Texte intégral
Il y a dix ans, l«euro» faisait irruption dans nos porte-monnaie. Il y était accueilli parfois avec méfiance, souvent avec enthousiasme. Heureux ou sceptiques, nous avions alors tous conscience dentrer dans une nouvelle ère de lhistoire européenne. Nous avions tort et nous avions raison.
Nous avions tort car nous avons cru que «Maastricht» constituait une fin en soi. Nous pensions que la convergence économique se ferait naturellement. Nous pensions que chacun saurait simposer la nécessaire discipline budgétaire. Nous avons fait leuro sans mettre en place de gouvernement - politique et économique -de la zone euro : nous étions demeurés au milieu du gué. Nos économies ont divergé plutôt que convergé ; la discipline budgétaire na pas été respectée - et la France ne saurait sexonérer de ses propres responsabilités sur ce sujet -et nous avons tardé à comprendre quil nous fallait finir louvrage en mettant en place une gouvernance économique européenne ambitieuse.
Mais nous avions raison car le visage de lEurope a définitivement changé. Malgré les insuffisances de l«euro 1.0», son existence a créé entre ses membres une solidarité irréversible, dont nous avons tout lieu de nous réjouir. Cette solidarité nous a obligés à repenser de manière globale le fonctionnement de leuro et de lEurope. L «euro 2.0» repose désormais sur quatre piliers, qui forment deux couples : solidarité et discipline ; convergence et gouvernance.
La solidarité sexerce aujourdhui très concrètement à légard de trois États (le Portugal, la Grèce et lIrlande) qui bénéficient dun plan daide cofinancé par le Fonds européen de stabilité financière (FESF). Pour pérenniser ce système, le Mécanisme européen de stabilité (MES), initialement prévu pour 2013, verra le jour dès juillet 2012. Cette structure permanente sera dotée dun capital de 80 milliards deuros et de 700 milliards deuros de garanties. LEurope envoie ainsi deux signaux forts : aucun partenaire ne sera abandonné dans la tempête ; la solidarité sera le fait des États européens eux-mêmes, le recours au secteur privé demeurant cantonné au cas grec.
Mais, sans discipline, la solidarité serait un puits sans fond qui précipiterait la faillite des États. Nous avons donc mis en place des cadres contraignants, seuls gages de politiques budgétaires responsables. Renforçant les mécanismes de sanctions et de surveillance des déséquilibres macroéconomiques mis en uvre dans le cadre du paquet sur la gouvernance économique (le «6-pack»), laccord du 9 décembre prévoit lapplication quasi automatique de sanctions si le déficit public dépasse 3 % du PIB et linscription dans le droit national dune règle dor commune. Cette dernière constitue un principe de bon sens que la majorité de nos partenaires européens, quelle que soit leur appartenance politique, ont compris.
À côté de la solidarité et de la discipline, la convergence et la gouvernance économique forment un second couple. Sans gouvernance, la convergence demeurerait une chimère ; sans convergence, la gouvernance serait sans objet.
Sur le chemin de la convergence, lannée 2011 a vu la mise en uvre, pour la première fois, du semestre européen. Celui-ci permet de coordonner la préparation des budgets nationaux autour dorientations de croissance établies au niveau européen. Le «Pacte pour leuro plus» a été approuvé en mars dernier. Les États sengagent à prendre des mesures coordonnées en matière de compétitivité, demploi, de finances publiques et de stabilité financière.
Enfin, pour améliorer la gouvernance économique, les chefs dÉtat ou de gouvernement de la zone euro ont approuvé dix mesures le 26 octobre. Lorganisation régulière de sommets de la zone euro sous légide du président du Conseil européen en constitue lavancée la plus emblématique.
LEurope a affronté en 2011 la pire crise de son histoire. Une question simple nous était posée : devions-nous céder à légoïsme et laisser se déconstruire une Europe porteuse de paix et de prospérité depuis soixante ans ou bien étions-nous capable de faire le saut de lintégration vers lEurope de demain ?
