Texte intégral
BRUNO DUVIC Sixième jour de grève des agents de sûreté dans les aéroports en pleine période de voyage pour les familles et les touristes, le gouvernement mobilise aujourdhui la police pour remplacer les grévistes. Cétait une solution durgence inévitable, selon vous ?
FREDERIC LEFEBVRE Ecoutez, le droit de grève est sacré dans notre pays, mais en même temps il nest pas question que le gouvernement laisse des touristes, vous lavez dit, un certain nombre de nos compatriotes, qui pendant les fêtes vont prendre des vacances, vont voir leur famille, pris en otages, et je crois que et je le dis à FRANCE INTER que le service public se déroule normalement, cest la moindre des choses que lon doit aux Français.
BRUNO DUVIC Et vous navez pas dinquiétudes sur la mobilisation des forces de lordre ? Certains syndicats de policiers disent déjà quils ne sont pas là pour briser les grèves.
FREDERIC LEFEBVRE Oui, enfin quil y ait des réactions des uns ou des autres, mais en loccurrence il sagit, vous le savez, de grève des agents qui sont chargés de faire la sécurité, et donc les forces de lordre sont bien placées pour la faire et sont parfaitement en capacité de la faire, et ils le feront si nécessaire, à tel ou tel endroit.
BRUNO DUVIC Si nécessaire, cest certain aujourdhui. Il y aura, aujourdhui, des policiers qui interviendront à la place des agents de sûreté.
FREDERIC LEFEBVRE Eh bien écoutez, ce sera, en tout cas, je crois, une décision attendue par les Français qui se retrouvaient bloqués. Ça devient une habitude, vous avez remarqué, à chaque fois quil y a des vacances annoncées, des départs annoncés, on se retrouve avec telle ou telle catégorie qui décide de faire grève et de prendre en otages les citoyens. Je crois que ce nest pas une méthode. On a mis en place, vous le savez, ça fonctionne dailleurs parfaitement bien ça avait été très critiqué à lépoque, le service minimum dans les transports en commun, eh bien il y aura, dorénavant, puisquil y a, pour le court terme, vous lavez dit, des policiers et des gendarmes qui feront ce travail, mais pour le moyen terme une proposition de loi qui sera votée pour étendre le service minimum dans le transport aérien.
BRUNO DUVIC Alors, elle est au programme de lAssemblée le 24 janvier. Est-ce quil faut aller plus loin
FREDERIC LEFEBVRE Vous savez, cest à la fois le confort immédiat des citoyens et des touristes, mais cest en même temps limage de la France. Ça fait partie des éléments, quand on interroge dans le monde entier, les touristes du monde entier, ça fait partie des éléments qui freinent laccès dun certain nombre de touristes en France.
BRUNO DUVIC Jean-François ACHILLI nous le disait dans le journal de 8H00, il y a eu une réunion à ce sujet lundi soir à lElysée. Cette réponse ferme des autorités, cest une consigne du chef de lEtat ?
FREDERIC LEFEBVRE Vous savez, quand le gouvernement agit, il y a une impulsion qui est donnée par le président de la République, tout ça est très normal.
BRUNO DUVIC Alors aujourdhui, ce quon appelle service minimum, auquel vous faisiez référence, cest lobligation pour les grévistes de se déclarer à lavance, de manière à ce que les compagnies puissent sorganiser, négocier, informer les voyageurs. Est-ce quil faut aller plus loin selon vous ? Hier Christian JACOB, le chef de file des députés UMP, évoquait lhypothèse dun véritable service minimum avec réquisition des salariés. Est-ce que vous seriez pour ?
FREDERIC LEFEBVRE Ecoutez, moi je trouve que lextension de ce qui marche très très bien dans le transport en commun, au transport aérien, cest la bonne solution, et donc la proposition de loi telle quelle a été déposée par Eric DIARD me paraît une solution adaptée, mesurée, équilibrée.
BRUNO DUVIC Pas la peine daller plus loin ?
FREDERIC LEFEBVRE Je crois vraiment que ce qui fonctionne pour le service minimum, il ny a aucune raison pour que ça ne fonctionne pas pour le transport aérien.
BRUNO DUVIC Alors, quelle que soit la teneur, cela dit, de la proposition de loi, elle a peu de chance dêtre définitivement adoptée avant la présidentielle, puisque le calendrier parlementaire est très serré. Premier examen le 24 janvier, elle ne sera pas adoptée avant la présidentielle.
