Déclaration de M. Henri de Raincourt, ministre de la coopération, sur l'action de la France et de la communauté internationale en faveur du développement, à Paris le 9 janvier 2012.

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Circonstance : Journées du Réseau de l'Agence française de développement, à Paris du 5 au 10 janvier 2012

Texte intégral

Monsieur le Président,
Monsieur le Directeur général,
Mesdames et Messieurs les Directeurs,
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux d’être à nouveau parmi vous cette année pour la semaine du réseau. Vous avez un programme très chargé. Il reflète bien les préoccupations d’une Agence qui doit sans cesse s’adapter, dans un monde en plein bouleversement. Le nouveau monde qui se dessine sous nos yeux évolue en effet à vive allure même s’il ne s’est pas transformé en un jour !
Remet-il en cause notre approche de la coopération au développement telle qu’elle a été définie dans le Document Cadre de Coopération au Développement ?
Je crois sincèrement que non, et je dirais même bien au contraire. Les changements intervenus en 2011 ont plutôt montré le bien fondé de notre vision. Celle-ci s’est trouvée validée au plan international et nous devons simplement en amplifier le mouvement.
Notre politique de coopération au développement mobilise une palette de moyens diversifiés, afin de répondre à quatre enjeux principaux :
- la lutte contre la pauvreté, que résument clairement les Objectifs du Millénaire pour le Développement. Elle est notre priorité, mais elle doit être complétée par :
- le soutien à la croissance économique ;
- la préservation des Biens publics mondiaux (BPM) ;
- enfin le quatrième axe vise la promotion de la stabilité et de l’État de droit.
Afin d’accroître au mieux notre efficacité, ces enjeux sont abordés au travers de quatre types de partenariats différenciés. Ils sont définis en fonction des trajectoires économiques des pays bénéficiaires, des objectifs politiques poursuivis par la France et des instruments que nous y privilégions.
La coopération française se concentre d’abord dans deux régions prioritaires, l’Afrique subsaharienne et le bassin méditerranéen, auxquels s’ajoute la péninsule indochinoise. Viennent ensuite les pays en crise et les pays émergents. Ils ne sont pas relégués en seconde zone, mais doivent surtout bénéficier de moyens adaptés à leur situation particulière.
Comme je l’ai indiqué, le discours que porte la France dans le domaine de la coopération est largement validé au plan international. Il s’agit de le rendre sans cesse plus opérationnel. Je souhaite évoquer avec vous la manière dont l’AFD peut y contribuer.
Pour ce faire je voudrais présenter mon propos liminaire en deux parties, avant de me livrer à vos questions :
Dans un premier temps, je vous propose une relecture des moments forts d’une année exceptionnellement riche en sommets internationaux dédiés au développement.
Puis, j’essaierai d’en tirer des enseignements pour l’avenir.
Une relecture de 2011 :
En mai 2011, les Nations unies ont ouvert la danse à Istanbul avec la 4ème Conférence des Pays les moins avancés (PMA).
Cette conférence dédiée aux PMA se tient tous les 10 ans. La première décennie du 21ème siècle qui s’achève est caractérisée par la répétition des crises touchant l’ensemble de la planète et par l’ampleur de ces crises. Celles-ci ont naturellement frappé plus durement encore les Pays les moins avancés. C’est ce qui a été largement souligné lors de cette première conférence de l’année.
La France en particulier s’est attachée à rappeler les vulnérabilités spécifiques des PMA. Ses priorités sont bien reflétées dans le nouveau plan décennal. Il s’agit d’accorder nos ressources en fonction des besoins et non des seules performances. Il s’agit aussi d’orienter nos interventions vers les handicaps structurels de ces pays : les infrastructures, l’agriculture et la sécurité alimentaire, le secteur privé et les capacités productives, et enfin le capital humain. Cela nous conduit à y privilégier nos instruments les plus concessionnels, les subventions.
