Déclaration de François Baroin, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, sur la taxe sur les transactions financières, à l'Assemblée nationale le 10 janvier 2012.

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Monsieur le Président Lachaud, merci de votre question. Merci de votre engagement de longue date en faveur de cette taxe sur les transactions financières. Merci du soutien que vous apportez au président de la République depuis de nombreuses années et singulièrement depuis la crise de 2008, où le président Nicolas Sarkozy a été aux avant-postes de la conquête pour la mise en place d’un dispositif visant à faire en sorte que le système financier contribue à réparer les dommages qu’il a lui-même causés avec le développement d’une industrie financière qui s’est emballée avec subprimes et Lehman Brothers.
Il faut y voir l’aboutissement d’un long combat, dont la France peut s’honorer. La France a été aux avant-postes dans la négociation au sein du G20. Sous l’impulsion décisive du président de la République, le président Obama lui-même - nous savons les réticences structurelles, voire culturelles des Américains à l’égard de ce type de taxe - a accepté le principe d’une contribution du secteur financier à la résorption de la crise. C’est la raison pour laquelle, dans le cadre du G20, nous allons poursuivre les discussions sous la présidence mexicaine. C’est la raison pour laquelle, dès cette année, à l’échelle européenne, nous allons prendre l’initiative de la mise en œuvre opérationnelle de cette taxe sur les transactions financières.
Le président de la République en a parlé avec la chancelière en début de semaine. Je me rendrai moi-même jeudi soir à Berlin pour discuter des détails pratiques de la coopération franco-allemande, sur les modalités, l’objectif et le calendrier à définir en partage.
Vous savez que la directive européenne actuellement en discussion porte sur une assiette large - les actions, les obligations et les produits dérivés - avec un taux faible. Ce que je peux vous dire, c’est que la France sera le premier pays, cette année, à mettre en œuvre cette taxe sur les transactions financières.
Monsieur le Député, vous avez évoqué la décision prise par le président Jacques Chirac de créer une taxe sur les billets d’avion afin, notamment, de financer la distribution de médicaments aux plus démunis dans les pays en voie de développement. Je me souviens qu’à l’époque les réactions étaient aussi vives et intenses qu’elles le sont aujourd’hui pour ce qui concerne la taxation des transactions financières. On nous expliquait alors que cette taxe mettrait la France en faillite. Résultat : cette taxe est aujourd’hui un succès et elle s’est développée. Les pays autrefois réservés ont embrayé sur le chemin éclairé par la France.
Le même esprit nous anime et anime le président Sarkozy pour la mise en place de la taxe sur les transactions financières. Trois raisons nous motivent, qui sont d’ordre budgétaire, économique et moral.
Oui, il est moral de demander aux acteurs de l’industrie financière, qui portent une part de responsabilité dans les errements dans lesquels le monde a malheureusement été entraîné par la crise économique et financière, d’apporter un complément, une contribution, une addition. Celle-ci sera demandée selon des modalités et un calendrier coordonnés à l’échelle européenne, mais il y aura un poste avancé. Il est incontestable que si nous attendons un consensus et un accord mondial, cette taxe ne se fera pas.
Il est donc incontestable que des pays doivent prendre l’initiative. Comme il s’agit d’une conviction forte et que nous travaillons main dans la main avec l’Allemagne, la chancelière et le président Nicolas Sarkozy nous ont mandatés, mon homologue Wolfgang Schäuble et moi-même, pour faire des propositions. Nous avançons parallèlement à la proposition de la Commission européenne et j’ai déjà évoqué, à l’instar du Premier ministre, la volonté de disposer d’une assiette large et de fixer un taux bas. La France sera le premier pays à mettre cette taxe en place au cours de l’année 2012.
source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 janvier 2012