FREDERIC LEFEBVRE Ecoutez, nous verrons bien. Moi je souhaite quelle le soit rapidement. Il peut arriver que des textes soient inscrits
BRUNO DUVIC En urgence.
FREDERIC LEFEBVRE Vous savez, cest un texte qui sera très très court, et donc on peut imaginer quil le soit, avec lurgence, et donc examiné rapidement et inscrit à lordre du jour des deux Assemblées rapidement.
BRUNO DUVIC Est-ce que le gouvernement na pas sorti le bazooka un peu tôt dans cette histoire ? Les pilotes commencent à râler eux aussi, le syndicat SNPL dénonce une remise en cause du droit de grève, menace dun mouvement en février. Est-ce quon a pris le dialogue social par le bon bout, Frédéric LEFEBVRE, dans cette histoire ?
FREDERIC LEFEBVRE Eh bien écoutez, franchement, le service minimum dans les transports en commun, on a entendu exactement la même chose au moment où on la mis en place, et aujourdhui ça fonctionne très bien, et ce nest pas pour autant que le droit de grève est remis en cause. Pourquoi est-ce que ça ne serait pas la même chose pour le transport aérien ? Je crois que surtout il y a, peut-être, un certain nombre de gens qui ont un peu tiré sur la ficelle, et quà force de systématiquement, systématiquement, dès quil y a un départ en vacances, prendre en otages les gens, ils ont finalement récolté ce quils cherchaient sans doute, c'est-à-dire une réponse ferme.
BRUNO DUVIC Et en même temps, ce sera ma dernière question, on entend quelquun comme Dominique BUSSEREAU, ancien ministre des Transports, soutenir les revendications des grévistes en disant, « voilà, ils gagnent 1300 euros par mois en moyenne, ils demandent des hausses de salaires, ça na rien de scandaleux. »
FREDERIC LEFEBVRE Oui, mais encore une fois, il ne faut pas mélanger deux choses, le fond des revendications, qui peuvent être parfaitement légitimes, et par ailleurs le forme, la méthode, et cest la raison pour laquelle il est absolument normal, dans une démocratie apaisée, quand il y a un service public, il y a un service minimum.
BRUNO DUVIC Et question aussi sur cette expression qui est répétée par Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, par vous-même ce matin, sur la prise dotages. Je sais que ça fait hurler beaucoup de gens. Prise dotages, ce nest pas un peu fort, ce nest pas un peu exagéré ?
FREDERIC LEFEBVRE Ecoutez, si vous interrogez les Français qui sont concernés, les touristes qui sont concernés, franchement, cest exactement le sentiment quils ont. Je suis certains que les Français qui nous écoutent, pour la grande majorité dentre eux, attendaient quil y ait une réaction. Dailleurs, pourquoi pourrait-on reprocher à un gouvernement de mettre en place ce qui existe pour les transports en commun, pour le transport aérien ?
BRUNO DUVIC Alors, le « Made in France », Frédéric LEFEBVRE, quelle différence faites-vous entre le label « Origine France » du président de la République, le « Produire en France » de François BAYROU, le « Patriotisme industriel » de François HOLLANDE et le « Protectionnisme européen », même « national » de Jean-Luc MELENCHON et Marine LE PEN ?
FREDERIC LEFEBVRE Alors dabord, moi je vais vous dire, je suis très heureux de voir que le « fabriquer en France » que défend le président de la République depuis 2009, fait des adeptes. Tant mieux.
BRUNO DUVIC Alors, il y a bataille sur savoir qui est le premier à avoir eu cette idée. Vous, vous dites, voilà, cest dabord le président de la République.
FREDERIC LEFEBVRE Ce nest même pas le sujet, vous savez. Le constat du président de la République et les engagements quil avait pris en 2007 étaient très clairs. Un pays où lindustrie a été sacrifiée, un pays où les ouvriers nétaient plus calculés par les pouvoirs publics, est un pays qui perd une partie de son identité. Cest la raison pour laquelle le président de la République a fait dune priorité lindustrie française. Et, la grande différence entre acheter français, et acheter ce qui est fabriqué en France, donc acheter la qualité française, cest que, ce qui compte, ce nest pas une marque française qui serait fabriquée à létranger, mais ce qui compte cest même une marque étrangère, pourquoi pas, fabriquée en France avec les savoir-faire français, qui crée de lemploi en France. Et vous avez cité le label « France origine garantie »
BRUNO DUVIC Voilà, qui est dans le projet de loi sur la consommation actuellement
FREDERIC LEFEBVRE Non, le label « France origine garantie » il existe déjà, il a été mis en place il y a aujourdhui une
BRUNO DUVIC Le principe, je le dis rapidement, cest détendre ce quon connaît déjà à lalimentation, à dautres secteurs.
