Extraits d'un entretien de M. Jean Leonetti, ministre des affaires européennes, avec Radio Classique le 17 janvier 2012, sur le Fond européen de soutien et de stabilité financière et sur la dette de la Grèce.

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Média : Radio Classique

Texte intégral

Q - Le nouveau président du Parlement européen, est un social-démocrate. Il s’appelle Martin Schulz. Il compte renforcer le rôle du Parlement face à la Commission et face au Conseil européen, c’est-à-dire face aux dirigeants politiques des États. Que pensez-vous de cette nomination ?
R - Je l’ai rencontré, c’est un homme pragmatique qui, sur bien des points, est en accord avec l’action du gouvernement français. De plus, en tant que président du Parlement européen, il veut lui donner un rôle majeur et il a raison. Il a d’autant plus raison que l’on se trouve dans une situation dans laquelle l’Europe a besoin d’avoir un ancrage démocratique. Car, pour que l’Europe soit populaire, il faut que nous ayons cet ancrage. Sinon nous risquons des dérives populistes dans certains des États membres.
Q - Donc, finalement, vous soutenez sa candidature et sa nomination ?
R - Je soutiens surtout le fait d’avoir un Parlement de la zone euro.
(…)
Je vois bien que, dans le nouveau Traité - le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance de l’union économique et monétaire - qui est en cours, le rôle du Parlement européen et des Parlements nationaux seront pris en compte et c’est une très bonne chose.
Q - Après la France, je le disais, le Fond européen de soutien et de stabilité financière a été dégradé par SMP. Cela ne risque-t-il pas de limiter ces moyens et donc de compromettre le plan de sauvetage de la zone euro ?
R - La réaction franco-allemande a été claire. Le FESF est un outil qui aujourd’hui est doté de près de 500 milliards d’euros. Il a suffisamment de garanties. Il n’y a donc pas lieu de le renflouer.
Q - Il a déjà du mal à lever des fonds sur les marchés et les taux auxquels il se finance risquent-ils d’augmenter ?
R - Il ne faut pas oublier que le FESF est un outil temporaire. Derrière, viendra le mécanisme européen de stabilité, le véritable fonds monétaire européen et comme ce fonds a un apport en capitaux, il donnera beaucoup plus de sécurité aux investisseurs.
Q - Sauf qu’il faudra attendre le mois de juillet pour qu’il soit mis en place, ce MES ?
R - Avec 500 milliards d’euros pour le FESF et avec la coordination franco-allemande nous devrions tenir sans problème jusqu’au mois de juillet. Sinon, c’est qu’il y aura une catastrophe autrement plus importante que le fait que la notation d’une seule Agence pour la France et certains pays de la zone euro ait été dégradée d’un point.
Q - La gouvernance européenne semble à nouveau battre de l’aile, les discussions sur l’effacement de la dette grecque sont bloquées. Il y avait un sommet tripartite France-Allemagne-Italie prévu vendredi qui a été repoussé au mois de février, c’est-à-dire après le prochain Conseil européen. On a du mal à comprendre, on a du mal à avoir confiance en l’avenir de la zone euro !
R - Concernant la Grèce, il n’y a pas d’inquiétude particulière à avoir. Les partenaires privés sont en train de négocier 100 milliards d’euros de réduction de dette. Cela ne se fait pas en un jour. Cela se construit avec des discussions sur la durée, sur les taux et cela fait partie du jeu normal des négociations.
En ce qui concerne les privés, M. Dalara a dit qu’il allait aboutir à un résultat et le premier ministre Papademos a dit la même chose. On peut donc penser que l’évolution du programme et du projet de renflouement de la dette grecque se met en place.
La France a été parfaitement claire, elle a dit qu’il n’y avait pas d’autre solution. Il n’y a pas d’alternative à ce sauvetage.
Q - Vous excluez donc un défaut de la Grèce ?
R - Bien sûr que nous excluons un défaut de la Grèce. Cela fait plusieurs semaines, plusieurs mois que nous nous battons pour qu’il n’y ait pas un défaut de la Grèce ! L’Europe a montré sa solidarité et une discipline budgétaire. C’est une double exigence. Le nouveau gouvernement grec est d’accord et dispose de l’appui de la population sur ces deux éléments. Je ne vois donc pas pourquoi il y aurait un échec du renflouement de la dette grecque.
Il ne s’agit pas pour autant de prétendre que la Grèce se trouve dans une situation florissante. Bien évidemment non. Nous mettrons de longs mois et de longues années pour que la Grèce reprenne pied sur les marchés économiques.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 janvier 2012