Les PMA sont donc au centre de nos priorités. Lors du CICID de juin 2009, nous avons ainsi défini une liste de pays pauvres prioritaires. Ils concentrent plus de 50 % des subventions françaises.
De ce fait, la France est le pays du G8 qui consacre la plus grande part de son aide à l’Afrique subsaharienne où est concentrée la majorité des PMA. Cette priorité se retrouve naturellement dans celles de l’AFD.
Enfin, à Istanbul, la France a fait valoir cette priorité dans le cadre de sa double présidence du G20 et du G8. Durant la conférence, nous avons organisé avec succès une rencontre entre le G20 et les PMA et un événement sur les financements innovants.
Le plan d’action d’Istanbul est le premier document des Nations unies à mentionner officiellement le G20, préfigurant ainsi la cohérence des décisions qui seront prises au cours de l’année.
Quelques semaines plus tard, le Sommet de Deauville a réuni les chefs d’État et de gouvernement des pays du G8.
Ce G8 se devait d’être à la hauteur des Printemps arabes et des bouleversements politiques naissants. Il a marqué son soutien aux transitions démocratiques, en lançant le Partenariat de Deauville, lequel comprenait un soutien financier à l’Égypte et à la Tunisie de 40 milliards de dollars, dont 10 milliards d’aide bilatérale des membres du G8.
Pour la France, le président de la République a annoncé un engagement de 1,1 milliard d’euros. Après Deauville, ce Partenariat a été élargi à la Jordanie et au Maroc. Pour la France, ce sont aujourd’hui près de 2,7 milliards d’euros - 1,1 milliard d’euros de financements supplémentaires sont envisagés sous forme de prêts de l’AFD (800 millions d’euros pour le Maroc et 300 millions d’euros pour la Jordanie) et 500 millions d’euros de financements de la réserve Pays émergents - de financements qui sont ainsi programmés sur 2011-2013.
À Deauville, la session sur le partenariat avec l’Afrique a également été un moment fort. La déclaration conjointe du G8 et de ses partenaires africains a souligné les avancées de la démocratie et les résultats économiques remarquables réalisés en Afrique depuis une décennie.
La déclaration conjointe s’inscrit aussi dans la lignée du discours de notre président au Cap. Elle insiste sur la croissance africaine, sur l’intégration économique régionale, sur le développement du secteur privé, et sur les financements innovants.
Ces deux déclarations sont cohérentes avec notre propre Document cadre et les principes définissant nos deux régions prioritaires, l’Afrique subsaharienne et la Méditerranée.
L’AFD a un rôle central à jouer dans la mise en œuvre du partenariat de Deauville. En 2010, et je ne doute pas que ce soit aussi le cas en 2011, l’AFD a respecté ses objectifs. Elle a attribué 60 % des ressources budgétaires à l’Afrique subsaharienne et 18 % au bassin méditerranéen.
L’Agence a contribué à réduire les inégalités sociales et territoriales, et à relever le défi de l’emploi. Elle a également diversifié ses instruments de financement pour répondre aux besoins des populations et de la jeunesse sur le continent africain, au Nord et au Sud du Sahara.
Mais la question du développement n’est plus le domaine réservé des vieilles puissances du G8. Ce temps là est révolu. Le G20 s’est désormais emparé du sujet.
En dépit d’un contexte de tension financière internationale que vous connaissez bien, le G20, sous Présidence française, a inscrit le développement parmi ses priorités, dans une vision de long terme.
Elle a mis un accent particulier sur les domaines de la sécurité alimentaire et des infrastructures, de la protection sociale et des financements innovants.
Une première réunion ministérielle «G20 développement» - la première du genre - s’est tenu à Washington le 23 septembre. Puis, nous avons organisé fin octobre 2011 à Paris une Conférence internationale sur le développement, afin de renforcer le dialogue avec la société civile sur ces thèmes. Je tiens à profiter de cette occasion pour remercier chaleureusement les équipes de l’AFD qui ont énormément contribué à cette conférence.