FREDERIC LEFEBVRE Alors, cest deux choses différentes. Le label « France origine garantie » ça existe déjà, ça a été mis en place en 2010, cest aujourdhui une quarantaine de produits pour une quinzaine de marques, bientôt environ 500 produits pour une centaine de marques, qui doivent être fabriquées en France, dont la valeur ajoutée doit être au moins léquivalent de 50% en France. Moi je suis, dans le texte qui est aujourdhui examiné par le Parlement
BRUNO DUVIC Au Sénat.
FREDERIC LEFEBVRE Nous sommes au Sénat, détendre lIGP, lIndication Géographique Protégée, qui est bien connue parce quelle a protégé les produits alimentaires dans notre pays, vous savez, le pruneau dAgen
BRUNO DUVIC Le fromage.
FRÉDÉRIC LEFEBVRE Le Brie de Meaux, on peut multiplier les exemples, de létendre pour les produits artisanaux, et les produits industriels.
BRUNO DUVIC A quel délai ?
FREDERIC LEFEBVRE On va pouvoir protéger le couteau Laguiole, la faïence de Gien, les émaux de Briare, je pourrai multiplier les exemples. Alors, le dispositif il est, dans le texte qui, je lespère, sera définitivement adopté au mois de février, avec derrière cette action de labellisation, qui est très importante, puisque, on est dans un pays, les Français considèrent, et ils ont raison, que le « fabriquer en France » ça veut dire la qualité, et donc deux tiers des Français préfèrent acheter des produits fabriqués en France.
BRUNO DUVIC Le premier critère restant le prix évidemment, on y reviendra dans une seconde.
FREDERIC LEFEBVRE Oui, mais 75% des Français considèrent quil vaut même mieux payer un peu plus cher des produits de qualité. Dailleurs vous savez
BRUNO DUVIC Après ça dépend de lécart.
FREDERIC LEFEBVRE Cest la grand-mère de mon épouse qui disait, elle était de Haute- Loire, « je nai pas les moyens dacheter de la mauvaise qualité. »
BRUNO DUVIC Alors je ne sais pas si vous avez vu cette enquête sur RUE89, sur le thème « jai essayé dacheter français, fabriqué en France, et je me suis presque ruiné. » Dans tous les secteurs, bricolage, habillement, produits de beauté, le « Made in France » est plus cher, je me souviens de lexemple dune machine-à-laver où il y a 100 euros décart. Encore une fois le critère du prix reste le critère numéro 1 pour lachat des consommateurs français et le « Made in France » passe après.
FREDERIC LEFEBVRE Encore une fois, je viens de le dire, je rappelais cette phrase de bon sens, « je nai pas les moyens dacheter de la mauvaise qualité », quand vous achetez de la bonne qualité ça dure plus longtemps, et donc sur la durée ça vous coûte moins cher. Vous savez, les gens le comprennent parfaitement, cest pour ça que je vous le dis, dans toutes les enquêtes ils sont très nombreux, une très grande majorité, très large majorité, à préférer acheter de la qualité. Mais ce qui est très important, cest quaujourdhui ils ne peuvent pas
BRUNO DUVIC Globalement quand même, dire que le prix est le premier critère, jinsiste.
FREDERIC LEFEBVRE Bien sûr, mais ce que je veux dire cest quils ne peuvent pas sy retrouver aujourdhui, parce que vous voyez fleurir des étiquettes « Made in France », « 100% français », sans quil y ait aucun moyen de vérifier. Cest la raison pour laquelle moi je préside le Conseil national de la consommation dans lequel il y a à la fois des entreprises et les associations de défense des consommateurs, qui travaillent, depuis un certain nombre de mois, sur la dématérialisation des informations sur les produits, et je leur ai demandé, pour la rentrée, une fois quon va avoir les labels, quon puisse construire une carte didentité des produits qui permettra aux consommateurs
BRUNO DUVIC Via les codes-barres, via les puces
FREDERIC LEFEBVRE Via les codes-barres, via les flash-codes, de connaître lorigine des produits.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 22 décembre 2011
FREDERIC LEFEBVRE Ecoutez, le droit de grève est sacré dans notre pays, mais en même temps il nest pas question que le gouvernement laisse des touristes, vous lavez dit, un certain nombre de nos compatriotes, qui pendant les fêtes vont prendre des vacances, vont voir leur famille, pris en otages, et je crois que et je le dis à FRANCE INTER que le service public se déroule normalement, cest la moindre des choses que lon doit aux Français.