Dans un monde globalisé, le continent incarne léchelle pertinente pour défendre notre économie et nos valeurs. Les villes-État contrôlèrent le monde il y a 500 ans, avant de laisser place à lÉtat-nation du XVIIIème au XXème siècle. Le XXIème siècle sera celui des États-continent. Parmi ceux-là, nous avons la ferme conviction que lEurope en sera lun des plus puissants. Nous nous souviendrons alors que, contre toutes les cassandres, le grand basculement vers lavenir sest produit en 2011.
source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 janvier 2012
Nous avions tort car nous avons cru que «Maastricht» constituait une fin en soi. Nous pensions que la convergence économique se ferait naturellement. Nous pensions que chacun saurait simposer la nécessaire discipline budgétaire. Nous avons fait leuro sans mettre en place de gouvernement - politique et économique -de la zone euro : nous étions demeurés au milieu du gué. Nos économies ont divergé plutôt que convergé ; la discipline budgétaire na pas été respectée - et la France ne saurait sexonérer de ses propres responsabilités sur ce sujet -et nous avons tardé à comprendre quil nous fallait finir louvrage en mettant en place une gouvernance économique européenne ambitieuse.
Mais nous avions raison car le visage de lEurope a définitivement changé. Malgré les insuffisances de l«euro 1.0», son existence a créé entre ses membres une solidarité irréversible, dont nous avons tout lieu de nous réjouir. Cette solidarité nous a obligés à repenser de manière globale le fonctionnement de leuro et de lEurope. L «euro 2.0» repose désormais sur quatre piliers, qui forment deux couples : solidarité et discipline ; convergence et gouvernance.
La solidarité sexerce aujourdhui très concrètement à légard de trois États (le Portugal, la Grèce et lIrlande) qui bénéficient dun plan daide cofinancé par le Fonds européen de stabilité financière (FESF). Pour pérenniser ce système, le Mécanisme européen de stabilité (MES), initialement prévu pour 2013, verra le jour dès juillet 2012. Cette structure permanente sera dotée dun capital de 80 milliards deuros et de 700 milliards deuros de garanties. LEurope envoie ainsi deux signaux forts : aucun partenaire ne sera abandonné dans la tempête ; la solidarité sera le fait des États européens eux-mêmes, le recours au secteur privé demeurant cantonné au cas grec.
Mais, sans discipline, la solidarité serait un puits sans fond qui précipiterait la faillite des États. Nous avons donc mis en place des cadres contraignants, seuls gages de politiques budgétaires responsables. Renforçant les mécanismes de sanctions et de surveillance des déséquilibres macroéconomiques mis en uvre dans le cadre du paquet sur la gouvernance économique (le «6-pack»), laccord du 9 décembre prévoit lapplication quasi automatique de sanctions si le déficit public dépasse 3 % du PIB et linscription dans le droit national dune règle dor commune. Cette dernière constitue un principe de bon sens que la majorité de nos partenaires européens, quelle que soit leur appartenance politique, ont compris.
À côté de la solidarité et de la discipline, la convergence et la gouvernance économique forment un second couple. Sans gouvernance, la convergence demeurerait une chimère ; sans convergence, la gouvernance serait sans objet.
Sur le chemin de la convergence, lannée 2011 a vu la mise en uvre, pour la première fois, du semestre européen. Celui-ci permet de coordonner la préparation des budgets nationaux autour dorientations de croissance établies au niveau européen. Le «Pacte pour leuro plus» a été approuvé en mars dernier. Les États sengagent à prendre des mesures coordonnées en matière de compétitivité, demploi, de finances publiques et de stabilité financière.
Enfin, pour améliorer la gouvernance économique, les chefs dÉtat ou de gouvernement de la zone euro ont approuvé dix mesures le 26 octobre. Lorganisation régulière de sommets de la zone euro sous légide du président du Conseil européen en constitue lavancée la plus emblématique.
LEurope a affronté en 2011 la pire crise de son histoire. Une question simple nous était posée : devions-nous céder à légoïsme et laisser se déconstruire une Europe porteuse de paix et de prospérité depuis soixante ans ou bien étions-nous capable de faire le saut de lintégration vers lEurope de demain ?
Dans un monde globalisé, le continent incarne léchelle pertinente pour défendre notre économie et nos valeurs. Les villes-État contrôlèrent le monde il y a 500 ans, avant de laisser place à lÉtat-nation du XVIIIème au XXème siècle. Le XXIème siècle sera celui des États-continent. Parmi ceux-là, nous avons la ferme conviction que lEurope en sera lun des plus puissants. Nous nous souviendrons alors que, contre toutes les cassandres, le grand basculement vers lavenir sest produit en 2011.
source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 janvier 2012