépendance, pour que les décisions prises pour nos installations nucléaires soient des décisions justes.
Quelles quelles soient, je veux dire que le Gouvernement les respectera !
Jai également demandé à la Cour des comptes, en mai dernier, de mener une expertise sur les coûts liés au démantèlement des installations nucléaires, au recyclage des combustibles usés, au stockage des déchets, à la recherche et développement ainsi quau contrôle de la sûreté nucléaire.
La Cour rendra son rapport public à la fin du mois prochain, et je ne doute pas que son éclairage sera utile aux débats.
Comme nous venons de le voir ici, toutes les mesures, toutes les techniques et toutes les compétences humaines sont mises en uvre pour assurer en France une sécurité maximale.
Dans ces conditions, je suis convaincu que le nucléaire doit rester le cur de notre production électrique.
Le développement actuel des énergies renouvelables ne permet pas une sortie du nucléaire qui passerait par autre chose quun recours accru aux énergies fossiles fortement émettrices de CO2 et un recours accru aux importations, comme le dit le rapport publié jeudi de lOffice parlementaire dévaluation des choix scientifiques et technologiques et je le dis ici sous le regard des sénateurs et notamment du sénateur Bruno Sido.
Une sortie précipitée du nucléaire ne peut pas être financièrement et écologiquement neutre; elle ne peut donc quêtre irresponsable.
Comme nous le faisons depuis le Grenelle de lEnvironnement, cest en favorisant le développement des connaissances et des savoir-faire liés aux énergies renouvelables et cest en améliorant notre efficacité énergétique que nous pourrons avancer vers une diversification de la production délectricité française.
Nos objectifs sont daccroître la part des énergies renouvelables dans notre consommation délectricité. Mais je dois rappeler que malgré nos efforts en faveur de lefficacité énergétique, la consommation augmente chaque année !
Le développement du nucléaire est donc dactualité et la réussite de lEPR de Flamanville est une nécessité.
Cest un chantier de long terme dans lequel il faut persévérer en dépit des obstacles rencontrés.
Voilà, Mesdames et Messieurs, les réflexions que minspire cette visite. Je voulais une nouvelle rendre hommage à lIRSN, à ses personnels ainsi quà lensemble des travailleurs de cette filière nucléaire qui fait la fierté de notre pays.
Naturellement, si la presse a des questions à poser, je mefforcerai dy répondre, à condition naturellement quelles soient de ma compétence.
Questions Réponses
Journaliste :
Je voulais vous demander, sur votre proposition sur un audit de sécurité, pensez-vous quon va voir les vigiles armés sur les sites EDF ? Et puis, javais un deuxième sujet : il paraît que les propos de Madame la ministre de lEcologie sur lavenir de la centrale de Fessenheim ont été mal interprétés la semaine dernière. Pouvez-vous profiter de cette occasion pour préciser la relation entre la décision de lASN et les actions éventuellement du Gouvernement par la suite ?
François Fillon :
Je vous remercie Madame. Comme je viens de le dire à linstant, nous respecterons scrupuleusement les décisions qui seront proposées par lASN. Si nous nous sommes dotés dune Autorité de sûreté indépendante, ce nest pas pour interpréter ses décisions, choisir parmi les propositions qui sont faites celles qui nous conviendraient et celles qui ne nous conviendraient pas. Donc, cest lASN qui travaille, cest une structure indépendante, elle fera ses propositions et nous nous conformerons strictement aux propositions de lASN. Cest exactement ce que Madame Kosciusko-Morizet a dit il y a quelques jours, voulant par la phrase quelle a employée, indiquer que quelles que soient les conséquences, y compris si ces conséquences étaient la fermeture dune centrale, nous nous y conformerons. Mais cest une décision qui sera prise au vu des conclusions de lASN, et de personne dautre. Sur le deuxième sujet, on va mener les audits et on mettra en place les systèmes de sécurité nécessaires pour que ces intrusions ne se reproduisent plus.
Journaliste :
Première question : êtes-vous favorable à linstauration dun service minimum dans les transports aériens et, deuxièmement, Eva Joly propose la semaine de 32 heures, quen pensez-vous ?
François Fillon :
Quant à laffaire du service minimum dans les transports aériens, nous avons vu que le service minimum dans les transports terrestres a parfaitement fonctionné. Il y a une réflexion qui est engagée. Il y a notamment un texte législatif qui pourrait être examiné par le Parlement, au moins pour quil y ait une visibilité pour les opérateurs et pour les passagers. On y travaille.