Début novembre, à Cannes, les leaders ont retenu toutes les recommandations de la réunion du G20 Développement. C’est un acquis essentiel de notre Présidence. Ils ont soutenu entre autres propositions, 1) la mise en place d’un projet pilote régional de réserves alimentaires d’urgence, 2) le développement d’instruments de couverture des risques (sur la base d’ailleurs du rapport de M. Jacquet), 3) mais aussi le plan d’action des Banques multilatérales de développement, 4) la recherche agronomique pour les agricultures tropicales, et encore 5) la référence à 11 projets d’infrastructures régionales, 6) l’engagement de diviser par deux les coûts de transferts de fonds des migrants, ou 7) le soutien aux socles de protection sociale…. Enfin, la mission confiée à Bill Gates sur le financement du développement a permis de faire monter le débat sur les financements innovants.
C’est la première fois que le G20 s’exprime sur le «développement», en allant bien au-delà de l’aide publique traditionnelle. Il a replacé la croissance économique au cœur de l’agenda du développement. Il a repris à son compte de très nombreuses propositions présentées par la France et nourries par son principal opérateur, l’AFD.
Ces décisions devront maintenant être suivies d’effets. Sur la gestion des risques par exemple, l’AFD doit travailler à la mise en place d’une plateforme, conjointe avec d’autres bailleurs. Nous nous battrons aussi pour que le projet pilote de réserves alimentaires voit le jour. Je sais que la sécurité alimentaire est un des piliers du plan d’orientation stratégique de l’AFD pour 2012-2016. Je me réjouis aussi de ce que l’AFD prépare un Cadre d’intervention sectoriel sur la sécurité alimentaire en Afrique sub-saharienne. Les crises actuelles, celle en cours dans la Corne de l’Afrique et celle qui menace au Sahel, rappellent l’urgence.
Ces questions seront aussi abordées sous l’angle de l’eau, dans quelques semaines au prochain Forum mondial de l’eau organisé par la France. Là encore, je sais que l’AFD joue un rôle déterminant en apportant son expertise.
Pour mettre ces décisions en œuvre, il faut maintenir le rythme et travailler avec l’ensemble des acteurs concernés.
Le calendrier de l’année ne s’est pas arrêté là.
Fin novembre, le 4ème Forum de Haut Niveau sur l’efficacité de l’aide s’est tenu en Corée à Busan. Il a poursuivi le geste initié à Cannes. Là encore, je dois remercier les équipes de l’AFD qui ont porté les idées et l’expérience française à Busan.
Ce Forum a confirmé le travail du G20. Il a appelé à un «nouveau partenariat global pour le développement», qui associe désormais l’ensemble des acteurs du développement, en pointant en particulier la part prise par les pays émergents, par le secteur privé ou encore par la société civile.
Derrière un style qui, à mon avis, reste encore trop technocratique, le «nouveau partenariat de Busan» marque plusieurs évolutions, en ligne avec les priorités françaises :
La nécessité de passer de la notion «d’efficacité de l’aide» à celle de «l’efficacité des politiques de développement»,
La volonté d’avoir une conduite plus politique du processus,
Le fait de ne pas se cantonner à discuter de la gestion de l’aide, mais des résultats et de l’impact des politiques d’aide.
Le Secrétaire général de l’OCDE a lui-même souligné la cohérence entre les déclarations du G20, la prochaine stratégie de l’OCDE pour le développement, et la déclaration de Busan.
Enfin, je ne saurais achever ce panorama 2011 sans revenir sur le dernier rendez-vous essentiel de l’année, la 17ème Conférence des parties (COP) à la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique à Durban.
La France se félicite que cette conférence ait abouti à un compromis qui préserve nos ambitions d’un accord global et efficace contre le réchauffement climatique.
La lutte contre le changement climatique est un des axes majeurs sur lequel l’AFD est pleinement engagée dans les pays émergents. L’AFD devra apporter son expérience dans la mise en place prochaine du fond vert pour le climat.