BRUNO DUVIC Et vous navez pas dinquiétudes sur la mobilisation des forces de lordre ? Certains syndicats de policiers disent déjà quils ne sont pas là pour briser les grèves.
FREDERIC LEFEBVRE Oui, enfin quil y ait des réactions des uns ou des autres, mais en loccurrence il sagit, vous le savez, de grève des agents qui sont chargés de faire la sécurité, et donc les forces de lordre sont bien placées pour la faire et sont parfaitement en capacité de la faire, et ils le feront si nécessaire, à tel ou tel endroit.
BRUNO DUVIC Si nécessaire, cest certain aujourdhui. Il y aura, aujourdhui, des policiers qui interviendront à la place des agents de sûreté.
FREDERIC LEFEBVRE Eh bien écoutez, ce sera, en tout cas, je crois, une décision attendue par les Français qui se retrouvaient bloqués. Ça devient une habitude, vous avez remarqué, à chaque fois quil y a des vacances annoncées, des départs annoncés, on se retrouve avec telle ou telle catégorie qui décide de faire grève et de prendre en otages les citoyens. Je crois que ce nest pas une méthode. On a mis en place, vous le savez, ça fonctionne dailleurs parfaitement bien ça avait été très critiqué à lépoque, le service minimum dans les transports en commun, eh bien il y aura, dorénavant, puisquil y a, pour le court terme, vous lavez dit, des policiers et des gendarmes qui feront ce travail, mais pour le moyen terme une proposition de loi qui sera votée pour étendre le service minimum dans le transport aérien.
BRUNO DUVIC Alors, elle est au programme de lAssemblée le 24 janvier. Est-ce quil faut aller plus loin
FREDERIC LEFEBVRE Vous savez, cest à la fois le confort immédiat des citoyens et des touristes, mais cest en même temps limage de la France. Ça fait partie des éléments, quand on interroge dans le monde entier, les touristes du monde entier, ça fait partie des éléments qui freinent laccès dun certain nombre de touristes en France.
BRUNO DUVIC Jean-François ACHILLI nous le disait dans le journal de 8H00, il y a eu une réunion à ce sujet lundi soir à lElysée. Cette réponse ferme des autorités, cest une consigne du chef de lEtat ?
FREDERIC LEFEBVRE Vous savez, quand le gouvernement agit, il y a une impulsion qui est donnée par le président de la République, tout ça est très normal.
BRUNO DUVIC Alors aujourdhui, ce quon appelle service minimum, auquel vous faisiez référence, cest lobligation pour les grévistes de se déclarer à lavance, de manière à ce que les compagnies puissent sorganiser, négocier, informer les voyageurs. Est-ce quil faut aller plus loin selon vous ? Hier Christian JACOB, le chef de file des députés UMP, évoquait lhypothèse dun véritable service minimum avec réquisition des salariés. Est-ce que vous seriez pour ?
FREDERIC LEFEBVRE Ecoutez, moi je trouve que lextension de ce qui marche très très bien dans le transport en commun, au transport aérien, cest la bonne solution, et donc la proposition de loi telle quelle a été déposée par Eric DIARD me paraît une solution adaptée, mesurée, équilibrée.
BRUNO DUVIC Pas la peine daller plus loin ?
FREDERIC LEFEBVRE Je crois vraiment que ce qui fonctionne pour le service minimum, il ny a aucune raison pour que ça ne fonctionne pas pour le transport aérien.
BRUNO DUVIC Alors, quelle que soit la teneur, cela dit, de la proposition de loi, elle a peu de chance dêtre définitivement adoptée avant la présidentielle, puisque le calendrier parlementaire est très serré. Premier examen le 24 janvier, elle ne sera pas adoptée avant la présidentielle.