Journaliste :
Vous avez employé deux fois le terme "sécurité maximale". Comment vous définissez cette chose ?
François Fillon :
Cest ce que javais indiqué après laccident de Fukushima. Les tests de résistance que nous avons demandés à nos experts consistent à imaginer les pires situations dans lesquelles nos installations nucléaires, et je dis bien « nos installations nucléaires, toutes nos installations nucléaires » pourraient se trouver, y compris des situations qui ne sont absolument pas crédibles, compte tenu de lenvironnement de notre pays et de la géographie, du climat, etc. Autrement dit, nous testons nos installations nucléaires dans une situation extrême, comparable notamment à celle qua connue la centrale de Fukushima, ce qui va évidemment, comme on la vu dans la présentation tout à lheure du logiciel de simulation, amener à réaliser des investissements importants de sécurité qui sans doute ne serviront jamais, mais dont lobjectif est de nous placer à ce niveau maximal de sécurité.
Journaliste :
La semaine dernière, un rapport parlementaire envisageait une sortie du nucléaire à lhorizon 2100, en passant par une transition qui comptait sur les EPR et la 4e génération. Quest-ce que vous pensez du rapport de lOPECST.
François Fillon :
Ecoutez, moi je ne me place pas dans une perspective de sortie du nucléaire. Au fond, les choses sont très simples : ou bien le nucléaire est dangereux et il faut en sortir tout de suite, ou bien nous considérons que nous avons lexpertise nécessaire pour maîtriser cette technologie et alors elle fait partie dun mix énergétique qui a vocation à durer longtemps. Et cest bien dans cette perspective-là que nous nous plaçons. Cest dailleurs la raison pour laquelle je ne comprends pas les projets politiques qui consistent à vouloir réduire de 20, de 30 ou de 40 ou de 50 % le nucléaire, en mettant en avant des risques potentiels de cette filière. Encore une fois ou ces risques sont sérieux et, à ce moment-là il faut en tirer les conséquences et sortir tout de suite du nucléaire, en tout cas le plus vite possible, ou ils ne le sont pas. Nous, nous considérons quils ne le sont pas, que nous avons les capacités technologiques pour maîtriser ces risques et nous nous plaçons donc dans une perspective dutilisation du nucléaire sur le long terme.
Journaliste :
Une question sur les propos que vous avez tenus, vous et monsieur Noyer, sur le Royaume-Uni. Est-ce que vous craignez que ces propos pourraient éventuellement nuire aux négociations entre EDF et le Royaume-Uni sur la vente de certains produits nucléaires en Angleterre ?
François Fillon :
Vous avez trouvé un habile lien avec le nucléaire, je vous en félicite, mais jai eu loccasion de mexpliquer avec Nick Clegg il y a 48 heures sur ces propos. Ce sont des propos qui ne visaient en rien la Grande-Bretagne et la qualité de la gestion financière du gouvernement britannique. Jai simplement voulu une nouvelle fois faire remarquer que la manière dont les agences de notation, dont les marchés, jugent la situation des pays de la zone euro tient plus à la question de la gouvernance de la zone euro, à la difficulté que la zone euro a de réagir à la crise quelle rencontre, en raison de son organisation politique quau niveau des déficits et au niveau de lendettement, puisque si seul le niveau du déficit ou le niveau de lendettement était en cause, alors dautres pays qui ont des déficits plus importants que nous seraient aujourdhui menacés. Cétait le seul point que jai voulu soulever. Je crois que ce différend a été parfaitement aplani. Avec les autorités britanniques. Il nest pas question de déclencher de réactions en chaîne dans notre relation avec ce pays que par ailleurs, comme chacun le sait, jaime beaucoup.
Voilà, merci beaucoup.
Source http://www.gouvernement.fr, le 26 décembre 2011
Mesdames et Messieurs,
Avant de répondre aux questions de la presse, je voudrais vous dire quelques mots sur les raisons de ma venue dans ces locaux de lInstitut de radioprotection et de sûreté nucléaire, avec Nathalie Kosciusko-Morizet et avec Eric Besson.