PROPARCO est déjà entré dans le marché de la finance carbone, grâce au partenariat noué en 2011 avec CDC climat. Cet accord lui permet de valoriser les économies de carbone réalisées dans des projets en Afrique subsaharienne et Méditerranée.
À Durban, la France a également défendu les technologies satellitaires pour la protection des forêts du bassin du Congo. Je sais tout ce que cette approche innovante et exemplaire doit à l’AFD qui, la première, a su mobiliser les acteurs du monde privé dans la mise en œuvre des politiques de gestion des bassins forestiers.
Dans le domaine du climat, l’AFD a de nombreuses expertises techniques, largement reconnues. Elle a un rôle considérable à jouer dans les années à venir.
Mesdames et Messieurs,
La France, en partenariat avec l’Union européenne, doit rester une force de proposition principale tant dans le domaine de la coopération internationale que dans celui de la lutte contre le changement climatique, et ceci dès Rio+20 en 2012.
Au terme de ce panorama très dense, depuis le Sommet des Nations unies d’Istanbul sur les PMA à celui de Durban sur le climat, nous n’avons pas chômé. C’est ainsi un ensemble très complet de politiques de développement qui ont trouvé un nouvel essor.
Les Nations unies, l’OCDE, le G8 et le G20 convergent tous sur un nouvel agenda. Sans craindre pour notre modestie, cet agenda a été largement inspiré par les propositions françaises.
Et comme je l’ai souligné, l’AFD y a eu une large part, en nourrissant ces stratégies à partir de son expérience des politiques sectorielles et des projets.
Je voudrais me tourner maintenant vers 2012.
L’AFD doit nous aider à amplifier le mouvement. Ce que l’on a appelé le « modèle à taille unique « est désormais obsolète.
L’élaboration de notre Document cadre de coopération répondait à un certain nombre de critiques adressées à la coopération française, parfois accusée de «perdre le Sud», d’être dispersée, de manquer de clarté sur ses objectifs et sur sa vision à long terme.
En 2011, nous avons vérifié au niveau international le bien fondé de notre vision au service du développement. Cela ne signifie pas pour autant que cette vision soit désormais figée ! Elle traduit des constantes, et aussi de profondes mutations, qui restent toujours à l’œuvre.
Une constante d’abord : la solidarité est une valeur que la France et les français ont toujours défendue. Les résultats de l’Agence en 2011 comme le sondage sur les «français et l’aide au développement» le prouvent. Avec 10 milliards d’euros d’APD totale en 2010, nous sommes le troisième bailleur au monde.
Nous devrions le rester dans les années à venir puisque notre budget est maintenu au même niveau, en dépit d’un contexte difficile. Je voudrais souligner ici que le budget de l’aide est un des rares budgets qui a été approuvé par un consensus au Sénat.
Face aux mutations toujours à l’œuvre, il s’agit d’autre part de continuer à nous adapter. Comme dans une fable moderne du lièvre et de la tortue, où le marché serait le lièvre et les instances de gouvernance la tortue, nous courrons toujours le risque d’être rattrapés, surtout dépassés par les évènements.
Quatre enseignements peuvent être tirés des débats qui ont dominé l’année 2011. Permettez-moi, de les évoquer, sous l’angle de leurs conséquences pour l’Agence.
La première leçon, c’est que, face à une mondialisation qui suscite des craintes, notre politique de développement est essentielle pour bâtir un monde plus prospère et plus sûr.
Cela peut vous sembler être une «lapalissade». Mais la mondialisation se heurte à un déficit de gouvernance. Partout s’exprime une aspiration à une croissance plus juste, respectueuse des droits des individus et du patrimoine mondial. Nous devons donc mettre en œuvre des politiques globales qui réduisent les déséquilibres et donnent un sens plus humain à la mondialisation, en particulier dans le Sud.
Un point clairement positif est que les politiques de développement sont désormais reconnues comme cet embryon d’une politique globale pour une mondialisation maîtrisée, ouverte vers un avenir plus juste et solidaire.