FREDERIC LEFEBVRE Ecoutez, nous verrons bien. Moi je souhaite quelle le soit rapidement. Il peut arriver que des textes soient inscrits
BRUNO DUVIC En urgence.
FREDERIC LEFEBVRE Vous savez, cest un texte qui sera très très court, et donc on peut imaginer quil le soit, avec lurgence, et donc examiné rapidement et inscrit à lordre du jour des deux Assemblées rapidement.
BRUNO DUVIC Est-ce que le gouvernement na pas sorti le bazooka un peu tôt dans cette histoire ? Les pilotes commencent à râler eux aussi, le syndicat SNPL dénonce une remise en cause du droit de grève, menace dun mouvement en février. Est-ce quon a pris le dialogue social par le bon bout, Frédéric LEFEBVRE, dans cette histoire ?
FREDERIC LEFEBVRE Eh bien écoutez, franchement, le service minimum dans les transports en commun, on a entendu exactement la même chose au moment où on la mis en place, et aujourdhui ça fonctionne très bien, et ce nest pas pour autant que le droit de grève est remis en cause. Pourquoi est-ce que ça ne serait pas la même chose pour le transport aérien ? Je crois que surtout il y a, peut-être, un certain nombre de gens qui ont un peu tiré sur la ficelle, et quà force de systématiquement, systématiquement, dès quil y a un départ en vacances, prendre en otages les gens, ils ont finalement récolté ce quils cherchaient sans doute, c'est-à-dire une réponse ferme.
BRUNO DUVIC Et en même temps, ce sera ma dernière question, on entend quelquun comme Dominique BUSSEREAU, ancien ministre des Transports, soutenir les revendications des grévistes en disant, « voilà, ils gagnent 1300 euros par mois en moyenne, ils demandent des hausses de salaires, ça na rien de scandaleux. »
FREDERIC LEFEBVRE Oui, mais encore une fois, il ne faut pas mélanger deux choses, le fond des revendications, qui peuvent être parfaitement légitimes, et par ailleurs le forme, la méthode, et cest la raison pour laquelle il est absolument normal, dans une démocratie apaisée, quand il y a un service public, il y a un service minimum.
BRUNO DUVIC Et question aussi sur cette expression qui est répétée par Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, par vous-même ce matin, sur la prise dotages. Je sais que ça fait hurler beaucoup de gens. Prise dotages, ce nest pas un peu fort, ce nest pas un peu exagéré ?
FREDERIC LEFEBVRE Ecoutez, si vous interrogez les Français qui sont concernés, les touristes qui sont concernés, franchement, cest exactement le sentiment quils ont. Je suis certains que les Français qui nous écoutent, pour la grande majorité dentre eux, attendaient quil y ait une réaction. Dailleurs, pourquoi pourrait-on reprocher à un gouvernement de mettre en place ce qui existe pour les transports en commun, pour le transport aérien ?
BRUNO DUVIC Alors, le « Made in France », Frédéric LEFEBVRE, quelle différence faites-vous entre le label « Origine France » du président de la République, le « Produire en France » de François BAYROU, le « Patriotisme industriel » de François HOLLANDE et le « Protectionnisme européen », même « national » de Jean-Luc MELENCHON et Marine LE PEN ?
FREDERIC LEFEBVRE Alors dabord, moi je vais vous dire, je suis très heureux de voir que le « fabriquer en France » que défend le président de la République depuis 2009, fait des adeptes. Tant mieux.
BRUNO DUVIC Alors, il y a bataille sur savoir qui est le premier à avoir eu cette idée. Vous, vous dites, voilà, cest dabord le président de la République.
FREDERIC LEFEBVRE Ce nest même pas le sujet, vous savez. Le constat du président de la République et les engagements quil avait pris en 2007 étaient très clairs. Un pays où lindustrie a été sacrifiée, un pays où les ouvriers nétaient plus calculés par les pouvoirs publics, est un pays qui perd une partie de son identité. Cest la raison pour laquelle le président de la République a fait dune priorité lindustrie française. Et, la grande différence entre acheter français, et acheter ce qui est fabriqué en France, donc acheter la qualité française, cest que, ce qui compte, ce nest pas une marque française qui serait fabriquée à létranger, mais ce qui compte cest même une marque étrangère, pourquoi pas, fabriquée en France avec les savoir-faire français, qui crée de lemploi en France. Et vous avez cité le label « France origine garantie »
BRUNO DUVIC Voilà, qui est dans le projet de loi sur la consommation actuellement
FREDERIC LEFEBVRE Non, le label « France origine garantie » il existe déjà, il a été mis en place il y a aujourdhui une
BRUNO DUVIC Le principe, je le dis rapidement, cest détendre ce quon connaît déjà à lalimentation, à dautres secteurs.