Au mois de mars dernier, lensemble des personnels de cet Institut se sont mobilisés avec beaucoup de dévouement et beaucoup defficacité à loccasion de la catastrophe de Fukushima pour fournir heure par heure des éléments sur la situation au Japon à partir des données disponibles.
Des experts ont été dépêchés sur place et je veux dire la gratitude qui est la mienne, au nom du Gouvernement, pour lengagement de tous les personnels de lIRSN qui a été exemplaire.
Nous avons compris très vite que cette catastrophe serait longue et, pour reprendre des termes de lAutorité de sûreté nucléaire, que le retour dexpérience sétalerait sur léchelle dune dizaine dannées.
Pour autant, la France a décidé de réagir vite, parce que nous avons le devoir dassurer la sécurité maximale de nos installations nucléaires.
Cest un objectif qui nest pas négociable et cest une obligation que nous avons vis-à-vis des Français.
Nos concitoyens doivent savoir que nous nous sommes dotés du dispositif de surveillance et dinformation sans doute le plus sûr au monde avec la loi de 2006.
Nous nous appuyons sur une autorité indépendante, lASN, et sur lexpertise que lui apporte lIRSN.
Mais nous avons besoin aussi de vigies comme le Haut comité pour la transparence et linformation sur la sûreté nucléaire.
Les organismes de relais que sont les Commissions locales dinformations constituent également un élément majeur du fonctionnement de notre démocratie.
Et cest pour les aider à jouer ce rôle de témoin que le Gouvernement vient de doter ces commissions de subventions accrues puisquelles augmenteront en effet de 70 % en 2012 dans un contexte que chacun sait contraint.
A lheure où la question nucléaire est débattue de façon souvent caricaturale, à lheure où 40 années de recherche et defforts industriels sont fragilisées par des négociations électorales sur lesquelles je ne métends pas, je veux saluer lengagement des personnels de notre filière nucléaire, je veux rappeler que leur compétence est reconnue dans le monde entier.
Si le nucléaire nétait plus envisagé comme une énergie davenir, nous réduirions notre indépendance énergétique, nous réduirions les savoirs et lexpertise qui est la nôtre, nous affaiblirions aussi nos capacités à faire partager par dautres pays nucléaires notre niveau dexigence.
Il a fallu plusieurs décennies pour que lexploitation française soit portée par des opérateurs internationalement reconnus : le CEA, EDF, Areva.
Et dans un contexte comme celui que nous connaissons après laccident de Fukushima, le plan stratégique qui a été annoncé la semaine dernière par Areva témoigne du modèle stratégique intégré que le Gouvernement souhaite préserver et souhaite développer.
Ce plan nécessitera une amélioration des coûts opérationnels et il nécessitera aussi des cessions dactifs hors du cur de métier dAreva.
Ce secteur ne pourrait être un tel emblème du savoir-faire français si nous navions pas fait le choix dune politique de sûreté maximale.
La conception par lIRSN dun simulateur du réacteur EPR montre combien linvestissement public en faveur de cette sûreté est exigeant, évolutif et permanent.
Le développement simultané de ce dispositif et du chantier mené par EDF à Flamanville pour bâtir le réacteur de troisième génération témoigne de notre volonté danticipation, tant sur le plan technologique que sur celui de la sûreté.
Il y a quelques jours, une association a mené une action coordonnée à lencontre de plusieurs de nos installations nucléaires.
Plusieurs personnes ont pénétré sur des sites nucléaires.
Même si ces tentatives dintrusion ont été détectées rapidement et même si elles ont pour la plupart été empêchées, lintégrité des installations nucléaires na à aucun moment été mise en péril. Mais nous devons tirer toutes les conséquences de ces actions, au-delà de celles que la justice retiendra pour ces individus qui se sont montrés irresponsables.
Nous avons décidé de lancer une inspection interministérielle de la sécurité de tous les sites, et en particulier un audit de ses dispositifs anti-intrusion.
Dans la foulée de cet audit, nous devrons certainement envisager de durcir les mesures de protection passive : les systèmes dalarme, les clôtures, la vidéoprotection.
Nous serons sans doute amenés à revoir la directive nationale de sécurité pour lensemble des secteurs dactivité dimportance vitale dont le nucléaire et à améliorer la coordination entre les différents intervenants : les opérateurs, la gendarmerie, les forces dintervention, lASN.
Notre vigilance doit être constamment en alerte.