Le G20 Développement traduit cette conviction que le développement du Sud est une condition nécessaire à la relance de l’économie mondiale, pour favoriser une croissance plus forte, durable et partagée. C’est un véritable changement de regard.
L’objectif est d’éviter que s’accentuent les inégalités, les tensions entre les nations, entre les économies et les cultures. Il s’agit de sortir d’un face à face dangereux entre pays de l’OCDE et pays émergents. Les pays en développement sont les pôles de croissance de demain. À condition d’adopter des modèles de croissance économiquement adaptés et écologiquement durables.
Cette vision d’une globalisation plus équilibrée, je sais que l’AFD la partage. J’ai souligné que l’AFD y a activement contribué. Je voudrais profiter de l’occasion pour dire que nous devons aussi ces résultats à la relation chaleureuse et ouverte qui prévaut entre votre maison et la tutelle du ministère des Affaires étrangères.
Le deuxième enseignement, c’est la nécessité de mieux prendre en compte le double «statut» des pays émergents.
Deux évidences s’imposent. Celle des nouveaux rapports de force sur la scène internationale et l’attitude parfois jugée arrogante des pays émergents, devenus créanciers du monde. Celle aussi de l’interdépendance du monde. Cependant, aucune nation ne sortira gagnante d’une logique d’égoïsme ou d’affrontement. L’avenir est au dialogue, à une solidarité bien comprise.
De nouveaux équilibres de pouvoirs s’affirment. Les pays émergents jouent de leur «double statut» à la fois de pays donateurs et de pays en développement. Que ce soit à Doha, à Copenhague, à Istanbul, à Busan ou à Durban, les négociations ont été marquées par l’opposition entre les pays de l’OCDE et les émergents sur le statut de ces derniers.
Les pays du CAD (Comité d’Aide au Développement de l’OCDE), les États-Unis notamment, tiennent à faire acter que les pays émergents, Chine en tête, ne sont plus des pays en développement. Ils doivent donc aussi assumer leurs responsabilités vis-à-vis des pays les plus pauvres. De leur côté, les pays émergents mettent en avant la spécificité des coopérations Sud-Sud.
Il n’empêche que les émergents ont validé la déclaration de Cannes. Ils ont signé l’accord de Busan. Et ils ont entamé un dialogue avec l’OCDE. Pas à pas, nous devons développer des pratiques communes. Pour ce faire, nous devons également reconnaître leur double statut.
Les pays émergents sont bénéficiaires de nos financements, mais notre coopération avec le Mali, qui reste un PMA, n’est bien sûr pas du tout de même nature que celle que nous avons avec la Chine. C’est un point qui a été adopté aussi par la Commission européenne. C’est un point sur lequel nous gagnerons à communiquer encore, notamment auprès des parlementaires français.
Nous finançons dans les émergents des interventions sur des secteurs liés aux enjeux globaux et avec des instruments adaptés, tels que définis par le mandat «croissance verte et solidaire» validé par le Conseil d’Orientation Stratégique en juin. À cette occasion le périmètre d’intervention de l’Agence a été étendu à six pays dont trois dans le Caucase (Ouzbékistan, Kazakhstan, Bangladesh, Arménie, Géorgie, Azerbaïdjan).
Nous devons également dialoguer avec les émergents en tant que pays donateurs. C’est ce que nous faisons dans les enceintes internationales. La coopération Sud-Sud qu’ils mènent doit se rapprocher des principes défendus par les donateurs traditionnels, sur le déliement de l’aide par exemple… L’AFD pourra explorer ce point à travers des cofinancements ou des coopérations triangulaires. L’évènement organisé par l’AFD à Durban avec la Chine et des partenaires africains va tout à fait dans ce sens.
Le chemin à parcourir est encore long mais je vous encourage à le poursuivre. Nous en sortirons tous gagnants.
Le «nouveau partenariat» proclamé à Busan fait appel à des solutions innovantes et à de nouvelles alliances.