FREDERIC LEFEBVRE Alors, cest deux choses différentes. Le label « France origine garantie » ça existe déjà, ça a été mis en place en 2010, cest aujourdhui une quarantaine de produits pour une quinzaine de marques, bientôt environ 500 produits pour une centaine de marques, qui doivent être fabriquées en France, dont la valeur ajoutée doit être au moins léquivalent de 50% en France. Moi je suis, dans le texte qui est aujourdhui examiné par le Parlement
BRUNO DUVIC Au Sénat.
FREDERIC LEFEBVRE Nous sommes au Sénat, détendre lIGP, lIndication Géographique Protégée, qui est bien connue parce quelle a protégé les produits alimentaires dans notre pays, vous savez, le pruneau dAgen
BRUNO DUVIC Le fromage.
FRÉDÉRIC LEFEBVRE Le Brie de Meaux, on peut multiplier les exemples, de létendre pour les produits artisanaux, et les produits industriels.
BRUNO DUVIC A quel délai ?
FREDERIC LEFEBVRE On va pouvoir protéger le couteau Laguiole, la faïence de Gien, les émaux de Briare, je pourrai multiplier les exemples. Alors, le dispositif il est, dans le texte qui, je lespère, sera définitivement adopté au mois de février, avec derrière cette action de labellisation, qui est très importante, puisque, on est dans un pays, les Français considèrent, et ils ont raison, que le « fabriquer en France » ça veut dire la qualité, et donc deux tiers des Français préfèrent acheter des produits fabriqués en France.
BRUNO DUVIC Le premier critère restant le prix évidemment, on y reviendra dans une seconde.
FREDERIC LEFEBVRE Oui, mais 75% des Français considèrent quil vaut même mieux payer un peu plus cher des produits de qualité. Dailleurs vous savez
BRUNO DUVIC Après ça dépend de lécart.
FREDERIC LEFEBVRE Cest la grand-mère de mon épouse qui disait, elle était de Haute- Loire, « je nai pas les moyens dacheter de la mauvaise qualité. »
BRUNO DUVIC Alors je ne sais pas si vous avez vu cette enquête sur RUE89, sur le thème « jai essayé dacheter français, fabriqué en France, et je me suis presque ruiné. » Dans tous les secteurs, bricolage, habillement, produits de beauté, le « Made in France » est plus cher, je me souviens de lexemple dune machine-à-laver où il y a 100 euros décart. Encore une fois le critère du prix reste le critère numéro 1 pour lachat des consommateurs français et le « Made in France » passe après.
FREDERIC LEFEBVRE Encore une fois, je viens de le dire, je rappelais cette phrase de bon sens, « je nai pas les moyens dacheter de la mauvaise qualité », quand vous achetez de la bonne qualité ça dure plus longtemps, et donc sur la durée ça vous coûte moins cher. Vous savez, les gens le comprennent parfaitement, cest pour ça que je vous le dis, dans toutes les enquêtes ils sont très nombreux, une très grande majorité, très large majorité, à préférer acheter de la qualité. Mais ce qui est très important, cest quaujourdhui ils ne peuvent pas
BRUNO DUVIC Globalement quand même, dire que le prix est le premier critère, jinsiste.
FREDERIC LEFEBVRE Bien sûr, mais ce que je veux dire cest quils ne peuvent pas sy retrouver aujourdhui, parce que vous voyez fleurir des étiquettes « Made in France », « 100% français », sans quil y ait aucun moyen de vérifier. Cest la raison pour laquelle moi je préside le Conseil national de la consommation dans lequel il y a à la fois des entreprises et les associations de défense des consommateurs, qui travaillent, depuis un certain nombre de mois, sur la dématérialisation des informations sur les produits, et je leur ai demandé, pour la rentrée, une fois quon va avoir les labels, quon puisse construire une carte didentité des produits qui permettra aux consommateurs
BRUNO DUVIC Via les codes-barres, via les puces
FREDERIC LEFEBVRE Via les codes-barres, via les flash-codes, de connaître lorigine des produits.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 22 décembre 2011