Et pour cela, nous devons nous inscrire dans une logique dévaluation constante et nous devons savoir remettre en cause nos méthodes et nos procédures.
Vous le savez, juste après Fukushima, jai confié à lASN un audit de sûreté des centrales nucléaires.
LASN doit rendre ses conclusions le mois prochain, et elle prendra les décisions quelle jugera nécessaires.
Jai toute confiance dans cette autorité, dans sa rigueur, dans son indépendance, pour que les décisions prises pour nos installations nucléaires soient des décisions justes.
Quelles quelles soient, je veux dire que le Gouvernement les respectera !
Jai également demandé à la Cour des comptes, en mai dernier, de mener une expertise sur les coûts liés au démantèlement des installations nucléaires, au recyclage des combustibles usés, au stockage des déchets, à la recherche et développement ainsi quau contrôle de la sûreté nucléaire.
La Cour rendra son rapport public à la fin du mois prochain, et je ne doute pas que son éclairage sera utile aux débats.
Comme nous venons de le voir ici, toutes les mesures, toutes les techniques et toutes les compétences humaines sont mises en uvre pour assurer en France une sécurité maximale.
Dans ces conditions, je suis convaincu que le nucléaire doit rester le cur de notre production électrique.
Le développement actuel des énergies renouvelables ne permet pas une sortie du nucléaire qui passerait par autre chose quun recours accru aux énergies fossiles fortement émettrices de CO2 et un recours accru aux importations, comme le dit le rapport publié jeudi de lOffice parlementaire dévaluation des choix scientifiques et technologiques et je le dis ici sous le regard des sénateurs et notamment du sénateur Bruno Sido.
Une sortie précipitée du nucléaire ne peut pas être financièrement et écologiquement neutre; elle ne peut donc quêtre irresponsable.
Comme nous le faisons depuis le Grenelle de lEnvironnement, cest en favorisant le développement des connaissances et des savoir-faire liés aux énergies renouvelables et cest en améliorant notre efficacité énergétique que nous pourrons avancer vers une diversification de la production délectricité française.
Nos objectifs sont daccroître la part des énergies renouvelables dans notre consommation délectricité. Mais je dois rappeler que malgré nos efforts en faveur de lefficacité énergétique, la consommation augmente chaque année !
Le développement du nucléaire est donc dactualité et la réussite de lEPR de Flamanville est une nécessité.
Cest un chantier de long terme dans lequel il faut persévérer en dépit des obstacles rencontrés.
Voilà, Mesdames et Messieurs, les réflexions que minspire cette visite. Je voulais une nouvelle rendre hommage à lIRSN, à ses personnels ainsi quà lensemble des travailleurs de cette filière nucléaire qui fait la fierté de notre pays.
Naturellement, si la presse a des questions à poser, je mefforcerai dy répondre, à condition naturellement quelles soient de ma compétence.
Questions Réponses
Journaliste :
Je voulais vous demander, sur votre proposition sur un audit de sécurité, pensez-vous quon va voir les vigiles armés sur les sites EDF ? Et puis, javais un deuxième sujet : il paraît que les propos de Madame la ministre de lEcologie sur lavenir de la centrale de Fessenheim ont été mal interprétés la semaine dernière. Pouvez-vous profiter de cette occasion pour préciser la relation entre la décision de lASN et les actions éventuellement du Gouvernement par la suite ?
François Fillon :
Je vous remercie Madame. Comme je viens de le dire à linstant, nous respecterons scrupuleusement les décisions qui seront proposées par lASN. Si nous nous sommes dotés dune Autorité de sûreté indépendante, ce nest pas pour interpréter ses décisions, choisir parmi les propositions qui sont faites celles qui nous conviendraient et celles qui ne nous conviendraient pas. Donc, cest lASN qui travaille, cest une structure indépendante, elle fera ses propositions et nous nous conformerons strictement aux propositions de lASN. Cest exactement ce que Madame Kosciusko-Morizet a dit il y a quelques jours, voulant par la phrase quelle a employée, indiquer que quelles que soient les conséquences, y compris si ces conséquences étaient la fermeture dune centrale, nous nous y conformerons. Mais cest une décision qui sera prise au vu des conclusions de lASN, et de personne dautre. Sur le deuxième sujet, on va mener les audits et on mettra en place les systèmes de sécurité nécessaires pour que ces intrusions ne se reproduisent plus.