L’atteinte des OMD reste essentielle. Mais les enjeux de développement dépassent les seuls aspects éthiques. La croissance rapide des pays du Sud est tout simplement un besoin. Notre politique doit être réactive, et prendre le risque d’associer divers moyens et divers acteurs.
L’AFD doit notamment continuer à enrichir sa palette d’outils financiers, y compris en matière de financements innovants. Elle doit poursuivre cette recherche constante d’instruments adaptés aux besoins de ses partenaires.
L’Agence doit continuer à contribuer au rayonnement de notre politique. Elle est un extraordinaire vecteur d’influence. Elle nous aide à sceller de nouvelles alliances avec la société civile, les ONG, le secteur privé, les fondations, les opérateurs de la coopération décentralisée, les représentants du Parlement aussi…
Ces alliances doivent forger une équipe France resserrée, à Paris et sur le terrain. Elles doivent renforcer la dimension européenne qui est essentielle pour notre avenir.
Avec les autres bailleurs, européens, régionaux ou multilatéraux, nous devons continuer à faire entendre l’expérience et l’expertise de la France, et influer sur les politiques de demain.
Enfin, ce sera mon dernier point, la rapidité des changements dans le paysage international de l’aide augmente la complexité de votre travail et exigent toujours plus de transparence et de souplesse.
La majorité des Français soutient notre action au service du développement. Mais ils doutent encore trop souvent de son efficacité. Il est impératif que notre action soit plus lisible, que le public en comprenne le sens et que nous obtenions l’adhésion de nos citoyens à la politique de coopération. C’est dans cet esprit que nous avons publié le Document cadre.
Nous devrons à l’avenir renforcer encore le processus d’évaluation des résultats. Des indicateurs ont été précisés par le COM (Contrat d’Objectifs et de Moyens) et dans le POS (Plan d’Orientation Stratégique), en ligne avec les documents budgétaires. Une évaluation décennale ainsi qu’un rapport bisannuel sur la mise en œuvre de notre politique seront finalisés en 2012. L’AFD y sera associée.
Enfin, nous devons porter un effort sans trêve de communication sur le sens de notre aide au développement. Je salue à ce titre la très belle exposition réalisée pour les 70 ans de l’Agence qui continue à voyager.
Mesdames et Messieurs,
Tous ces points sont essentiels, mais je crains que mon temps ne soit écoulé. J’aimerais conclure mon propos sur un message. La France est attendue et entendue sur la scène internationale de la coopération et du développement.
Dans de nombreux pays que vous représentez ici, il existe une «envie de France». Sur la scène internationale, la France pèse sur les politiques globales. L’AFD en est un «porte-flambeau».
Vous pouvez être fiers de votre bilan. En dépit de multiples rebondissements, vous avez tenu vos objectifs en 2011, je vous en félicite et vous en remercie.
Vous pouvez être confiants dans la vision de la coopération que nous défendons. L’AFD en est une pièce maîtresse. Ensemble, nous devons continuer à la faire évoluer, à l’adapter. Le développement est bien l’un des ressorts essentiels de notre action diplomatique. L’influence de notre pays se joue aussi sur ce terrain.
L’AFD en est un acteur essentiel sous la conduite de votre Directeur général, dont je voudrais dire l’efficacité et la force de proposition, et auquel je veux exprimer ma très grande reconnaissance. À ses côtés, je vous demande de continuer à amplifier votre action, dans les débats internationaux, et sur le terrain.
L’agenda 2012 est chargé. Je ne serai malheureusement pas avec vous l’année prochaine pour en dresser le prochain bilan. Mais je ne doute pas un instant que l’AFD sera à nouveau au rendez-vous.
Vous qui, au quotidien, êtes des acteurs du développement, sur le terrain, je sais que je peux compter sur votre engagement, votre professionnalisme et vos compétences. Je suis convaincu que vous continuerez à vous mobiliser au service de cette politique globale de développement. Je compte sur vous pour poursuivre cette bataille. Il en va de notre intérêt et de notre avenir.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 janvier 2012