Journaliste :
Première question : êtes-vous favorable à linstauration dun service minimum dans les transports aériens et, deuxièmement, Eva Joly propose la semaine de 32 heures, quen pensez-vous ?
François Fillon :
Quant à laffaire du service minimum dans les transports aériens, nous avons vu que le service minimum dans les transports terrestres a parfaitement fonctionné. Il y a une réflexion qui est engagée. Il y a notamment un texte législatif qui pourrait être examiné par le Parlement, au moins pour quil y ait une visibilité pour les opérateurs et pour les passagers. On y travaille.
Journaliste :
Vous avez employé deux fois le terme "sécurité maximale". Comment vous définissez cette chose ?
François Fillon :
Cest ce que javais indiqué après laccident de Fukushima. Les tests de résistance que nous avons demandés à nos experts consistent à imaginer les pires situations dans lesquelles nos installations nucléaires, et je dis bien « nos installations nucléaires, toutes nos installations nucléaires » pourraient se trouver, y compris des situations qui ne sont absolument pas crédibles, compte tenu de lenvironnement de notre pays et de la géographie, du climat, etc. Autrement dit, nous testons nos installations nucléaires dans une situation extrême, comparable notamment à celle qua connue la centrale de Fukushima, ce qui va évidemment, comme on la vu dans la présentation tout à lheure du logiciel de simulation, amener à réaliser des investissements importants de sécurité qui sans doute ne serviront jamais, mais dont lobjectif est de nous placer à ce niveau maximal de sécurité.
Journaliste :
La semaine dernière, un rapport parlementaire envisageait une sortie du nucléaire à lhorizon 2100, en passant par une transition qui comptait sur les EPR et la 4e génération. Quest-ce que vous pensez du rapport de lOPECST.
François Fillon :
Ecoutez, moi je ne me place pas dans une perspective de sortie du nucléaire. Au fond, les choses sont très simples : ou bien le nucléaire est dangereux et il faut en sortir tout de suite, ou bien nous considérons que nous avons lexpertise nécessaire pour maîtriser cette technologie et alors elle fait partie dun mix énergétique qui a vocation à durer longtemps. Et cest bien dans cette perspective-là que nous nous plaçons. Cest dailleurs la raison pour laquelle je ne comprends pas les projets politiques qui consistent à vouloir réduire de 20, de 30 ou de 40 ou de 50 % le nucléaire, en mettant en avant des risques potentiels de cette filière. Encore une fois ou ces risques sont sérieux et, à ce moment-là il faut en tirer les conséquences et sortir tout de suite du nucléaire, en tout cas le plus vite possible, ou ils ne le sont pas. Nous, nous considérons quils ne le sont pas, que nous avons les capacités technologiques pour maîtriser ces risques et nous nous plaçons donc dans une perspective dutilisation du nucléaire sur le long terme.
Journaliste :
Une question sur les propos que vous avez tenus, vous et monsieur Noyer, sur le Royaume-Uni. Est-ce que vous craignez que ces propos pourraient éventuellement nuire aux négociations entre EDF et le Royaume-Uni sur la vente de certains produits nucléaires en Angleterre ?
François Fillon :
Vous avez trouvé un habile lien avec le nucléaire, je vous en félicite, mais jai eu loccasion de mexpliquer avec Nick Clegg il y a 48 heures sur ces propos. Ce sont des propos qui ne visaient en rien la Grande-Bretagne et la qualité de la gestion financière du gouvernement britannique. Jai simplement voulu une nouvelle fois faire remarquer que la manière dont les agences de notation, dont les marchés, jugent la situation des pays de la zone euro tient plus à la question de la gouvernance de la zone euro, à la difficulté que la zone euro a de réagir à la crise quelle rencontre, en raison de son organisation politique quau niveau des déficits et au niveau de lendettement, puisque si seul le niveau du déficit ou le niveau de lendettement était en cause, alors dautres pays qui ont des déficits plus importants que nous seraient aujourdhui menacés. Cétait le seul point que jai voulu soulever. Je crois que ce différend a été parfaitement aplani. Avec les autorités britanniques. Il nest pas question de déclencher de réactions en chaîne dans notre relation avec ce pays que par ailleurs, comme chacun le sait, jaime beaucoup.
Voilà, merci beaucoup.
Source http://www.gouvernement.fr, le 26 décembre 2011